L'Envol

Le lendemain, nous partîmes assez tôt le matin pour arriver vers midi à Trost. Nous arrivions dans le cadre de l'opération de riposte contre les titans, donc Eren et Conni montèrent directement sur le Mur. Quand à moi, je dû rester au QG avec les autres, mais j'observais attentivement la suite des événements. Brusquement, un éclair jaune illumina le ciel, puis il apparut. Le Titan Colossal.

Je connaissais les ordres pour la suite : dès que la cloche sonnerait, nous devions nous rendre au QG pour reçevoir les ordres de la riposte et les habitants devaient être évacués. En haut du Mur, le Titan Colossal balaya l'artillerie fixe avec son bras. Le salaud !... Je me rendis soudain compte que j'entendais des cris :

- La porte extérieure a été détruite !

Effectivement, il ne restait qu'un énorme trou à la place de la porte. C'était mal barré... Ensuite, je remarquais que le combat chauffait en haut du Mur. Mais brusquement, un énorme nuage de vapeur apparut et entoura la silhouette du géant. Quand le nuage se dissipa, le colosse avant disparu.

Quoi ?! Ce n'est pas possible ! Un Titan de cinquante mètres ne peut pas disparaître en un claquement de doigts ! La cloche sonnait et je me rendis au QG.

Nous étions alignés dans la cour du QG, devant un soldat aux yeux enfoncés qui commença son discours :

- Comme à l'entraînement ! Toutes les escouades vont se séparer et se mettre sous les ordres de la garnison, pour aider au ravitaillement, à la transmission d'informations, et bien sûr à l'élimination des titans ! À l'avant serons postées les escouades de contre-offensive. Au milieu, les brigades d'entraînements dirigées par les brigades de soutien ! Et à l'arrière, les escouades d'élite de la garnison, qui aideront à l'évacuation ! Pour votre information, d'après nos éclaireurs, l'avant-garde à été anéantie ! La porte extérieure détruite, ça signifie que le Cuirassé peut arriver à tout moment et détruire la porte intérieure !

J'entendis des murmures choqués autour de moi, mais qui se calmèrent assez rapidement. L'homme continua en nous expliquant l'objectif : protéger le Mur Rose à tous prix jusqu'à ce que l'évacuation des civils soit terminée. Nous fûmes alors libres d'aller nous préparer.

Je passais devant des soldats terrifiés, qui vomissaient, qui pleuraient, jusqu'à une altercation entre Jean et Eren. Mais visiblement, ce dernier sut trouver les bons mots, car les soldats retrouvèrent un peu de courage, les têtes se relevèrent. Évidemment, beaucoup n'en reviendraient pas.

Une demi-heure plus tard, j'étais avec mon escouade, en place sur un toit. À quelques maisons de là était postée l'escouade d'Eren. Je regardais les membres de mon escouade. Nous étions six. Lesquels survivraient ? J'entendis un cri :

- Escouade 34, vous pouvez y aller !

Ce serait bientôt à nous. Quelques minutes plus tard, nous recevions l'ordre d'y aller. Nous fonçâmes à la suite de l'escouade 34. Je n'eus pas à attendre longtemps pour voir les premiers titans. Merde. Déjà si nombreux ?! Nous avancions en formation moyennement serrée. Aussi nous eûmes tout juste le temps de nous retourner au cri de Yann, le membre le plus faible et posté à l'arrière, avant de le voir se faire dévorer vivant. Un macabre décompte commença dans ma tête. Plus que cinq. Ethan, devant, accéléra carrément, comme pour s'éloigner de la mort de son camarade. Au même moment, un titan surgit d'une maison, et n'eus qu'à ouvrir la bouche pour le gober. Quatre. Ella, sans doute proche du garçon, fit un large demi-tout derrière le titan :

- Noooooon !

J'eus à peine le temps de lui crier :

- Ella, non ! Ton grap...

Trop tard. Elle s'arrêta net à une dizaine de centimètres de la nuque du Titan avec une exclamation de surprise. Le monstre n'eut qu'à se retourner pour la saisir dans sa main et lui arracher la tête. Trois. J'ordonnais aux autres :

- Continuez !

