Les Lumières dans les Ténèbres : La Réalité de la Fée Noire

Chapitre 67 : Rancœur écarlate, première partie (Thomas)

4423 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 05/11/2023 21:06

Pendant longtemps, je pensais être seul.

Le seul Aiden.

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été entouré de gens merveilleux ; que ce soit Lydia, sa tante Lysanna, Maxwell et, bien sûr, ses parents. Nous avons vécu beaucoup de choses ensemble, de bons moments que je n’oublierai jamais. Ils ont fait leur maximum pour que je ne me sente pas isolé, pas à ma place, clamant sans la moindre retenue que je faisais partie de leur famille, la famille Raittor.

Pourtant… Sans succès.

Pendant les repas de famille, toutes les activités que nous faisions ensemble, j’avais le sentiment… que je n’aurais pas dû être là, malgré les protestations de mes parents adoptifs les rares fois où je leur en parlais. Malheureusement, je disais la vérité.

Le plus lointain souvenir que j’avais de ma petite enfance était moi, à quatre ou cinq ans, assis sur une chaise, à l’intérieur d’un bâtiment ; le commissariat, d’après tante Nerva. Je venais de vivre quelque chose. Quelque chose d’horrible. Mais je n’avais pas le moindre souvenir de quoi il s’agissait, ni même de ce que j’avais fait avant d’entrer au commissariat. Le trou noir. Cela dit, je me souviens parfaitement de ce que je ressentais à ce moment-là. Un vide dans mon cœur. De la peur aussi ; je tremblais de tous mes membres, comme si j’avais froid jusqu’à mon âme. Dès que j’avais posé un pied sur la porte, les adultes ont fait volte-face, d’abord curieux de voir un enfant aussi jeune entrer seul en pleine nuit. Puis leur expression a laissé la place à de l’incompréhension et de la terreur en voyant l’état dans lequel je me trouvais. Ne comprenant pas la raison de leur trouble, j’avais suivi leur regard.

Du sang et de la boue. Partout. Malgré la pluie par laquelle je venais de passer.

Mon cœur s’est mis à battre plus vide. Ma vue s’est brouillée. Je ne comprenais plus rien. Je voulais qu’on m’aide. Quelqu’un manquait. Oui. Je m’en souvenais. Il manquait quelqu’un. Cette personne aurait dû être avec moi au commissariat. 

Mais qui ?

Du brouhaha. On m’avait emmené pour m’aider à nettoyer mes vêtements.

« Qui es-tu ? » me demandais-je. Qui donc ? Un homme. Une femme. Peu importe. Je ne sais plus.

Cet adulte m’a conduit quelque part dans le bâtiment, mettant de l’eau chaude sur mes mains et mes pieds.

« Comment te sens-tu ? »

« Que t’est-il arrivé ? »

« Où sont tes parents ? »

« D’où viens-tu ? »

Autant de questions dont cette personne m’assaillait. Je restais silencieux, gardant les yeux rivés au sol. Le sang dilué s’écoulait à mes pieds. Il était chaud.

La nausée m’envahit. Le liquide rouge. C’était la faute de ce liquide rouge.

Il y en avait tant.

 Partout.

Partout.

Mes pensées n’étaient pas claires. Envahies, désordonnées, détruites à petit feu. Une peur irrationnelle naissait en moi. Quoique… Je ne craignais pas vraiment cette couleur, mais plutôt ce qu’elle signifiait. Oui, ça devait être ça. De retour à l’entrée, assis et sec, incapable de dire un mot, je restais là, attendant qu’on m’aide. D’une façon ou d’une autre. Chaque détail de la scène me revenait en mémoire. Comment j’étais là, grelottant, amnésique. Le regard des forces de l’ordre et des quelques civils présents. Leurs chuchotements.

« Salut, petit. »

Un homme venait de me rejoindre. La tête toujours baissée, je ne voyais pas son visage. Il m’a tendu une friandise. Mes yeux se sont posés dessus quelques instants. Je n’avais pas faim. Mais, allez savoir pourquoi, je l’ai quand même prise. J’ai levé la tête. Il avait la trentaine, les cheveux bruns remontés en queue de cheval. Et surtout, des yeux noisette étincelants de gentillesse. Immédiatement, j’ai commencé à me sentir un peu mieux.

-         Tu peux manger sans crainte. Fais-moi confiance !

Sur ces mots, il m’a souri avec bienveillance en prenant place juste à côté, sortant une autre friandise et la mangeant avec appétit.

