Le Revers de L'Infini - Tome 2 : L'Eveil

Chapitre 24 : Une présence familière

1614 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/10/2025 20:05

[ Je publie toujours les chapitres par deux, assurez vous d'avoir bien lu le chapitre 23 ;) ]




Le matin s’étire doucement dans le réfectoire encore calme. Quelques élèves mangent en silence, d’autres traînent, les yeux à moitié ouverts. À une table isolée, Aya feuillette un livre d’une main, tandis que de l’autre elle entame son petit déjeuner. Le soleil filtre par les vitres, caresse son profil concentré.

 

Souta entre, plateau en main, les yeux balayant la pièce. Il la repère sans mal. Elle, son livre, son isolement habituel. Il hausse un sourcil, puis vient s’asseoir sans prévenir, face à elle.

 

— Salut, lance-t-il tranquillement.

T’es encore en train de lire à l’heure du pain grillé. Tu dors des fois, ou t’as décidé de devenir un fléau de savoir ?

 

Il attrape une pomme, la croque lentement, les yeux légèrement plissés.

 

Aya lève la tête, surprise mais souriante.

 

— Oh... Bonjour.

Je vais finir par incarner un fléau littéraire dans mon roman...

 

Elle rit doucement, referme son livre, le pose de côté.

 

— Tu vas bien ?

 

Souta mâche un instant, pose sa pomme.

 

— Tant que personne ne sort d’un bouquin pour nous sauter dessus, je vais bien.

 

Il baisse les yeux vers son plateau, l’air pensif.

 

— Je dors pas beaucoup. Mais je vais bien.

 

Il lève à peine les yeux vers elle.

 

— Et toi ? Prête à être un peu moins trouillarde, ce matin ?

 

Aya penche la tête.

 

— Pourquoi tu dors pas ? Tu fais des cauchemars ?

 

— Pas des cauchemars. Juste... trop de choses dans la tête.

 

Il s’appuie sur la table, la regarde plus franchement.

 

— C’est bien. Ça te va mieux, cette petite assurance que t’as depuis hier soir.

 

Aya hésite, les yeux baissés.

 

— La partie de moi qui est sûre d’elle… c’est Cindy.

 

— Cindy, c’est toi, Aya. Tu l’as bien vu hier soir. Intègre le.

 

Elle réfléchit, remue les doigts sur son livre.

 

— C’est moi ? Alors quoi ? Je peux projeter une version de moi qui peut tuer un fléau juste en le touchant ?

 

Elle regarde ses mains longuement.

 

— C’est impossible...

 

Souta répond sans détourner les yeux de son assiette.

 

— Peut-être que t’es pas censée le faire comme les autres. Pas avec les mains. Peut-être que c’est pas comme ça que ça passe pour toi.

 

Il hausse les épaules.

 

— Certains frappent, d’autres tranchent, d’autres pensent. Toi t’as créé un lien. Une présence. C’est pas rien.

 

Il la fixe du coin de l’œil.

 

— Essaie pas de faire comme les autres. Apprends à faire comme toi. Gojo pourrait peut-être t’aider aussi.

 

Aya ne répond pas tout de suite. Elle ferme les yeux, se concentre. À l’intérieur, Cindy obéit. Une flamme noire s’élève près de Souta, dans la petite maison mentale où tout se joue. Aya rouvre les yeux, l’observe.

 

— Tu sens une énergie autour de la flamme ?

 

Souta observe attentivement, tend légèrement la main vers elle.

 

— Ouais…

 

Il plisse les yeux, sans la toucher.

 

— C’est pas une simple technique maudite. C’est fluctuant… presque vivant.

 

Il recule sa main.

 

— Je dirais que c’est lié à toi. Mais c’est elle qui le maintient. Une sorte de canal.

 

Il la regarde.

 

— Ta volonté… son exécution. Et ce qui est bizarre, c’est que ça ressemble à une énergie vivante.

 

Aya fait disparaître la flamme.

 

— Une énergie vivante ? C’est-à-dire ?

 

Elle réfléchit à voix haute.

 

— En cours, elle m’a montré comment manier la dague… mais elle ne l’a pas fait. C’est moi qui l’ai fait, après avoir vu ses gestes.

 

— C’est exactement ça, dit Souta, pensif. Moi, je vois à travers mes shikigamis. Ils me comprennent, m’écoutent, sans que j’aie besoin de parler. On est liés.

 

Il marque une pause.

 

— Je pense que t’es sur un lien du même genre.

 

— Peut-être… Elle pourrait réagir seule, en cas de danger ?

 

— C’est possible. Mais c’est délicat. Certains de mes shikigamis sont trop instables, je les invoque jamais.

 

Aya le regarde, curieuse.

 

— C’est quel genre d’animaux ?

 

— Chimériques. Colossaux. Megumi a connu ça aussi, mais sous une autre forme.

 

— Et il a réussi à les contrôler ?

 

Souta acquiesce.

