Un nouveau départ (Livaï x Hanji)
Une nouvelle expédition ! Voilà le sujet qui parcourait les bancs ce midi. Le major avait obtenu une nouvelle chance pour les bataillons des « ailes de la liberté » et avait prévu une nouvelle sortie hors des murs, pour dans un mois exactement.
« Qu’en penses-tu ? demanda Mike à Hanji.
- J’en pense que si cette fois ça ne marche pas mieux, on risque de voir dissoudre le bataillon d’exploration.
- Sans doute. Je me demande ce que le major nous a concocté pour cette fois.
- Simple mission de reconnaissance, sans doute. Ce qu’il faudrait, c’est aller reprendre le poste qu’on a installé la dernière fois et poursuivre un peu plus loin... J’espère que cette fois le temps sera avec nous !
- Hm. Il va falloir inclure Livaï dans une nouvelle escouade, en plus.
- Tu as raison... Bah, on verra bien ! Je vais m’entraîner un peu. Tu viens ?
- Non, je reste. À tout-à-l’heure. »
Hanji traversa la salle et s’en alla chercher ses affaires. En vérité, elle espérait que Livaï serait assigné à son escouade. Eux deux avaient passé plus de temps ensemble, multiplié leurs entraînements (dans lesquels Livaï prenait très souvent le dessus, mais où une ou deux fois tout de même Hanji s’était démarquée) et, acceptant ce qui semblait être l’évidence, avaient tout deux reconnus qu’ils tombaient amoureux l’un de l’autre. Mais, chacun de leur côté, ils étaient persuadés que l’autre ne partageait pas ses sentiments, s’étaient résignés et n’avaient pas changé leurs comportements respectifs d’un poil. Leur relation stagnait donc, faute d’échanges entre les deux.
Un mois plus tard, les bataillons étaient devant la porte extérieure de Shiganshina, prêts à s’élancer au-delà du mur Maria. Livaï avait été affecté à l’escouade d’Hanji, pour le bonheur des deux. Lui se disait qu’il pourrait la protéger en cas de pépin, elle était contente d’avoir un prétexte pour être près de lui.
“Soldats ! Cette expédition sera une grande avancée vers le salut de l’humanité ! N’ayez pas peur de donner votre vie pour elle ! EN AVANT !”
La porte s’ouvre, et le bataillon s’élance en criant, comme d’habitude. Bien sûr, Livaï ne crie pas : il se contente de lancer son cheval au galop, à côté d’Hanji qui elle, dit qu’elle aimerait bien rencontrer des déviants… Mais le reste de son escouade n’est pas du tout d’accord avec elle ! Les escouades de soutien avaient éliminé tous les titans aux alentours, donc pas de souci dans l’immédiat. En fait, tout allait bien pour l’équipe d’Hanji et Livaï. Ils avaient croisé deux titans mais ils n’avaient pas fait long feu...Livaï et Hanji les avaient tués rapidement, sans problème. Ils avaient déjà fait une petite dizaine de kilomètres quand ils tombèrent sur une forêt aux arbres géants, comme celles qu’on trouve dans le mur Maria. Le major avait visiblement décidé d’installer une base dans la forêt elle-même. L’escouade de Livaï et Hanji se posta à l’orée avec pour consigne d’éliminer les titans des alentours. Ce qui commençait à devenir délicat vu que le combat était du coup impossible à éviter… Seules les escouades de vétérans s’étaient vues assigner cette mission. Et celle d’Hanji aussi, qui comptait Livaï, qui avait le niveau d’un vétéran au moins, et Hanji, qui était elle aussi très douée. Les cinq autres soldats n’étaient pas de vétérans mais étaient déjà partis en expédition quatre à cinq fois, et avaient tous au moins un vrai combat en date. Ils pouvaient se débrouiller s’ils tombaient face à un titan, du moins, si ce n’était pas un déviant. Malgré cela, on comptait déjà deux morts au bout de huit titans éliminés et de vingt minutes… On attendait les ordres d’en haut mais ils n’avaient pas de nouvelles pour l’instant.
Tout à coup, un groupe de sept titans arrivèrent devant.
“Ha ! Non ! se mit à paniquer une soldate.
