My Beautiful Beast (LevixEren)
Chapitre 4 : Let's Try to Become Good People...(part 2)
6833 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 08/11/2016 07:00
My Beautiful Beast
Chapitre 4: Let’s try to become good people… (Part 2)
Au cours de leur affrontement, l’être humain derrière l’adversaire s’était doucement effacé. Il n’avait plus ni visage, ni nom. Plus aucune identité. Ce n’était qu’un pantin.
Ses mouvements lui semblaient au ralenti. Cet adversaire avait le mérite d’avoir tenu plus longtemps que les précédents mais ça ne durerait pas. Levi abaissa son centre de gravité et, plus vif que l’éclair, il esquiva la main qui visait son col avant d’envahir l’espace personnel de son opposant d’un pas en avant. L’ennemi eut à peine le temps de comprendre ce qu’il se passait qu’il était déjà frappé en pleine mâchoire, par en dessous. Ses dents s’entrechoquèrent si fort que celles du haut perdirent un morceau d’émail sur le devant. Il fut projeté en arrière et s’écrasa sur le dos, la tête la première.
Levi venait de mettre chaos son sixième partenaire d’entrainement de la séance.
Un silence accueillit la scène. Leur professeur d’art martial fut le premier à se remettre de sa surprise. Il se précipita sur Oluo, prit son pouls et déclara : « Il est en vie ! » Un soupir de soulagement général emplit le dojo. Levi haussa un sourcil : « Bien sûr qu’il est en vie, le tuer ne faisait pas parti de l’exercice, non ? » Le professeur parut désarçonné un instant avant de répondre : « Non, bien sûr que non ! » Hanji intervint sur un ton amusé, qui n’était certainement pas en adéquation avec la situation : « Tu l’aurais tué si ça faisait partie de l’exercice ? » Levi se contenta de souffler du nez et de se lisser la manche du kimono : « Il va bien. Il est juste assommé. » Petra était encore sous le choc : « Capitaine ! Oluo n’est déjà pas très gâté par la nature alors si vous lui enlevez ses dents de devant…. » Hanji pouffa de rire : « S’il t’avait entendu Petra, il aurait été bien plus attristé par ce que tu viens de dire que du fait que Levi lui fasse sauter une ou deux dents… » Gunther ajouta : « Nous bénéficions d’une excellente assurance santé dans cette école, Oluo ne devrait pas avoir trop de frais dentaires à payer pour réparer tout ça… » Eld, tout aussi ébranlé que Petra rétorqua : « Tu penses vraiment que c’est le sujet, là ? Son assurance dentaire ? » Les autres élèves de la classe était très loin de partager leur décontraction.
Il existait deux catégories d’élèves au sein de cette école. Les élèves dits ‘normaux’ et les Enfants Criminels, plus communément appelés les E.C.
Le gouvernement avait écouté le plaidoyer d’Erwin Smith et l’avait laissé donner libre cours à son projet, mais ce n’était pas sans poser de conditions très spécifiques. Les enjeux étaient bien trop énormes pour qu’on puisse ignorer ce qu’il allait advenir de l’académie du Survey Corp. Paradiz était l’un des pays les plus puissants au monde. Il s’opposait depuis des siècles à l’empire de Maür. Il possédait plus de ressources et la technologie de pointe la plus poussée. Mais il était face à un problème majeur ; la violence interne. Son pire ennemi, c’était lui-même.
Au fil du temps, la disparité entre riches et pauvres s’était creusé jusqu’au point de non-retour. Les différents quartiers qui composaient Heaven étaient une illustration criante de vérité quant à l’état réel de la majorité de sa population. Paradiz possédait le plus haut taux de criminalité mondial. Il ne faisait pas bon d’y vivre à moins d’avoir les moyens de se cloîtrer dans l’enceinte ultra-sécurisée du mur magnétique du quartier le plus huppé de la capitale. Le pays était aux mains de gangs organisés et de criminels en tout genre. Les pouvoirs du gouvernement étaient quasiment nuls en dehors de leur joli mur et l’armée du pays était trop occupée à gérer ses frontières pour appuyer les politiques.
Survey Corp. était le seul espoir des dirigeants pour renverser la tendance. Il s’agissait de former des soldats d’élites qu’on placerait même au-dessus de la police. Ils seraient entraînés à gérer les crises rencontrées par le pays. Ce serait une sorte d’armée interne. Plus puissants, plus loyaux, plus cultivés que les forces de police déjà en fonction.
L’académie d’Erwin Smith allait révolutionner le pays et rendre à Paradiz sa splendeur originelle.
