Le Revers de L'Infini - Tome 3 : Labyrinthe

Chapitre 12 : Fractures

3236 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 11/12/2025 20:10

[ NOTE ]


…Assurez-vous d’avoir lu le chapitre précédent avant d’ouvrir celui-ci. Je n’ai pas l’énergie de vous rattraper si vous sautez des étapes. Fushiguro Megumi




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Les couloirs du Néant Shibuya s’étirent comme des entrailles, étroites, humides, vibrantes. Chaque pas semble résonner dans la gorge d’un monstre invisible. Une fine poussière argentée flotte dans l’air, irisée d’un éclat maudit, collant à la peau comme des cendres vivantes.


Gojo ouvre la marche, son souffle encore irrégulier, mais son regard… son Sixième Œil pulse malgré la fatigue écrasante. Une veine bat sur sa tempe. Il avance, tendu comme une lame prête à rompre.


À ses côtés, Yuta garde son sabre dégainé, ses doigts crispés sur la garde. Il scrute chaque ombre, chaque angle, prêt à bondir au moindre souffle.


Entre eux, Aya marche vite, trop vite pour quelqu’un qui tremble autant. Sa peluche est pressée contre sa poitrine, comme un talisman, et sa projection flotte quelques mètres devant, translucide, silencieuse, avançant comme un phare dans cette obscurité déformée.


Une pression sourde glisse dans l’air. Gojo ralentit, les sourcils froncés.

— …Elle approche.


Le mot tombe comme un verdict.


Un grincement sourd s’enroule autour d’eux, d’abord lointain… puis de plus en plus proche, jusqu’à vibrer dans leurs dents. Les murs se plient légèrement, comme s’ils prenaient une inspiration déformée.


Une voix chuchote alors, douce, rassurante presque… mais tellement insidieuse qu’elle vrille aussitôt l’estomac.

— « Trois pièces. Trop proches. Séparons-les. »


Gojo se tourne brusquement, œil brillant.

— Recul… !


Trop tard.


Une détonation éclate, silencieuse mais dévastatrice. L’espace se fissure à leurs pieds en un éclair blanc. Le sol se dérobe entièrement, avalé par une gouffre brutal. La chute les prend comme une main géante qui arrache tout contrôle.


Aya crie, sa voix se brisant dans l’écho abyssal.

— Non !!


Yuta tend le bras vers elle, ses doigts effleurent les siens, un frôlement, un souffle de contact, puis leurs mains glissent l’une de l’autre.

— Aya !! hurle-t-il, les yeux écarquillés, la panique pure.


Elle tombe. Il tombe. Ils se perdent dans le vide.


Gojo pivote, lève le bras, sa silhouette se brouille sous l’effort.

— Tch— Aya !!

Son énergie se déploie en un spasme bleu, mais le Néant réagit : la matière se replie, les ombres s’enroulent autour de lui, la faille l’engloutit avant qu’il n’atteigne quiconque.


Un choc.

Un vertige.

Un gouffre sans son.

Et soudain…

plus rien.


Plus d’air.

Plus de lumière.

Plus de cris.


Juste un silence complet. Un silence si dense qu’ils semblent avoir disparu du monde.

 

 


Aya — Salle blanche


Un blanc éclatant. Aveuglant. Si pur qu’il en devient violent. Aya ouvre les yeux en sursaut, et le monde entier n’est plus qu’un vide saturé de lumière. Pas d’ombre. Pas de sol visible. Juste une étendue uniforme, trop lisse, trop propre pour être réelle. Elle tombe à genoux, le souffle court, ses doigts crispés sur sa peluche. Son cœur cogne contre sa cage thoracique.


— Yuta ?… Satoru ?…


Sa voix ne résonne même pas. Le son est avalé avant d’exister. Comme si la salle refusait l’idée même d’écho. Un frisson remonte sa nuque.


Et puis, une voix.

Douce.

Chaleureuse.

Trop.


Tu es seule. Et parfaite comme ça…


Aya sent sa gorge se serrer. Elle se met debout trop vite, chancelle un peu, mais tient. La lumière semble pulser, respirer autour d’elle.

