La nuit où les étoiles se sont rallumées

Chapitre 9 : FINN

3427 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 12/12/2025 20:41


Take me Down, Djedjotronic, Douglas McCarthy


Le silence s’évapore dès que je pose le pied sur l’escalier. Des exclamations s’infiltrent dans mes oreilles, de plus en plus sonores. Premier étage. Deuxième.

Des vigiles. Qui me laissent entrer quand je leur dis qui je suis. 

Quand j’arrive au troisième, je discerne un espace immense, faiblement éclairé. Le bruit vient de la droite, d’un cube de béton construit au sein de l’entrepôt. Un rai de lumière s’étire depuis la porte entrebâillée, comme une invitation.

Je m’y dirige le cœur battant. Dès que je franchis le seuil, j’ai l’impression d’arriver dans un autre monde, ou plutôt, de revenir à la maison. La faune est d’un autre genre que celle de la fête. Ici, les gens ont soif de paris, de sang et de violence. C’est pour ça que j’aimais tant descendre dans l’arène, à l’époque... Pour cogner, me faire cogner, me relever, cogner encore. Avec la weed, c’était l’unique moyen de débrancher mon cerveau.

Mais cette arène-ci est différente de celle du Carrollton. La fosse semble encore plus vicieuse, et on y a même construit des gradins pour permettre aux spectateurs de voir les fights en hauteur. Je marche sur des débris de verre et de plâtre, tandis que l’odeur de renfermé laisse place à celle de la sueur. D’un bond, je me retrouve sur un des gradins et dois jouer des coudes pour voir quelque chose. Quelques personnes m’insultent pour la forme, mais la plupart sont trop captivées par le spectacle qui se joue en bas.

Deux gars se foutent violemment sur la gueule. À chaque coup, mes propres muscles se tendent, comme s’ils répondaient à un appel invisible – celui des combats. 

J’ai toujours pensé que me battre m’aidait à extérioriser mes émotions, mais en fait, je cherchais juste la souffrance, peut-être parce qu’elle atténuait la réalité.

J’en suis conscient maintenant.

Et ça ne change rien.

Absolument rien.

Mes poings, mes pieds, tout mon corps me démange.

Il faut que je descende dans la fosse.

Alors que l’un des deux combattants grogne de douleur, mes yeux repèrent ce qu’ils cherchaient. Harvey n’a pas changé : la même dégaine de vieux lion, le même sourire roublard. Quand j’arrive à sa hauteur, il lui faut un instant pour me reconnaître.

— Finn ! Qu’est-ce que tu fais là ?

Je hausse les épaules. N’est-ce pas évident ?

Mais il secoue la tête.

— Johnson ne m’a pas prévenu, et je pensais que tu t’étais rangé.

— On va dire que j’ai changé d’avis.

Il secoue à nouveau la tête.

J’ai soudain un vertige et je dois cligner des yeux pour stabiliser ma vision. J’ai fini la bouteille de vodka dans la rue, mais on dirait que ses effets ne se manifestent que maintenant.

Reprends-toi Finn.

Ça n’empêche pas le monde de tanguer.

— Allez, Harvey, j’insiste. En souvenir du bon vieux temps.

— Repasse la semaine prochaine et on en discutera, lâche-t-il sans me regarder.

— Je veux me battre, putain ! T’as jamais hésité à me faire entrer dans l’arène, avant ! Inscris-moi sur cette liste !

Et là, une voix me vient miraculeusement en aide.

— C’est pas lui qui a battu Stenson à Houston ? Et White au Carrollton ?

Mon sauveur est une armoire à glace avec une cicatrice sur la mâchoire. Je me demande s’il participe aux fights ou s’il s’agit d’un simple spectateur. Impossible à dire pour l’instant.

— Ouais, mais le problème reste le même, réplique Harvey. Il est pas annoncé.

— Allez, tu peux faire un effort. Je veux voir ce qu’il a dans le ventre… Mets-le contre Jardine.

Heureusement que ma réputation n’a pas totalement été oubliée. Une nouvelle liasse de billets change de mains, et la moue renfrognée d’Harvey se mue en sourire. Qui que soit l’armoire à glace, une chose est sûre : je lui en dois une.

D’ailleurs, mon bienfaiteur me tend une bière.

— Tiens, champion. Pour t’encourager !

Quelques rasades suffisent à faire descendre l’alcool dans mon estomac, mais mon corps me trahit à nouveau, quand je titube en voulant simplement avancer. Harvey me saisit par l’épaule.

— Hé, Finn. T’es sûr d’être en état de te battre ? T’as pas l’air très en forme.

Qu’est-ce qu’il raconte ? OK, ma vue a tendance à se brouiller, mais je n’ai jamais été aussi en forme. L’adrénaline a enfin chassé la souffrance, et pour la première fois depuis le début de la soirée, j’ai l’impression de me sentir vivant. Mon sang rugit à mes oreilles, mes poings fourmillent d’impatience. Même la petite voix, dans ma tête, me fout la paix.