Au conseil d’Etat, tous avaient approuvé la forme du projet mais beaucoup en avait rejeté le fond. Pourquoi essayer de recycler la lie de cette société parfaitement corrompue quand on pouvait se servir d’une élite triée sur le volet, bien plus apte à représenter les intérêts de ceux qui faisaient la fierté et la puissance de Paradiz ? Ce à quoi Erwin leur avait rétorqué qu’il n’accepterait de mener à bien son projet que s’ils acceptaient qu’il forme une première classe test, réunissant les meilleurs éléments choisis par le conseil gouvernemental et les enfants qu’il aurait lui-même sélectionné parmi les criminels qui pullulaient en dehors du mur magnétique.
Livaï, Hanji, Oluo, Gunther, Eld, Petra et Moblit étaient les sept élèves sélectionnés par Erwin pour représenter les intérêts de son projet initial. Donner une chance aux habitants les plus défavorisés de Paradiz de se sauver eux-mêmes et de retrouver leur honneur passé.
La classe était donc scindée en deux, les E.C et les normaux, aussi appelés l’Elite.
Jusque-là, aucun rapprochement n’avait été possible entre les deux camps. Bien que l’Elite subisse la pression des politiques, les E.C se montraient meilleurs qu’eux en absolument toutes les matières. Les sciences étaient le domaine de prédilection de Moblit et Hanji qui régnaient sans partage sur le classement de Physique, de Chimie, de Sciences Technologiques, de Biologie et de Mathématiques. En ce qui concernait les langues, l’Histoire, la Géographie et les Sciences politiques, personne n’arrivait à la cheville de Petra, Gunther, Eld ou Oluo. Puis, bien entendu, il y avait les matières les plus importantes en ce qui concernait plus précisément les desseins de l’école, Education Physique, Techniques de Combats et Tirs, des matières où Levi Ackermann, l’élève le plus monstrueux de tous les temps, les dominait de très, très, loin.
Force, rapidité, maîtrise de tous les arts martiaux au programme en moins de temps qu’il n’en fallait pour dire ouf (même lorsqu’il les commençait en tant que novice), Levi était aussi un tireur hors pair (on aurait presque dit qu’il était né avec une arme à feu entre les mains, même s’il ne cessait de dire qu’il préférait se battre avec les poings ou à l’arme blanche…) C’était un monstre infernal, impossible à abattre. A chaque fois que l’un d’entre eux se sentait le courage de l’affronter, ça finissait toujours de la même façon. A l’infirmerie avec plusieurs points de suture.
Mais depuis quelques temps, Levi était devenu bien pire. Et ce n’était plus à l’infirmerie mais à l’hôpital qu’il expédiait ses adversaires à la fin des séances d’entraînement…
Levi ne dépassait pourtant jamais les limites. Il suivait strictement le protocole et l’exercice donné. De ce fait, personne ne pouvait lui reprocher d’avoir sciemment blessé un camarade ou fait acte de violence. Rien que pendant cette séance, il avait mis hors d’état cinq Elitistes. Quand aucun d’eux n’avait plus voulu devenir son partenaire d’entraînement, Oluo Bozado, un E.C (arnaqueur et fils d’un escroc de renom qui avait extorqué des millions aux plus hauts contribuables du pays), s’était proposé. Personne ne s’était attendu à ce que Levi, considéré comme le chef de leur petite bande, finisse par lui réserver le même sort qu’aux autres. Apparemment, le Démon n’avait pas de cœur.
Leur professeur Nile Dork, ne sachant plus quoi faire pour entraîner Levi décida de le mettre au repos pour le reste de la séance. Lorsque Hanji décida elle aussi de s’arrêter, il n’essaya même pas de l’en empêcher.
Rares étaient les professeurs qui osaient dire quoi que ce soit à Hanji. En réalité, à part Erwin et Daris Zeckley (le général en chef à la tête de l’armée, qui leur rendait des visites occasionnelles) personne ne paraissait avoir la moindre autorité sur elle. Le cas d’Hanji était très particulier. Contrairement aux six autres E.C, elle était née et avait grandi dans l’enceinte du mur. Il s’agissait de la fille unique du PDG de la plus grande entreprise de hautes technologies du pays. Spécialisés dans la nanotechnologie et la biologie moléculaire, les industries Zoé se plaçait premier de leur domaine sur le marché mondial.
Mais Hanji Zoé avait un casier judiciaire plus long que le plus haut building d’Heaven. Actes de cruautés envers des animaux, d’autres enfants et même des adultes (certains membres de son personnel), incendie volontaire, elle avait été diagnostiqué sociopathe à l’âge de dix ans. Son père l’avait donc tenu éloignée du monde extérieur pendant cinq ans, la confinant dans l’une de leur maison de campagne jusqu’à ce qu’Erwin ne vienne la recruter pour faire partie du projet (l’histoire racontait qu’elle avait eu le champ libre pour mener de drôles d’expérimentations à l’abri des regards pendant ces cinq années et qu’elle était secrètement à l’origine des nouvelles avancées fulgurantes des entreprises Zoe.) Elle faisait donc parti de l’Elite par sa naissance, mais était indéniablement une E.C pour absolument tout le reste.
