Shingeki no Kyojin : A toi qui vis 2000 ans plus tard.

Erina se redressait brusquement et venait plaquer sa main sur sa bouche en se penchant en avant, le cœur au bord des lèvres. Elle avait cette envie désagréable de vomir, mais rien ne sorti. Son estomac était bien trop vide. Pourtant la sensation était bien là et c'en était pénible. Ses souvenirs avaient décidé de lui revenir, ou alors ceux d'Eryck, elle ne savait plus. Une chose était pourtant sûre, elle était complètement perdue. Tout lui revenait et son cerveau ne choisissait pas les souvenirs les plus agréables. Elle restait penchée en avant quelques secondes, l’esprit complètement embrouillé, les yeux embués de larmes. Elle n’avait pas pu sauver Mike, s’était retrouvée face à ce Titan à l’allure de bête et avait dû se transformer pour protéger ses soldats. Mais encore une fois ses décisions avaient coûté la vie à certains de ses compagnons.

Elle sentit le matelas s’affaisser au niveau de ses jambes et elle relevait la tête. Grande fut sa surprise et son soulagement quand elle reconnut, malgré les larmes qui brouillaient sa vue, le Caporal Levi. Alors qu’elle allait prendre la parole, elle se stoppa en le voyant sortir un mouchoir en tissu de la poche intérieur de sa veste du Bataillon. Sans un mot, il l’approcha du visage de la jeune femme pour lui éponger le front. Il avait cette expression impassible sur le visage, cette expression bien à lui. Impossible de savoir ce qu’il pensait et pourtant, Erina se laissait faire avant de venir essuyer ses larmes du bout des doigts.

– Tu es revenu avec de sacrées blessures. Ta régénération s’est à peine finie, alors ne sois pas stupide, essaye de te ménager.

Erina le considérait alors qu'il continuait de tapoter délicatement la peau de son front en la regardant. Il avait probablement remarqué son trouble.

– Tu parles dans ton sommeil, reprit Levi en soupirant. Je ne sais pas en détail ce que tu revis lorsque tu dors mais ça a l’air d’être des souvenirs douloureux.

Elle le regardait de longues secondes alors qu’il abaissait le tissu qu’il tenait entre ses doigts. Elle se mordait fortement l’intérieur de sa joue avant de lentement approcher sa main du bras de Levi pour venir saisir le tissu de sa veste de costume entre son pouce et son index. Il la regardait, il savait pertinemment qu’elle cachait quelque chose et ce, depuis le jour où ils avaient intégré le Bataillon d’Exploration. Et pourtant, elle ne s’était jamais ouverte et continuait de vivre avec son fardeau en silence, quel qu’il soit. Elle en souffrait mais l’avait choisie.

– Je…

Un bruit de porte la coupa et elle vit Erwin qui entrait dans la pièce, vêtu de sa cape du Corps de reconnaissance. Elle n’avait pas la notion du temps, elle ne savait pas depuis combien de temps ils étaient rentrés du Château d’Utgarde et surtout depuis combien de temps elle était en convalescence. La porte se referma derrière le Commandant qui s’approchait du lit après avoir tiré une chaise en bois. Il s’installa dessus et concentra toute son attention sur la jeune femme, l’examinant durant quelques secondes. Elle avait une mine plus qu’affreuse. Ses traits étaient tirés, ses yeux fatigués et elle semblait plus frêle mais aussi fragile qu’avant.

– Comment vas-tu ? l'interrogea le Commandant.

– Bien. Je vais bien.

– Tu as été transporté ici en urgence. Tu étais dans un très mauvais état, il te fallait un médecin sur le champ.

Elle regardait Erwin avant d’abaisser les yeux sur son corps pour évaluer son état. La chair de la plaie qu'elle avait au ventre se refermait tranquillement. Cette lenteur était inhabituelle mais elle savait que c'était lié à sa fatigue et au fait qu’elle dépassait toujours ses limites. Elle passait sa main sur le bandage taché de sang qui enveloppait sa peau avant de relever brusquement la tête vers Erwin.

– Et les autres ?

– Ils sont avec Hange. Ils devraient bientôt arriver.

Un silence s’installa dans la chambre durant lequel Erwin continuait d’examiner Erina.

– Que s’est-il passé, là-bas, Erina ?

Elle le considérait avant de baisser de nouveau ses yeux sur ses mains. Elle se remémorait ce qu’ils avaient vécu avec Mike, le comportement de ce Titan qui était apparu. Elle fermait les yeux quelques secondes, elle était fautive de la mort de son camarade, si seulement elle avait pu anticiper et avait fait le choix de se transformer avant. La main d’Erwin qui se posait sur son épaule pour y faire pression la sortie de ses songes. Elle relevait la tête vers son Commandant avant de finalement répondre :

– Désolée, Erwin, dit-elle. Je n’ai pas réussi à sauver Mike.

Ni Gelgar et Nanaba, pensa-t-elle. Levi parut surpris des paroles de la jeune femme, qu’il regardait pendant de longues secondes avant de finalement détourner la tête. Elle continuait de se mordiller l’intérieur de la joue, la tête abaissée, honteuse.

