Le Revers de L'Infini - Tome 3 : Labyrinthe
[ NOTE ]
Si vous n’avez pas lu l’épisode précédent, je vous suggère de le faire immédiatement. Je n’ai pas l’intention d’expliquer ce que vous auriez dû déjà savoir. — Kento Nanami
------
Le combat entre Gojo et Sukuna a commencé depuis une dizaine de minutes.
Gojo se cabre, prêt à relancer une attaque. Son Infini pulse, brûle, respire. Et soudain…
Le son qui résonne sur tout le domaine de Raku. Et directement… Un trou. Dans son champ perceptif. Un vide. Un arrachement. Son Sixième Œil se contracte si fort que sa vision blanchit. Une présence disparaît.
Megumi.
Pendant une demi-seconde, son souffle s’éteint.
— Non…
Il n’a pas le temps de dire autre chose.
Sukuna rit. Un rire clair, presque léger.
— Oh, tu l’as senti ?
Il incline la tête, radieux.
— Un de moins.
Tout s’effondre en Gojo.
Il revoit :
Suta qu’on lui a arraché la veille, les cris d’Aya, la panique qu’il a dû ravaler et maintenant, Megumi… son gamin, son élève, son engagement, sa promesse.
Le poids des responsabilités écrase sa cage thoracique. Car c'est lui qui lui a ordonné de quitter le champ de bataille. Une nouvelle erreur de jugement qui coûte cher… Un fil se brise en lui. L’aura de Gojo tremble. Un millimètre. Juste assez…
Sukuna sourit de toutes ses dents.
— Quand tu tiens à quelqu’un, tu deviens tellement faible, Gojo.
Gojo fonce. Pas par stratégie. Pas par supériorité. Pas par ego. Par désespoir. Son Infini déraille d’un battement. Son coup part trop fort. Trop large. Trop plein de rage.
Sukuna esquive. Puis frappe. Encore. Encore.
Gojo ne voit plus rien. Juste l’absence. Juste ses gamins qui ne sont plus là. Son genou touche le sol. Il n’a jamais été aussi silencieux.
Sukuna s’approche, triomphant, il ricane.
— J’adore ce son.
Son sourire s’élargit.
— Le bruit que ça fait quand ton cœur se casse.
Il jubile.
— Tu perds, Gojo. Tu es beaucoup moins bavard d’un coup… tu es pathétique…
Le regard de Sukuna brûle. Son sourire s’élargit, carnassier, presque joyeux. Il lève paume vers le ciel, un geste simple, paresseux, et l’espace répond. Au-dessus d’eux, la lumière se contracte. Une masse noire se forme, sphérique, vibrante, gonflée d’une énergie monstrueuse. Une lune distordue arrache un cri au firmament et commence sa chute, droit sur Gojo.
Gojo ne bouge pas. Sa mâchoire se contracte, ses poings se ferment. Puis L’Infini se déploie de nouveau. Un battement. Une onde bleue fendant l’air, silencieuse mais totale.
La lune noire percute l’Infini dans un fracas colossal, mais Gojo n’est déjà plus là. L’espace claque. Il réapparaît à plusieurs mètres, souffle coupé, les semelles glissant sur un sol éclaté par la déflagration. Il se redresse, encore vacillant, le regard rivé sur Sukuna. Un regard froid. Tranchant. Irréductible.
— Tu veux du nouveau ? murmure-t-il entre ses dents. Très bien.
Il claque des doigts. L’air se vrille. Gojo fond sur Sukuna, son poing englué d’un Bleu si compact qu’il semble arracher le vide à lui-même. L’impact devrait pulvériser un immeuble.
Mais Sukuna se cambre avec une souplesse presque élégante, esquive, penche la tête et lui donne une pichenette. Juste ça. Une simple pichenette sur le torse. L’infini se fissure de nouveau. L’air implose. Gojo est repoussé d’un pas, deux, encaisse le choc, dents serrées. Son aura frémit, mais son esprit n’est plus là. Une fissure se forme dans son attention. Pas dans ses défenses : dans son cœur.
Une obsession s’arrache à sa poitrine : sauver ses élèves éparpillés dans le domaine.
----
Quelques minutes plus tôt, dans la forêt distordue, un silence lourd écrase Sho, Rin et Maki.
