Un nouveau départ (Livaï x Hanji)
Quelques jours passèrent. Depuis l’épisode du toit, Livaï passait plus de temps avec Hanji et moins de temps seul. Et peu à peu, il arrivait à mieux la cerner. Avant, il la prenait juste pour une excentrique amoureuse des titans, mais elle lui avait expliqué sa vision des choses. À savoir que se déchaîner sur eux avec toute la haine qu’on possédait n’était pas forcément la bonne solution, et qu’elle essayait juste de voir les choses différemment. Il apprit aussi qu’elle était affectée au service de recherches des bataillons, et qu’elle était passionnée par la science… Et puis, il avait fini par comprendre que sa passion pour les titans était un rempart qu’elle avait bâti pour compenser la perte de ses amis. Elle voulait tout savoir des créatures qui avaient ruiné sa vie… Elle lui avait avait fait comprendre que toutes les personnes qui étaient revenues de l’enfer et qui y retournaient avaient toutes besoin d’une obsession pour tenir. Celle d’Hanji, c’était comprendre. En même temps, Livaï détachait l’image d’Isabel de celle d’Hanji. Si à première vue elles étaient aussi insouciantes, gamines, et optimistes l’une que l’autre, il avait découvert en Hanji un côté plus réfléchi et déterminé. Mais cet élément de sa personnalité était caché derrière une barrière de bonne humeur et d’amabilité, et il fallait pas mal la connaître avant de percer ce détail. Et en effet, Livaï commençait à plutôt bien connaître la jeune femme. Quand il ne s’entraînait pas, qu’il n’utilisait pas son équipement tridimensionnel et qu’il n’était pas avec elle, il était seul, et il l’observait. Cette fille l’avait tellement surpris lors de leur conversation sur le toit qu’il voulait en savoir plus sur elle. Et, même s’il n’avait toujours pas compris comment elle arrivait à si bien le comprendre, il commençait malgré lui à s’attacher à elle. Son côté toujours de bonne humeur était assez agréable au bout d’un moment, elle le tirait
toujours vers le haut et l’empêchait de se refermer sur lui-même. Et en même temps, elle savait se montrer compréhensive voire douce envers lui. En plus plus il la regardait, plus il la trouvait belle avec ses yeux marron chocolat dont il avait l’impression qu’ils le sondaient chaque fois qu’ils se plongeaient dans les siens. Et...il faut avouer que ça le troublait.
C’était perdu dans ces pensées que Livaï était, seul dans la chambre qu’il partageait avec deux autres. Il était sur le point d’aller s’entraîner en faisant un peu de muscu. Attrapant la tenue adéquate, il sortit de la pièce avec ses vêtements sous le bras.
“Tu vas où comme ça ? demanda Hanji, surgissant au bout du couloir.
- ...M’entraîner.
- Ah, je peux venir ?
- Je vais pas t’en empêcher. Tu fais ce que tu veux, non ?
- En fait...je me demandais si...tu pouvais être mon partenaire pour un entraînement au corps à corps ?”
Pris au dépourvu, le jeune homme, troublé, regarda Hanji d’un air interloqué.
“Mais si tu veux pas, c’est pas grave ! enchaîna Hanji, rosissant légèrement. Je vais aller demander à d’autres personnes si…
- Hanji, l’interrompit Livaï. Allons-y.”
La brune hocha la tête et alla chercher ses affaires tandis que Livaï se dirigeait vers les salles d’entraînement. Après un passage au vestiaire, il sortit et trouva dans la salle Hanji, portant la tenue d’exercice des soldates, à savoir un short arrivant mi-cuisse et un haut en brassière se terminant en bas des côtes.
“Ah, te voilà ! lança-t-elle, ayant visiblement oublié sa gêne. Je t’attendais.”
Sans répondre, Livaï posa sa serviette sur un banc. En réalité,
c’était lui qui était légèrement gêné de la voir dans ce genre de tenue. Bah, lui, n’était pas mieux : il ne portait qu’un short…
Il retourna au centre de la salle et attendit, les bras croisés. Hanji, en réponse, se plaça en position de combat. Livaï retint de justesse un sourire en coin. Il était persuadé de la battre sans difficulté.
“Et alors ? demanda-t-elle.
- À toi l’honneur, répondit-il.”
Le prenant au pied de la lettre, Hanji bondit, bras droit brandi, se préparant à lui envoyer un coup de poing. Livaï l’avait vu venir, et pencha la tête sur le côté pour esquiver le poing. Fastoche. Lui attrapant le bras, il la tira en avant et la déséquilibra avant d’envoyer sa jambe dans les siennes. Mais elle le prit par surprise en esquivant le coup en sautant par-dessus. Profitant de la seconde où elle avait l’avantage, elle envoya son poing dans le ventre de Livaï. Le souffle coupé, celui-ci attrapa sa main et la tira avant de la faire basculer sur son dos. Hanji se réceptionna sur les mains et, profitant de son élan, retomba souplement sur ses pieds avant de s’éloigner de quelques pas pour reprendre haleine. Elle n’avait clairement pas l’habitude de combats aussi violents et techniques ! Livaï, de son côté, reprenait aussi son souffle en se disant qu’elle n’allait peut-être pas être si facile que ça à battre, finalement ! Il se replaça et, cette fois, prit l’initiative et tenta une balayette de la jambe pour la déséquilibrer, voire la faire tomber. Mais Hanji l’évita de la même manière que deux minutes avant. Il allait devoir faire preuve de plus de tactique. Repérant une ouverture dans la garde de son adversaire, il projeta son poing dans le ventre de la jeune femme, qui attrapa de justesse son bras et l’envoya balader par-dessus elle en projection. Livaï, pas surpris le moins du monde, sourit intérieurement. Elle était plutôt douée ! Mais il en fallait plus pour le vaincre. Arrivé au sol sur le dos, il envoya
ses deux jambes sur Hanji qui tomba lourdement sur le sol. Aussitôt, il profita de son élan pour tomber sur sa partenaire et s’assit à califourchon sur sa partenaire et s’assit à califourchon sur sa partenaire et s’assit à califourchon sur elle tout en bloquant ses bras en lui maintenant les poignets au sol. « J’ai gagné », lui dit-il. Contre toute attente, Hanji éclata de rire.
