Un sombre destin - Tome I

-         Maman ! Maman ! Quand est-ce que c’est le baptême ?

Fleur de Myosotis ouvrit ses beaux yeux bleus lourds de sommeil. Elle s’étira, baillant à s’en décrocher la mâchoire.

-         Ce soir, ma chérie. Et ça va me faire des vacances, que ton agitée de sœur et toi allez-vous défouler dehors et saouler jusqu’à la mort vos pauvres mentors!

Elle entreprit de faire sa toilette, tandis que sa fille sautait sur sa sœur.

-         Petite Émeraude! Réveille-toi ! On va être apprenties ! On a six lunes !!

La petite chatte blanche se releva d’un bond.

-         Vrai ? Enfin ! On va laisser maman toute seule s’ennuyer à la pouponnière !! ajouta elle, malicieuse.

-         Tu crois ça, jeune fille ? Non, je vais retourner chez les guerriers, moi ! Allez, on fait toute notre toilette et on va annoncer la nouvelle à papa ?

Les petites acquiescèrent avec enthousiasme et chacune se mit à sa tâche. Lorsqu’elles eurent fini, leur mère se leva.

-         Allez, venez, on va voir votre père. D’ailleurs, je le vois à la pile de gibier, qui parle avec Étoile de Chêne. Sûrement fait-il le rapport de la patrouille de l’aube.

Les trois chattes se dirigèrent vers le chat gris, Cœur de Faucon, qui était leur père.

-         Papa ! Petite Émeraude et moi allons être apprenties ce soir !!!

Le père se retourna et sourit.

-         Vraiment ? Eh bien, mes chéries vous êtes des grandes ! Mais… promettez-moi que vous n’irez plus dire coucou au Clan de l’ombre!

Les deux coupables baissèrent la queue, honteuses au souvenir de leur grosse bêtise. Il y avait quelques jours, elles avaient voulu aller voir le Clan de l’Ombre et s’étaient sauvées du camp. Deux guerriers du Clan rival étaient revenus quelques heures plus tard avec les deux chattes, furieux contre le Clan du Tonnerre quand ils pensaient que des chatons étaient sans surveillance. Depuis, les petites avaient développé une grande prudence à l’égard de tous les guerriers qu’elles rencontraient. Leur mère, comprenant le malaise de ses filles, le brisa en ajoutant d’un ton affectueux.

-         Mais nous sommes sûres que vous serez les meilleures apprenties du Clan du Tonnerre.

Les petites sourirent et tous se blottirent les uns contre les autres, sous le regard amusé de quelques guerriers.

-         Et rien ne nous séparera jamais.