Kingdom Hearts III : La quête des Cœurs perdus

Chapitre 38 : Travailler tous ensemble - Un adolescent de seize ans

9577 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/02/2024 23:22

Et voici un chapitre spécial, publié le 28 mars 2021, jour tout aussi spécial ! Les fans de longue date sauront quel évènement nous célébrons aujourd'hui, et pour les autres… un indice se trouve dans le titre de cette partie.

Je vous remercie aussi tous de m'avoir lu et ainsi permis de dépasser la barre des 1000 vues sur cette histoire ! Merci à tous, j'espère que vous avez aimé jusqu'ici ! Enfin, quoi qu'il en soit, je souhaite une excellente lecture à tous et à toutes, et à très bientôt j'espère !


S'installer au Jardin Radieux n'a pas été de tout repos pour Sora, qui entre la frustration de sa baisse de pouvoir et l'entente maladroite entre lui et Kairi a en plus été confronté au Chercheur Ansem. Cependant, la tension semble enfin retombée et l'Élu a finalement pris ses marques à l'ancien bastion des Ténèbres. Mais… un évènement tout particulier semble préoccuper ses amis… Que lui cachent-ils ?

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 Le chant des oiseaux et un rayon de soleil réveilla en douceur l'Élu, le sortant d'un sommeil sans rêves. L'adolescent ouvrit des yeux somnolents, semblant contempler l'éclat de lumière qui caressait sa joue, puis se retourna pour profiter d'un peu d'ombre et se rendormir. Quelques secondes passèrent, avant qu'il ne soit pris d'un doute soudain et leva la tête de l'oreiller ; quelle heure était-il ?

Alors qu'il tendait un bras pour attraper le Gummobile dans sa veste abandonnée par terre, il sentit l'odeur familière en même temps que son regard tomba sur quelque chose posé sur sa table de nuit.

Un plateau de tartines accompagnées d'une tasse fumante au contenu chocolaté.

Sora fixa un moment la tablette, un peu étonné, et tourna instinctivement la tête vers la porte comme si quelqu'un attendait pour crier sa culpabilité dans l'arrivage mystère. Mais personne.

Troublé par cette surprise, le garçon s'assit et prit le plateau sur ses genoux, intrigué. Il remarqua qu'on avait écrit "Bon appétit Sora" avec le miel et ne put s'empêcher de sourire, touché.

Mais il n'avait pas de temps à perdre. Avalant rapidement le petit-déjeuner (qu'il trouva super bon), il s'habilla et se rendit dans la salle commune où étaient Léon, Cid, Donald et Dingo, ces deux derniers semblaient plutôt déconcertés de le voir :

- O-Oh ! Sora, tu es déjà levé ?

- Ben, oui ! s'étonna le garçon. J'arrive pas trop tard pour l'entraînement ?

- L… l'entraînement ?

L'Élu ne put s'empêcher d'ouvrir des yeux étonnés en voyant Donald s'étrangler presque, alors que le duo semblait chercher désespérément une excuse pour… il ne savait quoi, en fait. Cid qui bidouillait l'ordinateur lâcha alors presque nonchalant :

- Quoi, on t'a pas dit ? C'est congé aujourd'hui !

L'adolescent écarquilla les yeux, tandis que le canard reprenait peut-être un peu trop vite pour être honnête :

- O-Oui, exactement ! On s'entraîne pas aujourd'hui, c'est interdit !

- M… Mais c'est stupide ! s'écria Sora, à leur surprise. Comment on peut ne pas s'entraîner alors qu'on a une Guerre et des Porteurs disparus sur les bras ? Attendez, je vais allez voir Riku et-

- NON SURTOUT PAS !

Le cri du magicien avait figé tout le monde sur place, y compris Sora retournant vers le couloir, alors que le canard semblait soudain regretter ce qu'il avait dit :

- …Je veux dire surtout pas maintenant ! Il se prépare pour le prochain voyage avec le Roi et… et il faut pas les déranger, voilà !

L'Élu haussa un sourcil confus, tandis que Dingo rajoutait :

- Et on sait que l'Organisation rôde, mais on a encore besoin de se reposer un peu après ce qu'il s'est passé… et ça ne fera pas de mal un jour de vacances !

L'adolescent sembla considérer la chose, avant de croiser les bras l'air peu convaincu. Youfie arriva alors et appela le duo Disney pour une "affaire urgente", qui visiblement était trop urgente pour être expliquée avant que la ninja ne les entraînent dans les couloirs du QG avec un empressement presque suspect. Sora se gratta la tête : tout le monde avait l'air bizarre, ce matin. Était-ce à cause du jour de congé ? Ou parce qu'ils avaient failli se changer tout les trois en Sans-cœurs l'avant-veille ?

Alors qu'il se posait la question, il vit Aerith entrer dans la pièce, portant une magnifique gerbe de fleurs qu'elle exposa avec délicatesse sur la table centrale. Attiré par sa beauté, l'adolescent s'approcha, contemplant les plantes que la jeune femme ajustait çà et là dans le vase pour mieux agrémenter la composition florale.

Il y avait un grand tournesol qui dominait le tout, des jacinthes sauvages, un brin de muguet, des pivoines bien rouges, et même quelques beaux hibiscus roses. Alors qu'il observait les tiges méticuleusement arrangées par la fleuriste, deux d'entre elles attirèrent particulièrement son regard.

Des fleurs violettes similaires à des pâquerettes, et une plante aux pétales singuliers tels une éclosion tourbillonnante de poudre bleu profond.

- Tu les aimes ? demanda la jeune femme.

- Oui… mais j'en avais jamais vu des comme ça.

- Ce sont des asters de Tartarie, lui expliqua-t-elle en désignant les fleurs violettes. Elle symbolisent les souvenirs, et la donner à quelqu'un signifie que tu ne l'oublieras pas.

L'Élu plissa les sourcils un instant, regardant la petite collerette de pétales alors que les paroles d'Aerith résonnaient en lui… Il savait qu'il n'avait jamais vu cette plante, et pourtant sa forme lui était familière. Reportant son regard sur l'étrange fleur bleue, il demanda :

- Et ça, qu'est-ce que c'est ?

- Une fleur de Sylle. Elle sont très rares ici. Leur signification change selon leur couleur, mais les bleues représentent la sincérité, et témoignent d'un "cœur qui n'abandonne pas".

Il ne sut pourquoi, mais Sora se sentit touché par cette fleur toute particulière trônant au milieu des autres, s'y insérant parfaitement et sortant pourtant du lot. La jeune femme se tourna vers lui, souriante, et lui demanda :

- Alors, ça te plaît ?

- Hum ? Oh, oui, beaucoup… Je suis pas trop doué en botanique, mais ma maman me montrait plein de trucs quand j'étais petit ; enfin peut-être pour que j'arrête de manger les plantes pas mûres ! confia en riant le garçon. Elle adore les hibiscus ; elle dit que ça symbolise la gentillesse, fit-il en effleurant un spécimen du bouquet.