Levi avait continué d’observer les autres, sans prêter attention à la présence d’Hanji, qui pourtant s’était installée très, très proche de lui. Quand elle comprit qu’il n’avait aucune intention d’arrêter de l’ignorer, elle chantonna : « Le petit Levi a bien du chagrin, il ne se tape plus sa fée du tapin, saute, saute, saute, mon petit Levi, tu trouveras bien une autre pute qui te fera sien ! »[1] Levi se sentit obligé de poser les yeux sur elle avant de répondre, consterné : « Hanji, ils se sont tous trompés de diagnostic, tu n’es pas une sociopathe, ton cerveau est complètement baisé. Les sociopathes du monde entier ne méritent pas d’être associés à toi…
- Oh mon Levi ! Il n’y a que toi pour me comprendre si bien ! Je n’ai jamais su pourquoi ce psychologue de pacotille a conclu que j’étais une sociopathe ! Je veux dire, je suis presque sûre d’avoir autant d’empathie que la plupart des gens…à sa place, moi, j’aurais plutôt opté pour de la psychopathie. Tu ne trouves pas qu’il a sacrément manqué d’ambitions ce type ? De quoi il avait peur ? Que mon père lui colle un procès aux fesses s’il me diagnostiquait psychopathe ?
- Hanji, la ferme…
- Non, non, non, mon petit. Pas avant que tu ne m’expliques ce qui ne va pas !
- Hein ?
- Oh, pas à moi, hein. Je sais que de base, tabasser de l’Elitiste c’est comme une seconde nature pour toi…mais de là à envoyer Oluo à l’hôpital ? Je croyais que toi au moins, tu prenais un peu plus soin de tes animaux de compagnie que moi…
- Oluo n’ira pas à l’hôpital pour si peu. Je l’ai juste assommé…
- Le petit Levi a bien du chagrin, il ne saute plus sa fée du tap…
- Stop ! Est qu’on ne devrait pas inventer un délit pour nommer ce que tu fais ? Je veux dire, on ne pourrait vraiment pas t’arrêter pour ça ?
- Alors, j’ai raison ? Tu es sur les nerfs parce que ton hôtesse s’est fait la malle ? » Levi marqua une pause.
Cela faisait déjà un mois et demi qu’il n’avait plus de aucune nouvelle des Jäeger. Le dernier soir où il avait raccompagné Carla avait aussi été le dernier soir où elle avait mis les pieds au club. Levi ne cessait de les imaginer tous les deux, quelque part à Trost, coulant des jours plus heureux dans une petite maison comme il y en avait plein dans le coin. Et il ne pouvait s’empêcher de les chercher des yeux à chaque coin de rue. Récemment, il s’était même surpris à traîner pas loin des écoles primaires et à guetter les gamins à la sortie (il devait arrêter de faire ça, son casier judiciaire était déjà assez impressionnant sans y ajouter suspicion de pédophilie…). Levi se sentait de plus en plus frustré. De plus en plus en colère.
Il se demandait s’il avait pris la bonne décision.
Maintenant qu’il était à plein temps à l’académie, qu’il habitait les dortoirs et ne se rendait plus que très rarement au bar dans le quartier de Shinganshina, peut-être qu’il représentait beaucoup moins un danger pour Eren qu’il ne l’était avant…Non. Malgré ses hésitations, il portait toujours le poids de ses péchés. Et surtout ce nom de famille maudit. Ackermann… Mais ne devait-il pas au moins s’assurer qu’Eren s’entende avec son nouveau père ? Son nouveau frère ? Ses nouveaux camarades de classe ? C’était un peu Levi qui lui avait sauvé la vie, du coup ne devait-il pas assumer son acte jusqu’au bout ?
Hanji lui pinça le bras. Il grogna : « Va chier binoclarde! » Hanji soupira : « Je vais prendre ton très long moment d’absence pour une réponse positive. Je n’arrive pas à croire que tu puisses bouder parce qu’une putain t’as largué avant de disparaitre…j’ai pourtant entendu dire que c’était monnaie courante dans le quartier, est-ce que t’étais vraiment si surpris que ça qu’elle puisse t’abandonner ?…
- Hanji. La prochaine fois que tu la traites de putain. Je t’attrape par la queue de cheval, je te fais bouffer tes binocles de merde et je t’enfonce la tête dans le cul de Moblit…
- Awn, arrête un peu, Moblit n’a rien à voir là-dedans…Mais saches mon petit Levi, que si tu es si accro à elle que ça, je peux t’aider à la retrouver…
- Il n’y pas si longtemps, j’ai pensé que j’avais envie de te demander comment tu t’étais débrouillée pour savoir pour Carla et moi. Mais à bien réfléchir je pense que je préfère ne pas savoir. Je ne veux, vraiment, pas savoir ce que tu fais de ta vie. Moins j’en sais, mieux c’est...