-         Je crois que j’aime un peu trop les sucreries, a-t-il plaisanté.

Puis, il s’est mis à bavarder avec moi, comme si j’étais son ami. En me racontant des choses sur sa vie. C’est là que j’ai appris son nom, qu’il avait une femme magnifique (ses mots) et un formidable enfant de mon âge environ, mais très malade en ce moment. Il devait finir son service au commissariat avant de rejoindre sa famille à l’hôpital. Cet homme parlait beaucoup. Enormément. Pendant son discours, j’étais suspendu à ses lèvres, stupéfait. En plus, pour mon plus grand bonheur, il n’accordait pas le moindre regard à mes vêtements sales et tâchés de sang. Sauf une fois, vérifiant si je n’étais pas blessé.

-         Je suis content de voir que tu n’as rien, petit.

Voilà. Pas de questions.

-         Th… Thomas, ai-je enfin réussi à murmurer.

Mon interlocuteur m’a lancé un regard, surpris que je lui donne mon nom. Moi aussi je l’étais. Avec lui, je me sentais… en sécurité.

-         Thomas Aiden.

À ces mots, l’homme m’a souri :

-         Enchanté, Thomas.

Puis il a fait signe à un des types qui nous regardait. Quelques secondes plus tard, ce dernier a donné un drap à l’homme en face de moi, qui a entrepris de me recouvrir avec, non sans une certaine délicatesse.

Mes tremblements se sont aussitôt calmés.

-         Ça a l’air d’aller mieux, on dirait, a observé l’homme.

Il a jeté un œil autour de lui avant d’ajouter :

-         Tu veux qu’on aille ailleurs pour discuter un peu ?

Les gens continuaient de me regarder, alors j’ai hoché la tête.

C’est alors qu’il a commencé à se diriger dans un couloir, avec moi sur ses talons. Pendant la traversée, je m’efforçai de rester le plus proche de cet homme, essayant d’éviter les regards des autres adultes. Un peu plus tard, nous nous trouvions dans une pièce, éclairée par une seule lampe, plus que suffisant vu la petitesse de l’endroit. Il y avait bien des fenêtres assez larges, mais l’éclairage de l’extérieur ne servait pas à grand-chose, et la nuit n’aidait pas beaucoup. Dans un coin de la pièce, un canapé assez spacieux pour trois ou quatre personnes, avec une petite table devant. Sans doute un genre de salle de repos. Le membre de la police, après avoir fermé la porte, m’a proposé de m’asseoir sur le canapé. Ceci fait, il m’a imité tout en gardant une distance respectueuse. Il a plongé son regard dans le mien.

-         Ecoute, a-t-il dit d’une voix douce. Je suis là pour t’aider, d’accord ? Si tu veux me parler, n’hésite pas.

Avant que je ne puisse répondre quoi que ce soit, il a enchaîné avec :

-         Evidemment, tu n’es pas obligé. Fais comme tu le sens.

Je tremblais beaucoup moins à présent, mais j’avais toujours ce sentiment de profond malaise en moi, une peur qui ne faisait aucun sens. Instinctivement, j’ai jeté un rapide coup d’œil à la fenêtre.

Personne.

Le père de famille continuait de m’observer en silence ; peut-être essayait-il d’obtenir des informations par sa seule analyse. Qu’il y soit arrivé ou pas, je ne le savais pas à l’époque. Sentant qu’il se montrait un peu insistant, il a détourné le regard.

-         D’accord, ai-je finalement lâché.

L’expression de mon interlocuteur n’a pas changé.

-         Bien. Alors, Thomas, que fais-tu ici à une heure aussi tardive ?

J’ai réfléchi, essayant de rassembler mes souvenirs. Le problème, c’est que plus je cherchais, plus j’avais l’impression de m’éloigner de mon objectif ; un peu comme lorsque l’on essaie de se souvenir d’un rêve. En revanche, à cet instant, ce sentiment était encore plus puissant.

-         Je… Je ne m’en souviens pas.

L’homme a levé un sourcil.

-         Vraiment ? Tu n’as aucune idée de la raison de ta présence ici ? Ni pourquoi tu es dans cet état ?

J’ai fourni un effort supplémentaire. Rien. Rien du tout. Frustré et, surtout, complètement perdu, je me suis pris la tête dans les mains.

-         Je ne sais plus. Pourquoi je ne sais plus ?

