Kingdom Hearts III : La quête des Cœurs perdus

Chapitre 35 : Les Ténèbres - Un cœur Va(c)illant ?

7447 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/02/2024 22:53

Et voilà la dernière partie du chapitre 13 ! Tout comme les Ténèbres…

*L'orage commence à gronder à nouveau avant que Riku ne se rue sur Maléfique pour l'empêcher de faire des ambiances "Ténèbres et éclairs" à chaque fois que je dis un truc trop sooooombre… ;P*


Une crue éclair au Mont Olympe a instinctivement réenclenché la Fusion Sagesse de Sora ; qui malgré ses craintes a réellement retrouvé sa maîtrise de ce pouvoir. Va-t-il bientôt récupérer ses autres pouvoirs, ou n'était-ce qu'un coup de chance ?

*Sora qui continue de taper des "nln" malgré son lamentable échec de smiley précédent*

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 Assis dans le dortoir en attendant que ses amis soient prêts pour leur mission quotidienne, Sora s'amusait à bidouiller son Gummobile. Il avait réussi à échanger correctement quelques images avec Riku, en plus de celle de sa Sagesse toute nouvellement retrouvée (même si ses clichés restaient plutôt bateau malgré les gentils conseils de Dingo). Et il parvenait maintenant à écrire et poster correctement des messages, même s'il pédalait un peu avec cette histoire "d'émoticônes".

Il avait aussi commencé à y tenir un petit journal en plus de celui de Jiminy, qui faisait des copies du sien dessus. C'était des sortes de notes personnelles, même s'il n'avait jamais été le genre de personne à tenir un journal intime contrairement à Kairi et…

Ah. Il repensait à elle.

L'Élu soupira en fixant un ciel inexistant au plafond. Elle n'avait pas repris contact, vu l'absence de message de sa part. D'un côté, il lui en voulait un peu de n'avoir toujours rien dit depuis leur dernière rencontre, mais de l'autre… Il comprenait. Après tout, lui aussi hésitait pas mal à renouer comme si de rien n'était. Et puis, elle avait dit avoir besoin de temps pour savoir ce qu'elle ressentait. En un sens, c'était un peu une demande d'espace. C'était donc normal qu'elle reste silencieuse. Mais quand même-

La sonnerie de son Gummobile fit sursauter l'adolescent sorti de ses pensées, avant qu'il ne comprenne que c'était un appel de Ienzo et de décrocher :

- Euh, allo ?

- Sora ! fit la voix déformée du scientifique dans le haut-parleur. J'espère que je te dérange pas !

- Euh, non, pas exactement…

- Très bien. J'aurais besoin que tu ailles à la Cité du Crépuscule aussi vite que possible : une alerte s'est déclenchée à la suite d'une tentative d'infraction dans l'ordinateur central, et Tron a pu localiser le piratage dans ce monde. Il faut aller voir de quoi il en retourne ; l'Organisation XIII est potentiellement impliquée.

- Euh… en gros y'a quelqu'un qui fait un truc avec l'ordi à distance à la Cité du Crépuscule et c'est peut-être l'Organisation ? bredouilla le garçon perdu devant les mots techniques.

- …Plus précisément il semble qu'un pirate veuille s'introduire dans notre base de données, mais c'est à peu près cela, confirma l'adulte après un léger soupir. J'aurai volontiers demandé l'aide de tes autres camarades, mais il semble que tu sois le seul disponible pour cela.

- OK, je vais voir ce que je peux faire et je rappelle.

L'Élu raccrocha et se leva, se tournant vers ses amis d'un air décidé :

- Vous avez entendu ? Direction la Cité du Crépuscule.


Peu de temps plus tard, le groupe descendit la rue de la gare, observant leurs alentours. Sora tapa rapidement une réponse au scientifique, guettant les rues à la recherche du moindre manteau noir.

On y est. Une idée d'où vient l'attaque ?

Tron est toujours en train de la localiser, mais il semble que cela provienne de la ville.

Restez prudents, l'Ordre est sans doute dans les parages.

L'adolescent déglutit en lisant la réponse de l'adulte, puis rangea son portable, regardant un peu nerveux derrière son épaule. Si l'Organisation comptait faire du grabuge, ils risquaient de se frotter à un sacré morceau maintenant que Sora avait accès à non pas une mais deux Fusions ; même si l'une était sacrément dure à manier pour lui…

Instinctivement, le Porteur bifurqua vers la ruelle menant au repaire de Hayner, Pence et Olette ; quelque chose l'attirait là-bas, comme un ami voulait l'y guider… et puis, ça lui ferait plaisir de revoir la bande, après tout ce temps. Encore heureux que Donald et Dingo l'aient mis au courant de leurs dernières découvertes avec Roxas…

Soudain l'impression terrible d'être observé le glaça, alors que la sueur se mettait à couler dans sa nuque. Instinctivement l'Élu se retourna et leva les yeux vers les toits, guettant le moindre viseur dépassant des tuiles, son échine devenant moite et glacée.

- Sora, ça va ? demanda aussitôt Dingo en voyant sa réaction.

Le Porteur ne lui répondit pas, trop occupé à scruter les environs pour dénicher le danger imminent. Il le sentait, quelque chose allait arriver… mais quoi ? Et  ? D'où ?

- Sora ! Qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéta Donald en lui prenant le bras lorsqu'il invoqua instinctivement Chaîne Royale.

