L'Envol

Chapitre 5 : Continuité

1389 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 04/07/2019 20:07

Finalement, je passais le temps avec un livre trouvé non loin.


 A minuit, je ne dormais toujours pas. À bout, je me redressais brusquement en fixant la fenêtre d'un regard meurtrier. Pourtant, la lueur qui en émanait n'était pas trop désagréable. C'est juste qu'il me fallait quelque chose contre lequel diriger ma frustration. Je soupirais. Visiblement, c'était reparti pour un petit tour nocturne. 

 Posant les pieds sur le plancher, je grimaçais quand le bois craqua. Ça n'allait pas être très discret. Je m'habillai rapidement puis sorti dans le couloir et prit le temps de m'arrêter pour écouter. Aucun bruit. Ouf. Je descendis au deuxième étage. Toujours rien. Puis au premier. Honnêtement, c'était celui-là qui me faisait stresser. Mais toujours rien. Rassurée, je descendis au rez de chaussée puis sortis. Je constatai avec ravissement que le ciel était dégagé et qu'on pouvait admirer la lune et les étoiles. Peu à peu, la brise nocturne me détendit et, mon objectif atteint, je décidai de rentrer. 

  Je remontais au premier étage. Soudain, devant l'escalier en colimaçon, je remarquai une silhouette adossée. Aïe. Livaï. Au passage, je remarquai que les deux mots rimaient. Pff, c'était bien le moment. Il me lança froidement :


- On peut savoir ce que tu fais hors de ta chambre à une heure du matin ?


 Plusieurs réponses se bousculaient dans mon crâne. J'hésitais entre : "Je ne savais pas que j'étais restée aussi longtemps !", "Je peux vous retourner la question.", et "Ce n'est pas vos affaires". Malheureusement, aucune des trois ne convenait.


Alors ? s'impatienta-t-il.


- Je n'arrivais pas à dormir, lâchais-je simplement.


 Il me fixa pendant une ou deux secondes de ses yeux bleus glaciaux avant de tourner les talons en lâchant :


- Essaie de faire moins de bruit la prochaine fois.


 Je le regardai s'éloigner, un peu abasourdie. Je ne pensais pas avoir fais tant de bruit que ça pourtant. Je balayais ces pensées et m'engageait dans le colimaçon. Je manquais de tomber plusieurs fois. Si passer dehors m'avait calmée, la conversation avec Livaï avait anéanti ce calme.


- Pff ! pestai-je. Ça doit être dans son caractère !


 J'entendis alors un bruit de pas qui s'éloignait en bas. Oups ! Il avait entendu. Bon, ben j'espérais qu'il aurait oublié demain, même si une petite voix dans ma tête me soufflait que c'était pas gagné. Je retournais alors me coucher et parvint finalement à m'endormir. 


 Le lendemain matin je fus réveillée de bonne heure par le lumière vive de la fenêtre, donc, en fait toute délicatesse, mon premier mot fut " Putain !"


 Lorsque je sortis dans le couloir j'aperçus Sacha et la rejoignit. Elle me lança, enjouée :


- Bonjour ! Bien dormi ?


- Non.


 Devant mon manque d'enthousiasme elle parut hésiter, puis reparti sur un autre sujet :


- Tu sais qu'aujourd'hui ils nous attribuent nos chevaux ?


- Non, je savais pas... Tout de suite ?


 Secouant sa tête brune, elle me corrigea :


- Non, dans une heure. Après, on aura une heure pour se familiariser avec eux avant de suivre un cours sur la tridimensionnalité à cheval.


- Ah, oui, c'est vrai... soufflai-je. On a pas tellement abordé ça à l'entraînement.


 Nous descendimes prendre notre petit déjeuner. Une heure après, nous étions devant l'écurie, à attendre notre cheval que nous présentait chacun son tour un officier nommé Dita Ness.


 Pour ma part, je fit connaissance avec un hongre noir nommé Ewar. Je le saluais en le laissant sentir ma main afin qu'il me reconnaisse.


 Une demi-heure plus tard nous partîmes vers le terrain d'entraînement avec nos chevaux sellés afin de les échauffer. Lorsque notre entraîneur arriva je ne fus pas surprise de découvrir le Caporal Livaï accompagné d'Hansi.