L'espace d'un bref instant, son sourire radieux se fana, comme un jour d'été assombri par un nuage qui passe alors qu'il contemplait avec nostalgie la fleur tropicale entre ses doigts. La fleuriste fronça les sourcils, avant de prendre une fleur non installée dans le bouquet et de la lui tendre avec un sourire :

- Tiens. C'est pour toi, Sora.

Sorti de sa contemplation, l'Élu regarda la pâquerette, un peu surpris :

- Merci, mais… pourquoi ?

- Pourquoi pas ? C'est un jour spécial, après tout, sourit Aerith. À moins que tu n'aies peur de l'abîmer !

Surpris, le garçon secoua la tête et accepta la fleur blanche, tandis que la jeune femme lui souhaitait bonne journée avant de retourner à ses occupations. L'adolescent observa la petite tige un moment, avant de décider de la garder avec lui ; et pour éviter qu'elle ne s'abîme, il la glissa entre les liens du porte-bonheur de Kairi, comme lui demandant de veiller sur son petit cadeau. Puis il se tourna vers la porte d'entrée, bien décidé à commencer sa journée… avant qu'une main ne lui attrape la capuche. Retenant un cri étranglé, le garçon se tourna vers Léon, toujours nonchalamment adossé au mur et le fixant de son regard d'acier.

- …Tu comptais t'entraîner au jardin de l'assemblée, pas vrai ? fit-il sans broncher.

L'adolescent fit la moue, avant de se dégager de la poigne amicale de l'épéiste et de réajuster sa veste pendant que l'adulte posait sa tasse pour saisir sa Gunblade. Les deux guerriers se regardèrent un moment droit dans les yeux, l'un contrarié, l'autre pensif, avant que Léon ne se dirige à son tour vers la sortie :

- Viens.

- Hein ? Mais… t'as pas dit que-

- Tu es exempt d'entraînement aujourd'hui ; pas de patrouille. Et de toute façon, tu trouveras bien un moyen de t'entraîner sans permission, alors autant qu'on soit là quand tu le fasses.

Perturbé par cette logique, l'Élu ne put que reconnaître qu'il avait raison et fit la tête, avant de suivre son ami dans les rues de la ville.


Pour une raison inconnue, Léon avait jugé que les rues marchandes et les places noires de monde étaient parfaites pour leur patrouille, à l'étonnement de son jeune camarade. Ils avaient donc passé la matinée à y chasser les Sans-cœurs ; enfin, chasser le peu osant s'y montrer, ce qui revenait presque à pas du tout.

Ce qu'ils avaient vu en quantité, cependant, c'était l'état de restauration du Jardin Radieux. La ville et ses remparts avaient été totalement reconstruits, les jardins commençaient enfin à retrouver leur grandeur, et seule la forteresse ne semblait pas encore décidée à abandonner ses échafaudages ; peut-être trouvait-elle que ça lui donnait du style. Sora n'avait pu s'empêcher de remarquer le changement d'attitude de Léon alors qu'ils visitaient les rues animées, où les échoppes et les établissement florissaient, où les habitants vaquaient à leurs occupations comme s'il ne s'était jamais rien passé, comme si la vie avait simplement repris une fois les Ténèbres parties.

Un moment, ils observaient de loin la cour d'une école où les enfants jouaient à chat ou imitaient un duel épique pendant leur récréation, avant que la maîtresse ne les appelle pour retourner en classe ; celui d'après, ils voyaient les commerçants vanter leurs meilleurs articles ou accueillir les clients à leurs tables, pendant que les familles se promenaient sur les différentes places ou profitaient du temps magnifique pour un pique-nique dans les jardins.

L'Élu ne se rendit compte que midi venait de sonner que quand Léon le rejoignit après l'avoir laissé seul quelques minutes à contempler la ville depuis les remparts. L'épéiste lui donna un sac en papier, laissant l'adolescent l'examiner pendant qu'il ouvrait le sien ; le jeune homme réalisa son contenu en même temps qu'il entendit son estomac gargouiller, et se tourna vers son camarade qui mordait déjà dans son hamburger :

- J'espère que t'es pas végétarien, dit-il en regardant la ville depuis leur point de vue.

- Huh ? Non, pas vraiment…

L'adolescent se tut, mangeant son repas (qui était sacrément bon, en plus !) en laissant ses jambes pendre dans le vide. Les deux amis contemplèrent ainsi la ville à leurs pieds, radieuse et pleine de vie. La vue et sa position familière en hauteur détendaient Sora, complètement à l'aise ; il ne manquerait plus qu'un coucher de soleil avec une bonne glace et-

- Quand je suis revenu ici après que tu aies verrouillé la Serrure, j'ai été horrifié par l'état de ce monde.

L'Élu releva la tête, puis la tourna vers Léon qui venait de parler, les yeux rivés sur les rues en contrebas.

- Ta victoire sur le Sans-cœur d'Ans… de Xehanort a un peu restauré ce monde en ce qu'il était auparavant, mais malgré cela… Il ne restait presque plus rien du Jardin Radieux. Que des images d'un passé que nous n'étions même pas sûr d'être vrai.

L'épéiste fronça les sourcils un instant et continua :

- Alors j'ai décidé que je n'aurai du repos que lorsque ce monde serait redevenu exactement comme avant. Je me suis donné pour mission de tout reconstruire, même si je devais le faire moi-même et même si ça pouvait me prendre des années.

L'adulte leva alors les yeux vers la forteresse, un semblant de colère dans ses iris se muant en une tristesse mélancolique :

- Mais je me suis rendu compte que même avec tout nos efforts, même avec les images d'archives, ce n'était qu'une chimère. Nous pouvons peut-être refaire la ville telle qu'elle était avant sa chute dans les Ténèbres… mais nous ne pouvons pas revenir à l'époque de sa gloire. Nous ne pouvons pas changer le passé, juste vivre avec. Et… accepter que les choses ne soient plus tout à fait comme avant.

Le jeune homme ferma les yeux, soupirant, puis baissa la tête vers la place centrale, semblant fixer des enfants qui jouaient sous l'œil attentif de leurs parents :

- Les Ténèbres ne disparaîtront pas, mais la Lumière non plus. Et tant que je serais là, je ferai en sorte que plus personne ne vive ce que nous avons vécu il y a onze ans.

- Tu y arriveras.

Léon écarquilla les yeux, puis se tourna vers Sora qui lui avait parlé, l'air confiant :

- J'ai peut-être eu plus de chance quand mon île a été restaurée, mais ça veut pas dire que rien ne pourra plus jamais lui arriver. Et je me battrais pour la protéger, elle et tous les autres Mondes qui existent ; et je sais aussi que tout le comité… non, tout le monde ici se battra pour ça. Et avec des gens comme vous, les Ténèbres ne pourront plus s'en prendre aux autres. J'en suis sûr, Léon, assura-t-il avec un sourire.