Il ne répondit toujours pas, ses yeux examinant fébriles la moindre tuile anormale, le moindre mouvement trop brusque pour être naturel…

Suivant une intuition subite telle une indication soufflée par un fantôme bienveillant, ses yeux profonds se rivèrent un instant dans une direction précise…

Droit sur le viseur ciblant son front.

Esquissant un sourire carnassier, l'Archer arma son fusil, contemplant avec férocité l'adolescent qui ne l'avait toujours pas remarqué alors qu'il regardait pourtant dans sa direction exacte, et posa le doigt sur la détente pour délivrer l'ultime coup de grâce, savourant toute l'ironie du moment…

Quand une main gantée s'empara de son canon en perturbant sa visée, lui faisant relever son unique œil vers le responsable.

Les deux porteurs du manteau se fixèrent un moment, le borgne jetant un regard contrarié et semi-blasé au Chercheur froid et ferme, avant qu'il ne dégage son arme pour la poser sur l'épaule, agacé :

- Tu sais combien de temps ça me prend pour avoir une visée aussi parfaite ?

- Xehanort ne tolère guère tes petits manèges avec l'Élu de la Keyblade, répliqua Ansem en ignorant son commentaire. Il n'a pas non plus apprécié que tu "l'abîmes" lors de votre dernière confrontation.

- Rooh, il a rien eu ; la preuve, il s'est barré en courant juste après ! Et puis ces missions de surveillance sont ennuyeuses… marmonna Xigbar en s'avachissant sur son perchoir.

- Cela ne te confère pas le droit de dévoiler ta présence à l'Élu ni de le provoquer en combat. Il est inutile d'user de telles mesures tant qu'il ne s'écarte pas du chemin que nous lui traçons, trancha le Sans-cœur en surveillant leur cible en contrebas. C'est uniquement s'il en diverge que nous devrons l'éliminer.

- Ouais, ouais… Mais faudra alors qu'on déniche un autre réceptacle, et ces trucs sont si rares de nos jours, ricana le borgne.

Le Chercheur se contenta de lui lancer un regard inexpressif, avant de reporter son attention sur la silhouette frêle et sa Clé lumineuse :

- Pour l'heure, contentes-toi de poursuivre la surveillance, et ne t'approches ou ne provoques pas inconsidérément l'Élu si tu ne veux pas de réprimande. Et n'aie crainte pour nos membres ; Xehanort sait ce qu'il fait. D'une manière ou d'une autre, le Treizième se joindra à nous, en temps voulu…

L'Archer se tut, avant d'étirer les lèvres en un sourire carnassier pendant que les Ténèbres les engloutissait lentement, son unique œil doré dardé sur leur cible numéro une :

- Ouais, c'est ça… Roxas.

Sora scruta encore une fois les toits et les maisons, mais ne vit rien. Aucun fusil, aucune flèche d'énergie cachée derrière les cheminées, rien. Tout d'un coup, la sensation oppressante quitta sa poitrine, comme un relâchement ; le garçon se remit à respirer, réalisant qu'il avait retenu son souffle tout du long, alors qu'une dernière vague de frissons parcouraient son échine.

- Tu vas bien ?

- J-Je… oui, ça va, murmura l'adolescent en remarquant enfin ses amis tout près de lui.

- Qu'est-ce qui t'as pris ? gronda Donald, de nouveau dans une de ses colères inquiètes.

- J… Rien. Fausse alerte.

Ses compagnons s'échangèrent un regard circonspect, mais virent aussitôt celui perdu du garçon et comprirent que ce n'était pas le moment des remontrances. Poussant leur protégé vers le repaire, ils l'incitèrent à aller au plus vite rejoindre leurs amis pour se changer les idées.

Sora n'avait qu'une seule envie, les retrouver et discuter avec eux en paix ; mais au fond de lui, un curieux sentiment d'incertitude demeura. Et tandis que ses camarades traversaient le grillage les séparant de la cachette, il ne put s'empêcher de jeter un dernier regard aux hauteurs, dans la direction même où il avait cru distinguer le reflet familier d'un œil le fixant sans ciller.


Le trio souleva le drap pendu devant l'entrée du repaire, remarquant immédiatement Pence en plein tri de documents dont les feuilles étaient à moitié étalées par terre. L'adolescent, très concentré sur ses recherches, ne remarqua pas le groupe arriver jusqu'à ce que Sora ne l'appelle :

- Hé, salut Pence !

Le brun sursauta, faisant voler quelques papiers, puis se leva pour aller rejoindre le trio en évitant précautionneusement ses dossiers :

- Vous m'avez fait peur ! Enfin content de vous voir, ça va Sora ?

- Ça… va pas trop mal, murmura le jeune homme.

- Vous tombez à pic ! J'épluchais mes dossiers pour trouver d'autres pistes pour Roxas ! fit le féru d'informatique en tirant par le bras son ami vers la pile de feuilles. Avec un peu de chance vous pourrez trouver un truc là-dedans !

- Oh, euh… On a un truc important à faire pour Roxas nous aussi, et on…

Il n'eut pas le temps de finir que son Gummobile sonna encore une fois, affichant un nouveau message : Tron avait pu localiser précisément l'attaque et leur avait envoyé l'adresse. Content d'avoir l'information, le Porteur se tourna vers le garçon au bandeau, lui montrant l'appareil :

- Pence, est-ce que tu saurais où c'est cette adresse ?

