Soleil de Minuit [Livaï x OC]

Chapitre 9 : L'éthique et les sentiments

4137 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/05/2021 05:05

Quelques jours s’étaient écoulés depuis le retour du Bataillon et après avoir rendu un dernier hommage à leurs regrettés camarades tombés au combat, les soldats avaient pour beaucoup déserté la caserne pour rendre visite à leurs proches ou tout simplement pour se ressourcer au sein du foyer familial.

Quant à Levi, il demeurait toujours alité dans sa chambre du service de médecine générale. Après avoir vaincu son infection, le capitaine avait pu récupérer quelques forces et se portait déjà mieux. Mais contraint de garder le lit et condamné au repos absolu pendant un certain temps encore, il occupait son temps libre comme il le pouvait, parcourant les colonnes de la gazette de Karanes que les infirmières lui apportaient chaque matin, ou travaillant sur de nouveaux exercices d’écriture élaborés par Hansi.

Ce matin-là, le personnel était affairé au nettoyage d’une chambre mitoyenne à la sienne. Les courants d’air charriaient une douce odeur de savon ménager ; laquelle parvenait jusqu’à lui, pendant qu’il noircissait de sa plume une feuille de parchemin. Assis sur sa couchette, son écritoire posée sur ses genoux, Levi s’accorda une pause pour se délecter de ces effluves de savon noir qui lui rappelaient tant l’odeur de ses quartiers, situés à l’étage des officiers. Combien de temps serait-il forcé de demeurer cloué à ce maudit lit d’hospice qui avait la chaleur et le confort d’un bloc de marbre ?

C’est alors qu’il sentit très distinctement un parfum de rose trémière se mélanger à celui du savon. Puis, un bruit de pas provenant du couloir se fit entendre. Levi tendit l’oreille et ne tarda pas à reconnaître le son de la démarche légère et assurée du médecin ; celui-là même qui l’avait tiré d’affaire alors qu’il se trouvait aux portes de la mort et qui suivait, depuis lors, l’évolution de sa convalescence. Le docteur apparut bientôt dans l’encadrement de la porte, drapé dans sa blouse blanche et arborant sur son visage un sourire radieux.

— Comment va notre héros, ce matin ? demanda joyeusement la dame, comme elle pénétrait dans la chambre.

— Les excréments, c’est votre grande passion, à vous les toubibs… fit remarquer astucieusement Levi, en nettoyant l’extrémité de sa plume avec un chiffon. Le héros « va » donc très bien. Aucun problème à signaler de ce côté-ci.

— Tu m’en vois ravie, fit-elle sans accuser un quelconque embarras.

Elle le regarda avec des yeux rieurs, comme amusée par la trivialité de ce bref échange. Puis, elle se dirigea vers la fenêtre. Et pendant qu’elle tirait le rideau, Levi louait silencieusement la sagacité des professionnels de la médecine ; rares personnes capables d’apprécier toutes les subtilités de l’humour scatophile…

Le docteur annonça ensuite qu’il désirait pratiquer sur son patient un rapide examen. Il aida le malade à se débarrasser de son encombrante table d’écriture et partit déposer celle-ci dans un coin de la pièce. Mais, comme il fallait s’y attendre, les documents disposés sur le plateau ne manquèrent pas d’attirer son attention.

— C’est ton écriture que je vois là ? s’enquit-elle, d’une voix trahissant son étonnement.

— Ouais, rétorqua placidement Levi.

— Écrite par cette main qui se trouve à l’extrémité de ton bras ?

— Ouais…

Elle s’empara d’une feuille et l’examina longuement.

— Eh bien… Il m’a rarement été donné de voir une écriture aussi nette et aussi régulière.

— Ça t’étonne d’apprendre qu’une vulgaire crapule telle que moi puisse écrire aussi bien, c’est ça ?

Elle se tourna vers lui pour lui jeter un regard plein d’incrédulité. De toute évidence, la brusquerie de sa question l’avait bien plus désarçonnée que ses plaisanteries scatophiles de tout à l’heure. Et alors que Levi commençait déjà à regretter son maudit franc-parler, un éclat de rire cristallin résonna soudain dans la pièce.