- Quand tu parles comme ça, j’ai l’impression d’être une sorte de super héros, mystérieux et puissant…
-Non, en réalité je voulais plus que tu te sentes comme ce que tu es en réalité. Une psychopathe en puissance dont personne ne veut savoir la vie…Sérieusement, Hanji, on devrait te faire enfermer, pour le bien de tous… » Elle claque de la langue : « Oh, tu ne penses pas ce que tu dis, en réalité, tu m’adores.
- Je ne te supporte que parce que Mono-sourcil m’y a obligé.
- Si Erwin savait quel surnom tu lui donnes dans son dos….
- Je le lui dis en face.
- Ca c’est mon Levi, si couillu que même ses couilles le craignent !
- Hanji… stop.
- Si tu veux vraiment que je m’arrête de parler, alors réponds à ma question, va-t-on oui ou non, chercher ta Carla ? » Levi hésita un instant avant de répliquer : « Hors de question. Elle doit déjà s’être mariée à l’heure actuelle. Et même si tu ne me croiras pas, je tiens à dire qu’on n’avait absolument pas ce genre de relation elle et moi. Donc je ne vois pas débarquer chez elle pour rien...
- Mais, on ne pas la laisser partir ! Elle est l’oiseau rare Levi ! Tu te rends compte ? Elle a réussi à te rendre bavard Levi. Et ça, c’est vraiment magique.
-…Hanji, pourquoi est-ce que tu ne me laisses pas tout simplement tranquille ?
- Parce que tu es l’un des rares êtres humains dont je n’ai pas envie de disséquer le cerveau avant de le trouver tout simplement fascinant ! » Levi marqua une nouvelle pause avant de répliquer : « Un conseil, ne redis jamais ça devant d’autres personnes. Tu te ferais enfermée à coup sûr...
- Ooh ! Tu vois que tu m’aimes ! T’essaie même de m’éviter la cellule ! » Levi grogna. Et comme il savait qu’Hanji ne lui ficherait pas la paix à moins qu’il ne s’explique, il entreprit de lui parler d’Eren. De leur rencontre. De sa promesse. Et de la décision qu’avait prise Carla au final. Lorsqu’il eut terminé, elle s’écria : « Trop fort ! » Levi fronça les sourcils : « Qu’est ce qui est trop fort ?
- Tu aimes un petit garçon ! Oh ne me regarde pas comme ça, tu sais, je suis super contente pour toi, je veux dire, qui suis-je pour juger ? Après tout, ne dit-on pas que l’amour n’a pas de…AIE ! » Levi lui avait assené un coup derrière la tête avec assez de force pour l’assommer. S’il se permettait de frapper aussi fort, c’était parce qu’il savait que contrairement aux apparences, Hanji était quelqu’un d’extrêmement solide… : « Arrête un peu de délirer et sois sérieuse une seconde !
- Vilain ! Je suis contre la violence !
- Va dire ça à tous tes anciens cobayes…
- Je n’étais pas violente. Tu sais, je les aimais tous. Très fort. Lorsque je devais les faire souffrir, je pleurais aussi…
- …Pourquoi est-ce que tes parents t’ont laissé vivre aussi longtemps ?
- Parce que mon cerveau vaut des milliards. » Un silence. Hanji reprit, sur un ton enjoué : « Levi, tu sais, être attaché à quelqu’un ce n’est pas un crime, qu’importe nos actes passés, nous avons accepté d’être enrôlé dans cette école pour racheter nos fautes et sauver notre pays. Nous sommes des héros. Les vrais héros ne sont pas comme les Elitistes. A mener une vie toute lisse et toute propre. Ils nous ressemblent plus. Ils luttent contre leurs démons, leurs faiblesses, leurs impulsions pour faire le bien autour d’eux. Et ils commettent des erreurs aussi…
- Hanji, tu n’as accepté de faire partie du projet que parce qu’Erwin t’a promis que tu aurais ton propre laboratoire à la fin... » Hanji marqua une très courte pause avant de reprendre sur son ton enjoué habituel : « Bref ! Assez parlé de moi, qu’est-ce que tu comptes faire pour retrouver Eren ?