L'adolescent regarda à peine une seconde le message avant de répondre :

- Ben oui, c'est chez moi !

- Hein ?

Le trio se jeta des regards confus : Tron avait-il fait une erreur, ou est-ce que l'Organisation avait investi la maison de leur ami pour commettre leur forfait ?

- T'es sûr que c'est chez toi ? Quelqu'un a voulu s'introduire à distance dans l'ordinateur d'Ansem, et-

- Oh attends, je crois que j'ai compris ! le coupa soudain Pence après un instant de réflexion. J'ai essayé d'ouvrir une copie de l'ordi du manoir et on m'a refusé l'accès au serveur ; j'ai pensé que c'était parce qu'il me manquait un mot de passe et…

- Attends une minute, t'as pu réparer l'ordinateur du manoir ?

- Non, pas vraiment, j'avais juste copié le programme du transporteur juste après que vous l'aviez utilisé pour pouvoir le remettre en cas de pépin, et même là les données sont très endommagées… J'ai juste eu une connexion avec un truc qui s'appelait "D.T.D." mais je comprends pas ce que c'est, bredouilla le garçon navré.

Le cœur de l'Élu qui s'était affolé à la possibilité de récupérer les données qu'ils avaient perdues se serra douloureusement en comprenant que cet espoir était vain. Cependant, un doute subsista alors qu'il appelait Ienzo pour éclaircir la situation :

- Ienzo ? Fausse alerte, dit-il dès que le scientifique décrocha, c'est un ami qui s'est connecté à l'ordinateur.

- Un ami ?

- Euh, oui, bonjour ! Je m'appelle Pence ! fit l'intéressé au téléphone. J'avais enregistré un programme spécifique avant qu'on perde l'ordi du manoir, mais les donnés sont endommagées et je me suis involontairement connecté à un autre serveur appelé "D.T.D." à la place !

- Pardon ? Le "D.T.D.", vous avez dit ? fit alors une deuxième voix depuis le téléphone.

- Euh, oui, c'était ce qui y'avait marqué…

- Comment se fait-il qu'un accès à notre base de données soit entre les mains de tels néophytes ? grommela l'autre voix.

- Even, calme-toi…

- Euh, je sais pas trop quel est le problème, reprit Pence, mais je suis plutôt calé en informatique et…

- Et ces données sont bien trop précieuses pour être manipulées par n'importe qui ! râla Even. Nous ne savons même pas à quel qui nous nous adressons et-

- Bon là ça suffit ! explosa Sora. Je sais que c'est super précieux et tout, mais Pence est mon ami et j'ai confiance en lui, alors lui parlez pas comme ça !

Un silence suivit sa réplique, avant qu'un léger bruit de dispute ne se fasse entendre un instant à l'autre bout du fil :

- …Ton assurance est déconcertante, Sora, mais je pense pouvoir faire confiance à ton jugement, déclara aimablement Ienzo après une pause. Cependant, nous devons sécuriser cet accès au plus vite ; Pence, c'est bien cela ? Nous allons configurer un réseau pour résoudre ce problème, d'accord ?

- Compris ! acquiesça le garçon au bandana. Juste le temps de récupérer mes affaires et je m'y mets !

- Euh, je devrais peut-être vous laissez entre pro, bredouilla l'Élu gêné, je suis plutôt perdu avec ces réseaux et machins…

- Si cela te chante, Sora ; laisse simplement ton transmet… ton "Gummobile" à Pence, le temps de notre installation.

- Tu comptes en plus laisser cette merveille de technologie à ces néoph-

- Even, j'accepte avec plaisir ton aide, non ton humeur, fit cordialement le scientifique malgré son ton agacé.

Ignorant cet échange, l'Élu laissa son portable au jeune garçon et partit rejoindre Hayner et Olette au circuit du tram en attendant, se donnant rendez-vous au Grand Bistrot une fois la tâche informatique terminée. L'adolescent avait envie d'un peu de calme, et surtout d'un peu de temps avec ses amis de la Cité…


Quelques minutes plus tard, Sora arriva sur la place, un peu hésitant : il était tenté de faire un tour à la place des fêtes pour un petit Struggle, ou au fameux Grand Bistrot dont tout le monde parlait (et où Roxas avait même carrément pu cuisiner, la chance !), ou tout simplement faire le tour des boutiques ; ça ferait pas de mal à leurs stock de Potions et Éthers, et il y avait peut-être des articles intéressants dans les armures et accessoires…

- TOI !

L'adolescent sursauta à l'éclat de voix, avant de se tourner vers la bande de Seifer qui se dirigeait droit vers lui, leur meneur foudroyant des yeux le jeune homme :

- J'ose espérer te voir au tournoi de cette année, que je te montre ce qu'il en coûte de se moquer du champion en titre ! fit le chef en poussant du doigt l'Élu.

- C'est vachement pas bien d'avoir triché à votre dernier combat, t'sais ! renchérit Rai alors que Fuu lâchait un glacial "Enflure".

- Hé ! Tu parles pas comme ça à Sora ! répliqua Donald en pointant du doigt le quatuor véhément.

- C'est plutôt vous qui devriez surveiller vos paroles envers le Comité de Discipline, si vous ne voulez pas subir de nouvelles sanctions ! déclara Seifer en les toisant de haut pendant que Vivi se cachait sous son chapeau géant.

