Shingeki no Kyojin : A toi qui vis 2000 ans plus tard.

Chapitre 26 : La traque.

2615 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 04/02/2022 16:22

Erina ne cessait de se demander si la stratégie choisie en était une bonne, maintenant qu'elle était activement recherchée par la Police Militaire, l'étau se resserrait autour d'elle et il y avait de moins en moins de possibilités qui s'offraient à elle. Levi profita du jour de l'anniversaire de l'instauration de la monarchie pour mettre en place son plan qui visait à identifier leur ennemi. Dans le District de Trost, ce jour-là, des vivres étaient distribués à la population de la part du Roi Fritz ce qui représentait 60% de la réserve alimentaire de la famille royale. Pour duper les agents qui prirent en filature l'escouade, Armin et Jean se déguisèrent afin de prendre respectivement la place d'Historia et d'Eren. Erina, elle, avait donc été chargée de rester aux côtés d'Eren et d'Historia afin de veiller à leur sécurité mais surtout pour être également mise à l'abri car telle fut la décision finale de Levi la concernant. Pour la mission, elle avait revêtue des habits de ville qui comprenaient une robe blanche et un gilet couleur bleu pervenche, le tout recouvert par une cape noire à capuchon afin de dissimuler son visage. Ils se trouvaient tous les trois dans un chariot couvert d'une toile blanche, conduit par un des soldats de Hange, Lutz. Erina regardait le fusil qu'elle tenait dans ses mains, l'air pensive, sans équipement tridimensionnel, elle se sentait démunie, aucun moyen de fuir efficacement et rapidement.


– Je comprend pas... Il ne me ressemble pas du tout, soupira Eren. Il a une tête de cheval.


Erina relevait les yeux vers Eren avant de porter son attention sur Historia qui était restée bien silencieuse depuis le début de la mission. Elle ne la connaissait pas très bien mais elle la trouvait changée depuis le départ de la recrue du nom d'Ymir Fritz. Ces deux jeunes filles avaient entretenues un lien étroit depuis leur formation à l'armée. Elle ne savait pas tous les détails exacts de la mission sauvetage menée par Erwin mais de ce qu'elle avait pu entendre, Ymir avait fait le choix de suivre Reiner et Bertolt.


– L'important c'est que les déguisements tiennent assez longtemps pour pouvoir vous mettre à l'abri, répondit finalement Erina. Ce n'est pas plus mal que Levi m'ait affectée auprès de vous. J'espère que tout se passera bien. 

– Comment vous faites pour rester si calme, Capitaine ? 

– Des vies sont en jeu, je n'ai pas d'autre choix que d'être calme. 


La vérité c'était qu'elle n'était pas du tout calme mais elle ne pouvait se permettre de le montrer aux cadets, elle ne pouvait laisser la peur l'envahir. Elle haussait des épaules en regardant Eren qui semblait, quant à lui, réfléchir quelques secondes. Il relevait la tête vers elle, il parut chercher ses mots avant de se lancer :


– Capitaine, je me suis souvenu d'une conversation qu'avaient eu Reiner et Bertolt, lorsqu'ils m'avaient enlevés.

– De quoi s'agit-il ? 

– J'étais encore dans les vapes et au début je ne comprenais pas de quoi ils parlaient, encore maintenant je ne suis pas bien sûr mais..., il soufflait. Comment avez-vous obtenu le pouvoir du Titan Osseux.. Je veux dire.. Comment l'avez-vous pris à votre frère ? 


Erina parut perturbée par sa question. Historia écoutait la conversation sans vraiment tout comprendre. 


– Je vous pose cette question parce que je veux savoir si ce qu'ils disaient était vrai, mes souvenirs sont encore flous sur comment j'ai obtenu le mien mais...

– Alors si tu poses cette question, c'est que tu connais déjà la réponse, n'est-ce pas ? l'interrogea Erina, la tête basse. 