- Du calme ! ordonna Hanji. On attend qu’ils arrivent, s’ils s’arrêtent au niveau des arbres, tout va bien, c’est des normaux, on s’en débarrasse facile. Si non, c’est bien des déviants, on s’en occupe avec deux escouades de vétérans. Ok ? Arrêtez de paniquer, ça ne sert à rien.”
Sa voix ferme et posée eut l’avantage de calmer légèrement les soldats effrayés. Livaï, lui, dégaina ses lames et attendit que ces raclures s’approchent un peu. Il savait qu’Hanji, même si elle paraissait calme à l’extérieur, trépignait à l’intérieur, impatiente d’aller voir ces titans sûrement déviants de plus près. Il espérait seulement qu’elle serait prudente...mais il n’y croyait que peu. Sept déviants en même temps, quelle aubaine !
“Ils arrivent… Livaï, ils arrivent !” dit-elle avec un sourire un brin psychopathe.
Voilà, elle commençait à partir.
“Fais gaffe, quand même.
- Bien sûr ! Huhuhu…
- Pfff…”
À présent les titans étaient à l’orée de la forêt. Sans se préoccuper des soldats dans les hauteurs, ils continuent droit vers la forêt. Un soldat craque et s’enfuit en criant.
“Arrête ! crie Hanji. Ils vont t’avoir !”
Trop tard. Totalement inconscient, débordé par la peur, il ne maîtrise plus ses faits et gestes. Inévitablement, il finit par descendre trop bas, par s’empêtrer dans ses commandes, et un de ces titans attrape son câble, puis lui. Sans qu’aucun des autres aient pu esquisser un geste, il se fait déchiqueter. Malheureusement, les trois soldats encore vivants de l’escouade d’Hanji refusent à présent de se battre. Alors Hanji et Livaï s’élancent sans eux, accompagnés tout de même par deux autres équipes de soldats confirmés. Livaï projetta un câble sur une branche juste à côté et actionne le gaz pour se donner de l’élan. L’instant d’après il partait à pleine vitesse s’accrochant aux branches de passage, et il larguait déjà les autres derrière. Arrivé au niveau du dernier titan, il prend son appui sur un tronc d’arbre, prend sa lame à l’envers et abat les deux en plein milieu de la nuque de la créature. Derrière, ils étaient tous hallucinés. C’était vraiment sa deuxième sortie ?! Pas possible ! Hanji éclata de rire et accéléra elle aussi. Elle finit par rattraper Livaï.
“Joli ! s’écria-t-elle. Mais attends-nous un peu.
- Ouais… Grouillez-vous un peu !”
Les vétérans rattrapent les deux soldats, et ensemble ils repartent vers les titans. Mais Livaï s’emmerde, il s’oblige à aller moins vite pour rester avec les autres (et surtout Hanji), mais il n’attend qu’une chose et c’est de pouvoir aller plus vite et d’éliminer ces six enflures qui courent comme des imbéciles. Soudain, un des soldats accélère et fonce devant en adressant, au passage, un grand sourire frimeur à Hanji. Livaï frémit. Ce type était-il en train de la draguer ? Il allait rattraper ce petit con et lui foutre une baffe mais il se ressaisit à la dernière seconde en se rappelant que même s’il l’aimait, elle n’était pas sa copine. Et que ça paraîtrait donc déplacé. Il se contenta donc de suivre Hanji de plus près tout en fusillant le soldat du regard. Celui-ci, après avoir vu la démonstration de Livaï et le regard admiratif d’Hanji, avait décidé de montrer à tout le monde qu’il était fort lui aussi et impressionner Hanji au passage. Il mettait le grappin sur elle depuis qu’il l’avait vue. Donc il se projettait en avant le plus rapidement possible, se rapprochant de plus en plus des titans. Ce qu’il ne savait pas, c’était qu’Hanji était en train de se dire qu’il dépensait vraiment beaucoup de gaz, et que c’était risqué. Elle détaillait mentalement les différences avec les mouvements de Livaï pour pouvoir progresser. Toujours devant, le soldat agrippa la nuque du dernier titan et actionna le gaz à fond. Il frappa la nuque du titan de ses lames, laissant une entaille tout juste assez profonde. Il repartit de la même manière pour le prochain...mais tout à coup, il se mit à tripoter la commande du gaz avec panique. Le débit diminuait, puis finit par s’éteindre complètement. En essayant de paraître fort, il était paru stupide. Il avait totalement oublié de gérer son gaz, déjà un peu épuisé par les huit titans précédents. Ayant perdu son moyen de propulsion, il ne pouvait plus se déplacer et tombait. Voyant ça, Hanji accélèra pour le rattraper. Elle ne voulait pas d’autres morts : trois, c’était déjà trop. Elle arriva à son niveau, descendit en piqué. “J’y suis. J’y suis presque…” pensa-t-elle. Mais trois autres titans, d’un coup, se retournèrent et coururent vers les deux soldats… Hanji ne les avait pas vu, concentrée sur le soldat qui chutait tant et plus. Livaï fut saisi d’une angoisse terrible.