C'était ça ou nous mourrions aussi. Je me plaçais devant, Jenna à l'arrière droite et Loïc à l'arrière gauche. Nous dirigions vers un trio de Titans à un pâté de maisons. Deux de dix mètres et un de cinq mètres. Jenna trancha en un coup la nuque du plus petit, quand soudain Loïc cria. Un de dix mètres était en train de l'enfourner dans sa bouche Jenna et moi nous précipitâmes pour trancher les doigts du monstre, mais même si on libéra Loïc, c'était trop tard. Il avait déjà perdu la jambe et la moitié du bras gauche. Il était condamné. Deux. Deux contre deux titans de dix mètres. On était mal barrés. Je tentais tout de même de contourner le titan de gauche, tout en criant à Jenna de s'occuper de l'autre. Soudain...Quoi !? Le titan de gauche m'ignorait et se saisit de Jenna, qui venait juste de tuer l'autre. Je le sus avant même qu'elle se fasse écraser dans la main géante. Une. J'accélérais en décrivant un arc de cercle serré et plantais mon grappin dans le titan avant de lui trancher la nuque.

Je baissais les yeux sur les restes de Jenna. Il fallait que je bouge ou je risquais de mourir aussi. Je pris tout de même le temps d'adresser un adieu silencieux à mes anciens coéquipiers morts, puis m'envolais.

Je m'élançais. Je commençais à basse vitesse, cherchant du regard les titans. J'en repérais un une vingtaine de mètres devant moi. J'accélèrais, plantais un de mes grapins dans un clocher légèrement sur le côté et utilisais l'inertie pour accroître ma vitesse et trancher la nuque en un coup. Je remontais tout aussi vite et décrochais mon grappin pour flotter un peu en l'air. De haut je répétais un autre titan qui se marchait à quelques rues de là. Instinctivement, j'utilisais mes deux grappins pour accroître ma vitesse et foncer sur sa nuque. 

Oups. Je m'aperçus qu'il se retournait. J'allais m'écraser dans sa bouche. Comme Ethan. J'étais lancée à pleine vitesse. Comment faire ?

Soudain, j'eus une idée. Je me penchais légèrement tout en réduisant le gaz. Faites que ça marche, faites que ça marche... Ça marcha. Je passais à côté de la supposée jambe du titan en rasant le pavé, décrochais mes deux grappins, en plantais un dans sa nuque en faisant un brusque demi tour puis tranchais dans sa zone sensible. Le monstre de cinq mètres s'affala au sol. J'en aperçu un troisième à une cinquantaine de mètres. En regardant plus précisément, je me rendis compte que le titan tenait un humain dans sa main, qui se rapprochait de plus en plus de sa bouche.

Merde !

 Je ne pouvais pas laisser une autre mort comme celle de mes coéquipiers se reproduire. J'actionnais la pleine vitesse et fonçait. Je slalomais dangereusement entre des toits et cela m'empêcha de voir la grosse poutre qui arrivait. Je me la prit presque dans le ventre, mais je me laissais tomber en me pliant en arrière et reçu juste un gros coup dans l'épaule, mais qui me déséquilibra. Une flopée de jurons plus tard, mon dos raclais presque le sol et il me fallut tout la concentration du monde pour trouver un plan. J'avais repéré le bâtiment parfait, tout était en place. Je m'élevais très haut en accrochant mes grappins au sommet d'un clocher, puis coupait le gaz, me laissait tomber sur le côté et réenclenchait la propulsion arrivée à une certaine hauteur. N'ayant toujours pas décroché mes grappins, les filins se coincèrent sous une corniche et firent balançoire. Le sommet de ma balançoire me permit de récupérer l'humain, le retour dans l'autre sens de trancher la nuque du titan. Serrant toujours le rescapé contre moi, je découvris que c'était un jeune soldat, l'air choqué. Je décrochais mes grappins et me posais sur un toit.

- Merci... souffla-t-il timidement.

 Avant de s'accroupir et se mettre à pleurer. Je restais debout, indécise. Fallait-il le secouer ou le laisser déverser son traumatisme ? Finalement, j'attendis une minute ou deux avant de poser la main sur son épaule :

- Euh... Tu devrais rejoindre les brigades du centre. Ici, c'est trop dangereux.

- Je voudrais bien, mais j'ai perdu ma poignée de commande...

 Je parcourus les environs du regard, avant de ramasser la poignée en question, qui avait glissé au bord du toit :

- Tiens.

 Il leva vers moi ses yeux noisette :

- Merci... Merci beaucoup...

- De rien. Fonce vers le centre et ne t'arrêtes pas, d'accord ?

 Il acquiesça et je le regardai s'envoler, encore hésitant. J'espère qu'il s'en sortira... En me retournant vers la porte extérieure, je frissonnais. Des corps jonchaient le sol de chaque rue, enfin, des corps... Souvent des moitiés ou des membres. Quant à moi, j'allais sûrement avoir un bleu à l'épaule mais à part ça je m'en sortais plutôt bien.