Mon cœur s’est accéléré. Les tremblements ont repris. J’avais de plus en plus de mal à respirer.

-         Pourquoi ?

Je suffoquais.

-         Pourquoi pourquoi pourquoi ?! répétais-je. 

Voyant ma panique grandir, l’homme s’est approché de moi. D’un geste alliant douceur et fermeté, il m’a pris par les épaules et m’a regardé droit dans les yeux.

-         Tommy. Tout ira bien, m’a-t-il assuré.

Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis tout de suite calmé. Son aura rassurante me réconfortait avec une grande facilité. En quelques secondes, j’ai repris mes esprits.

-         Comment vous avez fait ? lui ai-je demandé, déconcerté.

Mon vis-à-vis a souri de fierté.

-         C’est un genre de pouvoir que j’ai, hé hé !

Je l’ai regardé.

-         Vous êtes bizarre.

Le vieux a fait la moue, le rendant encore plus bizarre au passage.

-         Tu es jaloux, c’est tout.

-         Non !

-         Je te dis que si !

J’allais de nouveau protester, mais j’en fus incapable. J’ai laissé échapper un petit rire à la place. Il n’y avait pas à dire, cet homme était vraiment doué pour me faire me sentir bien, malgré la situation. Puis, il a tout de suite repris son sérieux.

-         Si j’ai bien compris, tu ne te souviens d’absolument rien, avant d’entrer ici.

J’ai hoché la tête de dépit.

-         J’ai juste… peur.

L’homme a eu l’air de réfléchir.

-         Pardon de pas pouvoir vous en dire plus.

Il a secoué la tête.

-         Ne t’en fais pas pour ça. En fait, je pense avoir un début de réponse à ta situation.

Je l’ai regardé sans comprendre.

-         Je pense, a-t-il déclaré, que tu as fait… Non. Plutôt vu quelque chose que tu n’aurais pas dû voir.

-         Comment… ça ? Je m’en serais souvenu si…

-         Ce collier que tu as, tu ne sais pas d’où le tien, non plus ?

Maintenant que j’y repense, à ce moment-là, cet homme m’avait coupé la parole un peu trop abruptement ; comme s’il voulait changer de sujet aussi vite que possible. En soit, c’était peut-être le cas.

Evidemment, sur le coup, je ne m’en suis pas rendu compte. Surtout quand il a évoqué mon pendentif. Celui que j’ai gardé des années après.

-         Papa et maman.

Ces mots s’étaient extirpés de ma bouche sans nécessiter de la moindre réflexion. Il s’agissait bien de la seule chose dont j’étais certain. L’homme a souri.

-         C’est un très beau bijou, quoiqu’un peu inhabituel sur un enfant.

La pierre rouge, pas plus grosse qu’une noix, reposant sur un socle attaché à mon cou par une succession de mailles noires, semblait briller de mille feux dans la pièce. Mon regard s’est perdu dans les cristaux écarlates de pierre, j’étais comme hypnotisé par sa beauté. Guidé par l’instinct, j’ai saisi la pierre dans le creux de ma main, avant de serrer le poing. J’ai eu la sensation qu’une main me caressait la joue. Mes doutes. Mes peurs. Mon angoisse. Tout disparaissait peu à peu.

L’homme, qui m’observait en silence depuis un moment déjà, a brisé le calme de la pièce :

-         Oui, il n’y a pas à dire. Cet objet vient bien de tes parents.

Je me suis senti bien, mais également horriblement honteux. Je ne me rappelais même pas d’eux, ni de leur visage ou de leur voix… Rien. Comment avaient-ils pu offrir un tel cadeau à un enfant incapable de se souvenir de ses propres parents ?

-         Ne te prends pas la tête avec ça, m’a conseillé l’homme, comme s’il lisait dans mes pensées.

J’ai relevé la tête.

-         Ce n’est pas de ta faute si les souvenirs te manquent. Je suis sûr qu’ils comprendr… (Il s’est arrêté d’un coup, avant de se reprendre.) Enfin, qu’ils comprennent.

Mu par un pressentiment étrange, je lui ai demandé où est-ce qu’ils étaient. Mon interlocuteur est resté silencieux quelques instants.

-         Tu veux bien rester ici ? a-t-il fini par demander. Il faut que je vérifie quelque chose. (Il m’a souri en voyant mon expression.) Je me dépêche.

-         Promis ?

-         Promis.

