Shingeki no Kyojin : A toi qui vis 2000 ans plus tard.

Chapitre 23 : Le temps de l'innocence.

3162 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/12/2021 15:37

Erina laissa retomber sa tête en avant, du sang ne cessait de couler de son nez et de sa bouche, sa lèvre inférieure avait été déchirée par la force des différents coups reçus. Sa joue était complètement enflée et rougie. Elle détourna la tête sur le côté et cracha sur le sol le sang qui s’accumulait dans sa bouche. Elle avait une bonne résistance et les soldats étaient agacés. Sanes avait laissé place à Ralph qui vint saisir le menton de la jeune femme entre ses doigts rugueux pour lui faire relever la tête en la fixant, faisant légèrement pression. Boris tenta un pas timide vers les soldats, nerveux :


– Euh… Je ne pense pas que, commença la jeune recrue.

– La ferme ! cracha automatiquement Ralph.

– Vous n’avez pas honte de frapper une femme ? demanda Erina en regardant Sanes du coin de l’œil. D’autant plus que vous ne parvenez même pas à me tirer des informations.


Soudain, Erina sentit quelque chose lui traverser tout le corps. Comme de l’électricité, qui lui laissa une sensation de fourmillements jusque dans le bout de ses doigts. Elle n’entendait plus rien autour d’elle, tout devint sourd, elle restait seulement concentrée sur ce qu’elle venait de percevoir, là, crispée sur sa chaise. Elle tourna brusquement la tête vers la fenêtre et regardait vers les murs qu’on pouvait apercevoir depuis sa cellule. Le pouvoir de l’Originel avait été déclenché et elle l’avait ressenti dans tout son être. Qu’est-ce qui avait pu conduire Eren à éveiller son pouvoir ? Elle fut arrachée de ses songes par Ralph qui fit encore plus pression sur son visage jusqu’à la faire grimacer, la forçant à le regarder. Il semblait énervé.


– Eh, c’est ici que ça se passe !


Elle le fixait sans répondre alors qu'il leva sa main et la gifla une nouvelle fois. Si fort qu’elle tomba lourdement sur le sol, la chaise en bois se renversant dans sa chute. Elle restait face contre le sol, entre ouvrant légèrement la bouche pour laisser le sang s’évacuer. Chaque coup qu’elle prenait était affreusement douloureux.


– On va rien en tirer…, râla Ralph, excédé par la situation.

– Pfff… Restons en là. On est parvenus à obtenir les noms de ses parents, voyons si on réussis à trouver des informations sur eux, soupira Sanes. Boris, surveille la et verrouille bien la porte.

– O-Oui.


Erina se mit difficilement sur le côté, laissant sa tête retomber sur le sol froid. Elle ne cessait de se demander ce qu'il s'était passé là-bas pour qu'Eren en vienne à utiliser le pouvoir de l'Originel. Ses mains étaient encore enchaînées, il était difficile pour elle de se relever dans ces conditions. Sanes et Ralph furent les premiers à quitter la cellule puis à regagner la porte qui donnait accès aux cachots. Après le claquement de la lourde porte en fer, elle ferma les yeux quelques instants. Ils n’y étaient pas allés de main morte. Quand les Brigades Spéciales souhaitaient obtenir des réponses, ils ne passaient pas par quatre chemins. Elle entendit des pas s’approcher d’elle et elle entrouvrit les yeux, elle distinguait le cadet Boris qui s’était mis à genoux à ses côtés. Il semblait culpabiliser.


– Je.. Je suis vraiment désolé.., dit timidement Boris. Je ne voulais pas..

– Ne t’en fais pas, lui dit Erina. Ce n’est pas ta faute.


Il la regardait, il semblait hésiter quelques secondes avant de passer sa main sous le bras d’Erina pour l’aider à se mettre assise contre le mur qui se trouvait derrière elle.


– Si tes supérieurs te voient faire.., dit-elle. Ne t’en fais pas pour moi, j’ai connu bien pire.

– Je vais vous apporter de l’eau.


Erina se callait un peu plus confortablement et vint mettre son crâne contre les briques froides du mur. Elle fermait les yeux quelques secondes, de la vapeur se dégageait très légèrement de ses plaies Sa régénération prenait énormément de temps mais aussi d’énergie et elle en manquait grandement, elle pestait dans son coin à propos de ça. Elle ouvrit les yeux lorsqu’elle entendit la porte de la geôle s’ouvrir dans un fracas. Levi avait fait irruption dans les lieux et s’était dirigé à grande vitesse vers Boris. Sans attendre, il l’attrapa par le col de sa veste. Boris, prit de peur en voyant le Caporal débouler, fit tomber le verre d’eau qu’il tenait dans sa main.