- Je ne vais pas retrouver Eren.
- Pourquoi ?
- Parce qu’il ne le faut pas. Ca ne lui apportera rien de bon. Je veux juste savoir s’il va bien, c’est tout. » Hanji parut émue. Levi la vrilla du regard, il sentait qu’elle allait dire une nouvelle bêtise et tentait désespérément de l’arrêter avant. Mais même une balle en pleine tête ne pourrait empêcher Hanji de dire absolument tout ce qu’elle voulait dire : « Oh Levi ! Ce que tu viens de dire, ça faisait tellement Batman ! Du style, ‘Je suis le grand-frère qu’Eren mérite, mais pas celui dont il a besoin actuellement. Je ne suis pas un Héro. Je suis un Gardien silencieux qui veille et qui protège sans répit. Je suis le Chevalier Noir.’ » Moblit amusé s’écria : « Batman ! The Dark Knight ! Un grand classique… » Le cours était terminé et Levi n’avait qu’une seule envie, éviter de se retrouver à nouveau seul avec Hanji.
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Assez étrangement, parler d’Eren avec quelqu’un d’autre, ça avait réussi à calmer Levi. Il s’était en quelque sorte rendue compte que toutes ses angoisses n’avaient aucun lieu d’être. Puisqu’il n’avait aucune intention de s’impliquer à nouveau dans la vie du gamin, autant ne plus chercher à le retrouver.
Levi faisait ses devoirs d’Histoire, il détestait l’Histoire mais il adorait lorsqu’ils parlaient d’anciennes guerres et de batailles. Il s’était donc contraint à réviser tout ce qu’il détestait le plus du programme avant de pouvoir se concentrer sur les récits de batailles et autres affrontements. Il était en train d’étudier une carte lorsque Kenny frappa à sa porte. Le dortoir était fermé pour le week-end et il avait été obligé de revenir à Shinganshina pour l’occasion. Kenny lui avait déjà envoyé un message pendant la semaine pour lui dire qu’il avait quelque chose de très important à lui annoncer. Comme son oncle était un homme d’aussi peu de mots que lui-même, Levi avait très vite compris que cette discussion serait très désagréable.
Levi rangea calmement ses affaires avant de faire face à Kenny. L’homme avait l’air encore moins pressé que lui d’entamer cette fameuse discussion. Lorsque leurs regards se croisèrent, Levi eut l’impression de se regarder dans un miroir. Mis à part qu’en faisant face à son oncle et non à son reflet, Levi était confronté à ce que subissait sans aucun doute toute personne osant le défier du regard, une sensation glaciale et insondable qui vous soulevait tous les poils du bras. Il grogna : « Pourquoi tu joues le type poli ? Entre et crache ta nouvelle, Kenny. » Kenny soupira : « Je voudrais que tu viennes avec moi, à un rendez-vous.
-Pardon ?
- T’es sourd, le mioche ? Je veux que tu viennes avec moi à un rendez-vous. Souviens-toi il y a quelques mois, trois je crois, quand je t’ai dit de demander à Erwin qu’il me rencontre, que je puisse causer affaire avec lui…
- Ouais. Et ?
- L’affaire est conclue. Ce salaud est drôlement coriace et je vais sûrement regretter mon choix dès que j’aurais mis un pied dans une de ces salles de classe mais…
- Pardon ? Tu viens bien de parler de ‘classe’ ? » Kenny agita la main comme s’il s’agissait d’une broutille : « Je vais être prof dans ton école pour gosses tarés. J’enseignerais le maniement d’armes blanches. » Levi faillit en laisser tomber sa mâchoire. Mais Kenny n’avait pas terminé : « Oh. Et je compte quitter le bar. Je ne sais pas encore ce que je vais en faire, mais il est certain qu’il va fermer.
- Quoi ?! Mais attend, quel rapport avec ton rendez-vous, Erwin et le bar ?...
- Habille-toi morveux, je dois t’emmener avec moi. On dîne, à 19h. Il est 18h30. Et je ne suis jamais en retard. » A ces mots, Kenny tourna les talons. Levi jura. Pourquoi fallait-il que les Ackermann soient absolument tous incapables de correctement communiquer leur pensée ?! Il n’avait absolument rien compris de ce qu’il se passait. Pourquoi Kenny avait-il décidé de devenir prof ? Pourquoi fermait-il le bar ? Est-ce qu’il avait des problèmes dont Levi n’avait jamais entendu parler ?
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Levi avait cherché pendant tout le voyage comment poser à Kenny toutes les questions qui lui taraudaient l’esprit. Mais il avait autant de compétences d’éloquence que d’expressivité. Alors le trajet finit par se passer dans un silence pesant.
