67 Days

Chapitre 2

3468 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/08/2017 20:05

Mikasa: Tu tiens le coup?

Le message apparut en bas à droite de l'écran, Eren cliqua dessus, incapable de décrire le soulagement qu'il ressentait. Quelques jours étaient passés sans aucun message de ses amis. Les seules personnes à qui il avait parlé étaient la femme sur Chatango - il avait appris qu'elle était médecin pour les forces de l'ordre, elle n'avait pas donné plus de détails - et Levi. Levi était un peu étrange, vraiment grincheux, et sarcastique, mais le brun pouvait voir qu'il était aussi profondément gentil et préoccupé par sa situation.

Mikasa: Désolée de ne pas t'avoir appelé ou quoi que ce soit. On avait ni réseau ni internet là où on était. Tu vas bien?

Eren: Ça peut aller. Mais c'est vraiment silencieux. Presque effrayant, en fait.

Mikasa: Ne me fais pas rire. Attention au grand méchant loup, Eren, il va rentrer par la fenêtre.

Eren: J'ai trop peur.

Mikasa: Et il te mangera parce que tu es un idiot.

Eren: Mika tu me fais peur wahh ;n;

Eren: sinon vous ça va?

Mikasa: Mouais. Je dois admettre qu'on s'amuse pas mal. J'aurais voulu que tu sois là.

Eren: Ouais, bah quelqu'un devait bien garder un oeil sur la maison. Ça ira. Quand est-ce que vous revenez?

Mikasa: Le 15 janvier. Quelques jours avant que le soleil ne revienne. Promets-moi de me dire si quelque chose ne va pas.

Eren: Promis. J'ai déjà tenu deux semaines, et je me porte bien. J'ai parlé à quelques amis, ça me distrait.

Des amis. Oui, il les considérait ainsi. Pas des BFF non plus, il les avait rencontré il y a une semaine à peine, mais il avait beaucoup parlé avec Levi, et Hanji à l'occasion. Celle de Chatango aussi, elle était vraiment efficace pour lui faire oublier le ciel complètement noir. Elle lui parlait de tout et de rien, de ses hobbies, de ses chats, de ses amis, et elle était vraiment gentille. Et Levi, il arrivait toujours à faire rire le brun, ce dernier ne le remarquait pas toujours. Ils se parlaient beaucoup sur Skype, bien qu'une seule autre fois avait inclus des micros, et c'était seulement parce qu'Eren était en train de cuisiner.

Mais bon, il aimait penser que Levi appréciait lui parler, après tout, il n'avait pas l'air du genre de type à mentir aux gens à propos de ses sentiments envers eux.

Mikasa: Parfait. J'imagine que je n'ai pas besoin de t'expliquer les bases de la sécurité sur internet, si?

Eren: non Mika je vais plutôt leur dire où on habite comme ça ils peuvent défoncer la porte pour me faire participer à une orgie et me rejoindre dans les ténèbres

Eren: Evidemment que je fais attention

Mikasa: Idiot. Peu importe. Je dois y aller, on se parle plus tard. Je t'aime, Eren

Eren: je t'aime aussi, passe le message aux autres

Eren: sauf Jean, dis lui d'aller se faire enculer

Mikasa: Jean répond que Marco s'en est déjà chargé et qu'au moins lui il a une vie sexuelle

Eren ne pouvait pas retenir son sourire. Lui et Jean avaient toujours été comme ça. L'expression du brun redevint sombre quand il se dit qu'il aimerait vraiment que quelqu'un, même ce connard de face-de-cheval, soit là pour qu'il se sente moins seul. Il préférerait se disputer ou se faire crier dessus au silence.

Eren: Quel pédé

Mikasa: Eren, tu es encore plus gay que lui, tu peux pas lui dire des choses pareilles

Eren: Ouais mais tant que je suis célib je peux le faire

Mikasa: Mais oui, bien sûr. On s'en va. A plus tard

Eren ne répondit pas, sachant qu'elle ne se connecterait plus pendant un bon moment. Il ne put retenir un bâillement et il s'étira en se frottant les yeux. Il regarda l'heure. Il était resté éveillé pendant 18 heures. Il devrait surement se coucher, mais il fit automatiquement le calcul d'ajouter une heure à sa montre et réalisa que Levi devait avoir terminé son travail depuis une demi-heure. Ils ne s'étaient pas beaucoup parlé la veille, Levi était occupé, et le brun décida de l'appeler.