L'épéiste le regarda un instant, surpris de son discours, puis reporta son attention sur la ville rayonnante de vie. L'adolescent le rejoignit dans ses contemplations, semblant dire par son simple regard qu'il était fier de ce que ses amis avaient accompli de leur côté, alors que l'adulte resta perdu dans ses pensées, avant de relever les yeux vers la forteresse encore en travaux. Le regard bleu du guerrier se fronça un instant, comme face à une décision difficile devant l'état toujours instable de la bâtisse ; puis son visage se détendit, comme laissant enfin partir un poids retenu obstinément depuis très, très longtemps :

- …C'est Squall.


Sora attendit dans les jardins, là où Léo-Squall, pardon, l'avait déposé après leur patrouille. Il avait encore un peu de mal à réaliser ça, d'ailleurs.

Il ne savait pas exactement ce qui avait poussé son ami à changer de nom après la perte de son monde dans les Ténèbres, mais il avait compris depuis longtemps qu'il avait voulu se détacher de la personne qui n'avait pas pu protéger sa ville natale ; comme si un nouveau nom empêcherait que son foyer disparaisse à nouveau sans pouvoir rien faire.

Le voir accepter son identité d'antan était formidable. Et au fond de lui, l'Élu ne pouvait qu'être heureux de sa décision.

Alors qu'il s'agenouillait pour regarder quelques lys jaunes, une paire de bottes marron entra dans son champ de vision, et il leva les yeux pour voir la silhouette rose d'Aerith le regardant avec bienveillance.

- Oh, salut Aerith !

- Bonjour Sora, fit la fleuriste. Léon m'a dit de prendre le relais, si ça ne te dérange pas.

- O-attends, vous croyez que je vais faire n'importe quoi à ce point ? s'étonna l'adolescent.

La jeune femme eut un petit rire, avant de l'observer d'un œil amusé :

- Tu peux dire ça comme ça. Venez, les enfants ! fit-elle alors en se retournant vers l'entrée des jardins.

Intrigué par ces mots, le jeune homme se redressa et regarda derrière elle, pour voir au loin tout un groupe d'enfants accompagnés d'une autre femme qui arriva dans leur direction. La soigneuse alla lui parler, tandis que la petite troupe remarqua soudain l'Élu ; il eut brusquement un mauvais pressentiment, avant que la classe ne se précipite à ses côtés tel des lucioles autour d'une lampe :

- C'est toi Sora ? Le Sora ? fit une petite fille hésitante.

- Euh, oui, pour-

- C'est lui ! crièrent la moitié des gamins.

- C'est le héros du Jardin Radieux !

- Qu-? C'est gentil mais-

- Dis c'est vrai que t'as battu Maléfice et son dragon géant ?

- Je peux voir ta clé ?

- Comment tu fais pour avoir des cheveux comme ça ?

- Hein ? Hé, du calme les enf-

- T'as affronté plein de méchants ?

- Tu nous racontes, dis ? Dis ?

- On peux te faire un bisou ?

- Tu peux nous emmener dans tes aventures ?

Complètement submergé par l'avalanche de questions et de petites mains voulant s'accrocher à son cou ou à ses vêtements, Sora ne sut plus où donner de la tête parmi les petits garçons qui le fixaient des étoiles dans les yeux et les petites filles qui avaient déjà décidé de l'épouser quand elles seraient grandes. Heureusement pour lui, Aerith et leur maîtresse vinrent à sa rescousse :

- Allons, du calme ! dit la jeune femme en croisant les mains. Sora nous accompagne pour votre sortie scolaire, mais il faut être très gentil avec lui ! D'accord, les enfants ?

Un unanime "OUI" s'éleva de la petite troupe, alors que la dame proposait que la classe parle avec l'Élu avant de passer à la visite des jardins, lequel était le but principal de leur sortie. Bien qu'un peu pris de court, l'adolescent accepta de répondre à leurs questions et s'accroupit pendant que les élèves s'asseyaient à même le sol, avides d'histoires.

À la demande d'un enfant, il raconta (les détails en moins) comment il avait reçu la Keyblade et comment il avait commencé son voyage à travers les Mondes à la recherche de ses amis. Une fillette lui demanda s'il avait eu peur, pour se faire huer par un garçon qui pensait qu'il y avait que les filles pour avoir peur ; le jeune homme lui referma son clapet en disant que oui, il y avait eu beaucoup de moments effrayants, mais que ça ne voulait pas dire que c'était mal. Au contraire, tout ces moments de doute et de peur l'avaient aidés à avancer et à rester courageux ; parce que le courage c'était aussi d'avancer même quand on a très peur. Tous furent impressionnés par son courage. L'un des garçons voulut l'accompagner pour battre les méchants, mais Sora déclina gentiment en leur disant que ce qu'il faisait restait très dangereux, et encore plus pour des enfants de leur âge ; c'était pour ça qu'ils ne devaient pas chercher les ennuis, surtout avec les Sans-cœurs.

D'autres questions s'enchaînèrent, de "Comment tu fais ta coupe de cheveux" à "Tu veux te marier avec moi quand je serai grande" en passant par "On peux voir ton arme" ; tous poussèrent un cri d'admiration quand il fit apparaître Chaîne Royale dans sa main, et en profita même pour leur montrer sa forme d'Étoile filante. Après cela, la maîtresse estima que ça suffisait et laissa la place à Aerith pour la suite de la sortie scolaire.

La fleuriste emmena la classe dans la visite des jardins, leur présentant les plantes et leurs particularités, les herbes et leurs propriétés, et les fleurs et leur langage. Le jeune homme accompagna le groupe, intéressé par la leçon. Il n'y avait pas toutes ces variétés sur son île, mais d'après ce qu'il entendait le Jardin Radieux ne les avaient pas non plus avant sa restauration. Tous ces parterres de fleurs étaient le fruit d'un an de dur labeur, en plus de plusieurs précieuses années de collecte au fil des arrivées à la Ville de Traverse.

Alors que la soigneuse détaillait aux enfants la signification des fleurs selon leur espèce et leur couleur, il repensa à sa pâquerette et la sortit, toujours soigneusement nouée au porte-bonheur en coquillages. Aerith venait d'expliquer que la plante aux pétales blancs symbolisait la foi ; et il aurait juré qu'elle avait jeté un coup d’œil vers lui en le faisant. Un sourire s'étira sur le visage de l'adolescent, et tandis qu'il remettait délicatement l'amulette dans sa poche, il murmura à la fleuriste un silencieux "Merci" en la regardant droit dans les yeux.

Peu après, la classe se dispersa pour cueillir des fleurs pour décorer leur école. Alors qu'il s'assurait qu'aucun enfant ne s'éloignait trop, il remarqua un chenapan revenant d’on ne sait où les cheveux tout mouillés et ébouriffés en une coupe rappelant vaguement quelque chose à l'Élu… avant qu’il n’entende ses petits camarades proclamer qu’il ressemblait pas du tout à Sora. Surpris par cet échange, il se pencha vers le jeune imitateur en train de bouder ses copains dans un coin :

- Pourquoi tu veux me ressembler ?