– Un groupe de Titans se dirigeait vers notre camp, nous avons donc décidé d’évacuer les lieux. Les recrues n’avaient pas d’équipement alors il fallait à tout prix éviter le combat, elle marqua une pause. Mais… D’un coup, ces Titans se sont mis à courir à une vitesse impressionnante, nous n’avions aucune chance.

Erwin continuait d’écouter attentivement son récit. Peut-être espérait il trouver des éléments de réponses, un fragment des vérités qui les entouraient dans ce qu'elle disait.

– Alors avec Mike nous nous sommes dirigés vers eux pour les éloigner des cadets et les tuer, elle le regardait. On s’est perché sur le toit d’une vieille bâtisse abandonné, on était sur le point de repartir mais ce Titan rôdait autour de nous. Au début on pensait que c’était un simple déviant mais il s’est attaqué à la monture de Mike et l’a lancé sur nous., elle baissait la tête. Mes jambes se sont retrouvées broyées par le choc, Mike lui a dévalé le toit et est tombé entre les mains d’un Titan qui se trouvait en contre bas. Tout s'est passé si vite.

Erwin se redressait sur sa chaise et il joignait ses mains devant son visage, l’air songeur.

– Qu’est-ce que c’était ? demanda Levi en la regardant.

– Ce Titan a l’allure de singe était assurément contrôlé par un humain., répondit Erina.

Levi et Erwin tiquèrent aux paroles de la jeune femme.

– Singe ? questionna Levi.

– Qu’est-ce qu’un… singe ? surenchérit Erwin, confus.

Erina les regardait longuement en se pinçant les lèvres avant de porter de nouveau son regard sur ses doigts qu’elle tortillait. 

– Il avait une allure de bête, il était recouvert de fourrure.

Un silence pesant pris de nouveau place et Erina gardait la tête baissée, elle culpabilisait énormément. Si seulement elle avait réagi plus tôt peut être que les choses auraient été différentes.

– Erina ? fit le Commandant en la regardant.

– Je ne cesse de me répéter que si les recrues avaient eu leurs équipements, les choses auraient pu êtres différentes. Peut-être que Nanaba, Mike et Gelgar seraient encore en vie.

– Tu sais très bien pourquoi nous avons fait ça.

– Et à quel prix ?! s’exclama la jeune femme, excédée. Nous n’en sommes pas sûrs !

Erina continuait de considérer longuement Erwin, avant de tourner la tête. Il restait son Commandant et rapidement, elle se mit à regretter le ton qu’elle avait employée. Levi assistait à la scène sans intervenir, il savait que des sacrifices devaient être faits pour avancer.

– Que s’est-il passé ensuite, Erina ? demanda Levi en se redressant.

Alors qu’elle s’apprêtait à répondre, de l’agitation à l’extérieur attira l’attention des trois soldats. Erwin se releva soudainement de sa chaise et s’approcha de la fenêtre pour voir ce qui était la cause de tout ce raffut. Il se tourna vers la Capitaine et le Caporal :

– Des messagers sont arrivés.

Il se dépêchait de quitter la pièce pour rejoindre le Commandant Pixis qui se trouvait à l’extérieur. Erina le regardait partir tandis que Levi se relevait à son tour. Il s’approchait de la porte avant de se tourner de trois quarts pour la regarder, elle peinait à se relever du lit.

– Heureusement que je t’ai dis de te ménager., pesta le Caporal.

Elle le regardait revenir vers lui et elle venait saisir son bras quand il lui tendit. Elle le remerciait d’un signe de tête et ils quittèrent ensemble la pièce. Lorsqu’ils arrivèrent à l’extérieur, Erina lâchait le bras de Levi pour s’appuyer à l’encadrement de la porte de la petite maison dans laquelle elle avait été conduite, sûrement celle du médecin qui s'était occupé d'elle. Les messagers étaient nul autre que Sasha et Sören, deux membres de son escouade. Elle était soulagée de les voir sains et saufs, elle remarquait quelques regards mauvais qui étaient jetés dans sa direction, elle voyait que certains soldats se méfiaient d’elle mais elle essayait de ne pas y prêter attention. Son regard heurta celui de Jean, il était resté en ville auprès d’Erwin et de Levi car il faisait parti des personnes innocentées et le regard qu’il lui portait était rempli d’incompréhension.

– Il n’y a aucune brèche dans le Mur Rose., lâcha Sôren, essoufflé.

– Qu’est-ce que tu racontes ? fit Levi.

Erina regardait Sören, déconcertée.

– En es tu sur ?, demanda le Commandant Pixis, l’air perplexe.

– Oui, monsieur, mais il y a autre chose…, rajouta Sören.

Sasha avalait des grandes gorgées d’eau et Sören essayait tant bien que mal de reprendre son souffle, son regard s’accrochant à celui de son Capitaine, Erina. Jean semblait excédé par le temps que prenaient les deux soldats :

– Craches le morceau !

– Nous nous sommes retrouvés à affronter le Titan Colossal et le Titan Cuirassé., ajouta Sasha, de vive voix. Il s’agit de Reiner Braun et Bertolt Hoover !