La nuit où les étoiles se sont rallumées

The Crystal Ship, The Doors

Je pensais que ramener le tableau serait compliqué, mais finalement, je me suis embrouillé le cerveau pour rien.

Nate m’a facilité la tâche. À force de passer ses journées à scroller sur son portable ou à écouter de la musique, on ne peut pas dire qu’il ait failli me griller. Sa mère Amanda m’a aidé à trouver une cachette et même ses deux petites sœurs ont participé, ravies de jouer les agentes secrètes.  

Le jour J, c’est donc rouge d’embarras que je ramène le cadeau dans la chambre. Sans surprise, Nate est avachi dans le lit. Il se redresse, comme averti par un sixième sens, et quand son regard tombe sur le tableau, putain, l’émerveillement que j’y lis balaie mes doutes, surtout quand j’explique mes raisons.

— Nooon, j’y crois pas ! Comment t’as… ? Mais t’as dû te ruiner ! s’exclame-t-il.

Qu’il ne compte pas sur moi pour le confirmer.

— Sérieux, t’aurais pas dû !

— Mais ça te plaît ? je demande bêtement.

— Tu plaisantes ? J’adore !

Puis il fond en larmes.

Ça, c’est du Nate tout craché. Ses émotions débordent tout le temps, et il lui a fallu longtemps pour comprendre que ça ne me gênait pas. Vraiment, je préfère qu’il ne renferme pas ce qu’il ressent, parce qu’on a bien vu où ça l’a mené la dernière fois…

Heureusement, c’est du passé : Nate est là, bien vivant.

Oui. Bien vivant.

Et sa joie me fait quelque chose, alors j’essaie de retenir les secondes qui s’enfuient trop vite, de graver ce sourire et ces larmes d’émotions, juste avant que Nate ne m’enlace férocement, puis se mette à me couvrir de baisers. Des étincelles naissent sous ma peau, mon pouls s’accélère, mon corps s’échauffe, mes pensées s’égarent et la chambre s’efface.

Ce qui me rappelle que nous n’avons plus fait l’amour depuis le Nouvel-An. On s’était disputés parce qu’il avait bu de l’alcool, alors qu’il savait très bien que ses médicaments le lui interdisaient. Parfois, les mots qu’on s’est balancés à la figure continuent à flotter entre nous, et j’ai la foutue impression qu’on marche sur un pont de verre. Un pont de verre que n’importe quelle parole brusque pourrait briser.

Mais pour l’instant, je me concentre sur les lèvres de Nate, son odeur, sa chaleur, la douceur de sa peau contre la mienne.

Et putain, c’est bon.

Comme si tout était redevenu normal.

Comme si la dépression avait enfin desserré ses griffes.

Note de l'autrice J'ai failli déraper et aller plus dans les détails à la fin du chapiiiiiiitre... Failli. :D Qui sait, je commettrai peut-être un jour un chapitre bonus? Sinon, très fière de ce passage "— Tu plaisantes ? J’adore ! Puis il fond en larmes. " où j'ai vraiment eu l'impression de trouver la voix de Nate, comme Nine ou Marie auraient pu l'écrire.

Et pour la petite histoire, j'ai passé un temps incalculable à essayer de retrouver le passage du Nouvel-An, dans le tome 3, avant de me rappeler qu'il était décrit... Dans le tome 4 XD. Breeeeeef. J'espère que vous avez aimé. ;)