- Ben parce que je veux être un héros, comme toi !

Sora ne put retenir une expression stupéfaite. Mais il se reprit, réfléchit un instant et bientôt fit mine de prendre un air exagérément pensif alors que le garçon "redressait" ses mèches tombantes :

- Hum… et bien, si tu y tiens tant, je peux peut-être arranger cette coupe pour que ça fasse un peu plus "héros" ?

Trop content, le gamin accepta et l'Élu profita de ses épis humides pour remodeler une coiffure à peu près ressemblante. Une fois fini, l'enfant s’en alla tout sourire montrer sa coupe à ses camarades :

- Mais c’est pas du tout comme Sora là, c’est juste hérissé ! s’écria bien vite l’un d’eux, faisant se retourner le pseudo-Élu vers le vrai d’un air offusqué.

- Oui, avoua le Porteur en se penchant vers la petite troupe, c’est parce que je voulais que vous sachiez que je ne suis pas le seul héros dans cette histoire : maintenant, votre ami ressemble à un autre héros que je connais très bien et qu… qui m'a aidé quand j'en avais le plus besoin. Un très grand héros.

- Qui c'est, qui c'est ? implora alors le garçon, tous fixant leur modèle des étoiles plein les yeux.

- Vous êtes sûr que vous pourrez gardez le secret ? sourit malicieusement l’adolescent. C’est une personne très importante !

La petite troupe acquiesça vivement, impatient ; Sora se pencha alors vers eux, et chuchota aux jeunes héros en devenir :

- Il s'appelle Roxas.

Tous poussèrent un murmure impressionné, avant que chacun n’aille de son petit commentaire sur l’identité de ce héros si grand que même le grand Sora lui devait une fière chandelle, tandis que le garçon se redressait, ravi de son effet ; un bref frisson, tel un murmure dans la brise, le fit soudain se retourner.

Il n’y avait derrière lui qu’un parterre de fleurs violettes, les mêmes qu'Aerith lui avait présentées ce matin.

L'adolescent resta muet un instant, puis sourit doucement, une main au cœur. La classe eut bientôt fini de rassembler leurs précieux bouquets, et bientôt la maîtresse revint chercher ses élèves pour rentrer à l’école ; alors que la soigneuse s'apprêtait à quitter les lieux à son tour avec le jeune homme, ce dernier lui tendit une petite surprise à son tour.

Une belle jonquille, symbole de respect.


Sora accompagna Aerith dans ses livraisons ; elle apportait des plantes à divers commerçants, dont d'autres fleuristes qui devaient vraiment pas avoir la main verte pour être obligés d'en commander. Et il ne pouvait que constater les sourires qui naissaient sur le visage des habitants chaque fois qu'elle offrait une fleur aux passants, juste pour le plaisir.

Le jeune homme pensait retourner au QG maintenant, mais à son étonnement la soigneuse commençait à prendre une route détournée. Il s'apprêtait à y aller tout seul quand ils croisèrent Youfie, encore en pleine dispute avec les trois chasseuses de trésors ; vraisemblablement sur ce que portait la ninja dans ses bras, et que voulait aussi porter le trio féerique. À force de se chamailler, elles firent tomber la chose par terre, un immense morceau de tissu coloré. Machinalement, Sora se dirigea vers les quatre filles se crêpant toujours le chignon pour aider à ramasser le drap bleu et rouge, où il remarqua des lettres cousues : un "J", un "O", un "Y"-

- Hé lâche ça !

L'instant d'après, les trois chasseuses de trésors se plantèrent fermement devant lui, le poussant à lâcher le tissu que Youfie s'empressa de récolter pendant qu'il ouvrait de grands yeux étonnés :

- H-Hein ? Mais qu-

- Tu dois pas toucher ça ! s'écria Yuna.

- Surtout pas ! renchérit Rikku.

- Hein ? Mais pourquoi ?

- Euuuuh… parce que…

- Parce que c'est un trésor des Albatros et que tu dois pas y toucher, fit platement Paine alors que ses deux camarades semblaient chercher une excuse.

- Exactement ! Un trésor super méga important pour l'ann-

Les deux autres fées se jetèrent sur leur comparse orange pour lui fermer la bouche, visiblement affolées à l'idée qu'elle révèle leur intention. Sora leva un sourcil avant de se tourner vers Youfie, qui n'était déjà plus là, partie en coup de vent tel un ninja avec le mystérieux drap. De plus en plus perplexe, l'Élu mit les poings sur les hanches, jetant un œil suspect au petit trio toujours sur leur collègue :

- Vous mijoteriez pas un mauvais coup, par hasard ?

- Non non non, pas du tout ! nia la brunette.

- Pas le moins du monde, renchérit la grise.

- Farfaite-mmh ! acquiesça la blondine avant que ses amies ne lui couvrent encore la bouche.

L'adolescent les trouvait quand même hautement suspectes, mais Aerith posa alors sa main sur son épaule avec un sourire rassurant :

- Ne t'inquiète pas, Youfie s'assure de leur trouver des trésors pour qu'elles se tiennent tranquilles. Elle devaient juste se chamailler sur le prochain payement.

Le garçon haussa néanmoins un sourcil, étonné, avant de reporter son attention sur le trio qui déjà détalait à la poursuite de la jeune fille. Complètement perdu, il s'apprêta à rentrer au QG quand la fleuriste l'invita à l'accompagner dans sa dernière livraison.

Ils se rendirent alors vers les fortifications, dans un coin isolé où subsistait une brèche attendant sa restauration complète. Là, posé contre une paroi de l'immense cour que formait à présent la muraille percée, se trouvait une bâtisse de bois. L'odeur de paille rappela à l'Élu les fermes de son île, et il se demandant quel genre d'animaux pouvaient bien se trouver ici.

Aerith poussa le vantail inférieur de l'entrée, et l'adolescent découvrit les mystérieux habitants qu'il entendait couiner depuis l'extérieur : dans les box et les stalles étalées contre le mur, une petite dizaine d'oiseaux géants au grand bec orange et aux plumage jaune hagard piaffaient ou se lissaient les plumes, certains levant la tête devant les nouveaux arrivants.

C'était des chocobos.

Il avait vu ces créatures dans un vieux livre trouvé chez Merlin durant son premier voyage, et depuis il avait rêvé d'en voir un jour, en vrai. Encore sous le choc de voir l'un de ses rêves se réaliser, il revint à la réalité quand une voix familière les appela :

- Bonjour Sora, bonjour Aerith !

L'adolescent se retourna vers Tifa examinant l'un des oiseaux géants, tandis que Cloud arrivait avec une selle qu'il posa sur un rebord en voyant la fleuriste :

- Tu as ce que je t'ai demandé ?