Ce jour-là la hanterait jusqu'à sa mort, elle en avait parfaitement conscience. Elle se souvenait parfaitement s'être emparée de son frère pour le dévorer, elle voulait hurler, s'empêcher de commettre l'irréparable, se réveiller mais rien n'y faisait, son corps n'obéissait pas. Alors qu'Eren allait reprendre la parole, le chariot se stoppa subitement, surprenant les trois individus qui se trouvaient à l'arrière. Erina se relevait en faisant signe aux cadets de ne pas bouger avec sa main. Elle souleva légèrement le tissu afin de pouvoir porter son regard sur le cochet, Lutz semblait agacé. 


– Que se passe-t-il ? lui demanda Erina. 

– La foule m'empêche de passer, râla Lutz en regardant Erina par dessus son épaule. Restez bien cachés, Erina, il ne faut pas que des soldats vous reconnaissent, il portait de nouveau son attention devant lui. Poussez vous, laissez moi passer !


Il s'adressait à la foule en faisant des grands gestes mais rien ne se passa. Erina portait son regard les personnes qui étaient rassemblées dans la ruelle pavée avant de laisser retomber le tissu. Elle se dirigeait ensuite vers l'arrière du chariot et écarta de nouveau très légèrement la toile pour regarder vers le toit des maisons qui se trouvaient plus loin. Elle aperçut Nifa et Levi qui veillait sur eux, à l'abri des regards des habitants.


– Un problème ? questionna Eren. 


Erina lâchait le tissu et revint s'asseoir en face des cadets. Elle avait un mauvais pressentiment concernant la suite des évènements. L'important était qu'elle parvienne à garder Eren et Historia en sécurité. 


– Non, tout va bien, répondit Erina, songeuse. Pas étonnant qu'il y ait beaucoup de monde dans les rues.

– On repart., annonça enfin Lutz. 


Après quelques minutes d'immobilisation, le chariot se remit en route une fois la foule dissipée. Le cheval qui tirait la cariole se mit à trottiner pour prendre de la vitesse, Erina se concentrait sur le bruit et le rythme des sabots qui claquaient sur les pavés des ruelles. Au même moment, des coups de feu retentirent au loin, la mettant en alerte.


– Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Historia, inquiète. 

– Restez cachés, mettez vous à terre ! Tout de suite !


Et les cadets ne se firent pas prier pour obéir. Erina reprit le fusil et le rechargea vivement, mettant ensuite un genou sur le sol en bois du chariot, en joue. 


– Lutz, quelle est la situation ? demanda Erina. 


Au même instant, un crochet se planta dans le voile qui recouvrait le chariot et qui avait servit jusque là à les dissimulés, d'un coup, il fut arraché. Erina, Historia et Eren furent surpris de voir des agents les poursuivre, ils portaient des équipements différents de ceux des soldats de l'armée. 


– Qu'est-ce que... 


A peine Erina eut le temps de tirer une première fois qu'Eren et Historia tombèrent sur le sol du chariot, complètement inconscients, une flèche remplie de sédatif plantée dans leur cou. Erina parvint à viser un de leurs assaillants et à l'abattre, le regardant chuter violemment sur les tuiles du toit d'une maison. Au loin, elle parvint à voir Levi qui essayait de suivre tant bien que mal le chariot, des agents étaient aussi à ses trousses.


– Lutz, accélères !


Alors qu'elle se mit à genoux pour recharger sa carabine, elle entendit un coup de feu retentir derrière elle. Lorsqu'elle regardait par dessus son épaule, elle vit Lutz s'écrouler lourdement sur le sol, une balle dans la tête. Une femme prit aussitôt sa place, s'emparant fermement des rênes du cheval dans sa main droite. Dans sa main gauche, elle tenait l'arme qui avait été utilisée pour endormir les cadets, elle se tournait vers Erina qui la tenait encore en joue, l'air surprise. 


– T'es qui toi ?! demanda la femme. 

– Je pourrais te poser la même question !