Agacé par la bande, le Porteur et le magicien semblaient bien prêts à en venir aux mains avec eux tandis que Dingo et Vivi voulaient éviter la bagarre ou bien manifestement ne pas être là quand elle éclaterait.

Sora ouvrit la bouche pour lancer une réplique cinglante au meneur ; mais soudain un énorme coup retentit dans sa poitrine, comme un violent battement de cœur. Une impression glacée lui parcourut l'échine, et il se figea, les yeux écarquillés.

Une seconde plus tard, des cris retentirent au loin ; tous tournèrent leur regards en direction du petit pont des terrasses, intrigués.

Et quelques instants plus tard, quelques habitants de la Cité déboulèrent du circuit du tram… une masse informe et noire aux yeux jaunes à leurs trousses.

- Hayner ! Olette ! hurla Sora en reconnaissant parmi la foule ses amis, courant pour échapper à la folie ténébreuse.

Sans même réfléchir il se jeta droit sur la mêlée, Keyblade au poing alors que les habitants terrorisés tentaient de fuir l'amas de Sans-cœurs ; levant son arme, il la brandit tel un bouclier entre lui et ces monstres, se faisant repousser sur quelques centimètres alors que les Ténèbres proches lui éraflaient douloureusement la peau.

Comme pour éviter son contact la masse grouillante s'éleva soudain en l'air telle un courant infernal et freina sa course, semblant faire face au seul humain ayant osé la braver de front.

La forme sembla se dévoiler sous toute sa monstruosité à l'Élu, lui montrant sa marée d'Ombres démoniaques dont quelques unes se rassemblaient en un orbe rougeâtre mû de pulsions chaotiques à son extrémité frontale. Le garçon écarquilla les yeux, effaré par ces millions d'iris jaunes et froids qui le fixaient avidement… mais serra les dents et prit position, bien décidé à riposter.

Ses camarades le rejoignirent bien vite, armes aux poings… avant d'être suivis par Seifer, Rai, Fuu et Vivi.

- Je sais pas ce que c'est, mais ça a rien à faire dans ma ville ! déclara le meneur en prenant une posture de combat.

- Qu… Non ! Allez-vous-en, c'est trop dangereux !

- J'ai pas d'ordres à recevoir de toi ! Et qui s'attaque à ma cité s'attaque à moi ! répliqua sans crainte le champion.

Alors que le garçon essayait en vain de l'arrêter, Seifer se jeta sur la masse tout comme elle fondit sur lui… et disparut tout bonnement dans le sol. Surpris par cette situation, le chef regarda en tout sens où avait pu passer la marée démoniaque, avant qu'un cri en arrière ne leur fasse comprendre qu'elle avait décidé de ressurgir sous les pieds des habitants, plus faciles à attaquer. Comprenant le danger, Donald et Dingo se ruèrent vers la foule pour les protéger tandis que Sora bombardait de Glaciers la masse qui replongeait dans le sol dans l'espoir de la geler, sans succès. Un frisson le saisit juste avant que l'orbe ne jaillisse à nouveau, le manquant d'un cheveu. Rai eut la mauvaise idée de vouloir la plaquer au sol et se fit salement projeter au loin pendant que Vivi avait déjà paniqué et rejoint la foule en détresse.

L'amas de créatures replongea et ressurgit ainsi plusieurs fois du sol au hasard, alors que l'Élu cherchait désespérément à comprendre son schéma d'attaque. Mais aussi imprévisible qu'une tempête, l'immonde accumulation d'Ombres allait et venait sans prévenir, agissant tel un prédateur cernant sa proie.

Elle finit cependant par totalement émerger et virevolta dans les airs lentement, semblant planifier sa prochaine offensive ; le Porteur saisit l'opportunité et attaqua sans merci l'orbe à son avant, décrochant quelques créatures qui à peine retombées disparaissaient dans les Ténèbres. Mais soudain, la forme reprit de la vitesse et projeta ses propres membres tels des boulets vivants sur l'adolescent. Parant de justesse, il reçut cependant quelques coups de griffes et roula au sol pour éviter les suivantes ; Fuu, restée immobile pour observer la masse grouillante, ne fut pas aussi chanceuse et reçu une Ombre de plein fouet qui l'envoya valser.

Rendu furieux par la mise à terre de deux de ses membres, Seifer attrapa une planche qui traînait et frappa tout les Sans-cœurs s'approchant trop près, bien décidé à montrer à ces "globules noirs de mes deux qui commande ici". Une Ombre envoyée sur un la vitre du Grand Bistrot fissura un carreau, attirant l'attention de Picsou qui sortit furieux de son établissement en brandissant sa canne vers les créatures. Dans la pagaille, la foule que protégeait Donald et Dingo s'éparpilla en essayant d'échapper au bombardement ténébreux ; un enfant séparé de sa mère chercha à la rejoindre, sans voir le projectile vivant se jetant sur lui. Hayner sauta et le sauva de justesse tandis qu'Olette tentait de les aider à se mettre en sécurité.

Soudain témoin de la détresse de ses amis, le sang de Sora ne fit qu'un tour. Déchaînant sa magie électrique et incendiaire, il attaqua de toutes ses forces pour arrêter la monstruosité qui s'en prenait à eux, faisant disparaître dans la mêlée bon nombre de Sans-cœurs de l'amas informe. Mais encore et toujours la masse restait entière, nullement affectée de la perte de ses membres.