Il décrocha presque instantanément, et, à l'agréable surprise d'Eren, la voix de Levi emplit la pièce au lieu d'une bulle de conversation sur son écran.

"J'étais sur le point de t'appeler, gamin."

Wow, il avait l'air crevé, comme si il n'avait pas dormi depuis des jours. Eren s'empressa d'activer son micro, s'accordant un petit sourire. "Tu me laisses entendre ta voix, le vieux? Je me sens honoré."

"Ouais,et bien, c'est la dernière fois pour un bon moment," répondit Levi avec un soupir exténué. Eren se rappela de ce que l'homme avait dit à propos de son travail, apparemment stressant et mentalement épuisant. Il se sentit coupable de l'harceler autant sur le net. "Je t'ai déjà dit où je travaille?"

"Uh..." Eren se gratta l'arrière de la tête, décidant d'abandonner son pauvre Facebook pour pouvoir reporter son attention sur son interlocuteur. "Dans les forces de l'ordre, non? Genre avec des armes, je sais pas."

Levi rit faiblement. Il avait vraiment l'air épuisé. "Encore plus informé que Wikipédia, à ce que je vois. Je fais partie du L.A.P.D. Je dirige une team du S.W.A.T."

"Wah, sérieux? Je croyais que t'étais un flic normal. C'est super cool! Et genre, tu sauves des otages et des trucs du genre?"

"Ça fait partie de mon travail, ouais." Il y eut un blanc, et un soupir de plus. "On a appelé mon équipe en renfort dans un autre état, je serai parti pour deux, peut-être trois semaines. Hanji m'a conseillé de te prévenir, quelle que soit la raison, et je me suis dit qu'elle n'avait pas tort."

Eren resta silencieux un moment, pour avaler l'information. Il était un peu perdu, puis il réalisa une chose qu'une personne qu'il ne connaissait même pas avait remarqué avant lui - Levi était devenu une valeur sûre dans sa vie, la seule personne qui l'obligeait à garder un horaire sain, un mode de vie acceptable.

"Tu sais quoi, le vieux?"

"Quoi?"

"Je suis content que tu me préviennes, parce que je suis carrément seul pour le moment, et je crois pas que ta disparition surprise me fasse me sentir mieux," avoua Eren. "Je te connais pas très bien, c'est vrai, mais tu es la seule personne à qui je parle vraiment régulièrement."

"Tu me touches beaucoup." C'était probablement supposé être du sarcasme, mais ça sonnait vachement sincère. "Personne d'autre ne te parle? Tes amis?"

"Pas vraiment," dit mélancoliquement le brun. "Ils sont tout le temps en train de bouger, c'est difficile de trouver du temps pour discuter. Je peux pas leur en vouloir, mais ça fait bizarre d'être en solitaire..." Il faisait de son mieux pour garder une voix assurée. Il repensa à la fille sur Chatango et repris, "Il y a juste une fille à qui je parle de temps en temps, mais elle est assez... ordinaire, j'imagine."

"Et bien..." Levi semblait à court de mots. "C'est - et bien - c'est vachement merdique comme situation. Tu me fais me sentir comme un parfait connard."

"Pourquoi?" Demanda Eren, confus.

"Je veux dire, c'est pas pour me mettre sur un piédestal mais-"

"J'ai l'impression que c'est exactement ce que tu es sur le point de faire -"

"Mais on dirait bien que tu vas vraiment te sentir seul quand je serai parti."

"Oh, mais ne soit pas si modeste, voyons," le taquina Eren, essayant d'ignorer la vérité derrière ces mots. "Ça se passera bien. Combien de temps tu seras parti, déjà?"

"Probablement entre une et trois semaines."

"Huh. D'accord, écoute, ça se présente pas si bien que ça." Eren devait être honnête, il ne voulait vraiment pas rester seul tout ce temps. Une semaine contre trois? Non, merci. C'était comme lui demander si il préférait être distrait ou seul et déprimé. "Je sais qu'on est pas genre, meilleurs potes ou quoi que ce soit, mais tu sais, j'aime vraiment parler avec toi. Alors faudrait que tu fasses attention à pas mourir en faisant ton boulot, compris, vieillard?"