— Je… je dois tenir… pour eux…


Elle serre sa peluche plus fort, au point que ses doigts blanchissent. Sous la lumière blanche, ses tremblements sont plus visibles. Sa projection, Cindy, apparaît soudain à ses côtés, mais translucide, presque effacée, comme si l’endroit essayait de l’absorber.

— Reste, murmure Aya. Un ordre à sa projection. Un ordre à elle-même.


La voix revient, un peu plus proche. Un peu plus intime.

Tu n’as pas besoin d’eux, Aya. Tu n’as jamais eu besoin de personne. Regarde comme tu brilles quand tu es seule…


Un souffle passe dans ses cheveux. Il n’y a pourtant pas de vent ici.


Aya serre les dents, son cœur au bord de l’explosion.

— Arrête… Je sais ce que tu veux…


La lumière se resserre autour d’elle, comme si les murs invisibles se rapprochaient. Cindy vacille. La peluche chauffe légèrement contre sa poitrine. Aya ferme les yeux. Elle inspire. Longtemps. Trop longtemps pour quelqu’un qui tremble autant. Puis elle rouvre les paupières, plus dure.


— Je suis pas seule. Même si tu veux me le faire croire.


Un frémissement traverse la salle blanche. Comme une réaction. Comme un agacement. La voix glousse doucement.

Très bien, petite Reine… Voyons combien de temps tu tiens avant de te briser.


La lumière se modifie. Elle n’est plus douce. Elle devient… menaçante. Comme un projecteur braqué sur elle. Comme un jugement.


Aya recule d’un pas. Puis, lentement, avance d’un autre. Elle défie l’espace lui-même.

— Je tiendrai. Jusqu’à ce qu’ils viennent me chercher.


Sa projection, malgré sa transparence, se dresse à ses côtés, prête à recevoir le premier impact d’un ennemi invisible. Dans l’immensité blanche, quelque chose… se forme.

 


 

Yuta — Obscurité mouvante



L’obscurité n’a pas de forme. Pas de contour. Pas même de direction. Ce n’est pas la nuit. C’est un ventre. Un espace vivant qui respire autour de lui, lentement, comme si chaque souffle tirait un peu plus d’air à Yuta.


Une brume noire rampe au sol, flotte, s’élève par intermittence puis retombe comme une marée morte. Yuta avance prudemment, sabre en main. Ses pas ne produisent aucun son. Comme si le monde refusait de reconnaître son existence.


— Calme-toi, pense-t-il. C’est une illusion. Une construction. Rien n’est réel ici…


Il avance encore de quelques mètres. La brume se condense soudain. Se regroupe. Prend forme. Et devant lui apparaît Aya. Recroquevillée. En pleurs. La peluche abandonnée à côté d'elle. Ses épaules secouées par des sanglots muets.


Yuta s’arrête net. Un battement de cœur manque.

— …Aya ?


Elle ne lève pas la tête. Le vide avale même le son de sa respiration.


Yuta serre les dents. Il sait. Il sait parfaitement que ce n’est pas elle.

— Encore tes jeux… murmure-t-il, la voix basse.


La réponse vient de partout à la fois, douce, moqueuse, enveloppante :

Sauve-la, si tu peux… Cavalier.


Une lame glacée effleure son échine. La voix de Raku glisse sur son crâne comme une caresse étouffante.

Tu cours toujours pour elle… Tu te déchires pour elle… Tu donnerais tout, n’est-ce pas ? Tout ça pour un serment fait à Gojo…

Un rire léger.

C’est tellement prévisible.


Yuta serre plus fort la garde de son sabre. Ses phalanges blanchissent. Un tremblement, infime, secoue son poignet.

— T’es pas Aya, dit-il à la silhouette tremblante devant lui.


Mais son cœur cogne. Parce qu’une part de lui répondrait quand même si elle l’appelait. Même dans un cauchemar.


La fausse Aya relève lentement la tête. Ses yeux sont vides. Pas vides de vie. Vides d’Aya. Comme si on avait arraché sa lumière et laissé un masque, un coquillage abandonné.