Ils arrivèrent dans le parking d’un restaurant familial, au beau milieu du quartier de Trost. Jusqu’à cet instant, Levi n’aurait jamais imaginé que Kenny puisse connaitre tout autre établissement commercial que les bars ou les bordels desquels il était un habitué. Ils sortirent de voiture. Il faisait froid comme dans un bon mois de Décembre et Levi resserra son manteau contre lui : « Qu’est-ce que c’est que cette blague encore ? » Kenny soupira : « Si je le savais gamin…c’était son idée, pas la mienne. Je ne vois même pas comment t’annoncer la nouvelle, alors t’expliquer ce qu’on fout ici…-il soupira- …après tout ce qu’on a vécu et tout ce qu’on s’est dit, j’me donne l’impression d’être un sacré pigeon…mais que veux-tu. J’ai comme l’impression que je n’y peux plus rien, les dés sont lancés. » Levi allait lui rétorquer qu’il ferait bien mieux de la fermer si c’était pour parler de manière aussi cryptique mais son oncle ne lui en laissa pas l’occasion. Kenny s’était mis à avancer vers le restaurant, d’un pas décidé. Levi lui emboita le pas.
Ils pénétrèrent dans le bâtiment et Kenny parut chercher quelqu’un du regard : « On est pile à l’heure, mais je suis sûr qu’ils seront en avance…ah. Je les vois. » Sans perdre un instant, il se dirigea vers une table. Levi n’y comprenait plus rien et il se sentait à deux doigts de craquer pour de bon. Il allait sûrement souffrir un peu dans le processus mais il avait bien l’intention d’extirper une explication de la part de son oncle, par la force s’il le fallait (puisqu’il ne trouvait pas les mots pour lui poser les bonnes questions, il le ferait avec ses poings, nul doute que Kenny serait à même de comprendre ce qu’il attendait de lui après ça).
Mais Levi ne passerait jamais à l’acte.
Avant même qu’ils n’arrivent à destination, son regard s’était posé, sur la table vers laquelle ils se dirigeaient et son cœur avait cessé de battre.
Là devant eux, Carla et Eren étaient attablés tranquillement.
Eren ne l’avait pas encore vu. Il était bien trop occupé à décortiquer son hamburger, une mine renfrogné sur le visage. Il avait l’air d’aller bien. Il portait un t-shirt à longue manche vert kaki dont le col en V était lacé d’un ruban couleur chocolat comme sa chevelure, un jean et des baskets toutes neuves. Bien qu’il ait l’air en colère, son teint caramel était resplendissant et ses petites joues enfantines bien pleines. Il était à des années lumières de l’enfant un peu famélique et crasseux qu’avait connu Levi. Carla, elle, l’avait tout de suite repéré. Une myriade d’émotions avait traversé ses deux prunelles ambrées et Levi avait été incapable d’y lire quelque chose de précis. Lorsque son rythme de cardiaque avait repris sa course, Levi avait voulu pousser Kenny plus en avant, qu’ils se dépêchent d’arriver à destination avant que l’enfant ne les ait repérés. Mais son oncle s’était planté là, impossible de le faire bouger d’un millimètre. Tout à coup Kenny déclara : « Carla, je te présente…
- Levi… » Elle avait doucement acquiescé, comme si elle venait enfin de trouver la réponse d’un mystère connu d’elle seule. Levi s’était figé sur place, complètement perdu. Pourquoi est-ce que Kenny venait de lui présenter Carla ? A la mention de son nom, Eren avait levé la tête d’un geste vif. Sa bouche s’était entrouverte, il avait laissé retombé la tranche supérieur de son hamburger et ses deux magnifiques pupilles verte s’étaient mises à briller de mille feux : « LEVI ! » Même Kenny parut surpris lorsque le cri quitta le si petit corps d’Eren et que l’enfant bondit littéralement de sa place, passant par-dessus la table qui les séparait, pour atterrir dans les bras de Levi. L’adolescent prit au dépourvu n’avait pu que tendre les deux bras pour réceptionner cette petite boule de nerfs. Kenny les fixa un bon moment avant de s’exclamer : « Ok…que quelqu’un m’explique ce qu’il se passe au juste…
- On devrait tous s’asseoir je crois…l’histoire risque d’être longue… » Carla leur désignait du doigt, la banquette qui faisait face à celle où elle s’était installée avec Eren. L’enfant redressa la tête qu’il avait enfoui dans le cou de Levi et déclara : « Je veux m’asseoir à côté de Levi ! »
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Levi n’en revenait toujours pas. Ils avaient beau tout lui avoir expliqué de A à Z, son cerveau refusait tout simplement d’y croire.
