Le chant des étincelles

Chapitre 4 : Perte.

5106 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/02/2022 20:40

Hedwig Lambert


         Tenant entre mes doigts les restes d’une douce chevelure blonde, je pleurais de toute mes forces. Mes jambes pliées et mon torse pointant vers le sol, les larmes coulaient à flot tombant ensuite dans une mare de sang étalée sur la rosée de l’herbe. Mon dos, courbé vers le sol, vibrait au rythme de mes sanglots et quelques gémissements de tristesse s’échappaient de mes lèvres. Derrière moi se décomposait à petit feu une sorte de corps difforme et à l’immense tête posée contre la terre, ne laissant finalement qu’une carcasse à côté de ce qu’il restait de la maison des Boyle. Cette dernière s’était retrouvée, du moins à mon retour à la réalité, totalement détruite, comme si quelque chose avait explosé en son centre. Des débris s’étalaient jusque dans les forêts environnantes et, tout autour de moi, les autres membres dont j’avais plus ou moins fait la connaissance hier, se baladaient dans ces corps à la taille impensable.

         L’un, de petite taille, s’arrêta en face de moi et, attendant un quelconque signe, me fixa. De sa nuque apparu une forte fumée grisâtre. Son corps s’étala lamentablement sur le sol, le titan poussant un dernier gémissement avant de fermer les yeux. Aussitôt, une ombre fit surface toujours sur la nuque et se forma le visage du petit Lyam. Il semblait inconscient, comme moi lorsque je m’étais extirpée de la carcasse de mon titan.

         J’accouru vers lui, escaladais les membres de la bête nue et me rapprochais de cet enfant. 

-Hé !! Ça va aller ?! m’écriais-je.

         Je me mis à le tirer de toute mes forces hors de la chair accrochée à son petit corps. La viande le retenant céda finalement, nous faisant au passage retomber vers le haut du dos de son titan déformé. 

-Où… Où sommes-nous… ? demanda-t-il innocemment. 

         Je me relevais, le tenant contre ma poitrine comme une mère tiendrait son enfant effrayé. Et en relevant la tête, il découvrit le carnage qu’était devenu sa petite maison perdue. Je sentis ses membres commencer à trembler de peur, ses dents claquaient et des gémissements se mirent à s’échapper de son corps. 

-M… Ma maison…

         Sans réussir à se contrôler, l’enfant se débattu et commença à crier. Il était incontrôlable et, alors que je ne pouvais plus le retenir étant donné sa force, il se sorti de mes bras et s’échappa, hurlant de toute ses forces :

-Qu’est-ce qu’ils ont fait à notre maison ?! 

         Il semblait détruit, ravagé par l’horreur se commettant devant ses petites perles. Et, déstabilisé dans sa tristesse, son pied ripa, le laissant chuter vers la verdure. 

-Aïe !!

         Je me rapprochais, à quatre pattes, du sol et le regardais un instant, m’imaginant tous les souvenirs lui foudroyant l’esprit. Cette maison était sûrement tout ce qu’il avait eu de plus cher. 

         Il se releva et, avant même de se retourner et de continuer de pleurer sa maison, croisa le regard de son titan déformé commençant son évaporation. 

-J…Je suis ce monstre… ? 

         Il marqua un silence et reprit :

-JE SUIS UN MONSTRE !! UN DE CES MONSTRES QUE L’ON PENSAIT MORT !! ET C’EST MOI QUI AI DÉTRUIT LA MAISON !

         Ses larmes coulaient à flot. Il frappait à répétition sur le sol alors qu’au loin s’entendait un vacarme assourdissant. Comme si les ruines de Shiganshina étaient mises à feu et à sang. 

-C’est toi qui as fait ça, Lyam ?! s’exclama une autre voix, celle d’Enos. 

         Lui aussi s’était échappé de sa carcasse. Il s’approcha de son petit frère et l’attrapa par le col. 

-Qu’est-ce qui t’a pris petit enfoiré ?! Pourquoi t’as détruit la baraque bordel !!

