Le Revers de L'Infini - Tome 2 : L'Eveil

Chapitre 20 : Liens d'ombres

1554 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 24/10/2025 20:55

[ Avant de commencer, n'hésitez pas à vérifier que vous n'avez pas sauté le chapitre 19 :) ]




Le réfectoire bruisse toujours d’activité. Des plateaux s’entrechoquent, des rires s’élèvent ici et là, mais l’attention générale a déjà changé de direction.

— C’est lui… Megumi ?

La phrase, d’abord chuchotée à une autre table, court de bouche en bouche.

— Le protégé de Gojo, non ?

Les mots flottent, suspendus, tandis que la silhouette du jeune homme s’avance dans l’allée principale.


Megumi Fushiguro. Le nom seul suffit à faire baisser plusieurs voix. Il avance sans précipitation, les mains dans les poches, un calme presque souverain dans chacun de ses pas. La lumière du printemps glisse sur ses cheveux noirs. Rien, dans son allure, ne cherche à impressionner, et c’est précisément ce qui le rend impossible à ignorer.



Lorsqu’il s’arrête enfin, c’est devant la table d’Aya.

Souta le regarde en plissant légèrement les yeux

— T’as vraiment rien d’autre à faire que de venir ici ? lâche-t-il, sec.


Megumi le fixe une seconde, puis esquisse un mince sourire en coin, presque imperceptible.

— Si. Mais Gojo m’a dit que t’avais grandi. Je voulais vérifier.


Son ton est calme, presque neutre. Mais entre eux, le silence qui suit a un goût de défi tranquille. Leurs yeux bleus nuit se croisent, pas d’animosité, juste une reconnaissance muette, celle de deux branches d’un même arbre tordu.


Megumi finit par jeter un coup d’œil aux autres. Son regard, sombre et froid, ne cherche pas à dominer. Il observe, comme on prend la mesure d’une pièce avant d’y entrer.

— Salut. Megumi Fushiguro. Le cousin de celui-ci, dit-il en désignant Souta d’un mouvement du menton.


Aya le regarde, un peu décontenancée.

— Heu… Bonjour. Je suis Aya.



— Toujours aussi expressif, marmonne Souta.


— Toujours aussi susceptible, réplique Megumi du tac au tac.

Puis il tire une chaise sans cérémonie et s’assoit, d’un geste fluide. La chaise grince légèrement, coupant le murmure de fond.


Yu, lui, écarquille les yeux, son plateau encore immobile devant lui.

— C’est ton cousin ?!

Il se penche vers Aya, chuchotant avec un demi-sourire :

— L’ambiance vient de passer en classe S…


Aya cligne des yeux, intriguée.

— Cousin… Mais… Gojo a dit que…


Megumi croise son regard calmement, un bref hochement de tête.

— Gojo dramatise toujours. Mais oui, on est cousins. Je suis Zenin par le sang, Fushiguro par choix. Longue histoire.


Aya fronce légèrement les sourcils, songeuse.

— Il m’a dit qu’il était devenu ton mentor et ton tuteur parce que tu étais seul… Je pensais que tu étais comme moi… sans famille.


Megumi la regarde un instant, puis détourne brièvement les yeux, un éclat plus doux traversant son regard.

— Il l’a été. Il l’est encore à sa manière. Il était là quand il a fallu l’être.


Souta croque dans sa pomme, imperturbable.

— Tu t’ennuies tellement en classe S que tu viens squatter les cours des premières années maintenant ?


Megumi ne répond pas tout de suite. Son regard glisse vers la fenêtre, puis revient à Souta.

— Juste de passage. Gojo veut que je garde un œil sur vous. J’ai pas pu dire non.

Un silence. Puis, à Aya, plus posé :

— Y a une différence entre avoir un nom… et avoir quelqu’un. Gojo, lui, il était là.


Aya acquiesce doucement, presque émue.

— Il m’a proposé de devenir mon tuteur ce matin…


Megumi marque un temps, la surprise à peine visible dans ses traits, puis hoche lentement la tête.

— Alors t’es entre de bonnes mains. Il n’est pas parfait… mais quand il choisit quelqu’un, c’est jamais au hasard.


Souta ne réagit pas. Megumi, lui, laisse échapper un souffle amusé.

— Il est fort. Trop fort même, parfois… Mais il reste humain, dit-il plus bas, son ton teinté d’une gravité que la salle entière semble ressentir sans la comprendre.

— Face à certains ennemis, il a failli y rester. Il plaisante beaucoup, mais ça l’a marqué.

Il croise les bras, son regard se perd un instant au loin.

— Admirez-le si vous voulez… mais oubliez pas qu’il encaisse pour que nous, on tienne debout.


Yu, sans discrétion, pianote sur son téléphone, visiblement en train de noter la conversation comme un journaliste clandestin.


