Le Revers de L'Infini - Tome 2 : L'Eveil

Chapitre 46 : Le jeu des Masques

1412 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 19/11/2025 20:20

[NOTE]


Cette histoire fonctionne comme un anime : tu sautes un épisode, tu ne comprends plus rien.

Donc avant de lire ce chapitre, vérifie que tu as lu le précédent.

(Je dis ça par amour et pour éviter les migraines collectives.)






Le couloir est désert, noyé dans une lumière pâle qui s’étire depuis les néons fatigués du plafond. Le silence y a quelque chose de presque liquide : épais, stagnant, comme si l’air lui-même retenait son souffle après ce qu’ils viennent d’entendre. Leurs deux silhouettes découpent de longues ombres immobiles sur le sol froid.


Souta observe Aya, le regard un peu plus sombre que d’habitude, les traits tirés. Il sert son carnet contre lui, ses doigts crispés autour de la reliure, comme si ce simple objet pouvait retenir ses pensées en place.

—{C’est le pire des scénarios...}


En face de lui, Aya semble figée dans l’instant. Ses bras sont refermés autour de son livre comme si elle craignait qu’on lui arrache la seule chose solide qu’elle possède encore. Ses épaules sont courbées, ses doigts tremblent à peine, mais dans ses yeux—la peur nue, silencieuse.

—{Je vais plus oser rester avec lui… avec elle…}

Un frisson la parcourt. Ses pensées se bousculent trop vite pour qu’elle en attrape une seule. Le couloir semble se rétrécir autour d’elle.


Souta avance d’un pas. Pas trop près : juste assez pour qu’elle sente qu’il est là, qu’elle n’est pas seule. Son ombre touche presque la sienne.

Il baisse un peu la voix, un ton stable malgré la tension qui raidit sa mâchoire.

{Je sais… C’est flippant. Moi aussi, j’ai peur. Mais regarde-moi, Aya}


Elle relève les yeux, lentement, comme si elle craignait que la réalité change encore entre deux battements de cils.

{Faut pas paniquer maintenant. Si on fait un seul faux pas, elle disparaît. Et on saura jamais qui est encore en danger}


Il jette un regard rapide autour d’eux, les sens en alerte, avant de ramener son attention sur elle. Quand il reprend, sa voix s’est faite plus grave, plus mesurée.

{On doit rester avec elle. On sourit. On joue le jeu. Et dès qu’on voit une faille… on frappe}

Il s’interrompt un instant, son expression se détendant juste assez pour laisser filtrer une pointe d’ironie.

{Enfin… c’est toi qui souris. Moi si je m’y mets, ça devient suspect….}

Il laisse tomber ses yeux vers le sol, et quelque chose d’usé traverse son visage.

{J’ai jamais aimé les masques. Mais là, faut en porter un. Juste un peu. Pour mieux lui arracher le sien}

Puis il fixe Aya, frontalement. Pas pour la pousser. Pour qu’elle sente sa présence, son ancrage.

{Ça te va ? On fait équipe ? Et on garde pour nous ce qu’on vient d’apprendre ? T’as ton mot à dire, Aya. Dis-le-moi franchement}


Elle inspire, mais sa poitrine tremble. Les mots peinent à sortir.

{Je crois que tu as raison…}

Sa voix ressemble à un souffle, fragile.

{Mais j’aurai tellement peur de mal faire...}

Ses doigts se crispent sur le livre. Sa gorge se serre.

{Et si elle le remarque ?...}

Elle baisse la tête, son visage se plie sous l’inquiétude.

{J’y arriverai pas sans toi.}

Elle n’ose pas le regarder. Pas tout de suite. Mais quand elle finit par relever le visage, Souta n’a pas bougé. La même place. Le même regard. Le même calme tendu.

{Pour l’instant… on le garde pour nous. Et on essaye d’être… normaux}


Souta ne répond pas immédiatement. Il s’incline juste assez pour poser brièvement sa main sur le haut de son livre : un contact léger, discret, mais assez réel pour traverser les angoisses qui l’étouffent.

{T’as pas besoin d’y arriver toute seule}

Sa voix s’adoucit, sincère.