Pas un insecte. Pas un souffle de vent. Rien. Juste cette forêt irréelle, tordue, humide, où l’air colle à la peau comme un avertissement.
Sho fait tourner son fouet entre ses doigts, nerveux.
Rin scrute les arbres.
Maki avance en tête, chaque muscle tendu.
C’est alors qu’un bruissement fend la canopée au-dessus d’eux. Un battement d’ailes. Un cri étouffé. Quelque chose traverse la lumière vert acide des feuilles. Tous trois lèvent les yeux en même temps.
Une chouette. Massive. Blanche. Familière. Et sur son dos…
— …Megumi ? souffle Maki, son arme se redressant d’instinct.
La chouette plane au-dessus d’eux comme si elle flottait dans un gel invisible.
Sho plisse les yeux, inquiet.
— Est-ce que c’est réel ? Ou juste un truc dégueulasse qu’elle veut nous coller dans la tête ?
Rin avance d’un pas, hésitante, mais la détermination finit par griffer sa voix.
— S’il nous a trouvés… autant tenter. Si c’est lui, il répond. Sinon… on l’explose.
Elle lève les bras. Sho fait de même et hurle :
— FUSHIGURO ! ICI ! HÉ OH ! ON EST LÀ !
La chouette réagit. Elle descend, lentement, comme retenue par une traction invisible. Leur cœur se serre : c’est bien Megumi. Ses yeux sont ouverts. Vivants. Il les voit. Il les reconnaît.
Puis tout s’arrête. Net. Brutal. Megumi se fige dans les airs. La chouette aussi. Suspendus, immobiles, comme une image figée au milieu d’un cauchemar.
— Mais qu’est-ce qu’il fait… ? souffle Sho, la peur dans la gorge.
— Il descend pas… Pourquoi il descend pas ?! siffle Rin, la voix crispée.
Maki plisse les yeux. Elle voit ce que les autres ne perçoivent qu’à moitié : une distorsion dans l’air. Un frémissement. Comme un drap tiré trop fort.
— Il y a… quelque chose derrière lui…
L’air se déchire.
Pas un bruit.
Pas un souffle.
Un arrachement.
Une brèche noire éclate juste derrière Megumi, un trou dans la réalité, béant, vorace. La chouette est happée d’un seul coup, aspirée comme si l’espace exhalait. Megumi disparaît avec elle.
Un instant.
Un battement.
Puis le silence.
Deux secondes.
Trois.
Quatre.
Un souffle invisible percute la clairière. Une onde de vide. Un vertige. Comme si le monde venait de cligner des yeux… et de perdre quelque chose d’essentiel.
— …Megumi.
Rin recule d’un pas, main sur la bouche.
Maki, elle, reste figée. Comme frappée en plein cœur.
— PUTAIN DE MERDE ! rugit-elle, la voix brisant la forêt figée.
Sho n’ose plus bouger.
— Il a été aspiré… murmure-t-il.
Sa voix tremble.
— Comme Souta. Exactement comme Souta.
Un frisson traverse la clairière. La brume se resserre autour d’eux. Les arbres semblent retenir leur respiration.
Rin tourne lentement sur elle-même, chaque muscle tendu.
— Elle nous surveille. Elle attend qu’on panique… qu’on se disperse…
Sho murmure :
— Les zones sont connectées… si on a vu Megumi, c’est qu’on se rapproche d’Aya. C’est obligé.
Maki serre son arme jusqu’à faire craquer ses phalanges.
— On bouge. Maintenant. Mais pas en courant. Un pas trop brusque et elle nous attrape comme lui.
Ses yeux fendent l’ombre d’un éclat féroce.
— Restez proches. Restez lucides. On doit tenir. Jusqu’à ce qu’on retrouve Aya… Et jusqu’à ce que Gojo gagne assez de temps pour nous ouvrir une porte.
Ils reprennent leur marche, en silence. La forêt se resserre autour d’eux. L’air devient plus lourd à chaque pas. Quelque part, très loin, un combat divise le monde. Et eux n’ont qu’une seule mission : survivre assez longtemps pour qu’il ne soit pas vain.