Ainsi, il a quitté la pièce, me laissant seul sur le fauteuil, emmitouflé dans mon drap et serrant le pendentif de toutes mes forces. Encore une fois, j’essayais de me souvenirs de mes parents, de la moindre chose, peu importe à quel point cela pouvait être stupide. Pas grave, me disais-je, j’allais les revoir dans peu de temps, alors aucun souci. Quant au sang sur mes vêtements… ça ne pouvait pas être si grave, hein ? Au bout d’un moment qui m’a semblé interminable, j’ai cédé à ma curiosité innée et me suis dirigé vers la porte. Juste avant de l’ouvrir, des voix me sont parvenues de l’autre côté :

« Tu as entendu ce qui est arrivé aux Aiden ? 

-         Ne m’en parle pas, a répondu quelqu’un. Tu m’étonnes que le petit se soit retrouvé dans cet état.

-         Non mais tu as vu ce que…

Il s’est tu d’un coup, sans doute à cause de son partenaire.

-         Chut, a fait ce dernier. Le gamin est dans les parages, je te signale !

-         Et il vous a probablement déjà entendu, a fait une troisième voix que j’ai tout de suite reconnue.

Les deux autres ont fait ce qui ressemblait à un cri de surprise.

-         Désolé monsieur, ont-ils bafouillé, on ne voulait pas…

Leur interlocuteur s’est contenté de soupirer avant d’ouvrir la porte, me découvrant sur le seuil. Pendant un instant, lorsque nos regards se sont croisés, il avait une mine sombre. En une fraction de seconde, il s’est ressaisi, arborant un sourire réconfortant.

-         J’ai été rapide, pas vrai ?

Ce sourire. Il était faux.

En voyant à mon expression que je n’étais pas tout à fait convaincu par son humeur, il a essayé de me dire quelque chose, se ravisant à la dernière seconde.

-         Vous les avez revus ? Est-ce qu’ils vont bien ?

Je crois bien qu’à cette époque, j’avais justement tourné la question sous ce sens parce que je commençais peut-être à me douter qu’un truc n’allait pas. Mon interlocuteur m’a regardé droit dans les yeux.

-         Oui, m’a-t-il assuré. Disons juste… qu’ils ne sont pas là pour le moment.

-         Pas là ? répétais-je. Mais… mais pourquoi ? Qu’est-ce que je vais faire ?

La panique faisant peu à peu surface à nouveau, les questions commençaient à affluer dans ma tête. Le petit garçon que j’étais ne comprenait plus rien. Jamais il n’aurait pu s’en sortir seul durant… l’« absence » de ses parents. Est-ce qu’ils m’avaient vraiment abandonné ? Comme ça ? Il s’agissait du genre de chose que je me demandais, pendant que des larmes se mettaient à couler sur mes joues. Incapable de me retenir, j’ai pleuré face à l’abandon de ma famille, convaincu d’être seul au monde. Plus rien ne comptait pour moi, plus rien n’importait. Je voulais juste rester là, et pleurer. Pleurer encore. L’homme est d’abord resté silencieux, une expression mélangeant tristesse et culpabilité ; puis, doucement, il s’est agenouillé jusqu’à atteindre mon niveau. Enfin, ignorant l’état déplorable dans lequel je me trouvais, il m’a pris dans ses bras. Une douce chaleur m’a envahi, arrêtant mes pleurs d’un seul coup. Surpris par son étreinte soudaine mais ô combien bienveillante, je n’ai pas pu réagir. Et je crois bien… que je ne le voulais pas. Après quelques secondes, il s'est détaché de moi, puis a entrepris d’essuyer mes larmes.

-         Tu n’es pas tout seul, m’a-t-il promis.

Je suis resté silencieux, incrédule.

-         Je ne laisserai pas cela arriver.

-         Comment… comment ça ? avais-je réussi à articuler, la gorge encore tremblante de chagrin.

L’homme a posé sur moi un regard plein de tendresse, comme s’il… Comme s’il regardait son propre fils.

-         Thomas, que dirais-tu de laisser notre famille t’accueillir, le temps de l’absence de tes parents ? Je veux dire, Maxwell sera content d’avoir un autre enfant avec qui jouer et ma femme Nerva sera plus que ravie ! (Il s’est gratté la tête, gêné.) Bien sûr, on vient de se rencontrer, je comprendrais que tu ne veuilles pas…

Cette fois, c’est moi qui l’ai pris dans mes bras.