         Lyam pleura encore plus qu’avant tandis qu’Enos le jeta par terre. 

-Je savais que t’étais une belle merde mais pas au point de faire ça à notre maison ! Putain mais qu’est-ce qui t’es passé par la tête ?!

         Sans répit, il se mit à frapper la victime de son pied alors qu’elle était déjà affalée. Mais je ne pouvais rien faire. Même si je me tenais à quelques mètres d’eux, la paralysie m’empêchait de faire quoi que ce soit. 

         Il le reprit par le col, le secoua en criant des paroles incompréhensibles et fondit à son tour en larme. 

-Et si c’était nous deux qui avions fait ça… ? 

         Je ne pouvais plus décrire son comportement tant il semblait hasardeux. 

-Si ça se trouve c’est moi… C’est moi qui aie détruit la maison…

         Les deux frères, l’un totalement ensanglanté et l’autre détruit de l’intérieur s’enlaçaient de force pour vaincre cette terrible réalité. 

-Qu’est-ce qu’il nous arrive… marmonnais-je, déstabilisée. 

         De mon visage ressortait également une étrange sensation, comme si des traits avaient été gravés sur mes joues. Ces balafres que je touchais du bout de mes doigts étaient brulantes, mais de manière générale, l’air que je respirais était empli de chaleur et de fumée, comme lorsque l’on sortait d’un bain chaud. 

-L… Lora… ? chuchota une petite voix à ma gauche. 

         Je découvrais alors le visage perdu d’Erna. 

-Tu sais où elle est ? demandais-je.

-Non… Je n’en ai aucune idée.

         Erna jeta un coup d’œil aux frères tandis que je regardais à nouveau la touffe de cheveux. 

-Mais… MERDE !!! Où est-ce que t’es passée Lora !!! criais-je.

         Et mon regard divagua vers ma carcasse. Je m’étais réveillée proche d’un endroit où la pelouse était recouverte de sang et où j’avais pu trouver la touffe et une jambe arrachée. 

         Je savais à qui appartenait cette jambe, mais au plus profond de moi je niais la lourde vérité. 

-Je crois que… Lora s’est sacrifiée, expliqua Lewis en sortant de derrière quelques fagots de bois étendus çà et là. 

         Il venait de confirmer ce que je craignais. 

-Comment ça ? demanda Erna. 

         Pendant que les autres parlaient et que tout se mélangeait dans mon esprit, je m’agenouillais, affaiblie par tout ce qui se passait à la seconde. 

-Le sang et la jambe… Ils appartenaient tous les deux à Lora… J’en suis certain, murmura-t-il les yeux grands ouverts. 

         Il se pencha violemment vers le sol et relâcha de sa mâchoire un long liquide peuragoutant. Et, après avoir vomi, il continua :

-J’ai… J’ai retrouvé des seringues près de mon titan…

-Et alors ?! Accouche bordel ! s’impatienta Enos.

-Et alors…

         Il n’osa pas continuer sa phrase, les mots lui manquaient. 

-J… Je crois qu’elle nous a transmis son pouvoir… Il était écrit dans les livres qu’il faudrait manger le possesseur d’un titan primordial afin de récupérer son pouvoir. 

-Putain mais c’est quoi le lien avec les seringues ?!

         Le jeune homme s’impatienta et montra de sa voix.

-Les seringues contenaient sûrement de quoi nous transformer en titan afin que l’on la dévore !! De cette manière on aurait récupéré le pouvoir des titans primordiaux !

-Vous êtes sérieux… ? se questionna Kate alors qu’elle venait de se pointer derrière nous.

         Elle était accrochée à la chemise de Charlie, comme s’il servait de réconfort. 

-C’est du délire, pourquoi elle aurait fait ça ? surenchérit Charlie. 

-Aucune idée… Mais… Quelque chose ne colle pas.

         Le jeune homme réfléchit intensément. 

-Nous étions huit, comment pourrait-elle nous transmettre les neuf titans ? conclu-t-il. 