-----
De leur côté Aya et Yuta avancent encore, pas après pas, dans ce couloir brisé où la lumière se tord comme un fil de verre chauffé à blanc. Les murs respirent. Oui, respirent. Ils gonflent, se contractent, frémissent d’une vie immonde. Chaque pulsation déforme l’espace, incline le sol, fait vibrer l’air. Aya resserre son étreinte sur sa peluche. Son souffle fait de la buée dans une atmosphère qui pourtant n’est pas froide.
Et soudain…
Un coup sourd.
Pas un bruit.
Une absence.
Comme si quelque part, quelque chose avait raté un battement de cœur.
Comme si le monde avait été forcé de faire silence.
Aya s’arrête net. Sa respiration se coupe. Son regard devient vitreux.
— Tu… tu as senti ça ?
Yuta, lui, ne répond pas immédiatement. Il n’a pas besoin d’examiner le couloir. C’est en lui que ça a cogné. Comme une onde de choc étouffée, tirée depuis trop loin pour être réelle… et pourtant. Il ferme les yeux. Ses pupilles se dilatent. Son visage se ferme. Un frisson dévale sa colonne vertébrale.
— …Non.
Un tremblement imperceptible déchire sa voix.
— Pas lui.
Lorsqu’il rouvre les yeux, quelque chose y est mort.
Il regarde Aya, lentement, comme s’il devait lui confirmer l’impensable.
— C’était Megumi.
Aya recule d’un pas. Ses jambes cèdent presque. La peluche glisse dans ses bras, tremble contre elle comme une boussole affolée.
— Non… pas lui… pas Megumi…
Elle avance d’un pas vers Yuta, puis un autre, comme aspirée par sa présence. Elle se colle à lui, cherche une chaleur, un ancrage, quelque chose de vrai dans ce couloir qui respire de travers.
— Il faut les retrouver… faut les sortir… il faut…
L’onde revient.
Plus froide.
Plus nette.
Un fil invisible se rompt quelque part dans le domaine, et l’écho frappe leur peau comme un souffle glacé.
Aya porte une main à sa bouche. Ses dents claquent.
— Cette sensation…
Elle déglutit.
— …c’est comme si quelque chose s’était éteint.
Yuta ferme les poings. Ses veines saillent. Son énergie maudite gronde dans l’air.
— Elle l’a eu.
Sa voix est un grondement rauque, animal.
— Elle a vraiment réussi à le faire tomber…
Aya secoue la tête, perdue.
— C’est ma faute… si j’étais partie avec elle depuis le début… si je lui avais dit oui…
— Arrête.
La voix de Yuta claque comme une lame nette.
Il se tourne vers elle. Plante son regard dans le sien. Pas un regard dur. Un regard vivant, profond, brûlé par un instinct protecteur féroce.
— On va l’arrêter.
Il approche d’elle d’un pas.
— On va les libérer. Et on ne va pas te livrer.
Il met une main sur son épaule, sans trembler.
— Pas maintenant. Pas après tout ça. Pas tant que je respire. Ok ?
Aya tremble encore, mais quelque chose en elle cesse de se fissurer.
— …Pourquoi tu tiens autant à moi ? chuchote-t-elle.
Yuta baisse un instant les yeux. Puis les relève.
— Parce que j’ai fait un serment.
— Un… serment ?
— À Gojo.
Il marque un temps. Ses yeux se plissent avec une intensité rare.
— De te protéger.
Le couloir semble reculer, s’effacer, tant sa voix remplit tout l’espace.
— Et j’ai qu’une seule parole, Aya. Une seule.
Elle reste un instant immobile, les lèvres entrouvertes, les yeux humides. Puis elle souffle :
— …D’accord. Merci.
Yuta lui tend la main. Un geste simple. Un geste qui dit : On ne tombe pas aujourd’hui.
Aya glisse ses doigts dans les siens. Dans l’autre bras, sa peluche-loup pressée contre son cœur.
— On y va, dit-il doucement.
— Oui… répond-elle, la voix tremblante mais décidée.
La projection se matérialise devant eux, lumineuse, prête à les guider dans les ténèbres. Et ensemble, ils avancent.
Rendez-vous dimanche soir à une heure non définie, car je vais voir le film JJK et je ne connais pas l'horaire de fin :)