– Levi, arrêtes, il n’a rien fait., dit Erina en le regardant.

– Justement, répondit sèchement Levi en fixant Boris qu’il tenait toujours. Les Brigades Spéciales me dégoutent, ils se sont toujours cru supérieurs aux autres.

– Il ne pouvait rien faire, laisse le.


Erina continuait de regarder les deux soldats. Boris n’avait osé dire quoi que ce soit, il connaissait la réputation du Caporal-chef, il était impitoyable. Levi soupira longuement avant de finalement relâcher la recrue et il tendit sa main en le regardant du coin de l’œil.


– Les clés., dit-il.

– O-Oui., répondit Boris, livide.


Erina soupirait silencieusement au ton employé par Levi. Le cadet plaça les clés des fers qui la retenaient dans la main de Levi qui se dirigea aussitôt vers elle. Il se mit accroupit devant elle et il calait ses doigts sous son menton pour lui faire relever la tête, ce qu’elle fit lentement. Elle était dans un sale état. La peau de sa lèvre inférieure était fendue, ses joues étaient éraflées et du sang séché se trouvait sous ses narines. Erina peinait à rester éveillée, elle avait besoin d’une bonne quantité de sommeil. Levi essayait de contenir sa rage.


– Ils ne t’ont pas loupé, lâcha Levi. Je m’en occuperai plus tard. 


Erina fut conduite dans le bureau de Levi. Il l’avait déposée sur le sofa qui se trouvait au fond de la pièce, sur lequel elle luttait pour rester éveillée. Le Caporal avait pris le nécessaire pour panser les plaies et essuyer sang qui collait à la peau de la jeune femme. Elle grimaçait légèrement quand, pour finir, il vint tapoter la coupure qui se trouvait sur sa lèvre inférieure et qui se refermait lentement. Elle détournait légèrement la tête en repoussant sa main, s’enfonçant dans le dossier du canapé. Elle put entendre Levi soupirer longuement en la voyant faire.


– Tu me fais mal depuis tout à l’heure.

– Tu n’as pas intérêt à salir quoi que ce soit., ajouta Levi.


Erina ouvrait lentement les yeux pour considérer Levi.


– Qui a mené l’interrogatoire ?

– Sanes et Ralph, sous les ordres de Naile., répondit Erina.

– Le connaissant, il n’aurait pas souhaité que ça se passe comme ça, lui dit Levi. Que voulaient ils ?

– Connaître mon passé, fit Erina, les yeux fermés. Savoir si j'étais la complice de Reiner et Bertolt.


Erina somnolait, la tête appuyée contre le dossier sur canapé. Il la regardait longuement avant de ranger la boite dans laquelle se trouvait le nécessaire pour soigner les blessures, venant ensuite s’installer à ses côtés. Il tira sur son bras pour l’attirer contre lui, le front d’Erina retombant lourdement contre son épaule.


– Tes fringues sont dégueulasses., râla Levi.

– Désolée…, marmonna Erina, la voix endormie.



Erina ouvrit doucement les yeux quand elle sentit que les membres de son corps étaient complètement engourdis. Elle avait chaud, sa blouse tachée de son sang lui collait à la peau. Elle sentait quelque chose autour de sa taille et elle comprit très vite la situation. Levi et elle s’étaient assoupis. Ils étaient tous les deux allongés sur le sofa, à peine assez grand pour accueillir deux personnes. Elle avait le dos contre le dossier de celui-ci et était blottie contre le torse du Caporal. Il s’était endormi avec un livre posé sur le visage. Elle restait là, à le fixer pendant de longues secondes, incrédule. Elle n’arrivait pas à savoir si elle rêvait ou non, quoi qu’il en soit, la situation restait délicate. Elle regardait le bras qui se trouvait autour de sa taille et elle essayait d’évaluer par quel moyen elle pourrait se sortir de là. Mais elle ne pouvait pas, elle était coincée et le pire dans tout ça, c’est que Levi semblait dormir à poings fermés.