-         Tu as de la force, pour un enfant ! a-t-il commenté.

D’abord, il n’a rien fait, puis il a posé une main sur ma tête.

-         Je vais prendre ça pour un oui, alors.

J’ai levé la tête. Nos regards se sont croisés pendant qu’il disait ces mots :

-         Bienvenue chez les Raittor, Tommy.

Là-dessus, nous avons repris notre embrassade. Je me sentais bien, véritablement soulagé d’avoir pu trouver un foyer malgré mon amnésie, malgré l’absence de ma famille. Le petit Thomas Aiden était aux anges… Jusqu’à ce qu’il regarde par la fenêtre.

Des iris rouges dans la pénombre.

Brillants dans le noir.

Bouillonnants de rage.

Exactement les mêmes que ceux qui me regardaient dans le présent, dans une ruelle de Shibuya.

J’y avais repensé pendant des années, sans véritablement savoir si j’avais rêvé ou non. Maintenant, j’en avais la certitude.

-         Cette nuit au commissariat… C’était toi.

Le nouveau venu a hoché la tête.

-         Ce… Hélio Raittor n’a pas perdu son temps pour te prendre sous son aile, a-t-il dit avec amertume. Quitte à mentir pour ça.

Quand Seth a plongé ses iris dans les miens, il a ajouté :

-         Tu ne crois toujours pas que je suis ton frère.

Malgré notre ressemblance flagrante, vu tout ce que j’avais vécu, il avait raison. Il aurait pu être je-ne-sais-quel monstre ou ennemi avec le pouvoir de prendre l’apparence d’autres personnes. Ceno également me ressemblait également comme deux gouttes d’eau, même si son cas devait être un peu spécial. Comment être sûr de quoi que ce soit ? Un soi-disant frère jumeau ? Vraiment ? Où est-ce qu’il était durant toutes ces années ? Pourtant…

-         Si mon visage ne suffit pas, ceci devrait peut-être achever de te convaincre.

Sur ces mots, Seth « Aiden » a mis la main dans son haut, avant d’en ressortir quelque chose qui m’a dérouté plus que je ne l’étais déjà.

-         Oui, c’est bien ce que tu penses.

Un pendentif, ressemblant en tout point au mien, excepté pour les couleurs. Au lieu d’être noires, les mailles de la chaîne étaient blanches, se terminant par une pierre précieuse d’un magnifique bleu électrique, aussi éclatant que le rouge de la mienne. Je ne savais pas quelle tête je faisais, mais Seth a eu un petit rire. Sauf que moi, étant ce que j’étais, je n’ai pas pu m’empêcher de douter. Certaines choses restaient inexpliquées.

-         Si tu es bien ce que tu prétends… Pourquoi ne nous as-tu pas rejoint ?

Je n’ai pas précisé que je parlais toujours de cette soirée au commissariat, mais cela s’est avéré inutile ; il a tout de suite compris.

-         J’ai essayé, mais… on m’en a empêché. Aussi, (Son regard s’est durci), je ne voulais pas gâcher ton entrée dans ta nouvelle… famille.

Avant que je ne puisse répondre, Seth a craché :

-         Tu semblais si à l’aise sans ton petit frère. Si… heureux.

Mon cerveau tournait à cent à l’heure.

-         Tu ne crois quand même pas… que je t’ai abandonné ?

Il n’a rien dit, répondant ainsi à ma question. 

-         Pas juste cette fois-là, a-t-il repris quelques secondes plus tard. Un autre jour, j’ai essayé de prendre contact avec toi.

-         Impossible, ai-je contesté. Je m’en serais souvenu !

C’était vrai ça. Ma mémoire ne pouvait pas me jouer des tours à ce point !

-         Et pourtant, non, tu es toujours incapable de te rappeler. Ce qui est particulièrement étrange, vu le résultat de notre rencontre.

Je ne voyais toujours pas de quoi il parlait.

-         Qu… Que s’est-il passé ?

Poussant un soupir, Seth a passé la main dans ses cheveux noirs. Mon cœur battait de plus en plus vite, redoutant ce qu’il allait répondre. Mon cerveau carburait toujours, fouillant le plus profondément possible dans ma mémoire, sans parvenir à quoi que ce soit. Ceno, de son côté, restait silencieux. Quand nos regards se sont croisés, le sourire dangereux de Seth avait disparu.

-         Oh, c’est simple. Tu as juste essayé de me tuer.

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