-Parce-que je suis là, interloqua la voix d’un inconnu. 

         Ce dernier portait une longue barbe et des habits froissés. Il était accompagné de l’ami de toujours de Lewis : Kei.

-Vous ? 

         Tout le monde resta bouche bée, regardant bizarrement l’inconnu aux allures de pauvre. 

-Il s’appelle Rudolf, expliqua Kei. C’est un Eldien. 

-Et qu’est-ce que tu fous ici ? 

         La question posée par Enos énerva légèrement le prénommé Rudolf qui répondit simplement :

-Ça ne vous regarde pas, ce sont mes affaires personnelles. 

-Peut-être mais là ce n’est pas le moment !! Tu ferais mieux de l’ouvrir avant que j’te fume.

         Enos se rapprocha dangereusement de Rudolf. La confrontation semblait imminente lorsque quelques beuglements se firent entendre dans nos dos. Tout le monde arrêta de se battre et chacun regarda vers le chemin qui menait à Shiganshina. Les tirs se faisaient beaucoup plus bruyants et présents. 

-Merde… Ils se rapprochent, marmonna Charlie. 

-L’apparition de nos titans ont dû les attirer, confirma Rudolf. Il faut s’en aller au plus vite. 

         Ce dernier se retourna et commença à marcher vers la forêt environnante. 

-Où est la ville la plus proche ? demanda-t-il. 

         Un long silence pesa. Personne n’avait jamais eu besoin de partir en voyage dans une autre ville, c’était même strictement interdit. Seuls les membres de la Brigade de conquête pouvaient réellement sortir du territoire imposé par la suprématie Mahr. Et encore, ils étaient restreints à une petite part de la carte. 

         Kei se rapprocha de Rudolf et, plein d’espoir, déclara :

-Lewis et moi étions de la Brigade de conquête, on doit pouvoir s’en sortir pour trouver un village pas très loin. 

-Oui, rajouta Lewis, ça nous est déjà arrivé de trouver des villages assez proches. On doit pouvoir s’en sortir avec nos cartes personnelles. 

         Épaté, Charlie resta quelques instants à admirer la minutie des deux enfants. Le travail de membre de la Brigade de conquête révélait ici toute son utilité, nous qui n’en voyons pas les bienfaits. 

-Vous avez dessiné tout ça à la main… ? demanda ce dernier. 

-Ça et quelques autres cartes, oui. 

-Wow…lâcha-t-il. 

         Mais le temps pressait, et ça Rudolf l’avait bien compris. Il reprit son parcours et ordonna :

-Parfait. Kei, tu viens avec moi en première ligne, tu vas servir de guide. Le reste, prenez le plus de livres et de documents que possible et suivez-nous à la trace. 

         Chacun s’activa et prit son travail très au sérieux. Erna se jeta sur moi et m’aida à me relever. Kate et Charlie s’empressèrent de récupérer des ouvrages tandis que Lewis suivit aveuglément Rudolf et Kei. Enfin, Enos et Lyam se mirent à marcher en direction de la forêt, restant tout de même à nos arrières. 

         Tout ce petit monde fuyait les troupes Mahr se mettant en route vers la petite maison sur la colline et déjà, le soleil apparaissait et nous laissait admirer la beauté de la forêt. 

-Qu’est-il arrivé à… À Lora… ? 

         Mes murmures interpellèrent la voix fatiguée d’Erna qui répondit :

-J… Je ne sais pas, Hedwig. 


         ****


Kate Aleit  


         Le chemin fut rude. Chaque racine encrée dans le sol semblait insurmontable, sûrement dû aux responsabilités qui nous écroulaient. Que se passait-il ? 

         Cette attaque ne ressemblait en rien à la purge Ackerman que j’avais vu de mes propres yeux il y avait de cela une dizaine d’année. Shiganshina était réellement en feu et l’on entendait au loin des tirs réguliers ainsi que des aboiements martelant sans cesse nos esprits. 