Elle se mit de nouveau à le regarder pendant un instant, elle approcha ses doigts fins du livre et le souleva avec une lenteur calculée. Elle voulait éviter de le réveiller. Son regard se posa aussitôt sur le visage de Levi. Elle profitait de cette proximité pour le détailler minutieusement. Il avait les traits fins, malgré ses sourcils légèrement froncés et ses lèvres boudeuses, il avait l’air détendu, pour une fois. Elle esquissait un léger sourire à cette pensée. Elle se crispait quand il se tournait vers elle, faisant ainsi tomber le livre sur le sol et l’écrasant un peu plus contre le dossier, heureusement confortable, du canapé. Elle retint sa respiration quand le visage de Levi se trouva à proximité du sien. Il commençait à s’éveiller lentement et elle le regardait cligner des yeux plusieurs fois. Il fallut un temps au Caporal-chef pour comprendre dans quelle posture il se trouvait. Une fois complètement réveillé, son regard s’accrocha aux prunelles vairons d’Erina qui ouvrit la bouche :


– Je ne voulais pas…


Il continuait de la dévisager quelques secondes avant de finalement se redresser. Erina le regardait faire et elle se redressait légèrement à son tour, elle se sentait de plus en plus gênée par la situation. Levi se mit assis au bord du sofa et il passait sa main sur sa nuque comme pour se la masser. Il se mit à soupirer longuement sans qu’Erina ne comprenne pourquoi.


– Je ne dormais pas., lâcha finalement le Caporal.


Elle le regardait, la tête inclinée, dubitative. Elle se mordait l’intérieur de la joue pour réprimer son sourire lorsque Levi posa ses yeux sur elle. Elle se pinçait fortement les lèvres, comme une enfant prise sur le fait. Il se penchait vers elle et vint caler ses doigts sous son menton pour lui faire relever légèrement la tête, faisant glisser son pouce sous sa lèvre qui s'était retrouvée coupée quelques heures plus tôt. Le contact la fit légèrement frémir, elle ne savait comment réagir mais elle le laissait faire, il semblait examiner attentivement son visage, son regard balayant les endroits où elle avait été marquée par les coups :


– Tes plaies se sont refermées, dit-il. C’est bon signe.

– Oui, ça va mieux. Merci.


Il se contentait simplement de hausser les épaules en signe de réponse. Pourtant leurs regards, quant à eux, restèrent bien accrochés. Ils se trouvaient très proches l’un de l’autre, une fois encore. Et Erina se sentait de plus en plus embarrassée et nerveuse, car c’était inhabituel. Et aussi inhabituel que ça l’était, les situations comme celle-ci ne cessaient pourtant de se reproduire.


– Ça aurait été dommage que tu claques dans ce trou., reprit Levi


Erina retint sa respiration lorsque le visage du Caporal se rapprocha du sien. Elle parvenait à sentir son souffle chaud contre sa peau, il n’avait pas l’air d’avoir vraiment confiance dans ce qu’il venait d’entreprendre mais il ne se démontait pas car il était enfin lancé. Les lèvres d’Erina et les siennes s’effleurèrent et avant même qu’elles aient pu se sceller, des clochers se mirent à retentir. Elle sursauta légèrement en les entendant et elle détourna aussitôt son regard pour les apercevoir à travers les grandes fenêtres du bureau. Ce geste lui permis de retrouver sa contenance tandis que Levi semblait essayer de dissimuler sa frustration.


– Ils sont de retour., soufflait elle.


Elle se relevait à son tour en voyant Levi s’emparer de sa veste. Ils parvinrent tous deux à faire abstraction de ce qu’il venait de se passer et quittèrent le bâtiment côte à côte. La nuit était tombée, les soldats du Bataillon d’Exploration et des Brigades Spéciales envoyés en renforts venaient seulement de regagner la Capitale. Le peuple s’était déjà rassemblé à la porte Sud. Des femmes attendaient le retour de leur époux, des parents espéraient le retour de leurs enfants de cette mission périlleuse menée dans le but de sauver un seul homme, Eren Jäger. Erina fut dévisager par quelques soldats des Brigades car elle avait été libérée. Elle croisa même Sanes et Ralph, les hommes qui l’avait passés à tabac mais elle ne s’en préoccupa pas.


Elle se stoppa dans sa course en ne voyant pas Erwin en tête de fil, son cœur manquant un battement. Elle se mit à s'imaginer le pire mais se rassura en se disant qu’il en fallait plus à cet homme pour mourir. Trop peu de soldats étaient revenus et beaucoup avaient été grièvement blessés. Elle entendit les pas de Levi derrière elle et elle continuait de regarder les survivants à la recherche du Commandant. Elle avait l’impression d’assister à une déambulation de fantômes, leurs visages marqués par les horreurs auxquels ils avaient été témoins.


– Ils sont si peu…, dit Erina.

– Où est Erwin ?