Un rire, suivit d'une voix au ton insidieux, "Ne me sous-estime pas, petit morveux. Je dirige un groupe des opérations spéciales, et c'est pas pour rien."

Eren fit un grand sourire à son écran. "Tu dois partir quand?"

"Mon vol est demain à onze heures."

"Wow, alors ils te laissent dormir jusqu'à une heure humainement supportable pour ton avion?"

"Je refuse catégoriquement de mettre mon équipe sous la torture de se lever avant la putain d'aube."

Eren éclata de rire. "Le grand méchant capitaine du S.W.A.T ne supporte pas de se lever tôt?"

"C'est plutôt pour que je puisse faire les 100 pas devant mon lit et quand même dormir assez pour rester sain d'esprit." De l'humour, surement, mais Eren avait la sensation qu'il était sincère.

"Tu t'inquiètes tant que ça? Ew, je parie que ça te donne des rides pour coller à ton âge de vieux."

"Oh, ne me fais pas rire. Ma peau est aussi douce que celle d'un bébé."

"Je te crois pas."

"Tu devrais. Je suis né magnifique, morveux."

Eren essayait désespérément de ne pas se remettre à rire, mais il ne pouvait pas retenir quelques gloussements. "Maybe you're born with it. Maybe it's Maybelline, comme un vieux superficiel. T'es un vieux superficiel."

Levi s'insurgea. "Tu me blesses. Je suis une putain de créature délicate avec des émotions délicates et tu vas me traiter comme tel ou je vais te démembrer dans ton sommeil."

"Ouais, la façon dont tu utilises tes mots montre vraiment ta personnalité délicate."

"Pff. Si tout ce que tu comptes faire est de douter de ma perfection," Eren ne pu vraiment pas contenir un gloussement, "alors je me déconnecte, espèce de connard."

"Nononononon! Attends." Eren souriait comme un con devant son écran et il ouvrit un nouvel onglet. "Les jeux-vidéos c'est ton truc, ou bien t'es trop vieux pour la technologie?"

Levi ignora totalement la moquerie. "Je joue pas régulièrement, mais je te défoncerai sur n'importe quoi. A quoi tu penses?"

"Okay, okay, t'as Windows, non? Parce que ça fonctionne pas sur les autres."

"Oui, moi, ainsi que la majorité des péquenauds d'Amérique, possède un ordinateur Windows."

"Cool, parfait. Tu préfères jouer avec moi ou rester debout toute la nuit en pensant à ton travail?"

"Bordel, quelle question," répondit Levi. "Bonne idée. Envoie le lien."

Après avoir dirigé Levi vers un serveur en ligne, ils passèrent leur soirée à incarner des petits personnages se battant contre des géants, jusqu'à ce qu'ils s'endorment tous deux sur leurs claviers.

.-.-.-.-.-.-.

"Hnng..."

Eren cligna des yeux, essayant d'éclaircir sa vision. Son visage était collé à son clavier, il s'était endormi là. Il se redressa lentement et se frotta le visage. Skype était toujours ouvert, mais l'appel était terminé. Le brun attendit d'y voir plus clair et regarda les mots sur son écran. Apparemment, Levi lui avait parlé avant de partir.

Humanitys-Strongest: Hé morveux. Faut croire su'on s'est endormis. Je voulais juste te dire bonjour, repose-toi bien, mange correctement, et je reviendrai bientôt. J'essaierai de te contacter si je peux. Le Skype d'Hanji c'est psychescience et elle voulait te parler. Ne te laisse pas dépérir.

Envoyé à huit heures du matin. Eren regarda l'heure, 11 heures 15. Il soupira. Pas moyen de parler à Levi maintenant. Il se réprimanda silencieusement, si il s'était réveillé plus tôt, il aurait au moins pu souhaiter bonne chance à l'homme avant sa mission suicide -

Il secoua la tête, il ne devrait pas penser avec si peu d'espoir. Pas de place pour tant de négativité. Eren devait rester positif, peu importe la situation.

titanicjaeger: Désolé, si je m'étais réveiller, j'aurais pu te souhaiter bonne chance. Ne meurs pas là-bas, compris? Je suis même pas sûr que tu verras ça. Peut-être dans trois semaines, peut-être jamais. Je compte sur toi.