         Mais par-dessus tout, Charlie et moi ne comprenions rien à ce qu’il nous arrivait. Toute cette histoire de transmission de titan nous déboussolait. Alors, pendant le voyage et quand bien même nous nous trimballions des dizaines de bouquins, je n’hésitais pas une seule seconde à lui poser des questions auquelles il n’avait pas de réponses. 

         Il était réellement aussi désorienté que moi. 

         Et je repensais à cet après-midi passé hier où nous pensions être à l’abris total de tout malheur. Finalement, ce qu’il nous arrivait était le moindre mal, quand bien même nous en souffrions psychologiquement. Aurais-je préféré mourir dans le feu des ruines de Shiganshina ou bien vivre dans la peur constante de ne pas comprendre la situation ?

         Je ne savais pas. 

         Mais ce plan de Lora que j’avais à moitié compris m’effrayait. D’après ce qu’il avait été compris, Lora nous aurait transmis les titans à l’aide de seringues. Mais pourquoi faire ? 

         La charge qui nous incombait était désormais démesurée. Je possédais un titan en mon intérieur. Et le simple fait de répéter cette phrase me déstabilisait de plus en plus. 

         Je n’arrivais vraiment pas à m’y faire et mon cerveau cherchait désespérément du sens à toute cette histoire. C’était invraisemblable, comme si toutes les peines de Lora Lambert s’étaient ajoutées aux nôtres. 

         Nous n’étions plus des gamins voguant à nos occupations mais des armes. Des bombes à retardement capables d’éradiquer les puissances militaires de pays. Que deviendrait notre vie après cette transmission ? 

         Qu’allions nous devenir, à fuir la guerre alors qu’elle finirait par nous retomber dessus à cause de notre statut. 

         Et alors que ce questionnement existentiel m’affaiblissait, nous continuions d’avancer dans une pénombre alourdie, quand bien même le soleil éclairait quelques endroits de la forêt. La fatigue nous gagnait et alors que je restais aux côtés de mon amoureux, la marche s’arrêta et Enos s’indigna :

-On ne peut pas faire une pause ? Mes jambes n’en peuvent plus…

-Pas possible, lui répondit Rudolf. Le chemin est encore long et les troupes Mahr sont d’ores et déjà en train de nous rattraper.

         Le grand frère soupira et rugit :

-Putain mais tu vas nous dire qui tu es à la fin ? Et pourquoi on devrait suivre tes ordres comme de bons petits toutous, hein ?!

-Parce que je fais également partie de la Brigade de conquête figure-toi. 

-À votre âge ? s’étonna Kei. 

-Je suis chargé de superviser, sous la présence Mahr, des expéditions effectuées par les membres de la Brigade. C’est moi qui délimite les zones où les membres sont autorisés à aller. 

-Alors pourquoi tu aurais eu besoin de Kei et de ses cartes manuscrites pour trouver un quelconque village proche d’ici ? 

         Rudolf serra les dents, signe qu’il était pris au piège dans ce qui semblait être un mensonge. 

-Parce que j’ai beau superviser le tout, j’ai besoin de l’aide d’une recrue qui connait le terrain de manière rationnelle, et pas que par des cartes. 

         Enos sembla encore un peu plus s’énerver. En effet, l’argument de Rudolf était plausible et logique. Le frère se retint de frapper l’inconnu et se posa sur une souche d’arbre. 

-‘Tain… Je n’en reviens pas de cette histoire…éructa-t-il entre ses dents. 

         Soudain, un son nous interrompu. Il venait clairement de derrière nous et semblait être celui d’un Mahr. Quelques frissons parcoururent nos peaux glacées et s’ensuivit un long moment de silence pour déceler la véritable nature des bruits. 

         Quelques chuchotements se perdirent entre les feuillages et tous rivèrent leurs yeux en direction de ces derniers. 