Encore une fois la marée accéléra le mouvement, et ce coup-ci chargea de plein fouet l'adolescent qui la bravait ; Sora eut le temps d'esquiver et de prévenir ses camarades qui se plaquèrent au sol de justesse. Seifer estima que c'était exactement le bon moment pour s'acharner sur l'amoncellement et se jeta dans la mêlée : mais d'un revers sec la masse se retourna et le cogna violemment, l'envoyant rejoindre ses compagnons au tapis. Sora voulut s'assurer qu'il n'avait rien, mais la charge du tourbillon ténébreux le força à rester en arrière. En ayant plus qu'assez de cette chose, il pointa sa Keyblade pour un sort bien placé… avant de réaliser que dans sa fureur précédente, sa réserve de magie avait été totalement épuisée. Pile au même moment, l'amas fit demi-tour droit sur lui, ne lui laissant pas d'autre choix que fuir ; mais sa réaction fut trop tardive, et la charge le toucha de plein fouet dans le dos, l'envoyant s'écraser sur les rails du tram.

Se relevant comme il pouvait malgré la douleur et les cris angoissés de ses amis, Sora regarda la masse d'Ombre se ruer à nouveau dans la direction des habitants affolés malgré Picsou et la bande de la Cité qui essayait de les mettre à l'abri dans le Bistrot. La folie furieuse bifurqua à peine devant la magie pourtant puissante de Donald, et l'Élu sut qu'ils ne pourraient pas l'arrêter comme ça. Pas avec tout ces gens menacés. La première chose à faire était de les mettre en sécurité, ou attirer à l'écart la chose. Et s'il y avait bien quelque chose qui allait appâter les Sans-cœurs, c'était…

- Donald ! Dingo ! Protégez les gens, je vais l'attirer loin d'ici ! hurla-t-il en brandissant sa Keyblade.

Se forçant à rester sourd aux cris désespérés de ses camarades, l'Élu tenta le tout pour le tout et jeta maladroitement sa Clé sur l'orbe maléfique. Rappelant son arme, il la tendit au dessus de sa tête telle un phare alors que la masse semblait se tourner vers lui, son attention détournée par cet assaut faiblard.

Un bref instant, il sembla que l'Élu et les monstres se fixèrent mutuellement, l'un de ses yeux outremer infinis, l'autre de ses orbes jaunes sans fond.

Puis la forme serpenta droit sur lui tandis qu'il reculait doucement, avant de se mettre à courir devant la charge.

Détalant de toute la force de ses jambes, Sora sentit son cœur s'affoler lorsqu'il sentit la présence imminente des Ténèbres dans son dos. Juste quand il passait sous l'arche, la masse d'Ombres envahit toute l'ouverture, la plongeant presque dans l'obscurité. Presque par instinct, l'Élu se retourna et brandit sa Clé comme dernier rempart contre la vague menaçant de l'engloutir, priant de tout son cœur pour qu'il lui reste un tout petit peu de magie pour un dernier Miroir…

Et brusquement, une triade de sphères de Lumière tournoyèrent autour de lui, cognant de plein fouet l'orbe de Ténèbres se jetant sur lui.

Aveuglé par la lueur, l'adolescent sentit juste le choc des deux forces universelles en même temps que l'explosion ainsi provoquée le projetait. Rencontrant les briques du passage sous le pont ferré, le garçon resta sonné un instant avant de lever le regard en panique vers son point de décollage, craignant une représailles de l'amas géant. Mais contre tout attente, il n'y avait rien. Se relevant doucement, le jeune homme observa ses alentours : rien, aucune Ombre dans l'arche d'où il venait, aucun orbe menaçant ne se jetant sur lui. Est-ce que… était-il possible que son Explosion involontaire ait eu raison des monstres ?

Un peu malgré lui, Sora se sentit sourire ; il l'avait fait ! Il avait vaincu cette chose géante et protégé ses amis et-

Un bruit moite soudain le pétrifia, avant de le faire lentement se retourner vers l'autre côté du passage sous la voie ferrée.

Et au loin, une marée d'Ombre démoniaques tels des poissons nageant dans un sol étrange grouilla, droit sur lui.


Le cœur de Sora se figea avant que son instinct de préservation ne lui ordonne de déguerpir, la masse sur ses talons. Paniquant un instant, il tenta d'éviter les griffes voulant lui saisir les chevilles en sautant de côté, pour trébucher sur le muret et manquer de se vautrer par terre alors que l'amas se remettait à tourbillonner en l'air telle un courant maléfique.

Se redressant face aux monstres, l'Élu sentit en plus de l'angoisse de sa propre survie une fureur sans nom envers la chose ; elle menaçait ses amis, sa ville, et tout ce qui lui était cher. Quoi qu'il en coûte, il n'allait pas la laisser faire ainsi.

Il allait la vaincre.

La marée cessa ses mouvements lents et plongea à nouveau vers l'adolescent, comme pour le dévorer une bonne fois pour toutes. Sora se jeta aussitôt sur elle, poussant un cri qui jaillit de son cœur et envahit chaque parcelle de ses muscles et tendons d'une force phénoménale, tandis qu'il abattait ses bras avec violence sur l'orbe maléfique.