Pourquoi tu m’as laissée tomber ? souffle-t-elle d’une voix qui n’est pas la sienne.


Le sol tremble légèrement. L’obscurité se resserre autour de lui, comme une cage en train de se refermer.


Raku poursuit, joyeuse :

Allez… dis-lui. Dis-lui que tu vas la perdre. Comme tous les autres.


Le souffle de Yuta se coupe une seconde. Il ferme les yeux. Une fois. Respire. Quand il les rouvre, ils sont durs. Lucides. Déterminés.

— Tu ne me briseras pas comme ça.


La silhouette d’Aya s’arrête de pleurer. Elle sourit. D’un sourire trop large, trop figé.

Tu es sûr…?


La brume se tord. L’espace se déforme autour de lui. Yuta lève son sabre. Sa voix est un murmure tranchant.

— Je retrouverai la vraie Aya. Et les autres. Avec ou sans toi.


La fausse Aya se liquéfie d’un coup, comme de l’encre renversée. Le sol se fissure sous ses pieds. L’obscurité se réveille. Le vrai test commence…



Gojo — Couloir distordu


Le couloir ondule comme une cicatrice ouverte. Les parois, fracturées, se plient puis se déplient en un rythme irrégulier, comme si la réalité respirait de travers. Chaque pas de Gojo laisse derrière lui une empreinte de lumière bleutée, aussitôt avalée par l’obscurité mouvante.


Il sent sa gorge se tendre. Juste une fraction de seconde. Le temps que le cœur hésite.

— Séparés… évidemment, marmonne-t-il, presque pour se retenir d’appeler leurs noms.


Son souffle est court. Pas de fatigue musculaire : c’est la mémoire qui pèse. Cette version de Shibuya suinte trop de choses qu’il croyait avoir laissé derrière lui.


— …Elle amincit la frontière, murmure-t-il. Réel, illusion… elle mélange tout.


Une pulsation. L’air se déchire. Un miroir surgit droit devant, planté au milieu du couloir comme une sentinelle carnivore. Gojo s’approche. Le reflet n’est pas le sien.

 

Megumi.

À genoux.

Le visage dissimulé sous une ombre visqueuse.

Les épaules tremblantes, comme si quelque chose pesait sur son dos.


L’image de Megumi bouge. Lentement.

Sa tête se relève d’un millimètre.


Un murmure coule le long du miroir, glissant comme une lame sous la peau :

Tu n’es plus un roi. Juste un pion qui saigne, Satoru…


La voix n’est ni humaine ni enfantine. C’est l’écho de toutes celles qu’il a perdues, entassées dans un souffle unique.


Gojo ferme les yeux une seconde. Pas de panique. Pas de colère. Un silence intérieur se dépose dans sa poitrine. Quand il rouvre les paupières, elles brillent d’un éclat calme. Froid. Inflexible.

— Garde ton échiquier, Raku.


Il approche sa main du miroir. La surface frémit, comme si elle craignait son contact.

— Je viens chercher mes pièces.


Le miroir se fissure. Un premier craquement. Puis un deuxième. Puis une toile entière d’éclats qui se propagent comme une brûlure. Dans les reflets brisés, des fragments du vrai Megumi apparaissent : un œil déterminé, une main formant un mudra, un souffle résistant… Puis tout explose. La lumière bleue de Gojo lacère l’espace. Le couloir se tord, hurlant sous la pression de sa volonté brute.

— Et crois-moi, Raku…


Il fait un pas. La réalité se dérobe, mais il reste debout.

— …tu vas regretter d’avoir cru que je ne savais plus jouer.

 

 


Retour à Aya — Salle blanche dévorante



La lumière blanche pulse. Pas une lumière douce : une clarté chirurgicale, qui cherche à la disséquer. Aya chancelle, les genoux tremblants, les doigts crispés sur sa peluche. Sa respiration râpe sa gorge, mais elle ne tombe pas. Elle tient. Parce qu’elle n’a plus le droit de tomber.


Un frisson traverse l’espace, puis elle apparaît. Ou plutôt, quelque chose apparaît. La projection de Raku. Silhouette gracile, flottante, presque élégante… mais si parfaitement fausse qu’Aya sent son estomac se nouer.


