Le Revers de L'Infini - Tome 2 : L'Eveil

[Au même moment, en Corée du Sud, dans un temple abandonné.]

L’aura est lourde, moite d’une pression surnaturelle. Entre les piliers effondrés, Gojo fend l’ombre d’un pas vif, les yeux dissimulés derrière ses lunettes, mais le corps déjà en alerte.

Face à lui, Raku’en se matérialise. Son corps couvert de bandelettes flotte dans une danse sinistre. Elle sourit, une grimace faite de crocs et d’insolence.

Ils échangent des coups. Rapides. Maîtrisés. Pourtant, Gojo fronce les sourcils.

— T’es pas aussi vive que dans le métro… Tu perds ton mordant, Raku !

Raku’en ricane.

— Ou peut-être que t’as jamais su à qui tu parlais...

Un coup foudroyant fend l’air. Gojo frappe. Mais le corps de Raku’en se disloque en une volute de fumée maudite.

— Une marionnette...

Il recule d’un pas, regarde autour de lui, les sens en alerte.

— Où est la vraie...

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[Tokyo, même instant.]

Yu sursaute. Un frisson brutal lui traverse l’échine.

Souta, qui croque calmement dans sa pomme, lève les yeux.

— …T’as un fantôme dans la nuque ou quoi ?

Megumi tourne lentement la tête vers Yu, son regard d’acier le cloue sur place.

— T’as senti quelque chose ? Une perturbation d’énergie ?

Le silence est tendu. Yu s’agite légèrement, les mains levées, comme pour se défendre verbalement.

— Hé ! J’suis pas un détecteur à fléaux, ok ? J’ai juste eu un frisson. Ça arrive à tout le monde !

Il lance un regard à Souta et Megumi puis détourne les yeux. Il se lève brusquement, légèrement nerveux.

— Sérieux, vous avez toujours ce regard… genre vous allez exorciser un camarade à la moindre grimace… Il se gratte la nuque puis tourne rapidement les talons. Je vais prendre l’air.

Il disparaît. Souta suit du regard, les bras croisés.

— Tu l’as senti aussi ?

Megumi ne répond pas tout de suite.

— Pas clairement... mais c’était pas normal.

Souta soupire légèrement.

— Il cache un truc. Je le sens depuis le premier jour.

Megumi le fixe.

— Alors continue de le sentir. Mais fais-le discrètement.

Sho entre, les bras grands ouverts.

— Hey tout le monde !

Il aperçoit Megumi.

— Wow ! On a une star avec nous !

Il prend un plateau et s’installe avec eux.

— T’es devenu sociable, Zenin ?

Souta hausse un sourcil.

— Toujours aussi bruyant, Sho.

Megumi incline la tête, posé.

— Megumi Fushiguro. T’as l’énergie de Yuji Itadori. Pas son punch, mais le même sourire.

Sho éclate de rire.

— Merci du compliment ! Et tu viens faire quoi ici ?

Megumi croise les bras.

— Gojo m’a envoyé pour garder un œil sur certaines choses... et certaines personnes.

Souta grince.

— Traduction : il vous fait pas confiance.

Sho ricane.

— En vrai, on doit surveiller le prodige et le mec chelou, hein ?

Il dévore son plateau.

Megumi le fixe, tranquille.

— Le mec bizarre, c’est souvent celui qui sauve tout le monde à la fin.

Il regarde Souta.

— T’en penses quoi, cousin ?

Souta lève un sourcil.

— T’as jamais appelé personne « cousin » de ta vie.

Megumi esquisse un sourire.

— Sho est coriace. Il fuit pas pour si peu.

Sho s’enflamme.

— Hehe ! Mal me connaître ! Mais... c’est comment une mission avec Gojo ?

Megumi soupire.

— Imagine un mec qui balance des blagues pendant qu’un fléau veut te dévorer... et qui t’engueule si tu ris pas.

Souta ajoute, blasé :

— Il m’a appelé « mini-Megumi 2.0 ». J’ai envisagé de me faire exorciser.