La nouvelle rencontre Lumière et Ténèbres se répercuta dans tout son corps, semblant repousser chaque partie de l'équation du côté opposé ; alors que la masse évita cette répulsion en glissant sous son épicentre, l'adolescent fut envoyé en l'air, se rattrapant d'un magnifique salto arrière. Un peu malgré lui, son point de chute se trouva être la chose même qu'il combattait, et qui manifestement n'aimait pas qu'on lui marche dessus ; après avoir lutté quelques secondes pour garder son équilibre dans la masse grouillante, l'Élu se mit à courir sur sa surface, éjectant çà et là les griffes voulant le désarçonner alors que la tempête tournoyait encore sur place comme cherchant à atteindre son cavalier inopportun.

De son point en hauteur, Sora vit au loin les habitants et ses amis restés en arrière : ils étaient toujours en danger avec cette chose dans les parages. Sans même réfléchir, l'adolescent courut jusqu'à l'orbe formant la tête du courant et, faisant tournoyer ses armes dans ses mains, y planta profondément ses lames. La réaction ne se fit pas attendre : la masse se tordit brusquement de douleur, avant de filer en trombe droit vers les toits. Incapable de contrôler sa trajectoire, l'Élu ne put que regarder la chose se diriger follement vers la place des fêtes vide avant de tourbillonner à toute vitesse.

La vélocité eut raison de lui et l'envoya s'écraser sur un banc qui craqua sous le choc. Alors qu'il se relevait lentement, ses bras toujours gonflés de l'énergie chaude et lumineuse de son cœur, la marée ralentit à nouveau, comme reprenant son souffle, avant de darder ses millions d'yeux avides sur le Porteur qu'on lui servait sur un plateau d'argent. Sora la fixa en retour, son regard bleu profond déterminé, avant de se remettre en garde alors qu'elle fondait droit sur lui.

Ce fut alors un échange furieux entre les deux adversaires ; seule la force physique comptait dans les charges et les coups, Lumière contre Ténèbres, chacune virevoltant à sa manière. Même la fatigue et la douleur des chocs précédents n'avaient plus aucune importance pour l'Élu qui encore et toujours frappait, tranchait et tailladait les Ombres jetées sur son passage, ignorant les écorchures qu'elles pouvaient lui provoquer.

La marée remonta alors dans une de ses ascension lentes, semblant reprendre une dernière fois son calme ; l'adolescent resserra les poings sur ses armes, campé sur ses jambes et attendant la prochaine attaque. Puis la masse fondit sur sa proie, ses milliers d'yeux jaunes luisant d'une aura rougeâtre démoniaque ; et le Porteur sauta à son tour, ses bras levés en une attaque en croix.

Les deux forces s'entrechoquèrent avec brutalité, une brutalité qui résonna jusque dans les membres et les os du jeune homme ; chaque côté recherchait sa victoire pure et simple, refusant toute défaite. Les yeux des Sans-cœurs luisirent affamés, leurs griffes émergeant de l'orbe pour saisir les Clés qui s'opposaient à elles et si possible le cœur chargé de Lumière si près, si près… Le garçon sentit ses bras peiner devant la puissance phénoménale des créatures amalgamées et força d'autant plus pour garder le contrôle qu'il sentait doucement lui échapper…

L'image de ses amis lui revint soudain en tête ; Hayner, Pence, Olette… Donald, Dingo, Jiminy… Riku, Axel…

Kairi.

Et poussant un nouveau cri immense, cri du fond de son cœur chargé, Sora mit toute sa force et sa Lumière dans ce coup ultime. L'orbe maléfique vacilla, recula, puis céda finalement devant la puissance inégalable de l'Élu déterminé. Chargeant une dernière fois sa force, il s'élança Keyblade en avant, tel un piqué pour transpercer le noyau de la chose.

Mais au dernier instant, celle-ci esquiva le coup et s'envola, alors que le Porteur retombait à terre. Le jeune homme s'apprêtait à contrer un nouvel assaut ; mais contre toute attente, la marée tourbillonna une dernière fois dans le ciel, puis s'en alla au loin, disparaissant dans le soleil couchant.

Encore sous l'adrénaline du combat acharné, l'adolescent repris son souffle, reprenant une pose plus naturelle ; un cri le fit se retourner vers la rue de la gare, d'où arrivaient en trombe ses amis essoufflés :

- Sora ! Sora, ça va ? demanda Olette, inquiète.

- J'ai vu le gros machin noir de loin, t'es pas blessé ? ajouta Pence qui venait d'arriver.

- Non, ça va, les rassura l'Élu avec un sourire.

- Bon sang, c'était démentiel ce truc ! S'il avait pas essayé de nous bouffer je trouverai ça presque cool ! s'écria Hayner visiblement déjà remis de sa rencontre.

- S-Sora…

À la voix tremblante de Donald, le Porteur se tourna vers ses deux compagnons, pour les voir figés de stupeur, les yeux écarquillés ; Dingo le pointa alors lentement du doigt, abasourdi :

- Sora… tu…

Et tout à coup, l'adolescent se rendit compte de la force incommensurable qui animait encore chacune de ses veines et baissa les yeux vers sa Forme toute vêtue de rouge… Et sentit à nouveau son cœur battre très fort dans sa poitrine.

Dans ses mains brillant d'énergie, se tenaient non pas une mais deux Keyblades, toutes deux très différentes ; à son poing droit l'éternelle et fidèle Clé du Royaume de la Lumière, Chaîne Royale aux reflets d'argent doré luisant à ses côtés dans les rais orangés l'auréolant, et dans sa paume gauche…

Une Clé couleurs de Crépuscule et de trophée aux cristaux, à la poignée aussi fraîche que les glaces un paresseux jour d'été.