— Aya…, murmure Raku, sa voix douce, huileuse. Toujours à t’accrocher aux autres.

Yuta. Gojo. Même ta petite projection. Comme une enfant qui refuse de lâcher ses jouets.


Aya serre les dents.

— Ne les touche pas.

Son murmure tremble, mais son regard non.


Raku incline la tête, paumes ouvertes comme une mère bienveillante.

— Tu n’as plus besoin de jouer, ma reine. Il te suffit de dire oui.


— Jamais.


Raku sourit, un sourire si calme qu’il en devient monstrueux.


Alors, d’un geste sec, la projection d’Aya, Cindy, surgit derrière Raku, doigts levés. Elle claque des doigts. L’air vacille. Raku étouffe un instant, un seul. Puis l’image la traverse comme de la fumée.


Aya recule.

— Tu… n’es pas vraiment là.


— Pas encore, concède Raku, amusée. Mais je suis exactement là où tu finiras.

Elle avance d’un pas. La lumière se tord autour d’elle comme si elle refusait de la toucher.

— Tu es une reine, Aya. Mais… pas sur le bon échiquier.

Elle approche son visage du sien, sans bouger les lèvres. Un murmure glisse directement dans son oreille, intime, glacial :

Je t’attends, ma lumière.


La pièce vacille. La lumière pulse, comme un cœur malade :

— Tu trembles… Mais pas à cause de moi. C’est de toi que tu as peur. De ce que tu pourrais devenir.


Aya ferme les yeux, secoue la tête.

— Tu te trompes… J’ai rien d’extraordinaire. Tu perds ton temps.


Raku rit. Un rire d’enfant qui vient d’écraser un insecte.

— Rien ? Alors pourquoi luttes-tu ? Pourquoi veux-tu sauver ceux que tu aimes, Aya ? Qu’est-ce que tu crois qu’il y a en toi ?


Un battement sourd secoue la salle. L’air se densifie.

— Ta projection n’est que la première couche. Un reflet. Une ombre. Mais toi… tu entends ce que personne d’autre n’entend.

Elle s’approche encore. Son visage devient flou, menaçant.

— Tu veux sauver Souta ? Megumi ? Alors ouvre-toi… Ou enterre-les.


Aya respire vite. Elle se parle intérieurement, comme pour ne pas se briser.

{Trouve-les. Aide-les.}

— Je sais même pas quoi faire…, finit-elle par avouer, la gorge serrée.


Raku sourit. Presque tendre.

— Tu fais ce que même les anciens Zenin n’ont jamais su faire. Tu écoutes. Tu guides l’instinct brut. Les bêtes te regardent. Elles ne te fuient pas… elles t’attendent.

Puis d’un ton plus bas, un secret offert comme un poison :

— Souta et Megumi sont les clés. Mais toi ?

Ses yeux s’élargissent, brillants d’une joie mauvaise.

— Toi, tu es la porte.


Un fracas déchire le vide. Un mur gémit, comme frappé de l’extérieur. Gojo.


Aya sursaute. Ses mains tremblent, mais elle se raccroche à sa peluche. À la seule chose encore solide dans cet univers blanc. Elle ferme les yeux. Se concentre.

{Cindy… cherche les shikigamis. S’ils sont encore là… appelle-les.}

La projection s’élance. Elle fend la lumière blanche, contourne l’illusion, plonge dans les interstices du vide. Puis elle le voit.

Un loup. Noir, massif, familier.

Le loup de Souta.

Enchaîné. Cloué au sol par des liens maudits qui lui coupent la peau jusqu’à l’os. Ses yeux sont des braises mortes. Il respire à peine.


Cindy approche, mais le loup grogne, se dresse faiblement. Il la rejette. Dans la tête d’Aya, la voix de Raku ondule, satisfaite :

— Tu vois ? Même leurs shikigamis plient sous ma volonté. Ils sont brisés. Et je peux les rompre encore.

Une pause.

— Mais toi… Toi, Aya… Tu peux les aider.

Elle sourit. Un sourire de serpent qui goûte déjà sa proie.