- Oui. Et une livraison de légumes gysahl, une ! fit-elle joyeusement en tendant son panier.

- Merci, ils n'attendaient que ça, lui sourit la combattante. Pas vrai ?

Le chocobo dont elle s'occupait couina de plaisir quand elle lui gratta les plumes, tandis que la fleuriste se tournait vers la sortie, saluant tout ce beau monde :

- Bon, mon travail est terminé, je vais vous laisser tout les trois !

- Hein ? s'étonna alors Sora. Je dois rester avec…

- Te sens pas obligé, fit le mercenaire en rangeant le colis.

- Mais si tu veux donner un coup de main, on t'accueille avec plaisir, ajouta Tifa.

L'Élu était un peu troublé de la tournure des évènements ; il avait l'impression que le comité s'était donné le mot pour lui faire une visite du Jardin Radieux, et ce pour une raison qu'il ignorait. C'était vraiment bizarre.

Mais au fond il s'en fichait, parce que la perspective de réaliser un de ses rêves de voyage était trop belle pour qu'il la laisse passer.

Il passa donc l'après-midi avec Cloud et Tifa, à nettoyer puis garnir des box, donner à manger aux habitants, et ranger les outils. Les deux adultes lui proposèrent même de faire un tour à dos de chocobo, mais il refusa. Bizarrement, il était régulièrement intimidé par eux, alors qu'il n'avait jamais eu peur des animaux.

Tandis qu'il s'assurait que les box étaient bien fermés, l'oiseau résidant dans celui dont il s'occupait s'approcha de lui, visiblement intrigué. D'ordinaire l'Élu n'y aurait pas prêté attention, mais brusquement ses instincts ressurgirent et lui crièrent de s'en aller avant qu'il ne soit trop près.

Sauf qu'il ne bougea pas. Coincé entre sa tête qui ne comprenait pas et tentait de faire fi de l'alerte et son instinct qui voulait à tout prix décamper, il resta figé, raide comme une brique tandis que l'oiseau avançait doucement, semblant intéressé par cette entité sans plumes et sans ailes.

- Ne t'affole pas, il est très gentil.

Sora tourna la tête vers Cloud qui venait d'arriver, et qui caressa le bec du chocobo gonflant ses plumes de plaisir. Sans que l'adolescent ne puisse protester, le mercenaire prit doucement sa main et la plaça sur celle touchant l'oiseau, avant de la retirer.

Le contact soudain avec la surface kératinisée envoya un frisson électrique dans tout le corps du jeune homme, alors qu'il se figeait à nouveau. La créature planta ses petits yeux noirs sur la paume qui le touchait, comme observant cette drôle de chose charnue et moite. Le garçon n'osa plus bouger, trop terrifié de ce qu'il pourrait se passer alors que l'animal tournait à présent son regard vers lui, curieux.

Et finit par avancer la tête pour mieux profiter du câlin que lui offrait l'Élu.

Sentant soudain ses membres se détendre un peu, l'adolescent osa bouger la main vers la tête du chocobo qui émit de petits cris contents, ravi de se faire caresser.

- Je crois qu'il t'aime bien, commenta Cloud.

- O-Oui, t'as raison, bredouilla Sora en passant ses doigts dans les plumes douces et ébouriffées.

L'oiseau eut vraiment l'air d'apprécier son contact timide, au point qu'il s'avança encore et caressa de sa tête celle du jeune homme, qui ne fut pas aussi enthousiaste de cette affection inattendue et se raidit encore comme une brique devant le bec qui frottait vigoureusement sa joue et son torse. Cloud fut obligé de le tirer en arrière pour qu'il accepte de sortir de son imitation parfaite de statue.

- Par contre tu n'as pas l'air très à l'aise avec les animaux, remarqua le mercenaire.

- C-C'est… pas vraiment, je crois que c'est juste l'émotion, bafouilla l'adolescent en reprenant lentement le contrôle de ses membres.

Se secouant un instant pour chasser l'étrange écho de son cœur, il s'apprêta à retourner aider les deux adultes quand l'ombre d'une silhouette familière apparut dans l'entrée éclairée par le crépuscule. Sora écarquilla les yeux, puis les leva vers la jeune fille attendant sur le seuil de la porte.


Silencieux, les deux adolescents marchèrent le long des remparts alors que le ciel se teintait des couleurs nocturnes. De temps en temps, Sora tournait timidement les yeux vers la jeune fille faisant de même, avant de les rabaisser aussi vite, aucun d'eux n'osant regarder l'autre.

Mais ce silence pesant commençait à être beaucoup trop lourd pour le garçon. Depuis qu'elle était venu le chercher pour le ramener au QG (quoi que ça pouvait vouloir dire), Kairi avait été muette comme une carpe. Pourquoi elle était si distante, ce soir ? N'en pouvant plus, l'Élu avala sa salive et se tourna vers l'adolescente :

- Tu as passé une bonne journée ? L'entraînement s'est bien passé ?

- Oh, oui, enfin non… Je veux dire non parce qu'on a pas eu entraînement, ne t'inquiètes pas ! bafouilla-t-elle comme si elle craignait qu'il s'affole.

L'adolescent se gifla mentalement pour avoir oublié que c'était jour de congé, mais poursuivit néanmoins :

- Ah oui… qu'est-ce que tu as fais, alors ?

- Oh, pas grand-chose…

Elle était vraiment très vague dans ses réponses. Presque il se demandait si ça cachait pas quelque chose.

- …Est-ce qu'il y a un problème ? demanda-t-il en la regardant droit dans les yeux.

L'espace d'un instant, elle se figea, et Sora se gifla encore pour sa franchise. Mais Kairi baissa les yeux et secoua la tête, murmurant :

- Non… Désolé, c'est juste… Ça me fait un peu bizarre, qu'on se voit enfin plus longtemps après tout ce temps, et après qu… que tu m'aies embrassée.

Dans la lueur faible du jour déclinant, il la vit rougir et comprit ce qui la troublait. Baissant les yeux à son tour, il prit son courage à deux mains et demanda :

- Tu veux en parler ?

Du coin de l'œil, il vit la Princesse lui jeter un regard surpris, avant qu'elle ne se frotte le bras :

- …Je ne sais pas…

- Je comprends.

La Porteuse releva encore les yeux vers son regard profond, triste mais compréhensif, alors qu'il lui disait gentiment :

- Je vais pas te forcer si tu n'as pas envie. Mais si tu veux me parler de quoi que ce soit, tu sais où me trouver. Je serai toujours là pour toi.

L'écho de ses propres paroles résonna dans l'esprit de la jeune fille, tandis que son ami d'enfance la fixait tendrement, de ce regard dont elle connaissait la signification. Et elle ne put s'empêcher de lui sourire doucement, reconnaissante, alors qu'ils arrivaient au QG :

- Allez, tout le monde t'attend.

Sora la suivit, alors qu'elle poussait la porte du bâtiment ; quand soudain un détail le troubla.