— Moi étonnée ? lança-t-elle en riant. Évidemment que non ! Voyons, cette graphie impeccable est tout ce qu’il y a de plus logique…

— Comment ça ? interrogea Levi qui n’avait pas anticipé une telle réaction de sa part.

— C’est bien simple, expliqua-t-elle aussitôt, tu soignes ton écriture pour la raison suivante : démontrer au monde que tu n’es pas un crétin et encore moins la « vulgaire crapule » que tu prêtant être. A contrario, la plupart de mes confrères médecins – qui n’ont eux rien à prouver à personne – écrivent comme des cochons, sans se soucier de ceux qui doivent décrypter leurs pattes de mouches. Voici pourquoi je ne suis pas surprise d’apprendre que tu écris si joliment.

Levi la fixa d’un regard qui se voulait le plus neutre possible. Mais intérieurement, il accusait rudement le coup. Effectivement, il était assez contrarié de réaliser qu’un futile complexe d’infériorité l’avait conduit à demander à ses camarades de lui enseigner toutes ces choses. Et même si ces nouvelles connaissances lui seraient probablement utiles pour asseoir son autorité auprès de ses futurs subalternes, tout compte fait, celles-ci n’en demeuraient pas moins vaines et superflues. Singer l’aristocrate ne fait pas de vous un aristocrate. Pire encore, ces derniers savent parfaitement reconnaître un imposteur à l’application qu’il met à les imiter. En définitive, la leçon délivrée par ce médecin (avec sa gentille arrogance, caractéristique de son espèce) avait autant de valeur à ses yeux que toutes celles que lui avait prodiguées Hansi, au fil de ces derniers mois.

— Je vois que mon exposé te laisse songeur, observa-t-elle, en s’asseyant au pied du lit. Je ne t’ai pas vexé, j’espère ?

— Non, répondit-il avec honnêteté. Tu viens d’éclairer ma lanterne.

— Dans ce cas, tant mieux, dit-elle, d’un air soulagé. Je m’en voudrais de t’avoir froissé. D’ailleurs, je ne suis pas étonnée d’apprendre que cette main sait manier la plume tout aussi brillamment que l’épée. À croire qu’un divin esprit l’a gratifiée de tous les dons.

Ce commentaire – qui se voulait certainement aimable – laissa Levi quelque peu songeur. Pourquoi lui avait-elle ainsi réitéré son compliment ?

La doctoresse se leva et se dirigea aussitôt vers la table de toilette. Et tandis qu’elle lavait ses mains dans la cuvette en acier émaillé, Levi baissa ses yeux pour examiner ses propres mains posées sur les draps blancs. En quoi ces minuscules paluches étaient-elles gratifiées d’un quelconque don divin ? Comme il s’interrogeait à ce propos, les yeux toujours fixés sur ses mains, un curieux sentiment l’envahit : l’impression que ses doigts irradiaient d’une douce chaleur, comme une sensation tactile, persistante et atténuée par le temps. Une sorte de vague réminiscence dont seule sa peau avait gardé le souvenir…

Égaré dans ses pensées, il tourna machinalement sa tête vers la table de toilette. Et son regard se porta sur la haute silhouette du médecin, élégante et pleine de féminité, dont les voluptueux contours ne parvenaient guère à s’effacer dans l’ampleur de la blouse réglementaire. Une parcelle de nuque blanche se révélait sous des boucles blondes maintenues par un peigne d’argent. Le miroir octogonal reflétait son beau visage aux traits fins, aux pommettes hautes joliment rosies, qu’elle tenait gracieusement incliné au-dessus de la bassine. Puis, elle releva soudain ses grands yeux et la glace lui révéla l’image de celui qui la contemplait silencieusement. Or, au lieu de faire comme si de rien n’était, elle lui adressa par l’intermédiaire du miroir un sourire enchanteur. Ensuite, elle déposa sur la table le linge avec lequel elle avait séché ses mains et s’approcha du lit. Sans trahir aucune émotion, Levi observait avec attention chacun de ses gestes assurés, tranquilles. C’était comme si ses mouvements gracieux, d’une simplicité charmante et soignée, agissaient sur son esprit comme une sorte de magie bienfaisante.