         Un cliquetis robotique se fit entendre et des dizaines de puissants flash lumineux eurent raison de notre position. Le miaulement des balles nous frôla. La plupart se dispersèrent dans le bois ou la verdure déchirée. Personne ne montra de signe de vie, jusqu’au moment où, sans m’en rendre compte, une munition transperça ma chair. Je ne m’en étais pas rendu compte à l’instant même car la douleur surpassait la raison, mais à la seconde même où je fus touchée par le tir, un puissant sentiment de vengeance refit surface dans mon esprit. 

         Comme si je devais protéger les autres de ses rafales arrivant à pleine vitesse. 

         L’instant ne dura à peine qu’une demi seconde. Ma peau sembla se développer et une puissante vague de chaleur émana de l’entièreté de mon corps. Mes os semblèrent se réduire en cendre et mon squelette sembla devenir infiniment plus grand. Une violente lumière émana de ma gorge et de mes yeux. 

         Je semblais me volatiliser pour construire quelque chose de bien plus grand, quelque chose dépassant la simple forme humaine. 

         Et comme si un éclair me foudroyait, je fus électrocutée à un point inimaginable. 


         Rouvrant les yeux, je découvrais le lever de soleil et les ruines de Shiganshina envahies par des centaines de soldats armés par des fusils d’assaut. Je n’aurais pu définir clairement leurs attirails mais ils semblaient venir d’une autre époque bien plus évoluée que la nôtre.

         Je regardais un instant tout le chemin que nous avions parcouru et jetais un rapide coup d’œil aux carcasses ne laissant plus qu’une trainée de fumée. 

         Mon corps semblait immense, invincible et incroyablement plus puissant. Comme si j’avais atteint une forme parfaite, sans défaut. Mais je n’étais plus, au fond de moi, la même personne. Un caractère bien plus virulent avait pris le contrôle et je le savais. De ce fait, mon corps se mouvait de lui-même, sans que je réussisse réellement à reprendre les reines.

         Je me baissais et observait les dizaines de soldats Mahr que nous avions entendus il y a de cela quelques secondes. J’en vis d’abord un, armé de sa carabine à longue portée, tentant de me tirer dessus plus que possible. Il était si faible que je l’écrasais en balayant simplement le sol. 

         Je n’aurais jamais fait ça consciemment, j’étais comme manipulée par une autre force. Et même si je n’avais pas vu l’assaillant m’ayant tiré une balle, je savais qu’il faisait partie de ce groupe que je décimais de coups répétitifs. 

         La petite troupe de soldat Mahr n’était plus et je me dirigeais pour en faire de même au groupe d’adolescents que j’avais vu auparavant. Arrivé devant chacun d’eux, je pris le temps d’observer chacun de leurs visages avant de les écraser, mais l’un deux me tapa dans l’œil. Tous tiraient une tête de personne effrayée à part celui-ci. Il était souriant et bienveillant, mais je décelais ce faux sourire et me rappelais qui était cet homme. 

         Mon poing s’apprêtant à les réduire en bouillie se rangea et je réfléchissais un instant. Cet homme, c’était Charlie. 

         Son doux visage m’attendrît tellement le cœur que je pus reprendre le contrôle de mon corps titanesque. Et, répondant à son sourire, je lui en offrais un à travers mon titan. 

         Son visage s’illumina, et par extension le mien aussi. 


         ****


Lewis Hanson


-Je n’en reviens pas… Comment elle a fait… ? lâcha Enos, la bouche grande ouverte.

         Sûrement par volonté de sauver son amour et, suite à sa blessure, Kate s’était violemment transformée dans sa forme titanesque. Personne ne s’y attendait, et nous nous étions d’ailleurs fait expulsés par la vague de chaleur. Malgré tout cela, j’avais réussi à récupérer la plupart des livres importants tandis que d’autres étaient cramés par la transformation de Kate. 

-Hé Lewis ! C’est quel titan primordial celui-là ? hurla Kei alors qu’il regardait, hébété, le nouveau corps de la blonde. 

         Sans attendre, j’ouvrais le plus de livre possible, feuilletais rapidement et tombais finalement sur des explications. 

-Euh… Vue la forme de ses muscles et la présence de seins, je dirais que c’est le Féminin.