Souta garde les yeux baissés sur son livre, feignant l’indifférence, mais son regard reste vif.


Aya, un peu gênée, les observe tous deux.

— C’est marrant… Vous avez le même sourire.


Souta ne lève qu’un sourcil.

— C’est censé être un compliment ?


— Si on commence à me comparer à lui, je vais devoir revoir mes standards, réplique Megumi, le regard sec.


Aya les observe, amusée et intriguée tout à la fois.

— Vous avez le même pouvoir ?


— Pas exactement, répond Megumi. Mais assez proche pour se comprendre. Le Ten shadows est une technique propre au clan Zenin. Pas la plus simple à maitriser…


— Vous pouvez vous aider, non ? Vous conseiller ?


Megumi tourne légèrement la tête vers Souta.

— Chez les Zenin, c’est pas dans les habitudes de partager. Mais on fait des efforts, oui.


— Tu parles comme un vieux sensei. T’as qu’un an de plus que moi…, grogne Souta, faussement nonchalant.


Megumi tique, amusé.

— T’as pas changé, toujours aussi aimable.


Yu pouffe un peu.

— On dirait des frangins…


Souta laisse échapper un souffle amusé.

— Depuis qu’on s’est trouvés, il me colle, renchérit-il, à moitié pour le provoquer.


Megumi hausse les épaules, impassible.

— T’as vu ta tête ? Je pouvais pas te laisser seul, ça aurait été cruel.


Souta le fusille faussement du regard.


Yu les regarde tour à tour en souriant.

— Vous êtes marrant !


Aya les observe aussi tous les deux, un sourire discret étirant ses lèvres. Un peu de chaleur lui serre la poitrine. De la tendresse aussi. Et, au fond, une légère jalousie, douce, presque honteuse.

— Vous avez de la chance de vous avoir. Gâchez pas ça à cause de votre caractère...


Megumi incline lentement la tête, son regard se posant brièvement sur elle.

— On s’est rencontrés y a deux ans à peu près. Avant ça, j’ignorais même son existence.


Souta acquiesce d’un signe de tête.

— Même si on s’est trouvés tard, ça change rien. C’est mon cousin.


— Ouai… J’le lâcherai pas. Même si c’est un Zenin, dit Megumi avec ce ton calme qui ne demande jamais l’accord de personne.


Un silence. Pas pesant cette fois, juste calme, familier. Les bruits de couverts reprennent autour d’eux, les voix s’élèvent à nouveau, comme si la salle reprenait enfin son souffle.


Aya se lève, ajuste la lanière de son sac, son livre serré contre elle.

— Je vais me reposer… Je me suis pas posée après la mission de ce matin.

Elle s’incline légèrement, geste respectueux qui lui échappe presque, puis quitte la salle d’un pas tranquille. La porte se referme derrière elle, et le tumulte retombe aussitôt.


Les trois garçons la suivent du regard.


Souta reprend une bouchée de pomme, nonchalant.

— Gojo est encore en vadrouille ? Je le vois jamais posé plus de deux jours au même endroit…


Megumi pose un coude sur la table, la tête légèrement baissée, plus grave.

— Il est parti en Corée du Sud. Temple ancien. Traces démoniaques…

Il jette un regard bref vers Yu.

— Il pense que ça pourrait être lié à Raku’en…


Yu garde les yeux rivés sur son téléphone, mais ses doigts, eux, se sont arrêtés net. Plus un geste, plus un souffle. La lumière de l’écran vacille sur son visage, pâle.


Souta observe, sans un mot. Il sait reconnaître un tressaillement d’angoisse quand il en voit un. Il ne dit rien pourtant, laisse Yu le cacher. Puis il relève la tête vers Megumi.

— Tout seul ? Il recommence à aimer ça, ou il veut juste qu’on s’inquiète ?


Megumi secoue lentement la tête.

— Il m’a dit que si elle est là-bas… il veut qu’elle le sente arriver.


Le mot « elle » résonne bas, presque comme une menace. Le silence qui suit est lourd, étouffé par le vacarme lointain des plateaux et des voix. Une tension diffuse s’installe, presque palpable.


Yu finit par lever les yeux, et, l’espace d’une seconde, un éclat trouble traverse son regard… peur, souvenir, ou pressentiment ?


Megumi ne dit rien. Souta, lui, referme lentement son livre, le garde fermé sur ses genoux.

Il ne lit plus depuis longtemps.


La lumière du dehors décline. Et dans ce halo d’or adouci, les trois silhouettes restent un moment figées comme suspendues entre l’attente et ce qui approche déjà.




Prochains chapitres, dimanche entre 20h et 22h...

Merci à toutes les personnes qui suivent cette fanfiction :)

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