Erina plaça son index sur la gâchette, prête à tirer. Mais au même moment, elle se prit une flèche sédative dans l'épaule droite, venant d'un ennemi qui se trouvait plus en arrière et en hauteur. 


– Concentres toi sur la mission ! s'exclama l'homme vers la femme qui conduisait le chariot. On ne peut pas se permettre de merder !

– C'est bon, je le sais ! Elle va roupiller tranquillement maintenant.


Erina grimaça en sentant le sédatif qui agissait rapidement sur son corps. Elle essayait de lutter contre ce sommeil soudain qui s'emparait d'elle, mais elle n'y parvenait pas. Sa vue devenait de plus en plus trouble et elle avait du mal à viser la femme qui se tenait devant elle pourtant, elle tenta un tir. La balle ne lui frôla que l'oreille, la faisant saigner. Elle fit tomber le fusil sur la banquette, tombant lourdement par terre, aux côtés des recrues, complètement inconsciente. 



Erina clignait plusieurs fois des yeux comme pour se réveiller mais cette fatigue qui l'envahissait ne semblait vouloir se dissiper, ses paupières étaient lourdes. Elle essayait de se ressaisir, intérieurement et elle parvint enfin à ouvrir les yeux. Aussitôt, elle vint porter ses doigts contre la peau de son cou mais elle ne sentait rien, elle se souvenait pourtant s'être prise une flèche. La poursuite était bien réelle. Tout son corps lui semblait affreusement engourdi, comme cotonneux. Lorsqu'elle relevait la tête, elle retint soudainement sa respiration. Là, devant elle, se trouvait Eryck. 


– Désolé, c'est tout ce que j'ai trouvé, lui dit-il en souriant. Je ferai mieux la prochaine fois, promis. 


Erina continuait de le regarder en restant muette, confuse. Elle savait que ce n'était pas un souvenir, elle se convainquit alors qu'elle faisait un rêve lucide et elle souhaitait chérir ce moment qu'elle passait avec son frère, aussi douloureux et factice soit-il. Il s'installait devant elle en déposant sur la vieille table en bois deux morceaux de pain, trois pommes et une bouteille d'eau. Son regard balayait l'endroit où ils se trouvaient, elle reconnut la maison en ruine des Bas-Fonds qu'ils avaient habités durant de longues années. Rien n'avait changé, c'était comme dans ses souvenirs. Elle parvint à voir le dessin qui se trouvait sur le mur derrière lui, il représentait un garçon et une fille qui se tenaient la main en souriant. Elle reporta son attention sur Eryck quand il sortait son couteau de sa poche et il découpait les pommes en quatre, plaçant deux morceaux devant elle. 


– Tiens, mange. Tu as encore maigris, fit remarquer Eryck. Bientôt il ne te restera plus que la peau sur les os.


Mais Erina ne réagissait pas, elle se contentait simplement de l'examiner minutieusement, chaque détail de son visage. Eryck posait son regard azur sur sa cadette en voyant qu'elle demeurait aphone et il parut étonné. 


– Erina, tu pleures ?


Erina portait ses doigts contre son œil droit et en effet, elle pleurait. Elle ne s'en était même pas rendu compte. Elle ne parvenait même pas à distinguer le rêve de la réalité et ça l'ébranlait complètement. La jeune femme se raclait la gorge avant de finalement répondre : 


– Désolée.. Tu m'as manqué, c'est tout.


Eryck la regardait longuement sans comprendre avant de finalement lui sourire. 


– Qu'est-ce que tu racontes ? lui dit-il. Je ne suis pas parti longtemps. 

– C'est juste... Que ça m'a parut durer une éternité.

– Eh bien, je suis là maintenant, ne t'inquiète pas.