— Je vais examiner ton cœur, annonça-t-elle paisiblement, en s’emparant de son stéthoscope.

Par réflexe, il commença à déboutonner les premiers boutons de sa chemise. Mais pour une raison inexplicable, le médecin posa sa main sur son épaule et lui lança avec une froide autorité :

— Tu peux garder ta chemise.

Ce soudain revirement d’humeur ne le surprit pas vraiment. Par conséquent, il s’immobilisa et la laissa procéder à sa guise.

Car, depuis maintenant cinq jours, tous les matins à la même heure, le médecin venait lui rendre visite dans sa chambre, s’assurait que tous les soins nécessaires lui avaient été donnés, l’auscultait consciencieusement, puis bavardait un moment avec lui. Tantôt chaleureuse, tantôt froide, tantôt affectueuse, tantôt distante, cette femme agissait en sa présence comme véritable girouette. Aussi, Levi ne savait plus du tout sur quel pied danser avec elle. Et c’est pourquoi il préférait s’en tenir à ce mutisme et cette immobilité passive qui le préservaient de tous faux pas. L’inconstance (par moment comique) de cette doctoresse, qui semblait constamment osciller entre douce familiarité et réserve réfrigérante, aurait presque pu l’amuser si seulement il ne l’avait pas trouvé aussi…

— Je suis tombé sur une anguille, se disait-il, en fixant sagement le plafond pendant qu’elle pressait son instrument entre ses deux omoplates. C’est bien ma veine…

Quand tout à coup, le vent s’engouffra dans la chambre, soulevant le rideau qui manqua de fouetter leurs deux visages. Le docteur s’éloigna pour aller fermer la fenêtre et un parfum de rose et de chèvrefeuille, probablement transporté par le vent, se répandit dans toute la pièce.

Levi profita de cette entrefaite pour glisser en vitesse ses jambes sous l’édredon.

— Tu as froid ? s’enquit le médecin, en l’observant s’enfouir sous les couvertures.

— Ouais… Mais, j’ai toujours plus ou moins froid, moi, donc bon…

— Vraiment ? s’étonna-t-elle. Est-ce pour cette raison que tu fermes le col de ta chemise avec un foulard ?

— Entre autres raisons.

— Et aussi un peu par dandysme, n’est-ce pas ?

Il acquiesça par un petit hochement de tête.

— Je l’avais un peu devinée.

Elle s’approcha pour poser délicatement sa main ouverte sur son front. Levi avait une fois de plus la drôle d’impression de reconnaître la chaleur émanant de cette main.

— Tu ne sembles pourtant pas fiévreux, dit-elle, sans se douter du trouble qui agitait l’esprit de son patient. Veux-tu que je t’apporte le chandail qui se trouve sur le dossier de la chaise ?

Il lui répondit par l’affirmative et elle alla s’emparer du gilet avec lequel elle recouvrit ensuite ses épaules. Toutes ces attentions jetèrent Levi dans un étrange embarras. Et celui-ci redoubla lorsque, de nouveau, avec la même familiarité que tout à l’heure, elle prit place sur le bord de son lit.

— Donne-moi ta main gauche, demanda-t-elle doucement. Je vais mesurer ton pouls.

Elle sortit sa montre à gousset et s’empara de la main qu’il lui tendait. Un sourire énigmatique étira sa jolie bouche comme elle pressait délicatement l’artère de son poignet avec l’extrémité de ses doigts. Levi avait beau affecter le détachement, il ne parvenait pas à détourner son regard de ces deux rubans de cils qui caressaient ses joues légèrement rougissantes, alors que ses yeux baissés fixaient assidûment le cadran de sa montre.

— Cinquante-deux, déclara-t-elle au bout de quelques secondes d’observation.