Sans qu'il ne sache pourquoi la vue de cette simple Keyblade lui conféra un énorme sentiment d'honneur, comme si… comme s'il avait reçu l'autorisation d'user de cette arme normalement réservée à une seule et unique personne.

Baigné dans les rayons du couchant et la lueur rougeoyante de sa Vaillance, encore chamboulé par ces émotions le submergeant tout d'un coup, Sora révoqua ses armes ; et dans le même temps la Fusion, de toute façon trop instable pour tenir plus longtemps. Tremblant, sous le choc des évènements et de l'adrénaline, il resta figé, assimilant tant bien que mal tout ce qu'il se passait ; ou s'était passé.

- …H-Hé ! Sora, ça va ?

Encore troublé, le garçon se rendit compte que ses yeux s'étaient gorgés de larmes qui s'échappaient maintenant toutes seules, malgré ses tentatives pour les sécher alors que ses deux camarades se précipitaient près de lui, soignant ses blessures de leur magie :

- N-Non, j-je veux dire oui, ç-ça va… hoqueta-t-il. C'est juste… Je suis très fatigué…

- …Hé, tu sais quoi ? Je pense que tu mérites une bonne glace pour avoir chassé ce bidule géant de la ville ! proposa aussitôt Hayner avec un sourire engageant.

- T'as raison, y'a rien de mieux que ça avec toutes ces émotions ! renchérit Pence.

Sora sécha ses larmes un instant, avant d'acquiescer avec un sourire reconnaissant et de doucement emboîter le pas de ses amis, Donald et Dingo gardant chacun une main sur lui comme pour le rassurer et le féliciter de ses exploits…

- …T'avais pas dit qu'il fallait pas attaquer physiquement l'Élu ? ricana la voix moqueuse.

- L'apparition de Sans-cœurs puissants n'est pas mon acte, répliqua l'autre plus froide. Ils sont comme tu le sais attirés par les Porteurs, et la Guerre imminente ne fait que les renforcer.

- Ouais, ouais… Tu craignais pas qu'ils bouffent notre petit Porteur préféré avant qu'on en ait fini avec lui, ou tu sais pas aussi bien contrôler ces bestioles que tu le dis ?

- …Je te déconseille de remettre ainsi en doute mes capacités. Et qui plus est, la destinée de l'Élu n'est pas de notre ressort… Qu'il tombe ou non face aux ennemis que le sort mettra sur sa route, cela ne changera rien. Par ailleurs…

Un cœur perdu aux Ténèbres n'est que plus facile à dérober.


- Non mais tu sais pas ce que t'as raté, Pence ! Le truc il tombait et sautait genre Spla ! Spla !, et Sora il était là à taper genre Schpa ! Shwing ! Tchac ! Et le gros machin il s'est mis à charger et tout et…

Un petit sourire aux lèvres et l'estomac rempli de glace et de chantilly, Sora écoutait à demi le récit très animé de Hayner sur son combat précédent, la tête sur les bras. Ils s'étaient posés au Bistrot, toujours ouvert malgré les quelques tables saccagées et la vitre fissurée, et Picsou avait insisté pour que l'établissement fasse cadeau des meilleurs plats à leur "sauveur". Il avait aussi "offert" la commande du trio de la Cité en retenant leur paye du jour, car après tout pourquoi faire faire des allers-retours inutiles à l'argent… Le jeune Élu avait résolu le problème en glissant en douce des munnies au serveur (un grand roux frisé très gentil qui répondait au nom de "Linguini") pour le compte de ses amis désespérés. Ah, et Seifer et sa bande était passés très rapidement pour les remercier non sans répulsion d'avoir encore sauvé la ville (et leur peau avec, même s'ils ne voudrait jamais l'admettre).

Soupirant doucement, le garçon songea qu'il n'y avait pas mieux qu'une fin d'après-midi avec ses amis et une bonne glace géante pour se remettre d'une rencontre avec un Sans-cœur géant et d'une Vaillance spontanée. Surtout quand la coupe venait du fameux Grand Bistrot ; c'était sûrement pas à la cheville du goût nostalgique de l'eau de mer, mais c'était largement à la hauteur de la réputation de l'établissement ! Surtout après avoir entendu ses amis lui vanter la carte… Roxas (et peut-être un peu lui, par extension) avait eu drôlement de la chance que Picsou accepte de le laisser apprendre du Petit chef. Il devrait faire pareil et prendre des leçons, pourquoi pas…

Devant lui, Hayner avait fini son récit en manquant d'éborgner Donald avec sa cuillère, Pence finissait de communiquer les résultats de leur serveur-machin-chose avec Ienzo, et Dingo et Olette essayaient de calmer le magicien peu content d'avoir été agressé à coup de chantilly, même par accident. La petite scène fit à nouveau sourire l'Élu, avant qu'un bâillement ne le prenne doucement : la fatigue du combat (et sa montagne russe d'émotion) couplé à son estomac bien rempli commençait lentement à se faire sentir. Sora songea à signaler qu'ils devraient peut-être rentrer se reposer, mais n'eut pas envie de couper la petite dispute innocente. Ou pas envie de quitter ses amis, peut-être.

Le garçon attendit que ses compagnons finissent leur discussion sans trop écouter, alors que Pence leur montrait quelque chose sur le Gummobile ; et il se dit qu'un peu de repos ici, baigné dans la lueur du couchant et la chaleur de ses camarades, ne ferait pas de mal ; la voix rassurante de ses amis le berça lentement, alors que malgré lui ses paupières se faisaient lourdes…

?

