Le Revers de L'Infini - Tome 2 : L'Eveil
[ Je publie deux chapitres à chaque fois, assurez vous d'avoir bien vu passer le 25 :) ]
Aya est assise seule, recroquevillée dans le recoin d’un couloir désert. Les genoux remontés contre sa poitrine, elle serre son livre comme un bouclier. La lumière artificielle glisse sur les murs, adoucit les angles, mais n’atteint pas le creux de ses pensées.
Des pas s’approchent. Silencieux. Ronds. Mesurés.
Gojo apparaît, sans éclat. Pas de sourire extravagant, pas de verbe éclatant. Juste lui, les mains dans les poches, une boîte de mochi dans l’autre. Il s’arrête à quelques mètres, la regarde brièvement sans chercher ses yeux, puis s’accroupit lentement, posant la boîte à côté d’elle.
— J’te dérange pas longtemps…
Sa voix est basse, égale. Elle n’a pas besoin de plus.
— Juste pour te dire… que j’ai été un sale prof aujourd’hui.
Il fixe le sol, comme s’il s’adressait autant à lui-même qu’à elle.
— T’as pas à te modeler pour plaire à nos attentes. Et t’es encore moins là pour être à la hauteur de nos projections. On est là pour t’aider à découvrir qui tu es. Pas pour te tordre.
Il marque un temps. Puis ajoute, plus doucement :
— Je t’ai regardée trembler, mais j’t’ai aussi regardée tenir. Et ça… c’est de la force, Aya. Pas un défaut.
Un léger sourire flotte au coin de ses lèvres. Il désigne la boîte du menton.
— Et pour la forme… celui-là est au sésame. Un peu collant, un peu dur… mais il reste tout entier même sous la pression.
Il se relève lentement, mains de nouveau enfouies dans ses poches.
Aya lève les yeux vers lui, puis vers la boîte.
— Tu... tu crois que j’ai de la force ?...
Elle saisit le mochi presque timidement.
Gojo reste immobile une seconde, le regard posé à côté d’elle.
— J’le crois pas. J’le vois.
Son sourire devient plus tendre, plus sincère.
— Et t’as pas besoin d’être sûre de toi aujourd’hui. Faut juste continuer à avancer… un pas après l’autre.
Il se détourne, prêt à partir, quand une petite voix le retient.
— Attends...
Il s’arrête net, sans se retourner. Seule une inclinaison infime de la tête signale qu’il écoute.
— Je t’écoute, Aya.
Juste une présence. Stable. Disponible.
Elle inspire.
— Tu… tu as réussi à la faire disparaître ?
Gojo se retourne lentement, plus sérieux cette fois, sans être dur.
— Non. Pas complètement.
Il s’approche d’un pas lent, reste à bonne distance.
— Ce que j’ai détruit, c’était une coquille… une marionnette d’énergie maudite. Bien faite, assez pour me tromper un instant.
Il croise les bras, une ombre passe dans ses yeux.
— La vraie Raku’en, elle s’est planquée. Et bien. Mais elle était là, quelque part. Et elle m’a senti...
Aya fronce légèrement les sourcils, l’inquiétude montant à fleur de peau.
— Donc… elle est quelque part. Mais pas ici, n’est-ce pas ? On est en sécurité ici…
Gojo s’accroupit, enlève son bandeau, son regard azur droit dans le sien.
— Écoute-moi bien, Aya.
Cette école est l’un des endroits les plus protégés au monde. Entre les barrières, les talismans, les exorcistes… Si elle essaye d’entrer ici, elle devra passer sur le corps de toute l’école. Le mien en premier.
Son ton est doux, mais ferme. Ancré.
— Est-ce qu’elle est dans les murs ? Non. Pas que je sache.
Est-ce qu’on reste vigilants ? Toujours.
Mais tu es en sécurité ici, tant qu’on est là. Tant que je suis là.
Il tapote la boîte de mochi du bout du doigt.
— Mange ça. Ça aide contre les idées trop noires.
Tu me fais confiance ?