Erina hochait de la tête en essuyant ses larmes avec la manche de son pull qui était bien trop grand pour elle. Ce pull était d'ailleurs identique à celui qu'elle portait quand ils étaient parvenus à sortir de la Ville Souterraine, le jour où ils furent recruter par Erwin pour devenir des soldats du Bataillon d'Exploration. Elle portait de nouveau son regard sur Eryck qui se mit à manger la nourriture qu'il avait apporté, insoucieux. Elle voulait le serrer dans ses bras, si fort, elle voulait l'empêcher de partir une nouvelle fois, elle ne voulait plus le quitter. 


– Comment on a pu en arriver là ? l'interrogea finalement Erina.


Eryck relevait les yeux vers elle à sa question, sans comprendre. 


– On avait tout, reprit elle. Une maison, une famille. Pourquoi a-t-il fallu que les choses changent ? Je ne sais même plus pourquoi je me bats. 


Elle passait ses doigts sur son front, perdue, Eryck la considérait en avalant ce qu'il avait dans la bouche avant de lui répondre : 


– Pour explorer le monde, voir toutes les choses qu'il y a à voir, dit-il simplement en haussant les épaules. Bâtir un monde meilleur et rentrer chez nous, tu te souviens ? Mère nous l'a demandé.

– Il y a des jours où j'aimerai simplement que tout s'arrête. 


Erina passait ses mains dans ses cheveux en basculant sa tête en arrière, prenant une grande inspiration, elle examinait le plafond craquelé. Pourquoi c'était à eux de le faire, de sacrifier leur vie pour y parvenir ? C'était si injuste.


– Alors, continue de te battre pour moi., reprit Eryck. 


Elle regardait son frère, il était sérieux. Il ne voulait pas qu'elle abandonne, pas si facilement. Tout ce qui traversa Erina, fut de l'injustice. Des larmes vinrent de nouveau troubler sa vue.


– Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas laissé mourir ? Tu méritais de vivre, dit Erina. Tu m'as forcé à devenir ce que je suis aujourd'hui.

– Si on me demandait de me sacrifier de nouveau pour te sauver, je le referai, encore et encore, rétorqua Eryck. Je comprend que tu m'en veuilles mais... 


Erina tapait du poing sur la table, frustrée, enragée, peinée. Tant d'émotions se bousculaient dans son esprit, elle voulait les laisser sortir, se libérer de ce poids qui l'étouffait.


– Non, tu ne comprends pas ! Ça n'enlèvera jamais le fait que c'est moi qui t'ai tué, ce jour-là !


Elle continuait de le regarder.


– J'aurai toujours cette image cauchemardesque, moi t'ôtant injustement la vie.


Elle se relevait finalement, Eryck la considérait alors qu'elle se mit dos à lui, mains plaquées contre son visage, elle essayait de dissimuler ses larmes, d'étouffer ses pleurs. 


– J'ai longuement rejeté la faute sur Annie Leonhart alors que la seule responsable de ta mort, c'est moi. Tu as dû te sacrifier à cause de moi. Et chaque jour, je vis avec ce poids qui m'écrase. Alors comment pourrais je seulement... 


Lorsqu'Erina se tournait pour faire face à son frère, il se tenait devant elle, son cœur se resserra dans sa poitrine. Il l'observait longuement avait de finalement passer sa main sur le sommet de son crâne, c'était une habitude qu'il avait depuis qu'ils étaient enfants. Il l'attira finalement contre lui pour la serrer fermement dans ses bras.


– Parce que tu es forte et que je n'ai jamais douté de toi, répondit simplement Eryck. Fais partie de ceux qui veulent bâtir un monde meilleur, dans lequel tous les pays seraient unis. Fais le pour tous nos camarades tombés au combat, fais le pour moi.


Erina retint sa respiration quelques secondes dès l'instant où Eryck la prit dans ses bras. Elle s'y sentait bien, très bien et elle ne voulait plus jamais se réveiller. Jamais elle ne voudrait que ce moment s'arrête. Alors qu'elle voulut passer ses mains dans le dos de son frère pour lui rendre son étreinte, il lui échappa. Il n'était plus là. La seule chose qui lui parvint à cet instant précis, furent des voix au loin.

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