Il ne fit aucun commentaire. Mais pour une raison quelconque, elle releva les yeux vers lui et lui adressa un nouveau sourire. Néanmoins, Levi ne broncha toujours pas. Il resta immobile et silencieux et demeura impassible même quand il remarqua qu’elle tenait toujours sa main dans la sienne. Certainement par distraction. Ou peut-être pas. Comment savoir ? Il plongea alors ses yeux dans ses prunelles bleu azur, avec l’espoir de trouver enfin un sens à son curieux manège.

— Si tous mes patients pouvaient être aussi…

Elle ne parvint pas à achever sa phrase. Sa main se contracta, puis elle relâcha brusquement son étreinte.

Il préféra mettre ce nouveau cafouillage sur le compte de l’étourderie. Pour lui, il était plus simple et plus pratique d’associer tous ses gestes équivoques et tous les renoncements qui s’ensuivaient à de l’étourderie. À croire que l’étourderie formait, en ce docteur, comme une seconde nature.

Mais il allait sans dire que ce pauvre Levi se trouvait quelque peu désemparé face à l’agitation manifeste de sa charmante visiteuse. Ce matin était résolument pire que les précédents. Leurs échanges n’avaient jamais été aussi chaotiques et la nervosité de cette femme qui, de toute évidence, hésitait entre flirt et cordialité professionnelle, n’avait jamais été aussi palpable. Ne sachant pas comment procéder pour dissiper cette épouvantable atmosphère de malaise, il se hasarda à lui demander d’un air faussement détaché :

— Eh doc, tu n’as jamais répondu à cette question que je t’avais posée…

— De quelle question parles-tu ? s’enquit-elle, d’un air étrangement effrayé.

— Ton histoire d’éthique, là, précisa-t-il aussitôt.

— D’éthique ? répéta-t-elle, en le dévisageant étrangement. Pourquoi parles-tu d’éthique tout à coup ?

Son visage s’empourpra sévèrement. Et Levi – qui avait évidemment parlé sans réfléchir – réalisa combien sa question était déplacée et maladroite. Aborder le sujet de l’éthique médicale dans un moment pareil n’était pas forcément la meilleure chose à faire. Alors, il se hâta de clarifier son propos :

— Je t’avais demandé pourquoi les médecins avaient l’obligation de sauver en priorité un certain type de patients. Mais tu ne m’as jamais répondu.

Elle le fixa un court instant avec un air de grave étonnement.

— Oui, je me souviens, finit-elle par dire, en détournant son regard gêné. Tu voulais savoir pourquoi nous portons assistance en priorité aux femmes et aux enfants, c’est cela ?

Levi acquiesça d’un petit hochement de tête.

— Eh bien, la mort d’un enfant est généralement moins bien acceptée par la société que celle d’un adulte. Les gens s’accordent généralement à penser que la mort d’une jeune personne est quelque chose allant à l’encontre des lois du vivant. Ça semble assez évident, tu ne penses pas ?

— Je ne m’étais jamais posé la question jusqu’ici, rétorqua-t-il très honnêtement. Mais oui, je peux comprendre la logique d’un tel raisonnement.

— Quant à l’autre point… poursuivit-elle, en joignant ses mains serrées entre ses genoux. Vois-tu, ce n’est pas tant l’idée que la vie d’un homme a moins de valeur que celle d’une femme…

— Tu m’en vois rassurer, ironisa Levi, avec une arrogance contenue.

Sa remarque la fit rire.

— Tu ne vois vraiment pas ce qui peut nous pousser à intervenir en priorité auprès d’une femme ? ajouta-t-elle, esquissant un petit sourire railleur. N’existe-t-il pas, à ta connaissance, une petite différence entre le sexe féminin et le masculin ?

— C’est une question piège ? dit-il, d’un air prudent.

Un petit rire s’échappa de nouveau de sa jolie bouche.

— Non, ce n’est pas une question piège, lui assura-t-elle immédiatement. Voilà la réponse : une personne de sexe féminin peut éventuellement se trouver enceinte. Et ce, sans en avoir forcément conscience.

— Sauver possiblement deux vies plutôt qu’une seule, en déduisit alors Levi.

— C’est exactement ça, approuva-t-elle. Te voilà maintenant renseigné sur cette question hautement épineuse.