         Le titan ouvrit les yeux et observa pendant un petit temps le paysage. 

-D’après le bouquin… Il possèderait d’excellentes capacités physiques et une endurance parfaite. 

         Pendant que je continuais de raconter ce que le livre expliquait, chacun faisait comme il pouvait pour comprendre la situation. Erna et Hedwig s’enlaçaient, la boule au ventre tandis qu’Enos essayait de calmer le feu qui se mettait à lui brûler l’épaule gauche. 

         Kate se mit en direction de là où tiraient les soldats Mahr et commença à les éradiquer alors que je continuais de déblatérer :

-Cependant, les titans sont, lors de leurs premières transformations, très difficiles à contrôler. Il faut alors de l’entraînement pour que les hôtes puissent pleinement maîtriser leurs pouvoirs. 

-Merde… Ça veut dire qu’on va devoir la faire sortir de sa carcasse de titan…

-Sûrement, oui… 

         Et, après avoir tué les soldats Mahr, elle refit surface vers nous. S’ensuivit un instant où elle leva le poing comme si elle désirait nous annihiler de la même manière. Mais elle croisa le regard de Charlie, et là, son regard s’adoucit. Elle semblait avoir repris le contrôle sur son corps. 

         Le titan Féminin nous tendit sa main ouverte, comme pour nous dire d’y monter. 

-Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Rudolf. 

-Je ne sais pas… Je croyais qu’elle était incontrôlable… Ce n’est vraiment pas normal.

-Non les gars, c’est depuis qu’elle m’a regardé qu’elle est comme ça, déclara Charlie. Je crois que j’ai réussi à la calmer…

-La calmer… répéta bêtement Erna avant de jeter à nouveau son regard sur la main ouverte. 

         Cette dernière prit la main d’Hedwig et l’emmena vers la paume et s’y posa en enjambant les doigts. Elle et Hedwig s’y tenaient, accroupis. Ce fut ensuite au tours d’Enos, Lyam et Rudolf, qui s’installèrent dans le creux de la main. Charlie s’y installa tandis que je rangeais les livres entre mes petits bras et finalement, Kei et moi furent les derniers à embarquer. Elle referma ensuite sa main doucement et la rallia à son autre paume afin de nous offrir un plus grand espace. Pour finir, elle plaça ses mains au niveau de son torse et laissa un petit espace ouvert afin que l’on voie où nous nous dirigions. 

-Je n’en reviens pas qu’elle ait réussi à se maîtriser à cette vitesse, répéta Kei. 

         Moi-même, je remettais en question ce qui était écrit dans le livre. Kate semblait avoir fait preuve de beaucoup de talent pour contrôler le titan Féminin à cette vitesse. Surtout qu’il n’était mentionné à aucun endroit que celui-ci aurait pu être plus facile à appréhender. 

         Peut-être avait-elle un don particulier. 

         À cet instant, je refermais le livre où toutes les principales informations étaient notées et, regardant la première de couverture, je découvrais un petit détail intriguant. 

-« Arlert »… ? marmonnais-je.

         Ce nom me fit grandement penser à quelque chose, comme si je l’avais entendu récemment. Je demandais alors :

-C’est quoi son nom complet à Kate ? 

         Charlie me regarda dans les yeux et déclara :

-Kate Aleit, pourquoi ? 

         La ressemblance entre les deux noms de famille me fit tiquer. Arlert, Aleit, les deux semblaient sortir tout droit de la même famille. Comme si Aleit était la déformation de Arlert, déformation sûrement dûe aux centaines d’années séparant les deux noms de famille. 

         « Peut-être que Kate est la descendante de cet Armin Arlert » m’étais-je dis. Du moins, je ne faisais que m’imaginer des histoires, les deux mots n’avaient certainement rien à voir. 

         Et déjà, alors que le soleil s’était levé dans le ciel, nous découvrions l’immense foule de personnes se révoltant dans les rues de cette ville bien plus grande que Shiganshina. 

































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