Le brun bâilla et brancha le chargeur de son portable. Il se glissa difficilement hors de son lit. Il heurta le sol avec un petit ouf! et lâcha un grognement exagéré avant de se lever. Quelques scènes comme celle-ci le gardaient sur pied, cassaient légèrement sa routine, mais il se sentait quand même bien plus mou que d'habitude. Il ne savait pas pourquoi, et quelque chose dans son esprit le harcelait, mais il n'y prêtait pas attention. Il n'avait pas besoin de penser à ce qui pourrait être quelque chose de très sombre.

Il traversa lentement la pièce en se frottant les yeux, toujours à moitié endormi. Il s'agenouilla près de son bureau. La lampe était toujours allumée, pour garder la boîte placée en dessous assez chaude. Les yeux du brun fixaient la petite chenille qui rampait silencieusement sur un bâton à l'intérieur. Eren tapota doucement sur le plastique. "C'est l'heure de manger, huh?" Il mis soigneusement un petit tas de feuilles à l'intérieur de la boîte. "Faudrait pas que tu meures de faim, Manten. T'es mon seul pote dans cette maison pour le moment. Et tout le monde se moquait de moi quand je t'ai adopté..."

C'est vrai, il n'avait pas vraiment réfléchi à sa décision quand ils étaient allés à l'animalerie, et Eren ne s'imaginait pas qu'ils auraient des chenilles là-bas. Tout le monde lui avait dit de ne pas la prendre - Où est-ce qu'il la mettrait? Comment allait-il s'en occuper? Et quand elle allait devenir un papillon? - mais il n'avait pas écouté, bien plus concentré sur son horrible blague à propos d'Inuyasha. Mais maintenant, il était plutôt heureux d'avoir acheté cette petite chose. Elle rampait vers son petit-déjeuner.

"Tu vas tisser ton cocon un de ces jours, et je serai de nouveau seul. Encore deux semaines, petit... Qu'est-ce que je ferai quand tu renaîtras? Il fait trop froid pour te laisser dehors. Tu penses que je pourrais te laisser voler à l'intérieur? Peut-être que c'est dangereux. J'imagine que si j'achète une dizaine de ces plantes, tu te comporteras bien." Il lâcha un petit soupir en déposant son menton dans sa paume. "Regarde-moi en train de te parler. Tu peux même pas comprendre ce que je dis."

Eren se releva avec un bâillement, un frisson le parcouru. Il fit le tour de sa chambre d'un regard et décida de prendre une douche. Il attrapa des vêtements au hasard avant de se traîner hors de la pièce. Il ne regarda même pas toutes les autres chambres sur le chemin de la salle de bain. La maison était immense - immense et complètement vide, et elle était complètement à Eren.

Il détestait ça.

Il fit couler l'eau de la douche et se déshabilla en attendant qu'elle se réchauffe, il savait qu'elle était glacée. Ça devait au moins prendre 45 secondes pour se réchauffer, il prenait son temps. Il se regarda dans le miroir, résistant à quelque frisson. Il était affreux. Des poches noires sous les yeux, entretenues pas un sommeil agité et éparse. Son visage était morne, une expression qu'il ne portait que très rarement. Peut-être que les ténèbres l'atteignaient plus que ce qu'il croyait.

Le brun se força à détourner le regard de cette vision presque choquante et s'empressa d'entrer dans la douche. Ses muscles se relaxèrent presque instantanément. Ses membres s'affaissèrent, il pris appui sur un mur et ferma les yeux. Il venait de se lever, mais c'était comme si il allait se rendormir. Bordel, peut-être que cette histoire de mélatonine et de sérotonine était moins fictionnelle que ce qu'il croyait. Eren savait qu'il aurait dû écouter quand Armin le lui avait expliqué, mais...

Armin.