{On reste discrets. On observe. Et si y a un souci… je suis là. Mes shikigami aussi. Et ton double aussi, d’ailleurs}

Un sourire minuscule traverse ses lèvres, fugace, presque invisible, mais bien là.

{Et pour faire semblant d’être normal… je te préviens, j’suis pas très bon comédien. Faudra m’aider}

Il retire sa main et cache ses doigts dans ses poches, reprenant une contenance d’élève banal. Rien, dans sa posture, ne trahit la gravité de leur conversation.


Aya hésite. Un instant, son regard se perd dans le vide, là où ses pensées filent trop vite.

—{Et si je lui fais croire que je suis seule ? Que je me coupe des autres ? Elle viendrait à moi...}


Elle s’apprête à parler, mais…


Une voix surgit derrière eux.


— Tiens tiens…

Gojo déboule au détour du couloir comme s’il y était né, les mains dans les poches, un sourire au coin des lèvres. La lumière des néons glisse sur ses lunettes, masquant son regard.

— Le duo lumière/ombre dans un couloir désert. C’est presque poétique.

Il approche, nonchalant, presque flottant.

— Je suis censé vous rappeler que les coins sombres, c’est pour les fléaux… pas pour les rapprochements d’élèves, hein ?

Il les dépasse et, au passage, murmure assez bas pour que seuls eux deux entendent :

— Juste un conseil : si vous voulez rester discrets, évitez les yeux qui se fuient et les bouquins serrés comme des doudous.

Un clin d’œil éclatant, et il repart comme s’il n’avait commenté que la météo.


Souta se raidit, recule d’un pas, presque comme si Gojo venait de lui tirer dessus avec une fusée de détresse émotionnelle. Il ramène une main à sa nuque, nerveux.

— Il est gênant quand il s’y met, sérieux...

Puis, reprenant contenance, il reprend son fil :

{Tu veux qu’on clash faussement au réfectoire devant lui enfin… Elle ?}


Aya rougit encore, sans pouvoir contrôler. Souffle et se reprend à son tour.

{Oui… Pardon... Enfin… }

Elle réfléchit, tente de reprendre le fil.

{Clasher, c’est pas notre truc. elle doit le savoir...}

Elle le fixe, plus solide.

{Mais si on s’ignore, ou qu’on est froid l’un avec l’autre, ça devrait suffire. Et je pourrais inventer un mensonge...}


Souta hoche la tête, pensif.

— {Quoi comme mensonge ?}

Puis, avec une auto-dérision inattendue :

{Tu pourrais lui dire que j’ai fait une remarque nulle et que tu m’en veux ? C’est crédible, ça. Je suis assez doué pour les remarques nulles}


Aya le regarde, surprise par ce qu’elle perçoit comme une timidité déguisée ou un manque d’estime de soi. Elle secoue la tête.

{Tu dis pas de trucs nuls, je trouve...}

Un mince sourire, léger, timidement sincère.

{Mais oui, on peut imaginer ça}


Souta sourit à son tour, discret comme un frémissement.

{Ok, alors. Tu fais la froide, je fais le mec blasé. Ça, j’sais faire}

Il incline un peu la tête vers elle.

{Et après… on se reparle. Vraiment}


Puis il se détourne, les mains glissant dans ses poches, retrouvant son pas tranquille.

— Viens. Avant que Gojo revienne nous pondre un poème ou un haïku dramatique.


Aya le suit du regard, la respiration encore tremblante. Elle se met en marche lentement, son livre serré contre elle, comme un talisman.


Ils avancent ensemble vers le réfectoire. À distance égale. Pas trop proches. Pas trop loin. Deux silhouettes ordinaires dans un couloir clair et pourtant, tout en eux hurle que rien n’est normal.


Juste avant la porte, Souta murmure sans la regarder :

{On a dit : normal, non ? Alors... normal}

Il passe la porte.


Quelques secondes plus tard, Aya entre à son tour. Elle prend un plateau, s’assoit seule, sans un mot. Juste un bref regard lancé vers Souta, assez froid pour être crédible, mais pas assez pour tromper quelqu’un qui connaît ses gestes.

Le masque se met en place, parfaitement.

Et la partie commence…





La suite vendredi entre 20h et 22h...

La tension est à son apogée pour l'instant... Mais comment va se passer ce plan...

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