Shingeki no Kyojin : A toi qui vis 2000 ans plus tard.

– Qu’est-ce que…

Conny regardait le nouveau Titan qui avait fait son apparition, choqué par la scène à laquelle il venait d'assister. Il fit un pas en arrière, ses camarades qui se trouvaient à ses côtés semblèrent tout aussi choqués. Le Titan Osseux était surgi d'un impressionnant nuage de vapeur pour assener un coup à un de ses semblables. 

 – Le Capitaine… Est un Titan ? osa enfin Reiner, perturbé.

 – Eren, Annie, Ymir et maintenant elle… fit Conny, déconcerté.

Christa regardait le nouveau Titan avant de se pencher en avant, les mains plaqués sur les pierres de la tour.

 – On a peut-être une chance de s’en sortir… ajoutait Bertolt.

 – Ymir, tiens bon ! hurla Christa.

Erina essayait d'évaluer la situation. Ymir, par la taille de son Titan, avait du mal à contrer totalement l’assaut de ses congénères. La tour du fort sur laquelle se trouvaient les recrues se trouvait dans un mauvais état, encore quelques chocs et elle s’écroulerait, les emportant dans sa chute. Elle se dirigeait en courant vers le groupe de Titans qui essayait tant bien que mal d'attraper Ymir, afin de lui porter secours. A deux, il y avait peut-être un espoir qu’ils se sortent d’ici vivant. Mais ils étaient nombreux, facilement une dizaine, tous de tailles différentes. Tandis que le soleil se levait peu à peu, la bataille continuait de faire rage pour repousser l’ennemi.

Le Titan Osseux et le Titan Mâchoire se prêtèrent main forte dans la défense de ce qu’il restait du château, pour protéger leurs camarades. Mais Erina peinait à tenir, elle avait largement dépassé ses limites et ses coups faisaient de moins en moins de dégâts. Elle se fit attraper par deux Titans, un de trois mètres saisissait fermement sa jambe droite afin de planter ses dents dans sa chair. Le second, plus grand, bondit sur elle pour lui mordre l'épaule. Alors qu’elle essayait de se dégager, un autre venait lui saisir sa jambe gauche, commençant lui aussi à lui ronger la chair. Son regard se heurta à Ymir qui continuait à se battre férocement pour sa vie.

 – Elles ne vont pas y arriver… dit Conny en plaquant ses mains sur sa tête. On est foutus… On va tous mourir ici…

Le Titan qui avait planté ses dents dans la chair de son épaule resserra fortement sa mâchoire avant de lui arracher la peau d’un mouvement de tête. Elle puisa dans ses forces pour cristalliser le haut de sa colonne et protéger sa nuque. Elle attrapa le Titan de trois mètres par la tête en faisant ressortir ses os pour lui transpercer le crâne, le balançant plus loin. Erina s’écroula au sol, ses jambes se retrouvant trop blessées pour pouvoir rester debout. Alors que d'autres Titans s'approchaient, elle vint plaquer sa main contre la tour pour s'aider à se relever mais elle n'y parvenait pas. Elle se demandait si ça devait se finir de cette façon, si facilement.

Le Titan Osseux ouvrit en grand sa bouche. Un impressionnant nuage de vapeur émanait de son corps blessé. Soudainement, un cri s’échappa. Un puissant rugissement, à en hérisser le poil et à faire trembler les mortels. Les recrues plaquèrent leurs mains sur leurs oreilles en grimaçant jusqu'à ce que le silence envahisse de nouveau les lieux. Tous les Titans aux alentours s’étaient stoppés dans leurs mouvements. Ils se mirent ensuite à relâcher lentement Erina, qui s’était retrouvée prise au piège. Ils se mirent à plaquer leurs mains sur leur tête en s'agitant avant de finalement se jeter les uns sur les autres, sans retenu. Les Titans se mirent tout à coup à s’entretuer, violemment, sauvagement, sans que personne ne comprenne pourquoi. Ils ne cherchaient plus à attaquer Ymir ni Erina, ils se contentaient simplement de se massacrer, se dévorer les uns les autres. 

 – Que font-ils ? demanda Bertholt.

 – Est-ce à cause du cri ? fit Christa.

 – C’est fort probable… répondit Reiner, confus.

Erina regardait les Titans faire en essayant de se relever. Sa peau ne se régénérait toujours pas, elle était dans un état lamentable. Son regard passa sur la tour qui allait céder dans très peu de temps, il fallait sortir les recrues de là. Alors qu’elle fit un pas vers celle-ci, Ymir, qui semblait avoir entendu ses pensées, bondit pour escalader la tour. Son poids fit vaciller la fortification et elle parvint de justesse à atteindre le sommet pour que les cadets puissent s’accrocher à elle afin de regagner la terre ferme. L’écroulement de la bâtisse forma un écran de poussière tout autour d'eux mais ils étaient sains et saufs. Erina tourna la tête vers les Titans qui s’entretuaient auparavant, non loin, il ne restait plus rien. Juste un tas de chairs et de sang qui se décomposaient dans une nuée de vapeur. Elle voulut faire un pas vers les recrues mais elle se stoppa en sentant des vibrations sous les débris. Des Titans se mirent brusquement à jaillir des débris, des Titans qui avaient été ensevelis plus tôt. 

 – Alors, qu’est-ce que t’attends ?! Débarrasse toi d’eux, boudin ! cria Conny en direction d’Ymir.

Ymir ne réfléchissait pas et s’empressait de sauter sur les créatures à l’apparence humanoïde mais elle fut rapidement contrée et encerclée. 

 – Ymir ! hurla Christa, inquiète.