Elle se leva et se dirigea vers la sortie.

— Cléo viendra t’apporter ton déjeuner dans environ une heure, prévient-elle, en se tournant une dernière fois vers lui. Si j’ai le temps, je repasserai te rendre visite en fin d’après-midi. D’ici là, tâche de te reposer.

— Tu crois que je pourrai bientôt regagner mes quartiers ? se hasarda à demander Levi, profitant habilement de l’occasion pour lui soutirer quelques renseignements à ce propos.

— J’ai reçu des directives très claires de ton commandant, m’exhortant à te faire garder le lit le plus longtemps possible. Mais comme je n’ai aucunement l’intention de t’enchaîner à cette couchette…

— Si un soir je m’échappais par la fenêtre, compléta-t-il, en lui lançant un petit sourire sardonique, tu n’enverrais pas ta horde d’infirmières à mes trousses, c’est ça ?

— Disons que je pourrai me montrer magnanime, répliqua-t-elle, complaisamment. Toutefois je serai surprise de te voir braver ainsi l’autorité de tes aînés. Moi qui te pensais d’une loyauté sans faille…

— De mes aînés ? s’étonna Levi. Tu veux parler d’Erwin ?

— Je parle aussi de moi, précisa-t-elle immédiatement.


— Toi, plus âgée que moi ? grommela-t-il, en fronçant le sourcil. Il ferait beau voir.

— Oh, mais j’en suis quasiment certaine ! se défendit-elle aussitôt. As-tu connaissance de ta date de naissance ?

— Ouais… répliqua Levi, d’une voix empreinte de scepticisme. Je suis né le jour de la Fête de l’hiver, de l’an 85X.

— Vraiment ? fit-elle, d’un air étonné. C’est drôle, je suis née le jour de la Fête de l’été, de la même année.

— Ton anniversaire tombe un jour de beuverie, commenta-t-il, en contenant le sourire moqueur que lui inspirait cet aveu. Ce devait être amusant à fêter quand tu étais enfant…

Le docteur prit quelques secondes de réflexion avant de lui répondre :

— Tu sais, je n’ai jamais compris pourquoi les gens prennent toujours tant de plaisir à festoyer le jour de la Fête de l’été.

— Certainement parce que le soleil se couche plus tardivement ce jour-là, suggéra Levi.

— Certes. Mais c’est la Fête de l’hiver qui annonce la fin des longues nuits. C’est en hiver que l’on devrait célèbre l’espérance et la venue de jours meilleurs… Non pas en été.

Elle s’interrompit, comme perdue dans sa réflexion.

— Bref, reprit-elle brusquement, tout cela confirme bien mes soupçons : je suis plus âgée que toi. Donc je suis ton aînée !

— De six mois, protesta Levi.

— De six mois, confirma-t-elle, en étirant sa bouche d’un autre petit sourire énigmatique. C’est bien assez pour réclamer le respect qui m’est dû.

Ce fut sur ces enfantillages que la doctoresse s’élança vers la sortie. Bien installé sous son édredon, Levi tendit l’oreille pour entendre sonner son léger pas de nymphe, comme elle longeait le couloir pour regagner son bureau. Elle ne laissa derrière elle que ce parfum sucré de roses mêlé de chèvrefeuille. Cette odeur suave de jardin d’été qu’elle dispersait à chacun de ses gestes. Finalement, Hansi s’était planté en beauté. Sa petite inclination pour ce ravissant docteur n’avait strictement rien à voir avec une quelconque odeur de désinfectant…


À suivre…



Notes : • « Comment va notre héros, ce matin ? », cher lecteur, vous n’êtes pas s’en savoir que l’expression « comment allez-vous » signifie initialement « comment allez-vous à la selle ? ». Car, à une certaine époque, on considérait qu’aller régulièrement à la selle était un signe de bonne santé. Quel plaisir de faire référence à cette curiosité langagière dans une fanfiction sur Levi Acherman !