Ce nom pesait sur Eren comme une vague de douleur, et il avait du mal à tenir sous son poids. Armin, putain, Armin était parti, parti pour si longtemps avec tous les autres. Armin, le gentil, l'adorable Armin. La petite noix de coco blonde maîtrisant étonnamment bien le sarcasme et ayant du culot, en contradiction avec son apparence. La personne la plus intelligente qu'il connaissait. Son meilleur ami, son frère. Il n'avait jamais passé plus de quelques jours sans Armin, sans parler de deux mois entiers.

Et il y avait Mikasa. Gentille, bienveillante, magnifique, la seule famille qu'il lui restait. Elle l'avait toujours traité comme un enfant et il se plaignait toujours, mais il l'aimait tellement. Sa soeur était la personne la plus forte qu'il connaissait. Elle avait proposé de rester ici à la place d'Eren. Il aurait du accepter. Elle l'aurait bien mieux supporté. Elle ne faillirait pas devant le manque de compagnie, pas si tôt. Elle serait plus solide, bien meilleure pour ignorer le ciel noir, la seule qui pourrait aisément vaincre l'inévitable dépression.

Marco et Jean. Eren se comportait toujours comme si il détestait Jean, mais ils étaient bien meilleurs amis que ce qu'ils laissaient paraître. Jean était un connard avec une tête de cheval, mais il était loyal et honnête. Marco était doux, le pacificateur du groupe, celui avec qui tout le monde s'entendait et que tout le monde adorait. Ces deux-là étaient faits l'un pour l'autre. Ils formaient l'un des piliers de la maison. Eren ne savait pas comment il survivrait sans leurs rituels de chamaillerie.

Connie et Sasha participaient sans aucun doute à animer la maison. Des grands farceurs, aucun n'avait passé l'université, mais ils étaient étonnamment intelligents dans les situations sérieuses. Ils donnaient un côté comique à la bande. C'étaient eux qui réconfortaient tout le monde pendant cette période de l'année, et Eren savait bien qu'ils ne s'en privaient pas cette fois-ci, dans l'Ohio avec les autres. Mais le brun ne les avait pas pour lui faire oublier les ténèbres.

Comment était-il sensé tenir le coup sans personne?

La solitude le frappa d'un seul coup. Il n'eut pas même le temps de comprendre ce qui lui arrivait, il pleurait déjà. Ses sanglots résonnaient sur les murs. Des sons pathétiques, ils lui rappelaient à quel point il était faible. A quel point rester seul était une erreur. Il s'en sortait à peine, ça ne faisait que deux semaines et il puisait déjà dans ses ressources profondes pour ne pas craquer.

Cette solitude l'enveloppait alors complètement, comprimant ses poumons à tel point qu'il avait du mal à respirer. Il avait envie de vomir. La panique montait en lui, ses inspirations étaient courtes et rapides. Il se sentait suffoquer. Ses genoux l'abandonnèrent et il se laissa glisser le long du mur.

Ils l'avaient abandonné. Abandonné dans le noir, à la merci de la dépression et de la solitude, abandonné sans se soucier de l'évidence même. Abandonné, seul, pendant qu'ils s'amusaient au soleil. Ils devaient être bien plus heureux comme ça...

Eren ne savait pas combien de temps il était resté là en pleurant. Il ne savait pas combien de larmes l'avaient abandonné pour se mélanger à l'eau de la douche. Il ne savait pas si ses pleurs avaient été silencieux ou non, ou comment il avait fait pour s'extirper de cette crise de panique. Tout ce qu'il savait, c'était que l'eau qui lui coulait dessus était maintenant glacée. Ses muscles froids et douloureux lui demandèrent un effort surhumain pour pouvoir se redresser et arrêter le flux d'eau. Il lui fallut bien trop d'énergie pour se traîner hors de la douche et se sécher, même en se rappelant des dangers de l'hypothermie.

Après un long moment en face du miroir, il se mis en route pour sa chambre, et il n'arriva même pas jusque là. Il fit l'erreur de regarder à l'intérieur d'une autre pièce sur son chemin, et il passa la nuit agrippé à l'oreiller d'Armin, profitant de son odeur et essayant de ne pas trop le souiller de ses larmes.

Il remarquait à peine quelqu'un sur Skype qui essayait de l'appeler, encore, et encore, et encore...


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