Tout avait commencé quand Kenny, peu habitué à gérer les commandes pour son bar, s’était retrouvé à court de Whisky. Il avait alors été se réapprovisionner d’urgence dans le club d’hôtes qui faisait l’angle de la rue. Alors qu’il discutait business avec Mama, il avait aperçu Carla. Il avait tout de suite flashé. Mais il lui avait encore fallu deux semaines avant de se décider à se présenter au club en tant que client. Il avait fait demandé Carlita. Et de fil en aiguilles, ils avaient fini par beaucoup discuter. Kenny n’était pas du genre à discuter et la plupart du temps lorsqu’il fréquentait ce genre d’établissement c’était pour sauter l’étape causette pour tout de suite passer aux services extra-plus, ceux qu’on ne mettait pas sur le menu pour éviter d’avoir affaire à la police pour prostitution. Mais Carla était différente. Elle était belle, volontaire et chose extrêmement rare dans le milieu, honnête.
Elle avait une attitude avenante et sincère avec chaque client, elle se comportait avec une noblesse d’âme qui ne laissait personne indifférent.
Kenny avait commencé à vouloir que les choses deviennent plus sérieuses entre eux avant même d’en avoir conscience. C’était la première fois de sa vie qu’il ressentait ce genre de sentiments et il avait longtemps été complètement perdu quant à savoir comment il était censé les gérer. Lorsqu’il s’était enfin, plus ou moins, confessé, Carla l’avait repoussé. Parce qu’elle avait un fils. Et qu’elle voulait le meilleur pour lui. Et que Kenny, bien qu’il lui semble sincère et qu’elle comprenait tout ce qu’il avait vécu et traversé, il n’était clairement pas encore prêt à changer pour devenir l’homme dont elle aurait besoin pour prendre soin de son fils (oui, il avait osé lui parler de son ancien métier…elle avait un drôle de pouvoir sur les gens, cette bonne femme-là, elle les rendait aussi honnête qu’elle…). De plus, elle n’avait pas encore perdu espoir qu’un jour, son mari parvienne à les rejoindre, sain et sauf.
Kenny avait alors arrêté de venir au club pendant une longue période. Avant de se rendre compte qu’il se fichait pas mal du fait que Carla pense encore à son mari. Il la voulait, pour lui. Alors il était revenu à la charge. Il lui avait promis de tout plaquer et de devenir un homme bien. Il avait pris rendez-vous avec Erwin afin que l’homme l’aide à trouver comment s’y prendre et avait obtenu un poste d’enseignant à l’académie Survey Corp. Carla avait tout à coup arrêté de lui être aussi hostile et avait accepté d’écouter ce qu’il avait à lui dire. Elle avait pris conscience que son mari pourrait ne plus jamais revenir vers eux, qu’il était déjà sûrement mort et qu’elle devait faire ce qu’il s’imposait pour son fils et elle. Elle devait trouver une nouvelle façon de vivre.
C’était pourquoi Kenny avait aidé Carla à régulariser sa situation et trouver des papiers en règles qui lui permettraient enfin d’exercer son métier, celui d’infirmière. Erwin avait trouvé une clinique qui était prête à l’engager et ils avaient tous les deux décidé dans la foulée de se marier afin que Carla puisse pleinement jouir de son statut de citoyenne de Paradiz. Et des avantages qu’il y avait à avoir une famille quand on devenait, comme Kenny allait le devenir, un fonctionnaire de l’état. Kenny et Carla s’était marié il y avait deux mois de ça. Sans cérémonie, ni grande pompe. Mama leur avait servi de témoin. Et Kenny avait adopté Eren tandis qu’Erwin leur fournissait une maison dans laquelle ils pourraient s’installer.
Kenny ne lui avait rien dit, parce que tout était allé trop vite et que Levi était bien trop occupé avec le début de ses examens de fin d’année.