“Hanji !” hurla-t-il. Pas moyen. Elle ne l’entendait pas. Alors, lui aussi partit devant pour la rattraper. Vite, plus vite. Elle allait se faire attraper. Il n’était plus qu’à deux mètres des titans qu’Hanji rattrapa le soldat et remonta en chandelle avec lui. Un titan les cueillit au passage... Horrifiée, elle se tortilla et se débattit dans tous les sens. Le soldat, lui aussi prisonnier de la poigne du titan, hurla de terreur. Devant cette scène, quelque chose se déclencha dans l’esprit de Livaï. Elle ne devait pas mourir. Il alla plus vite qu’il n’était jamais allé, il ignorait lui-même qu’il était possible d’atteindre cette vitesse avec le dispositif de tridimensionnalité. Il abattit les titans sur son chemin avec une agilité stupéfiante, sans ralentir d’un pouce. Il atteint le titan qui tenait son amie et le soldat, et c’est à cet instant précis que ce dernier enfourna Hanji et laissa tomber l’autre. Livaï se figea sur place l’espace d’une demi-seconde. Mais aussitôt il repartit et trancha la joue du titan avant d’entrer dans sa bouche. Les autres étaient subjugués. Allaient-ils pouvoir s’en sortir ? L’instant d’après, Livaï ressortit de la bouche du titan en la déchirant comme l’autre côté, avec la tête d’un fou et Hanji dans les bras. Il s’arrêta sur un arbre. Les autres soldats, derrière, finirent par se bouger et tuèrent le dernier titan debout.
“Li...Livaï ? murmura Hanji, sonnée.
- Espèce d’imbécile de binoclarde”, grommela celui-ci.
Ce qui ne l’empêcha malgré tout de la serrer dans ses bras. Il avait eu si peur… Que serait-il devenu si elle était morte ? Il ne s’en serait pas relevé. Hanji, surprise par le geste de son ami, lui demanda :
“Mais...pourquoi tu fais ça ?
- Tu parles de te sauver alors que tu allais te faire bouffer ? Je ne supporterais pas que tu meures. D’ailleurs tu n’as pas intérêt à recommencer à te foutre en danger pour un sale frimeur.”
La jeune femme soupira. Elle se redressa et enlaça à son tour Livaï, qui commença à redouter d’être mort parce que ce genre de choses ne pouvait arriver qu’au paradis… Il releva la tête.
“Ce que je veux savoir c’est pourquoi tu voulais me sauver au point de risquer de mourir à ma place.
- Hanji. Chut. Je...t’aime. Je t’aime, répéta-t-il comme pour s’en persuader.”
Hanji écarquilla les yeux, se demandant si elle avait bien entendu. Il devait y avoir erreur quelque part. Livaï ? L’aimer ? C’était son souhait le plus cher et en même temps, cela semblait irréaliste. Elle le regarda, et plongea ses yeux dans les siens. Elle sut, lisant en lui, comme toujours, qu’il disait la vérité.
« Moi aussi, Livaï », souffla-t-elle.
Il passa la main dans les cheveux de la fille qui le rendait fou depuis des mois. Sa main descendit vers sa nuque, il rapprocha sa tête de la sienne et fit ce qu’il rêvait de faire. Leurs lèvres se trouvèrent d’elles-mêmes, scellant à jamais leur promesse de ne jamais se quitter. C'est dans cette expédition que pour la première fois Hanji et Livaï s’embrassèrent, et ce n'était que le début d’une grande histoire d’amour entre deux personnes que le destin semblait avoir réuni, et qui ne se quitteraient plus jamais.