Elle s’éloignait du Caporal pour se rapprocher de ses compagnons. Les hurlements des habitants qui s’élevaient autour d'elle lui déchiraient le cœur. Trop peu de soldats avaient pu retrouver leur famille. Les premières recrues qu’elle reconnut furent Eren, Mikasa et Armin. Ils étaient parvenus à le récupérer au prix de nombreuses vies. Son regard continuait de balayer les soldats et elle vit les membres de son escouade. Sören, Jean, Sasha, Conny et Samuel. Elle était soulagée de les voir. Elle s’approchait lentement des charrettes tirées par les chevaux. Dans la première avaient été regroupés les blessés et elle vit tout de suite Erwin qui était inconscient. Elle constata rapidement qu’il avait perdu son bras droit dans la bataille. Son regard passa sur la seconde charrette qui s’approchait d’elle. Celle-ci contenait les quelques cadavres qu’ils avaient pu arracher aux mains des Titans. Elle avait la tête qui tournait, elle se demandait si sa présence sur le terrain aurait pu augmenter la chance de survie de certains. Elle se mit à fixer sa main qui fut prise de tremblements, quelqu’un s’arrêtant à sa hauteur. Lorsqu’elle relevait les yeux, elle vit Sören. Il avait un air grave sur le visage.


– Nous avons réussi, Capitaine, lui dit-il. Au péril de nombreux de nos camarades.

– Sören.. Je suis désolée.


Elle vint passer sa main sur le bras de son soldat et ami, que pouvait elle dire ou faire de plus pour le réconforter ? Alors qu’elle allait lui répondre, une conversation non loin d’elle attira son attention. Il s’agissait de deux commerçants qui faisaient exprès de parler assez fort afin d’être entendus.


Encore une fois, ils ne sont qu’une poignée à revenir., cracha le premier.

On dirait qu’ils sont payer pour engraisser ces foutus Titans, ajouta le second, bras croisés. C’est qu’une bande de bons à rien. Ils auraient du laisser ce cadet crever, ça aurait fait un Titan de moins sur Terre.


Son sang ne fit qu’un tour. Ce n’était pas la première fois qu’elle entendait ce genre de remarques, ça la faisait grincer des dents. Sören baissait les yeux aux paroles des hommes, il savait pertinemment ce que ressentait son Capitaine. Avant même qu’il n’eut le temps de la dissuader d’agir, Erina s’empara d’une de ses épées et se dirigea d’un pas rapide vers les marchands sous les regards inquisiteurs de la foule. Elle s’arrêta devant les deux idiots et elle en saisissait un par le col, serrant si fort l’habit dans sa main qu’elle en froissa le tissu. Le marchand semblait d’abord déconcerté :


– Qu’est-ce que vous faites ?! s'offusqua l’homme, enragé.


Elle ne répondit pas et elle se mit à traîner le type sans qu’il ne puisse se défaire de son emprise, malgré ses tentatives. Il s’étonnait de la force qu’avait cette femme. Tous assistèrent à la scène, sans comprendre, choqués. Lorsqu’ils atteignirent la porte, elle le laissait tomber sur le sol. Son regard était noir.


– Vas-y, dit-elle. Va à l’extérieur des murs, puisque tu sembles connaître les Titans mieux que nous.

– Qu-Quoi.. ?! fit le marchand, déconcerté.


Elle envoya l’épée qu’elle tenait dans sa main aux pieds de ce pauvre bonhomme qui avait eu la bonne idée de s’attirer les foudres du Capitaine. Il regardait l’épée quelques secondes avant de la regarder de nouveau, des gouttes de sueur ne cessaient de couler sur son visage. Il était rongé par l’angoisse. A cet instant précis, il devait regretter amèrement ses paroles désobligeantes. Elle se mit accroupie devant lui tout en le fixant.


– Tu ne parviendrais pas à survivre plus de deux minutes, lui dit-elle. Ne manque plus jamais de respect à mes compagnons. Ni à ceux tombés au combat pour que tu puisses, toi, vivre bien tranquillement à l’intérieur de ces murs.


Elle se relevait en continuant de le regarder, Sören s’était approché à son tour. Erina s’était donnée en spectacle encore une fois. Le marchand pointa du doigt la Capitaine de la 5ème escouade tout en regardant Sören :


– So-Soldat, arrêtez-la ! Elle m’a agressée ! beuglait-il.


Elle continuait de considérer le marchand, Sören regardait le type avec dédain, ignorant complètement sa demande. Il posa ensuite son regard sur Erina et mit sa main sur son épaule pour y faire pression.


– Capitaine, allons-y.

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