Toutes les lumières étaient éteintes.

Pas juste celles de l'entrée ; les autres pièces aussi. Pas une lueur ne filtrait à travers les fenêtres des chambres, rien. D'ailleurs, les volets de la pièce commune étaient clos, comme pour ne laisser aucun œil curieux espionner ce qu'il y avait à l'intérieur. Et à bien y regarder, il percevait même des formes inhabituelles dans la pénombre…

- Sora ? Tu viens ?

Le Porteur tourna brièvement le regard vers la jeune fille l'attendant dans l'entrée, comme inquiète, avant de reporter son attention sur la salle plongée dans le noir, observant depuis le seuil ses contours anormaux.

Quelque chose ne va pas, c'est suspect, n'entres pas…

- Sora ?

Pendant un instant, il releva encore ses yeux outremer vers les siens totalement violacés dans les Ténèbres des lieux, y décelant une lueur étrange, avant qu'elle ne lève la main vers un interrupteur. Instinctivement il recula, clignant des yeux lorsque le clic de la lampe se fit entendre et-

- JOYEUX ANNIVERSAIRE SORA !

Devant ses yeux écarquillés, la salle inondée de lumière dévoila toute une multitude de décorations et de ballons colorés, ainsi que les silhouettes de ses amis surgissant de derrière les canapés en projetant des serpentins ou des mini-feux d'artifice ; il y avait tout le comité, Merlin, les Trois Bonnes Fées, Ienzo, Lea, Donald, Dingo, Jiminy, le Roi et Riku. Ici et là était accroché des étoiles et des motifs rappelant les mondes qu'il connaissait, les meubles avaient été poussés pour dégager l'espace, quelqu'un avait installé un karaoké dans un coin, un somptueux buffet sucré salé était dressé sur la table à la nappe constellée de paillettes, et une immense banderole bleue et rouge où il était cousu en lettres d'or "JOYEUX 16ÈME ANNIVERSAIRE SORA" trônait au plafond.

- Bon anniversaire Sora ! s'écria Donald en se précipitant vers son ami, alors que les chasseuses de trésors s'efforçait de faire pleuvoir le plus de confettis multicolores sur la tête de ce dernier.

- On te l'aurait souhaité plus tôt, mais on voulait te faire une surprise, s'excusa Dingo.

- Et tout le monde a aidé pour les préparatifs, ajouta le Roi en désignant le groupe.

- …Est-ce que ça va Sora ? Tu fais une drôle de tête, remarqua Jiminy.

L'adolescent resta muet un instant, comme figé, avant de secouer la tête en souriant de toutes ses dents :

- Si, si ! Vous m'avez vraiment bien eu, les amis, je m'y attendais vraiment pas du tout !

- …C'est vrai ce mensonge ? marmonna le canard dubitatif.

- C'est pas moi, c'est Rikku qu'a vendu la mèche ! s'écria alors Yuna en pointant sa collègue.

- C'est pas vrai, c'est Youfie qu'a fait tombé la banderole ! protesta cette dernière en désignant l'intéressée.

- Hé, c'est vous qui vouliez me la prendre ! renchérit la ninja en les menaçant d'un serpentin.

- Non, non, j'en savais vraiment rien ! fit alors Sora pour calmer la bagarre. C'est vraiment gentil à vous tous, merci !

Riku s'avança alors vers son meilleur ami, faisant un de ses fameux sourires faussement arrogant :

- Tu croyais quand même pas qu'on allait oublier une date aussi importante, quand même ? Après tout le mal qu'on s'est donné aujourd'hui pour te garder la surprise !

- Hé hé, bien sûr qu… attends, c'est pour ça que tout le monde me gardait à l'écart du QG ? s'écria l'adolescent en assemblant les pièces du puzzle.

- C'est à moitié vrai, répondit Aerith. Nous avons pensé qu'un petit tour du Jardin Radieux serait aussi un excellent cadeau de notre part. J'espère que cela t'a plu.

L'Élu resta muet un instant, puis sourit à nouveau :

- Oui, c'était génial !

- Attends un peu avant de dire ça ! s'exclama Donald. On a même pas encore commencé la fête !

- Alors qu'est-ce qu'on attends ? C'est parti pour s'amuser ! s'écria Youfie pendant que les trois chasseuses de trésors envoyaient encore plus de confettis partout.

Lea bancha alors la juke-box du karaoké, pendant que les Trois Bonnes Fées et Merlin conjuraient une dernière fois des mini-feux d'artifice avant de s'en aller pour laisser les jeunes gens tranquille. Étrangement, Sora resta sur place, semblant hésiter à se joindre à eux ; Kairi le remarqua et lui prit doucement le bras, lui faisait tourner les yeux vers elle alors qu'elle lui souriait, espiègle :

- Allez, on va pas fêter ton anniversaire sans toi !

Et sur ces mots, elle l'entraîna auprès de ses amis qui l'attendait, alors qu'il lui rendait timidement son sourire.

La fête commença doucement à battre son plein, entre les trois chasseuses de trésors qui s'empiffraient au buffet et volaient encore les amuses-gueules au nez de Youfie, Cloud qui battait pratiquement sans effort tout le monde aux fléchettes, Aerith qui conversait amicalement avec Tifa et Kairi, et Lea qui avait décidé de faire un concours de chant avec Donald au grand dam des oreilles de leurs voisins.

Mais un truc était bizarre. Écoutant distraitement Ienzo discutant avec Cid sur leur projets technologiques, Riku ne put s'empêcher de penser qu'il manquait quelque chose ; mais quoi ? Et soudain il comprit.

- Vous avez vu Sora ? demanda-t-il aux deux informaticiens.

- Sora ? Non, pas que je sache, répondit le scientifique.

- J'crois qu'il est juste au p'tit coin.

L'aîné les remercia, puis balaya la salle du regard ; d'après ses souvenirs, il n'avait pas vu son meilleur ami depuis le début de la soirée. Ce qui faisait un temps sacrément long pour un arrêt aux toilettes. Et puis, il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir ce pressentiment que son absence cachait autre chose.

Abandonnant son verre, il alla discrètement fouiller la pièce au cas où le garçon serait simplement dans un angle mort ; mais il ne vit rien ni du côté du karaoké, ni de celui de ses amis de voyage, ni même vers le buffet.

Ils fêtaient tous un anniversaire, et l'invité principal était manquant.

Allant s'adosser à la porte-fenêtre au fond de la salle, il sentit soudain un courant d'air frais et remarqua que la vitre était entrouverte ; intrigué, il jeta un œil dehors, et vit à travers le reflet une petite silhouette aux cheveux en pétard assise au sol, les genoux contre la poitrine. Soulagé d'avoir retrouvé leur hôte, le Maître sentit néanmoins qu'il y avait un souci et sortit à son tour, refermant doucement la vitre derrière lui.