« Bon sang, ça faisait longtemps que je n’avais pas fait de combat comme ça !
-Tu n’es pas une merde en combat.
-Venant de toi j’imagine que c’est un compliment ! Bon, tu me laisses partir ? »
En effet, il la maintenait toujours par terre. Mais il était interloqué par l’expression qu’Hanji avait utilisé. « Venant de toi. »
“Comment est-ce que tu me connais ?” lui demanda-t-il à voix basse, perturbé.
Prise au dépourvu, Hanji réfléchit une minute. Depuis leur discussion, elle se sentait assez proche de Livaï et arrivait à décrypter ses silences. Elle appréciait sa compagnie, et lui était plus souvent avec elle. Il parlait rarement mais sans savoir exactement pourquoi, sa présence seule suffisait à mettre chaud à son coeur. Mais elle n’avait pas de réponse à la question qu’il lui avait posé. Elle n’avait aucune idée d’à quoi cette proximité naturelle était due.
“Je ne sais pas, répondit-elle en toute sincérité. Je ne sais vraiment pas.”
Livaï ne comprenait pas. Qui était cette femme pour pouvoir le comprendre ? Il avait toujours porté un masque, toujours été froid avec les autres. Et elle avait pu le percer, elle avait su l’ouvrir à elle. Mais comment ? À présent, Livaï s’en rendait compte, Hanji comptait réellement pour lui. Il regretterait sa mort. Il ne s’en foutrait plus si elle mourrait. Mais il avait décidé de ne plus rien regretter. Donc elle ne devait pas mourir. Il devait la protéger… Enfin, c’est ce qu’il voulait faire, mais elle ne serait pas d’accord. Elle n’était pas
du genre à se laisser protéger. Elle était combative. Et elle se battait depuis longtemps, elle savait se battre. Contrairement à ses amis, qui maîtrisaient peut-être très bien le dispositif de manoeuvre tridimensionnelle mais qui n’avaient jamais été en Hanji, elle, avait déjà participé à plusieurs expéditions, et était même responsable d’une escouade, donc elle était forte. La regardant toujours, Livaï attrapa tout à coup sa compagne d’armes par le col et l’approcha de lui.
“Tu ne dois pas mourir, annonça-t-il, sûr qu’elle comprendrait.
- Livaï…”
Elle avait bien compris. Elle n’était plus rien pour Livaï, elle comptait réellement pour lui. C’était marrant, elle avait des compagnons d’armes sympathiques avec qui parler, des amis, ou presque, et elle préférait tout de même être avec ce garçon considéré comme froid et désagréable, et elle était tellement heureuse de n’être plus rien pour lui ! Elle-même ne comprenait pas pourquoi ni quelle était cette si douce sensation qui s’emparait d’elle chaque fois qu’elle le voyait, chaque fois qu’il lui parlait, qu’il la regardait.
Livaï plongea son regard dans celui d’Hanji, et pour la première fois de sa vie, ressentit lui aussi ce “plus”. Isabel et Farlan avaient beaucoup compté pour lui. Mais quand il voyait Hanji, il sentait...autre chose. Non, pas exactement : quelque chose en plus. Il ne l’identifiait pas, mais il aimait ce sentiment.
« Chef, cria la voix d’un des soldats d’Hanji, vous êtes là ? »
Le soldat poussa la porte de la salle et jeta un coup d’oeil à l’intérieur. Voyant son chef et Livaï, il recula et dit :
« Heu...chef, Erwin voudrait vous voir... Dois-je lui dire que vous viendrez plus tard ?
- Non, non, j’arrive de suite. »
Livaï lâcha un « Ksa » qui en disait long sur son avis sur l’arrivée soudaine du soldat, roula sur le côté et laissa partir Hanji.
« Merci, Livaï, souffla-t-elle alors à l’oreille du soldat. Pour tout. »
Elle recula, sourit et partit se changer. Ce faisant, sa joue frôla un instant celle du jeune homme. Ça n’avait duré qu’une fraction de seconde, mais c’était perceptible et ils avaient tous les deux bien senti ce contact. Électrisé, Livaï, à présent seul dans la salle, porta
la main à son joue, avant de se claquer le front. Mais qu’est-ce qui lui arrivait, ces derniers temps ? Il perdait littéralement la tête dès qu’elle était dans les parages. Dans la pièce d’à côté, Hanji, tout autant perturbée par ce frôlement, tentait de répondre aux milles questions qui dansaient la gigue dans sa tête. Pourquoi ce simple contact la troublait ? Pourquoi tenait-elle tant que ça à lui, elle qui l’avait réellement rencontré une semaine plus tôt ? Et surtout, pourquoi se sentait-elle si attirée par lui ? Elle avait l’impression d’être un aimant gigantesque qui entrait en action dès qu’il était près.
Et pour la première fois, les deux jeunes soldats se posèrent la question, celle qui pouvait à la fois tout expliquer et tout compliquer. Ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre, ce « plus »... Était-ce de l’amour ?