Aya le fixe. Longuement. Puis acquiesce.
— Oui... je te fais confiance...
Gojo la regarde en silence, puis lui adresse un sourire sincère, peut-être plus rare qu’elle ne le pense.
— Alors on est deux.
Il se redresse, puis lui ébouriffe doucement les cheveux.
— Et si jamais tu sens que la peur revient… tu fais ce que t’as déjà commencé à faire : tu restes debout. Même si t’as les jambes qui tremblent.
Un clin d’œil plus tard, il recule d’un pas.
— Et puis... si tu finis tes mochis, c’est moi qui t’en ramène demain !
Aya rit doucement en repoussant ses mèches remuées.
— Tu fais comme j’ai fait à Megumi pendant le cours avec Nanami…
Merci, Satoru.
Elle mord doucement dans le mochi.
Gojo s’immobilise, puis tourne lentement la tête vers elle, un sourcil levé.
— Attends une seconde…
Il plisse les yeux, faussement suspect.
— T’es en train de me dire que c’était toi, la présence bizarre pendant le cours de Nanami ? Celle qui a desserré sa cravate et ébouriffé Megumi ?
Il croise les bras, joue la comédie avec brio.
— J’ai dû l’écouter râler pendant une demi-heure sur sa “crédibilité visuelle ruinée par des adolescents turbulents”.
Tu me dois des excuses. Ou un Bubble Tea.
Il hausse les épaules, faussement dramatique.
— Nanami pense que c’était un esprit farceur. Tu imagines sa tête quand il saura que c’était toi ?
Il s’approche, l’air presque outré.
— Et t’as même pas filmé la tête de Megumi ? Honteux.
Aya, hilare, peine à mâcher.
— Je t’offrirai un Bubble Tea… Mais franchement, leur tête, ça valait la peine.
On faisait un test avec Souta… et maintenant on sait que je peux espionner et agir à distance. Et… ni Nanami ni Megumi ne m’ont repérée.
Gojo sourit, content pour de vrai.
— Négatif.
Il s’étire doucement… puis grimace légèrement, posant une main brève sur son flanc. Il souffle discrètement, mais son sourire revient aussitôt.
— D’autres choses à me raconter ?
Aya le remarque.
— Ho... tu as mal ?
Heu… non, je crois pas…
Gojo fronce le nez.
— Tch… Ce foutu Sukuna m’a laissé un souvenir, celui-là...
Il hausse les épaules, joue l’ironie.
— Enfin, c’est encore plus supportable qu’un déjeuner avec Nanami sans café.
Aya rit franchement cette fois, se lève doucement.
— Merci pour le mochi…
Gojo lui répond avec un sourire tranquille.
— Pas de quoi. Et essaie de garder le sourire...
Suis mon exemple ! … Enfin… non. Enfin... Bref !
Il lève la main en guise de salut, puis s’éloigne dans le couloir, les mains dans les poches.
Aya le regarde disparaître, un sourire léger aux lèvres. Le mochi entre les doigts, elle rentre enfin vers sa chambre, un peu plus droite, un peu plus apaisée.
Rendez-vous samedi entre 20h et 22h pour la suite...
Message de Gojo Satoru :
Bon, apparemment, certains d’entre vous ont du mal à imaginer mes charmants élèves (et le mot “charmants” est purement administratif).
Du coup, Rin a eu la brillante idée de créer un espace pour montrer nos sales têtes... et, accessoirement, la mocheté rencontrée dans le métro (oui, toi, Raku, je parle de toi).
📸 Les visuels des personnages sont disponibles ici :
👉 https://www.tumblr.com/lereversdelinfini/798735445439741952/liste-des-oc-de-la-fanfic-le-revers-de?source=share
(si ça marche pas, recherchez @lereversdelinfini)
Allez-y, régalez-vous.
Essayez juste de ne pas tomber amoureux de Zenin Souta, on a déjà assez de problèmes comme ça.
[Gojo Satoru, Professeur en charge des catastrophes ambulantes]