Assis à la lisière de l'ombre lumineuse projetée sur le balcon, Sora ne bougea pas, la tête dans les bras. L'aîné ne dit rien, observant ; et remarqua bien assez vite les légers spasmes de ses épaules ainsi que ses hoquets étouffés. Troublé par les pleurs du garçon, le jeune homme essaya de détendre l'atmosphère et s'approcha doucement :

- Eh ben alors, Sora ? T'es tellement touché qu'on ait pensé à toi que tu pleures ? fit-il d'un ton semi-amusé.

Ce dernier se figea en entendant son camarade, mais ne répondit pas et se cacha encore plus la tête dans les bras. Comprenant que ce n'était pas des larmes de joie, l'adolescent se pencha vers lui, préoccupé :

- Qu'est-ce qu'il y a, on a fait quelque chose qui…?

Le garçon brun secoua la tête, sans pour autant arrêter de pleurer. Cette fois vraiment inquiet, Riku s'agenouilla près de lui et leva une main, suppliant :

- Sora, qu'est-ce qui t'arrive ?

Son meilleur ami gémit derrière ses bras, alors que l'aîné serrait doucement son épaule. Et puis lentement, un murmure s'échappa de l'Élu, tandis qu'il relevait la tête, laissant apparaître des yeux d'outremer gorgés de larmes :

- De tout les jours de l'année… Il a fallu que j'oublie mon anniversaire.

Riku écarquilla les yeux en comprenant soudain pourquoi l'adolescent avait eu l'air si surpris et si choqué lorsqu'ils s'étaient dévoilés tout à l'heure. Le garçon essuya quelques larmes débordant de ses yeux, hoquetant :

- J-J'ai passé tellement de temps à m'entraîner s-sans faire attention à quel jour on était, juste p-parce que j'avais tellement b-besoin de retrouver ma force, que j'ai même pas réalisé q-que c'était arrivé et j…

- Sora, c'est pas grave, le rassura aussitôt son meilleur ami. On est tous débordés, personne ne prend plus le temps de penser aux choses simples avec ce satané Xehanort et-

- Justement, c'est ça qui va pas.

Le Maître s'arrêta, alors que l'adolescent ravalait des larmes en serrant encore plus ses genoux contre lui :

- L-Le prends pas mal, je suis vraiment touché que vous ayez fait tout ces efforts pour préparer mon anniversaire, m-mais j…

Sora leva alors les yeux vers le ciel étoilé, le scintillement des astres se reflétant dans ses iris mouillés tandis qu'il couinait douloureusement :

- On est en train de faire la fête ici, et pendant ce temps l'Organisation XIII prépare peut-être leur prochain sale coup ! Ou même sont en pleine attaque ou je ne sais quoi pour recruter leur dernier membre, o-ou déclencher leur fichue Guerre et-! Et nous on s'amuse à célébrer mon anniversaire au lieu de tout faire pour les arrêter !

Sa voix d'abord hésitante s'était faite colérique, rancunière alors que son visage se crispait en une grimace de haine et de dégoût ; mais pas envers leurs ennemis jurés.

Envers lui-même.

Le rictus douloureux de l'adolescent se déforma petit à petit, alors que sa lèvre se remettait à trembler avant qu'il ne renfonce la tête dans ses bras pour cacher ses pleurs. Son ami resta un moment muet, ne sachant que répondre pour soulager la souffrance de son meilleur ami.

Puis il s'assit à ses côtés, inspirant un instant l'air frais de la nuit, et rouvrit les yeux pour contempler la voûte céleste.

- …Sora, laisse-moi te raconter une petite histoire.

Surpris par ces paroles étranges, l'Élu releva le nez, jetant un regard confus mais curieux vers son ami d'enfance.

- Il était une fois un homme qui souhaitait plus que tout au monde devenir grand-père ; mais le temps passa, et toujours rien. L'homme se faisait vieux, très vieux, mais ne renonça pas à son vœu de tenir un jour ses petits-enfants dans ses bras. Et puis, un soir d'orage, on l'appela ; sa fille unique venait d'accoucher. Il vint aussitôt à l'hôpital, où on lui présenta le nouveau-né. Le vieil homme, maintenant grand-père, prit son petit-fils dans ses bras et le serra contre lui, avec tout l'amour qu'un grand-père puisse donner à ses petits-enfants ; et dit au nouveau-né ces quelques mots : "Quoi qu'il arrive, n'oublie jamais que je suis fier de t'avoir pour petit-fils".

L'aîné s'arrêta quelques instants, sembla fixer dans le firmament un point connu de lui seul, puis reprit :

- Le vieil homme rentra ensuite chez lui. Le lendemain, son beau-fils alla lui rendre visite pour célébrer la naissance, et trouva le grand-père endormi dans sa chambre. Il ne se réveilla plus. On appris plus tard qu'il s'en était allé le jour même où son petit-fils était né. Son souhait enfin réalisé, il était parti en paix.

Sora regarda un instant son ami, un peu incertain de comprendre ce qu'il voulait dire :

- C'est triste, murmura-t-il.

Riku baissa les yeux, pensif, avant de se retourner vers son meilleur ami :

- …Tu n'as pas saisi, Sora ?

Troublé, l'adolescent secoua la tête, alors que l'aîné levait la sienne vers les étoiles :

- Cet homme… c’était mon grand-père.

- Oh… Riku, je suis désolé…

- Ne le sois pas, le rassura son ami. Papi a choisi de partir ce jour-là, il était heureux d'avoir pu me connaître avant de mourir. Sora, ce que je veux te dire avec cette histoire, c'est qu'il y aura toujours des évènements tristes qui arriveront, parfois même quand d'autres choses heureuses arrivent. Mais ça ne veut pas dire qu'il faut s'arrêter de vivre et d'être heureux juste parce qu'ailleurs dans les Mondes quelqu'un ne l'est pas. Au contraire, tu ne crois pas que le meilleur moyen de lutter contre le malheur, c'est de savoir célébrer le bonheur ? fit-il en regardant son meilleur ami.

Le garçon écarquilla les yeux, abasourdi par sa réflexion, avant d'avoir un sourire moqueur :

- Depuis quand t'es optimiste ?

- Pas ma faute si tu déteins sur moi ! se défendit l'aîné en ricanant à son tour.

L'Élu rit un instant, puis baissa à nouveau la tête, avant d'inspirer profondément et de regarder lui aussi les étoiles :

- T'as raison. Et puis, ça ferait trop plaisir à l'Organisation de me voir déprimer !

Riku lui adressa alors un de ses rares sourires, de ceux qui n'étaient pas une façade d'assurance :

- Ça, c'est le Sora que je connais.

Puis il coinça la tête de son ami sous son bras en lui frottant vigoureusement le cuir chevelu, ricanant :

- Par contre t'as intérêt à sécher tes larmes ou tout le monde va croire que je t'ai encore mis une raclée le jour de ton anniversaire !