Sho éclate de rire.

— Toi, t’es drôle en fait ! Faut juste te vanner un peu !

Souta, imperturbable :

— Un jour, tu ris... le lendemain t’as des lunettes noires et tu parles de bubble tea.

Megumi hoche la tête.

— Une malédiction sans exorcisme possible.

Sho, rieur :

— Et Nanami alors ? Le même genre mais version serious business !

Souta ironique :

— Le jour où je mets un bandeau, c’est pour plus voir ta tronche.

Megumi renchérit :

— Nanami te file une mission suicide avec un tableau Excel. Gojo, lui, te jette dans le vide et dit : « T’as des ailes, non ? »

Sho en riant un peu:

— Et après il sort : « J’ai même pas eu besoin d’intervenir ! » alors qu’on crève tous.

Souta semble se souvenir :

— J’avais une côte fêlée, Toge pissait le sang, Jun tenait sa jambe avec du scotch...

Megumi acquiesce :

— Classique Gojo.

Sho plus grave :

— Dernière fois, on tombe sur une démone. Elle fixe Aya et balance : « Je reviendrai pour toi. » Et Gojo ? Il sourit encore !

Souta en soupirant :

— Et maintenant il joue au détective en Corée. Classique Gojo.

Megumi hausse légèrement les épaules :

— Tant qu’il revient entier... et avec des infos.

Souta, calme, conclut :

— Ce genre de Gojo, on s’en passe... sauf quand t’as besoin de survivre.

Sho pour appuyer :

— Bubble tea et mochi... Les indispensables Gojo. J’espère juste qu’il va zigouiller la démone, cette fois...



Aya revient au réfectoire, une bouteille d'eau à la main. Elle aperçoit les garçons toujours attablés et s'approche calmement avant de s'asseoir à leurs côtés.

— Vous êtes encore là, murmure-t-elle avec un sourire doux.

Souta lève un sourcil, les yeux toujours posés sur son plateau.

— Ou au moins qu'il arrête de la laisser filer à chaque fois. Un fléau démon, c'est pas un animal de compagnie.

Megumi, pensif, croise les bras.

— Elle est plus vicieuse que les autres. Elle fuit, elle manipule, elle choisit son moment. Gojo va devoir la surprendre pour la neutraliser.

Souta acquiesce.

— Et avec un peu de chance, elle sera assez bête pour pas voir venir le Six Yeux.

— Ou assez maligne pour faire le contraire. C'est ça, le souci.

Sho, toujours décontracté, se tourne vers Aya avec un large sourire.

— Salut Aya !

Puis, en jetant un coup d’œil aux garçons :

— Voilà voilà... montre Aya du coin de l'œil

Souta lève brièvement les yeux vers elle.

— On prend une pause entre deux théories sur les fléaux... et les bubble tea de Gojo.

Megumi lui adresse un signe de tête sobre.

— T'as bien fait de revenir. On disait justement que t'étais au centre des plans d'un fléau démon.

Souta renchérit, presque nonchalant :

— Sympa comme sujet de conversation, non ?

Aya les regarde, un peu tendue.

— Ho... vous parlez des fléaux démons ?

Elle sourit faiblement.

— Oui, je suis le nouveau truc à la mode pour elle...

Megumi, bras croisés, lâche sans filtre :

— Ouais... Raku'en. Si c'est vraiment une hybride, y en a qui pensent qu'elle pourrait être... la fille de Sukuna.

Souta le regarde, surpris.

— T'es sérieux ? C'est pas juste une rumeur de vieux exorcistes, ça ?

Megumi hausse les épaules.

— Gojo enquête. Et vu la maîtrise de son territoire, c'est pas une simple menace. Elle a du sang dangereux dans les veines, ça se sent.

Souta tourne les yeux vers Aya.

— T'es pas un "truc", Aya.

Aya semble effrayée.

— Vrai... vraiment ?