Et contre toute attente, les Titans se mirent à tomber un à un. Quand Erina relevait la tête, elle constata avec soulagement que les soldats du Bataillon d’Exploration les avaient retrouvés pour leur porter secours. Avec l’aide de la recrue Ackerman ainsi que des autres, il fallut peu de temps pour que l’endroit soit complètement nettoyé des Titans et les cadets, secourus. Elle regardait les Titans s’écraser lourdement sur le sol, un à un, nuque tranchée. Une fois le calme revenu, tous les soldats semblèrent choqués de voir que deux Titans contrôlés par des humains se trouvaient là. Hange se mit en hauteur sur un débris pour faire face à Erina, qui se trouvait encore dans son Titan, à bout de force.

 – Erina ! C’est bon !

Le Titan mit un temps avant de finalement s’abaisser, lentement, pour s’écrouler face contre terre. De la fumée se dégagea soudainement de la nuque du géant et Erina essayait de se hisser tant bien que mal de la chair de celui-ci, le visage complètement marqué et creusé par la fatigue. Elle parvint à se sortir complètement mais elle était dans un sale état. Elle avait plusieurs blessures sur son corps, au niveau de là où elle s’était faite attaquée plus tôt. Elle était entrain de perdre une importante quantité de sang. Elle regardait vers Hange qui s’approchait pour lui porter secours.

 – T’en as mis du temps.

 – Je suis désolée, Erina.

Hange venait redresser Erina contre elle alors que d'autres soldats s'approchaient pour traiter ses blessures. La Capitaine de la 5ème escouade avait tout donné, complètement dépassée ses limites pour fuir le Titan Bestial et porter secours aux recrues.

✹

 – Regarde-moi, Erina., dit un homme. C’est très important.

Mais la petite fille ne parvenait pas à écouter l’homme, son regard se perdait sur les personnes qui l’entouraient. Ils formaient un cercle autour d’eux, Eryck et sa mère se trouvaient ici aussi. Son frère avait un air étrange sur le visage, il semblait vouloir s’approcher mais leur mère l’en empêchait en le retenant par les épaules. Erina parvint facilement à distinguer des larmes apparaître aux bords de ses yeux. Elle se fit légèrement secouer et son attention fut de nouveau complètement portée sur son père qui faisait pression sur ses frêles épaules. Il semblait pressé et nerveux. Le cœur d’Erina frappait violemment contre sa poitrine et sa respiration se faisait de plus en plus rapide. Elle sentait ses larmes arriver et elle disait non de la tête.

 – Je ne veux pas, père.

 – Il le faut !

Le ton qu'il employa la fit sursauter et elle se mit à sangloter de plus belle. Elle venait mettre son poing contre son œil tandis que son père sortait une seringue ainsi qu’un petit flacon d’un boitier en ferraille. Il vint planter l’aiguille dans la fiole pour en extraire le liquide nacré avant de se tourner de nouveau vers Erina. Il semblait l’évaluer quelques secondes avant de venir passer sa grande main sur sa tête, il affichait un sourire qui se voulait rassurant.

 – Pardonne-moi, ma chérie. Mais tu comprendras, il marqua une pause. Nous comptons sur toi, tu aideras à sauver notre monde.

Elle continuait de le regarder, ses larmes ne cessaient de couler sur ses joues rondes. L’homme vint déposer un chaste baiser sur le sommet du crâne de l’enfant avant de saisir son bras. Elle essayait de se défaire de son emprise avant de se tourner vers sa mère. Elle recherchait chez elle du réconfort, de l’aide. Mais elle vit que celle-ci gardait la tête tournée, une main plaquée contre sa bouche pour étouffer ses pleurs, refusant de regarder la scène. Les yeux vairons d’Erina rencontrèrent le regard bleuté de son frère qui baissait la tête, désemparé. Personne n’allait l’aider, personne ne voulait l’aider. Elle regardait de nouveau son père, qui lui fit un signe de tête avant d’approcher l’aiguille de sa peau.

 – Arrêtez, père ! s’éleva une voix.

Tous furent consternés. Eryck repoussait brusquement sa mère et se mit à courir en direction de sa sœur pour la prendre dans ses bras, faisant quelques pas en arrière en la serrant fortement contre lui. Il regardait son père, qui était étonné par son interruption. Il fit un pas vers eux en fronçant les sourcils, approchant sa main pour saisir de nouveau le bras d’Erina.

 – Eryck, que fais-tu ?! Il le faut !

 – Alors choisissez moi, s’il vous plaît !

– Que dis-tu ?!

– Eryck ! fit leur mère, choquée.

– N’infligez pas ça à Erina, reprit le garçon en regardant son père. Je me porte volontaire. J’en serai digne, je vous le jure... Mais laissez Erina en dehors de ça !

Un long silence s’installa dans la grande pièce avant de laisser place à des chuchotements. Erina, qui avait niché son visage contre le torse de son frère, relevait la tête quand celui-ci proposait de prendre sa place. Elle l'observait longuement, encore étonnée. Il la regardait finalement, s’abaissant doucement à sa hauteur. Il vint passer une main sur sa joue rougie et humide, affichant un léger sourire.

– C’est bon, Erina, la rassura Eryck. Tout va bien se passer maintenant.

Erina continuait de le regarder alors qu’il se redressait. Il mit sa main sur le sommet du crâne de sa sœur avant de se tourner vers leur père, qui tenait entre ses mains la seringue encore pleine. Alors que la petite fille voulu faire un pas vers son frère, elle fut tirée en arrière par leur mère qui s’était approchée. Elle prit Erina dans ses bras pour s’éloigner, la maintenant fermement contre elle. Erina regardait son frère qui tendait son bras sans hésiter à son père après avoir échangé quelques mots, les yeux embués de larmes.