 J'avais pas mal pratiqué l'équitation par le passé, mon père possédant un cheval. J'étais donc à l'aise en selle et heureuse de retrouver ces sensations. Visiblement ce n'étais pas le cas de tout le monde. Au début de l'entraînement certains de mes camarades n'étaient pas rassurés. Je souris légèrement en revoyant la tête de Conni. Je reconcentrais mon attention sur le Caporal lorsque celui-ci pris la parole :


- Bon, comme vous l'avez compris c'est moi qui vous entrainerai aujourd'hui. J'espère que vous avez déjà commencé à voir la tridimensionnalité à cheval à l'entraînement ?


 Comme personne ne répondait, car nous étions tous intimidés, il braqua ses yeux durs sur le pauvre Jean, au premier rang :


- J'attends une réponse.


- Euh... Tout de suite, Caporal ! Nous l'avons un peu vu.


- Suivez-moi, nous ordonna simplement Livaï.


 Nous arrivâmes à la lisière de la forêt. Livaï nous expliqua l'objectif :


- Vous allez galoper le long de la lisière de la forêt, puis vous essaierez de vous mettre en équilibre sur la selle puis de vous accrocher à un arbre pour s'envoler. Exécution.


 Nous nous mîmes en file indienne pour passer. Lorsque vint mon tour, je lançais Ewar au galop le long des arbres. J'avoue essayer de frimer un peu en allant aussi vite, je ne suis pas sûre de réussir. Précautionneusement, je me mis en équilibre accroupie sur la selle, puis cherchait un arbre du regard. Ayant trouvé la cible, je lançais mon grappin. À ma grande satisfaction il se planta en plein dans le tronc. Bon en même temps vu la taille de ce dernier, ce n'était pas trop dur. Trop satisfaite de ma réussite j'oubliais où j'allais et me rendis soudain compte que je fonçais sur Livaï, posté sur un arbre proche pour mieux observer. Impossible de m'arrêter. Quand j'arrivais sur lui il...


 ... s'écarta juste d'un pas sur le côté, et je me prit le tronc en pleine face. La douleur explosa dans mon nez, mais je l'ignorais le temps de me tourner vers Livaï en lançant :


- Mais vous êtes malade !


Pas plus ému que ça, il répliqua :


- Ça doit être dans mon caractère.


J'en restais bouche bée. Il m'avait laissé me prendre un arbre parce que...


- Ton nez saigne, remarqua-t-il. Tu devrais aller à l'infirmerie. Tes camarades de chargeront de ramener ton cheval.


Estomaquée, je me retins de grommeler une injure de peur qu'il ne l'entende encore une fois. Mais c'est quand même à cause de lui que je me suis pris cet arbre ! Je m'éloignais rapidement avant de me rendre à l'infirmerie.


Quand j'entrais, Hansi étais en grande discussion avec l'infirmière à propos de seringues. Je toquais à la porte avant de m'excuser :


- Euh, bonjour... Oh, excusez moi Hansi, je ne voulais pas vous déranger...


Je me tus en m'apercevant que je l'avais appelée par son prénom. Je commençais à m'excuser quand elle m'arrêta d'un geste :


- Ça ne fais rien, ne t'inquiètes pas, tout le mode m'appelle comme ça ici. Enfin, reprit-elle pensive, sauf Livaï. Lui, c'est "la binoclarde".


- Ah... bon, merci.


- Mais, s'exclama t-elle soudain, comment tu t'es fais ça ?!


- Je me suis pris un arbre.

- Pourquoi ?


- Parce que le Caporal Livaï s'est écarté.


- Hmm. Ça ne m'étonne pas de lui.


Elle se tourna vers l'infirmière :


- Merci Anna, je vais m'en occuper, tu peux y aller.


La femme s'esquiva silencieusement. Hansi reprit :


- Je vais lui en toucher deux mots. Il se met à laisser les nouvelles recrues s'écraser dans les arbres, maintenant ?!


Peu désireuse que Livaï lui donne ses raisons d'agir, je tentais un :


- Vous n'êtes pas obligée...


Elle me dévisagea :


- Tu es sûre ?


- Oui.


- Bon, comme tu veux ! Viens, je vais m'occuper de ton nez.


Quelques minutes et un pansement plus tard, je sorti de l'infirmerie. Je décidais de monter dans ma chambre en attendant que les autres aient terminé leur entraînement. Nous partirions demain pour Trost. Autant préparer mes affaires.

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