— Continue. Chaque effort t’épuise… mais moi, ça me nourrit.


Aya ne l’écoute plus. Elle fixe le loup à travers les yeux de Cindy. Elle sent sa douleur. Sa rage. Son enfermement. Alors elle murmure à Cindy. Très doucement.

— Trouve Souta… Parle-lui… Dis-lui qu’il n’est pas seul.


Un frisson traverse l’air. Cindy incline la tête. Et dans le vide, comme une lueur fragile :

{Je suis là, Souta… Accroche-toi.}


Le loup relève légèrement la tête. Ses chaînes vibrent. Un œil, juste un, s’anime d’une lueur ténue. Aya sourit. Faiblement. Mais pour la première fois depuis longtemps… sans trembler.

 

 


Gojo — Toujours dans le Néant



Gojo avance à tâtons. Le sol n’existe pas vraiment, mais il résonne sous ses pas comme une plaque métallique suspendue dans le vide. Gojo s’immobilise. Plisse les yeux.

— Ok… si tu veux jouer à cache-cache, on va le faire à ma façon.


Il dresse deux doigts. Un tic nerveux de l’air. Un frisson de matière.

Bleu.


L’impact n’a pas de son. Le monde se déforme simplement, comme si une bulle invisible explosait à l’intérieur d’un œuf. Le sol se fissure, puis se reforme aussitôt.


Il claque la langue.

— Très bien… essayons plus fort.


Il recule d’un pas, rassemble l’énergie qu’il lui reste. Un cercle rouge pulse brièvement autour de lui, creusant l’espace.

—  Rouge !


La décharge devrait tout retourner, tout repousser, tout briser. Mais ici… Elle se dissipe comme de la fumée dans l’eau. Pas d’écho. Pas d’impact. Juste un murmure, presque amusé, qui glisse dans le vide :


« …Oh, tu essaies vraiment de casser mon terrain ? Comme c’est mignon… »


Gojo fronce les sourcils et marmonne.

— C'est pas… normal.


Il tente un troisième impact, pur, brut, sans technique. Un simple coup de poing dans l’espace, l’onde devrait plier le domaine. Elle se courbe. Rebondit. Et s’éteint dans un souffle, avalée par un vide qui n’obéit pas à ses règles.

— Bordel…


Il respire plus fort. Pas par fatigue. Par instinct. L’instinct du prédateur qui comprend que la forêt n’est plus sa forêt.


Puis, sans prévenir, un toc résonne. Un cube noir surgit devant lui. Suspendu. Silencieux. Sa surface parfaitement polie reflète son propre visage, déformé. Une fissure s’ouvre.

Un œil s’y loge.

Puis deux.

Puis dix.

Puis des centaines.


Et la voix, rieuse, venimeuse :

— Ça te rappelle rien, Satoru ?


Son estomac se noue.

Cette voix.

Cette douceur acide.

Ce jeu cruel.

Raku.


Elle n’est pas visible, mais elle est partout.

— Reste sage…, chuchote-t-elle, moqueuse, presque tendre. J’aime pas qu’on touche à ma déco.


Gojo serre les dents. Les yeux rivés sur l’objet.

— Putain…

Le mot lui échappe entre les dents.


Un craquement retentit derrière lui. Le cube s’approche d’un millimètre, ses centaines d’yeux roulant comme des billes noires. Gojo recule. Pour la première fois depuis longtemps, il recule.

Ses doigts heurtent quelque chose, un mur invisible. Il le longe, puis glisse le long de la paroi, jusqu’à s’y accroupir, les muscles tendus, les yeux fixés sur la masse d’yeux qui pulse dans le noir.

L’espace autour de lui se resserre, lentement, comme une cage qui reconnaît enfin l’oiseau qu’elle voulait attraper. Dans le silence, son propre cœur devient assourdissant.


{Tiens bon Satoru. Garde la tête froide. Ils comptent sur toi.}


Mais face au cube, dans ce vide, il ne reste qu’une vérité : Même le plus fort du monde peut être forcé de respirer moins vite.






La suite samedi entre 20h et 22h...

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