Sora rit encore au rappel de la course de ses neuf ans et se dégagea, essuyant bien vite son visage avant de se relever avec son meilleur ami :

- Allez, on a une fête qui nous attend !

- Parle pour toi, c'est toi qui rate ton anniversaire ! répliqua l'aîné en lui donnant un petit coup sur l'épaule.

L'adolescent lui répondit d'une bourrade avant de revenir à l'intérieur, rejoignant sans attendre ses amis autour du karaoké pendant que son meilleur ami suivait lentement, refermant la vitre derrière eux en jetant un dernier regard aux étoiles qui semblaient lui faire un clin d’œil.


La soirée fut d'enfer. Et ce ne fut pas juste parce qu'Aerith avait mis du piment dans le chocolat chaud (au grand dam de Squall).

Le buffet, mêlant pizza et pâtes à la viande aux amuse-bouches et crudités, en plus d'une glacière pleine à craquer de glaces à l'eau de mer et chocolat pour changer, était heureusement plus mangeable grâce à Ienzo, qui visiblement avait un certain talent en cuisine. Bien que la moitié des invités furent vu leur âge plus attirés par les cacahuètes que les verrines ; Sora honora néanmoins son travail en goûtant de tout (même s'il n'aimait pas), démontrant un penchant très marqué pour les mignardises à l'amusement de ses amis proches.

Personne ne parvint à battre le record de Cloud aux fléchettes, mais l'Élu se montra très doué pour viser vite et juste (même si Lea clama qu'il trichait, jaloux qu'il était d'avoir perdu). Le karaoké fit un carton, encore plus lorsque Yuna décida de faire chanter et danser tout le monde avec ; Rikku eut d'ailleurs une extinction de voix à chanter super aigu, au soulagement de tous devant ses interprétations affreuses. Squall et Cid refusèrent toute interprétation de leur part, même contre des munnies, alors que Ienzo déclinait plus poliment. Lea et Donald furent interdit de chant après leur précédent concours, pendant que Dingo jouait des chansons que personne ne connaissait. Aerith et Tifa réussirent miraculeusement à chanter "A Hearts Full Of Love" avec Cloud, et personne n'osa dire à Kairi qu'elle chantait mal malgré tout son entrain pour "Get Back Up Again". Riku quant à lui fut obligé par Sora de jouer l'étrange "Build our Machine", et se vengea en choisissant au pif pour son meilleur ami qui passait juste après, tombant par pur hasard sur la très émouvante "You Say". Mais malgré tout, l'Élu interpréta avec cœur et justesse les paroles pleines d'espoir.

Youfie parvint on ne sait comment à emmener Squall et Cid sur la piste de danse, avant que ce dernier ne parte en râlant tandis que son camarade était entraîné sans merci dans la ronde que faisaient le trio Disney et Aerith. Sora avait attiré Riku et, étonnamment, Ienzo, et dansait sans retenue devant ces derniers plus réservés ; Kairi se joint bientôt à eux, bougeant avec ses deux amis d'enfance pendant que Lea prenait la place du scientifique qui s'esquivait ailleurs. Pour une raison obscure personne ne trouva Cloud à ce moment-là, pas même Tifa.

Alors que tous s'amusaient (ou pas), les lumières s'éteignirent tout d'un coup. Instinctivement Sora se crispa, prêt à invoquer sa Keyblade, quand la main rassurante de Riku se posa sur son épaule, désignant le couloir d'où revint Ienzo poussant une desserte, sur laquelle trônait un magnifique gâteau à trois étages éclairé par seize bougies.

Tous entonnèrent la chanson d'anniversaire, alors que l'adolescent ne pouvait empêcher ses yeux outremer de miroiter sous la lueur des deux chandelles épelant son âge. Tandis que Donald lui rappelait de faire un vœu et que Lea pariait avec Cid et Cloud (soudainement réapparut) qu'il n'arriverait pas à souffler toutes les bougies d'un coup, Sora admira les lumières dansant devant ses yeux, puis ferma les paupières.

Il avait tant de choses à souhaiter, tant de choses à faire pour les autres…

Un léger écho, tel un murmure du cœur, lui souffla doucement de penser à lui juste pour une fois, une seule petite fois… Et Sora sourit.

Il savait quoi demander.

Rouvrant ses yeux, il gonfla ses poumons et, d'une expiration forte mais régulière, souffla ses seize ans.

La lumière revint pendant que tout le monde applaudissait son exploit (et que le mercenaire empochait les munnies de ses camarades), et l'on coupa l'énorme gâteau. L'Élu eut spécialement droit à la mini-sculpture chocolatée et au premier étage pour lui tout seul, malgré son refus devant la générosité de ses amis. Et mine de rien, il ne le regretta pas ; c'était son gâteau préféré, celui aux fruits et à la crème fouettée.

La soirée commença à toucher à sa fin, alors que les trois chasseuses avaient enfin arrêté leurs bêtises avec Youfie et que tout le monde profitait de la musique en mangeant leur (deuxième pour certains) part du gâteau. Cloud s'évapora encore une fois, ce coup-ci avec Tifa ; mais pas avant d'avoir laissé un dernier message d'anniversaire pour Sora. Ienzo prit aimablement congé lorsque Aeleus vint au quartier général, laissant à Squall un mystérieux paquet à l'intention de l'Élu. Cid, qui avait d'ailleurs profité du calme pour bidouiller l'ordinateur caché sous un drap bleu le temps de la fête, remarqua le premier que le Porteur avait visiblement disparu lui aussi.

Ce fut Jiminy qui le retrouva près du buffet, chapeau et lunettes fantaisie de travers, le ventre plein et un sourire paisible sur son visage endormi, épuisé après cette magnifique soirée.

Avec d'infimes précautions, Riku le ramena dans sa chambre ; Donald et Dingo le bordèrent ; et Kairi referma doucement la porte derrière eux, laissant l'adolescent s'envoler dans un sommeil rempli d'étoiles filantes et de gâteaux enchantés et de musique lointaine aux tons de marée natale.

Quand Sora se réveilla le lendemain matin et leva encore le regard vers sa table de nuit, il y vit comme la veille un petit-déjeuner, accompagné d'une belle fleur de Sylle ; mais quand il baissa les yeux, il trouva au pied de son lit plusieurs paquets, certains plus emballés que d'autres, certains mieux enrubannés que d'autres, certains plus révélateurs de leur contenu que d'autres ; mais tous lui étant destinés.

Et pour la première fois de ses seize ans, Sora pleura de joie.

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La nouvelle est tombée ; Sora a maintenant seize ans !

(Ou dix-neuf lors de ma publication originelle, si l'anniversaire de la série compte pour son jour de naissance… ^^)

Maintenant entré dans une nouvelle année de sa vie, va-t-il du même coup entrer dans une nouvelle phase avec ses pouvoirs ou sa quête pour sauver Roxas ?

*Tous balancent des confettis sur l'Élu et Vanitas, lequel s'enfuit en courant pour éviter la pluie multicolore horripilante*

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