 

— Mon shikigami m’a déjà agressé, et plus encore…à cause de ça je suis rejeté par le clan…

Megumi a été en difficulté aussi.. Mais aujourd’hui, il gère un peu mieux. À sa manière.

 

Aya sourit doucement.

 

— Tu lui as jamais demandé de l’aide ?

 

— Il est pas mal occupé depuis Shibuya… Et puis, il est classe S maintenant.

 

— Mais il est là, dit-elle. Tu devrais en profiter.

 

— On verra…

 

Elle le fixe.

 

— Je peux te poser une question ?

 

— Vas-y.

 

— Qu’est-ce qui te rend heureux ? Ce qui te donne envie de sourire ?

 

Il répond sans hésiter.

 

— Le challenge. Terrasser un fléau, de haut niveau.

 

Elle le regarde avec douceur, penche la tête.

 

— Et c’est tout ? Tu veux te dépasser… Mais pourquoi ? Qu’est-ce que tu cherches à prouver ?

 

— Tu fais la psy maintenant ?

 

Un mince sourire étire ses lèvres.

 

— Peut-être que je veux juste me prouver que je peux défendre les autres. Chez les Zenin, la faiblesse n’existe pas. Et puis… Gojo veut qu’on le dépasse. Ça pousse.

 

— On peut pas tous devenir Classe S, dit Aya doucement. Faut pas se mettre trop de pression.

 

Souta l’observe, sérieux.

 

— Toi, tu pourras un jour.

 

Elle relève les yeux, surprise.

 

— Quoi ? Tu penses ça vraiment ?

 

— Oui.

 

Elle baisse les yeux, gênée.

 

— J’ai peur que tu sois déçu…

 

— Fais-le pour toi. C’est toujours mieux de décevoir les autres que soi.

 

Elle secoue la tête.

 

— Moi, si je progresse… c’est pour vous protéger. Pas pour moi.

 

— Ça revient au même. Personne ne t’en voudra si tu fais de ton mieux.

 

— Tu t’appliques tous tes bons conseils, toi ?

 

— J’essaie.

 

Aya se redresse un peu, le regard vif.

 

— Tu peux me lancer un défi ? Avec mon pouvoir. Quelque chose de concret.

 

Souta réfléchit une seconde.

 

— Et si tu allais espionner le cours de Nanami ?

 

Elle rit doucement.

 

— D’accord… On verra s’il la détecte.

 

Elle ferme les yeux, et Cindy se met en mouvement. À travers elle, Aya perçoit la salle de classe, Nanami qui donne un cours de maniement, Megumi qui corrige les postures. Panda qui pousse Toge sans faire exprès.

 

— Elle est là… Je crois que personne ne la voit.

 

— Megumi est avec lui ?

 

— Oui… Attends…

 

Elle sourit.

 

— J’ai envie de l’embêter… Je vais lui toucher les cheveux…

 

— Vas-y, souffle Souta. Il s’est jamais gêné avec moi.

 

Un instant plus tard, Megumi se raidit en cherchant d’où vient le vent invisible qui lui a ébouriffé les cheveux.

 

— Il n’aime pas ça, il cherche...

 

Souta sourit.

 

— Bien joué.

 

Aya tente la même chose avec Nanami, desserrant légèrement sa cravate.

 

— Oh… Il déteste ça.

 

— Sa cravate est moche, de toute façon, marmonne Souta.

 

Aya rit doucement.

 

— Et je ressens pas vraiment de fatigue… sauf quand elle utilise de la magie. Mais juste observer ou embêter… ça va.

 

Souta acquiesce.

 

— T’es officiellement une espionne.

 

Aya sourit malicieusement et fait revenir Cindy… qui ébouriffe Souta à son tour.

 

— Hé, grogne-t-il en rattachant ses cheveux correctement. Ça t’amuse ?

 

— Oui, répond-elle en riant.

 

— Il faudra qu’on leur demande si quelqu’un a remarqué sa présence.

 

Il devient pensif.

 

— Ce serait utile que tu surveilles Yu, quand il est seul… commente-t-il pensif.  

Tu savais que Gojo était en Corée hier ? demande-t-il soudain. Tu étais là quand Megumi l’a dit ?

 

— Non… Il a trouvé un nouvel élève ?

 

— Non. Il était sur une piste… Raku’en.

 

Aya se fige légèrement.

 

— Et ? Il va bien ? Il l’a eue ?

 

— Il est rentré. Il a envoyé un message à Megumi. Donc il est entier. C’est tout ce que je sais.

 

— J’espère qu’il s’est débarrassé d’elle...

 

— On l’espère tous.

 

Un silence passe. Puis Souta se lève.

 

— On n’a pas fini de s’entraîner. Faut que tu saches raisonner ta peur. Tu viens ?

 

— Au dojo ? On y fait quoi ?

 

— J’ai une idée. Je t’expliquerai là-bas. Viens.

 

Il sort, les mains dans les poches. Aya le suit, attrapant son livre au passage.

 

— Attends-moi !

 

Et elle court doucement pour le rejoindre.





Prochaine publication jeudi entre 20h et 22h.

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