• Dans ce chapitre, je reviens sur une nouvelle Smartpass mettant en scène Levi et Pétra. À vrai dire, je prends pratiquement à mon compte ce moment, en modifiant uniquement sa conclusion. Dans ce récit, Levi ordonne à Pétra de livrer un rapport écrit de sa main à Erwin et la jeune fille est très étonnée par la qualité de la graphie de son capitaine. Mais celui-ci, avec sa brusquerie habituelle, lui demande pourquoi ce détail la surprend autant. Offusquée par sa grossièreté, Pétra sort de la pièce très mécontente, pestant allégrement contre lui. Après quoi, Levi regrette de lui avoir parlé si méchamment. Autant dire que cette scène ne se conclut pas du tout de cette manière dans ma fanfiction. Contrairement à Pétra qui s’offusque de la réaction de Levi, Mary préfère s'en amuser, finissant même par la retourner contre lui (probable que l'expérience aide dans ce genre de situation). En relativisant le complexe d’infériorité dont il est affecté, elle le met face à ses propres contradictions et apaise immédiatement les tensions.


• J’ai toujours un peu peur d’écrire un chapitre placé du point de vue de Levi, car c’est un personnage impressionnant, doté d’un caractère quasi indomptable que je n'ai pas envie de trahir. Ou bien, parce qu’il est extrêmement pudique et qu'il ne s’ouvre pas beaucoup quand on l’interroge sur ses sentiments. Quoi qu’il en soit, le plan initial de ce chapitre était assez simple : les deux personnages devaient paisiblement discuter, sans trop flirter, et échanger leurs avis sur différents sujets. Mais au fil du temps, je me suis rendu compte qu’il apparaissait comme une forte tension émotionnelle entre eux. Je n’avais pas prévu ce rapprochement si net et si rapide. C’est toujours surprenant de faire ce genre d’expérience. C’est un peu comme si les personnages avaient leur propre autonomie dans notre imaginaire.


• Dans mes fanfictions, j’aime bien reprendre des scènes cultes de la littérature. Et dans ce chapitre, je fais référence à l'une des scènes du roman Jane Eyre de Charlotte Brontë. Précisément celle où M. Rochester examine les dessins de Jane, en lui disant :


– Où avez-vous trouvé les sujets de vos œuvres ?

– Dans ma tête.

– Dans cette tête que je vois sur vos épaules ?

– Oui, monsieur.

J’ai toujours aimé la teneur farceuse de cet échange et quand je repense à cette scène, il me revient en mémoire Timothy Dalton (dans l’adaptation TV de 1983) avec ses beaux yeux noirs plein d'espièglerie, donner brillamment la réplique à sa partenaire.


• Au fait, je prétends dans ce chapitre que Levi est né durant la « Fête de l’hiver ». Alors, je tiens à vous préciser que j’ai dû trouver une parade pour délivrer cette information.

La date officielle de son anniversaire est bien le 25 décembre. Mais Noël n’existe pas dans le monde de SNK. Il est aussi fort probable que leur calendrier soit différent du nôtre. Dès lors, comment suggérer la date du 25 décembre sans évoquer ni Noël ni le mois de décembre ?

Je me suis donc référée aux origines païennes de la fête de Noël. Avant d’être une fête chrétienne, Noël était un rite païen qui célébrait le solstice d’hiver. À partir de là, on peut imaginer que Levi est simplement né le jour de la célébration de l’arrivée de l’hiver. Quant à l’anniversaire de Mary, je l’ai choisi évidemment en fonction de celui de Levi. Je souhaitais établir un parallèle et une opposition entre été et hiver (enfin c’était surtout pour les faire causer de la symbolique des fêtes). En revanche, pour ce qui est de l’année de naissance de Levi et Mary, comme vous avez pu le constater, j’étais dans l’impossibilité de la préciser avec exactitude. Pour une raison étrange, Isayama n’a jamais voulu nous indiquer l’âge exact de Levi. Il aurait entre 30 et 39 ans dans la première partie du manga (donc possiblement né entre l’an 850 et l’an 857). Son année de naissance demeurera à jamais un mystère. Reste à vous préciser que dans cette fanfiction, Mary et Levi auraient entre 25 et 30 ans.


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