Sho essaie de la détendre :

— On a oublié de te dire que notre Aya est vite impressionnée ?

Megumi garde son ton calme.

— Mieux vaut être impressionnée que négligente.

Souta, toujours les yeux sur son carnet :

— Elle a pas tort d'avoir peur. Ce truc-là, c'est pas un fléau ordinaire.

Megumi :

— Et vu ce qu'elle veut... faut qu'on soit prêts.

Aya serre son livre contre elle.

— Arrêtez de faire comme si j'étais pas là... Et arrêtez de penser que je suis négligente ou que j'arrête d'y penser... Je fais qu'y penser. Dès que je vais en mission, j'ai peur de la voir là, qui m'attend, et que personne ne puisse arriver à temps...

Sho tente un sourire rassurant.

— On te laissera pas seule...

Souta referme doucement son carnet.

— T'es pas toute seule. Et t'es pas faible non plus.

Megumi s'appuie contre le dossier.

— La peur, c'est pas le problème. Le vrai souci, c'est d'agir malgré elle. Et ça, tu sais déjà le faire.

Souta ajoute, plus bas :

— Elle t'a pas eue la première fois. Elle t'aura pas la seconde.

Megumi hoche doucement la tête.

— Tu veux un chiffre qui rassure ? Tous les exorcistes de rang S du Japon sont déjà mobilisés. Si elle revient... elle tombera pas sur toi toute seule. Elle tombera sur nous tous.

Aya, bouleversée :

— Vraiment ? Mais... je veux pas que vous vous mettiez tous en danger pour moi...

Megumi :

— C'est pas pour toi qu'on le fait. C'est parce qu'un fléau démon comme elle, si on la laisse faire... elle ne s'arrêtera pas à toi.

Souta, les yeux sur son livre :

— Alors autant l'arrêter maintenant. Avant qu'elle te touche.

Aya les regarde, puis murmure :

— Vous vous ressemblez vraiment...

Elle serre sa bouteille et son livre.

— J'espère juste que si elle me trouve, personne ne sera là pour se mettre en danger. Ça serait pire si quelqu'un est blessé.

Megumi, calme :

— Ce serait pire si on faisait rien. Et t'en fais pas, on sait se défendre.

Souta :

— C'est à elle de s'inquiéter si elle revient.

Megumi :

— Si elle te cherche, alors elle nous trouvera sur sa route. C'est tout ce que t'as besoin de savoir.

Aya, plus inquiète encore :

— Sauf si on tombe encore dans une faille temporelle ou personne ne savait qu'on y était, même pas Gojo...

Megumi prend un ton plus technique.

— Ça fait plusieurs jours que j'étudie ses capacités avec Nanami. On se prépare à toutes les éventualités. Cette fois, elle ne nous prendra pas de court...

Souta repose calmement son verre.

— Et toi... Comment tu te sens, vraiment ?

Il la fixe, un peu plus sincère que d'habitude.

— Parce que te dire que t'es pas seule, c'est bien... mais j'ai l'impression que ça suffit pas. Si t'as besoin de quoi que ce soit... dis-le. Je suis là.

Megumi regarde son téléphone, fronce les sourcils.

— Gojo est rentré... Je dois le rejoindre chez Yaga. À plus tard.

Il se lève, mains dans les poches, et quitte la pièce.

Aya le regarde partir, puis revient vers Souta.

— Pour m'aider ?... M'aider à plus être une trouillarde... m'aider à être plus forte...

Souta la fixe, le regard calme mais résolu.

— Tu veux devenir plus forte ? Alors on commence maintenant.

Il se lève.

— Tu viens t'entraîner ou tu préfères ruminer ?

Aya le regarde, surprise.

— Maintenant ?

Souta hausse un sourcil.

— Tu viens pas de dire que t'en avais marre d'avoir peur ? Alors ouais. Maintenant.

Aya serre son livre et se lève doucement.

— D'accord...

Elle le rejoint en silence. Ils quittent ensemble le réfectoire.