Tu ne retourneras pas dans le monde réel.

Ainsi la Lumière cède la place aux Ténèbres.

Le fantôme d'une main s'approchant de lui passa devant ses yeux… et s'évapora. À la place il n'y avait rien. Le Néant. Il s'aperçut alors que ses yeux étaient fermés et ouvrit les paupières pour s'y retrouver.

Un puissant éclat bleu puis rouge miroitant envahit sa vision, éclairant les alentours sombres de leur lueur bénéfique…

Avant que l'orbe noir n'engloutisse tout.

Deux yeux jaunes et cruels s'ouvrirent soudain, le fixant en retour derrières les mèches hérissées et la peau noircie, rongée par les Ténèbres. Il recula d'instinct, surpris par sa venue, et ne bougea pas, ne comprenant pas ce qu'il se passait.

Puis en un éclair, la forme se jeta sur lui, sa mâchoire humaine refermée brusquement sur sa gorge. Il étouffa, voulut crier, leva les mains vers la Lumière qui miroitait derrière la surface aqueuse juste au-dessus de lui ; mais en vain.

La Non-Forme resserra son emprise, et avec les Ténèbres l'entraînèrent au fin fond de l'abysse…

- AAAAAAAAAAAAH !

Rouvrant brusquement les yeux Sora recula pour échapper à la silhouette obscure, se débattant contre ses Ténèbres qui voulait l'entraver ; du verre se brisa tout près, et quelque chose s'emmêla dans ses jambes en le faisant trébucher à terre.

Se redressa sur un coude, le bras levé pour se protéger de son mieux, il se retrouva soudain à nouveau baigné dans la chaleur du crépuscule, les yeux braqués vers le ciel couleur de feu, ses rayons caressant son visage comme la paume rassurante d'une mère.

- …Sora !

Entendant la voix de ses amis mais toujours paniqué par son attaque, le garçon tenta de se relever, pour se voir chanceler et tomber à genoux, les membres tremblants, désorienté. Seul le contact précipité lui fit lever les yeux vers Donald et Dingo, affolés, tandis que le trio de la Cité le regardait, confus et surtout inquiets de sa réaction. L'adolescent mit quelques instants à se rappeler où il était vraiment, avant de tourner un regard perdu vers ses camarades :

- Ça va ? Qu'est-ce qui se passe ? demanda Donald en le soutenant.

- J-Je… Je sais pas…

Perturbé, le garçon regarda autour de lui, remarquant la table en pagaille et les débris de verre au sol avant de comprendre sa réaction avec honte :

- O-Oh ! J-Je suis désolé ! J'ai pas fait exprès, j…

- Ce n'est rien, je m'en charge, répondit le serveur en s'occupant des morceaux de verre que Sora essayait tant bien que mal de ramasser de ses main fébriles.

Les deux adultes retinrent gentiment leur protégé penaud, alors que celui-ci sentait malgré lui les larmes lui monter aux yeux.

Pff, pourquoi tu pleures, c'est que des assiettes ! Gros pleurnichard…

L'adolescent repris son souffle, honteux, avant que Olette ne demande avec précaution :

- Ça va ? Il y a un problème ?

- …J… J'ai dû m'endormir et… C'est rien, c'est juste moi qui…

Le garçon ne finit pas ses mots, trop chamboulé pour savoir quoi rajouter. Ses compagnons baissèrent les yeux vers ses mains toutes tremblantes, s'échangèrent un regard puis hochèrent la tête de concert :

- Je crois qu'on devrait rentrer.

- Quoi ? Mais, je…!

- Tu as eu une dure journée, Sora, le rassura doucement le chevalier. Il vaut mieux que tu te repose maintenant.

- J'suis d'accord, ça a pas eu l'air d'être une partie de plaisir ce gros machin noir ! acquiesça Hayner.

L'adolescent regarda ses amis, et comprit qu'ils avaient raison. C'était largement temps de retourner au vaisseau, même si ça lui faisait mal de s'en aller déjà.

- Et puis tu pourras repasser quand tu veux ! ajouta le capitaine devant la mine tristounette de son ami en lui ébouriffant les cheveux.

- Et tu peux toujours nous appeler ! renchérit Pence en leur rendant le Gummobile. J'ai mis nos adresses dans ton répertoire, comme ça tu peux passer un coup de fil quand tu veux !

Le garçon resta muet un instant, puis sourit timidement, reconnaissant. Le trio dit au revoir à la bande qui leur firent de grands signes tandis qu'ils s'éloignaient, promettant de se faire un petit Struggle la prochaine fois ou de continuer à bosser dur pour retrouver Roxas. Sora continua de leur sourire, tant qu'ils étaient en vue ; mais dès que le trio disparut de leur champ de vision et que ses amis tournèrent la tête, la courbe rassurante disparut de ses lèvres.

Quelque chose en lui restait marqué par ce rêve, ou plutôt ce cauchemar qui l'avait réveillé en panique. Comme une ombre sinistre qui ne cessait de le hanter depuis des mois maintenant. Tout le monde dirait sûrement que c'était juste le stress et qu'il n'avait pas à s'en faire, mais…

Quelque chose ne collait pas.

Et tout au fond de lui… Sora croyait savoir quoi.

Et ça le terrifiait.

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