Eren, assis à côté de Levi était en train de dévorer ses frites avec appétit. Il remuait des pieds, gesticulait et ne pouvait s’empêcher de lancer des regards emplis de joie en direction de l’adolescent, une fois toutes les dix secondes. Carla pouffa de rire : « Je me disais que vous aviez les mêmes yeux et que j’avais déjà entendu le nom Ackermann quelque part mais, de là à imaginer que tu étais le neveu de Kenny ! » Levi souffla : « Le monde est devenu dingue… » Carla continua : « Il me parlait un peu de toi, mais il n’a jamais dit ton prénom, c’était toujours, le chiard, le gamin, le morveux, le gosse…comment j’aurais pu deviner ? » Kenny intervint : « Pourquoi est-ce que tu ne m’as pas dit que ces types étaient revenus te faire ch…t’embêter ? » Levi faillit mourir d’une crise cardiaque (est-ce que son oncle venait réellement de s’empêcher de jurer ? Le ciel allait leur tomber sur la tête…) Carla lui posa une main sur l’avant-bras : « Parce que je savais ce qu’il allait leur arriver. Et non seulement je ne voulais pas de ça sur la conscience mais en plus, je n’étais pas encore sûre de mon choix, nous concernant. Tu as bénéficié des bienfaits de Levi, ses yeux me faisaient penser aux tiens et je suppose que mon esprit s’est retrouvé plus enclin à te faire confiance… » Eren se pencha vers Levi : « Tiens Levi, mange, tu as l’air d’avoir faim…
- Hey gamin, n’essaie pas de me refourguer tes déchets, soit tu manges tout ce qu’il y a sur ton foutu plateau, soit j’avale ton dessert d’une bouchée. » Eren parut effaré. Il récupéra les quelques frites qu’il venait de poser devant Levi. Carla ricana de nouveau : « Maintenant que j’y pense, Levi non plus n’appelle jamais Eren par son prénom ! J’aurais vraiment dû comprendre plus tôt… » Levi l’interrompit soudain, résigné : « Je ne sais même pas ce que je dois vous dire... » Carla et Kenny le regardèrent avec attention. L’adolescent se racla la gorge : « Félicitation ? Vivez heureux ? Tout ça c’est des conneries ! Kenny ne changera jamais ! Je le sais, je suis comme lui ! Eren ne sera pas plus heureux avec un père comme Kenny, Kenny est incapable d’être père !
- C’est pourquoi tu dois venir vivre avec nous. » Gros silence. Eren faillit sauter de joie : « Levi va venir vivre avec nous ?! » Levi, choqué, gronda : « Hors de question ! » Le visage d’Eren se décomposa et Levi eut presque envie de s’excuser. A la place il s’expliqua : « Je ne vais pas venir vivre avec vous. Je vis au dortoir de Survey Corp., je n’ai pas envie de…
- J’ai déjà tout vu avec Erwin. Notre maison sera à peine à quinze minutes à pieds du dortoir. Je serais prof là-bas je te signal…
- Quoi ?! Comment Mono-sourcil a osé me virer sans me demander mon accord avant ?! Je vais lui botter le cul !
- Levi, surveille ton langage ! » La voix de Carla devait avoir un super pouvoir car Levi se sentit immédiatement grondé. Kenny argumenta : « Personne au monde me connait mieux que toi le mioche. Personne ne sait mieux que toi ce dont je suis capable, comment je procède. Si je fais quelque chose de mal, si j’m’y prends comme un manche, il n’y a que toi au monde qui pourra m’en empêcher. Carla ne pourra pas toujours m’avoir à l’œil mais toi, si. Si tu viens vivre avec nous, tu t’assureras que je ne fasse rien de stupide… » Levi chercha longtemps des contre-arguments. Il aurait voulu trouver les mots justes pour expliquer pourquoi ils courraient tout droit à la catastrophe. Kenny dans le rôle d’un bon père ? Lui-même dans le rôle du bon grand-frère ?
Comment diable est-ce que ça pourrait fonctionner ?!
Mais face à lui, Carla et Kenny le fixaient de cet air qui disait qu’ils n’étaient pas prêts d’abandonner. De plus, Levi pouvait sentir peser sur lui l’étrange regard magnétique d’Eren. Le gamin avait suivi l’échange avec attention. Beaucoup plus d’attention que n’était capable d’en avoir un gosse de cinq ans lambda. Levi lui avait sauvé la vie. Il avait eu envie d’assumer son acte jusqu’au bout et de s’assurer que l’enfant mène au moins une vie heureuse. Allait-il lui tourner le dos maintenant, comme on lui avait tourné le dos à lui ? Il posa les yeux sur le visage d’Eren. Le vert de ses yeux lui rappelait la couleur des feuilles au printemps, une sorte de vert émeraude, éclatant, comme s’il était piqueté d’étoiles. Intimement entrelacé avec ce vert, un bleu océan, envoûtant. Ses pupilles étaient une œuvre d’art. Unique. Hypnotisante. Eren lui agrippa la manche de ses petites mains graisseuses (Levi eut envie de les lui nettoyer à coup de lingettes hygiéniques) : « Viens vivre avec nous, grand-frère Levi…s’il te plait. » Levi n’avait pas encore réfléchi à la question mais il savait déjà la réponse.
Il allait prendre ses responsabilités jusqu’au bout. Et faire en sorte que Kenny ne gâche pas tout. Ils allaient essayer de devenir des gens biens...
[1] Oh ciel…qu’ai-je fais à cette comptine ? Je suis horrible ! Frappez-moi…