— C’est quoi cette odeur ? demande soudain une spectatrice à côté de moi.

Merde, mes baskets. J’ai pas pensé à les nettoyer.

Je me dépêche de m’éloigner et de frotter mes semelles l’une contre l’autre. Forcément, le vomi ne part pas tout à fait, mais c’est mieux que rien. Pendant ce temps, le rempart humain me hurle dans les oreilles, galvanisé par le spectacle en contrebas.

Les coups s’échangent dans des grognements sourds, salués par les applaudissements ou les encouragements. Les mecs se cognent sans pitié, mais l’issue du combat est déjà claire. Très vite, une huée s’élève quand le plus costaud des deux envoie l’autre au tapis d’un coup de pied sadique. Putain, il est rapide. Il l’est encore plus quand il finit le boulot, bourrant son adversaire de coups de poing. Je vois du sang gicler, puis une dent.

Le combat suivant se finit de la même manière. Galvanisée, la foule hurle le nom du vainqueur, et mon sang se glace.

« Jardine ».

C’est lui que je dois affronter.

Je profite qu’il soit les bras levés, à récolter les lauriers, pour mieux l’observer. Il a la gueule d’un requin blanc, avec ses cheveux rasés, sa mâchoire carrée et son teint de fantôme. Normalement, ce genre de brute est assez lente pour que les combattants rapides, comme moi, aient leur chance. Sauf qu’il vient de laminer ce pseudo-avantage sous mes yeux.

Soudain, les sons se mélangent et l’univers devient flou. Je cligne frénétiquement des yeux, mais rien à faire. Les néons se mettent à vaciller, alors que les hurlements des spectateurs me déchirent les oreilles, comme si j’avais atterri en Enfer. Dans la foule, je crois apercevoir Stenson, qui me décoche un sourire de tête de mort. Sauf que ce n’est pas possible, il ne peut pas être là, à La Nouvelle-Orléans, pas avec la raclée que je lui avais mise à Houston. Putain, il me faut un joint. Les mains tremblantes, je tire le sachet d’herbe, mais il est vide. C’est pas vrai ! J’ai déjà tout fumé ? J’essaie de faire marcher ma mémoire, sans succès.

— Finn ! Bordel, c’est à toi !

Harvey, qui me lance un regard impatient. Je me dépêche de descendre par l’escalier métallique, ménageant mon bras blessé en saisissant un barreau après l’autre.

Alors que le bookmaker fait son speech – insistant sur Stenson et White – Jardine tente déjà de m’intimider.

— Tire-toi, gamin ! C’est pour les adultes, ici, aboie-t-il dès que j’ai posé les pieds par terre.

— Alors tire-toi.

Les lèvres de Jardine s’étirent en un lent sourire. On dirait vraiment un requin, le genre qui bouffe des humains, en mode dents de la mer. Je peux voir chacune des cicatrices qui couture sa peau tannée. Il a un tatouage chelou sur le bras droit, une salamandre sur un portail débordant de feuilles et d’oiseaux fantastiques. Quant à ses mains, elles sont couvertes du sang de ses adversaires.

Un frisson cascade le long de mon dos, accompagné d’un sentiment inhabituel, qui ressemble presque à de la peur, mais je m’empresse de l’étouffer. La petite voix prend le relais, me soufflant que je suis trop bourré, pas assez préparé - ni même échauffé, que j’ai perdu la main, qu’il faut renoncer avant qu’il ne soit trop tard. Mais ce n’est pas comme si j’en avais quelque chose à foutre. D’ailleurs, je ne sais même pas à combien s’élèvent les paris.

Je prends un instant pour analyser la configuration des lieux. Le ring est aussi étroit que le container sur lequel je me suis battu aux Docks à Houston. Il va falloir éviter les grands mouvements, mais au moins, Jardine ne pourra pas donner trop de coups de pied. Enfin, je pense ?

Le signal du départ retentit, et immédiatement, le monstre me fonce dessus. Je réussis à esquiver avant de me jeter à mon tour sur lui. Il recule vivement, me laissant interloqué. Je pensais qu’il serait du genre à utiliser sa force, pas à se défiler. Mais c’est pour mieux préparer une série de coups foudroyants que j’évite à moitié. Ma tête, qui s’est remise à tourner, et mon envie de gerber, n’aident pas.

Quand Jardine cherche à me saisir par la taille, je réplique par un uppercut qui ne semble faire aucun effet. À la place, je me sens soulevé et vois le sol se précipiter à ma rencontre

Putain, faut que je réfléchisse. Vite. Tentant d’ignorer la douleur lorsque mes genoux heurtent le sol, je profite de l’élan pour rebondir, me relever, puis enfoncer mon poing dans le bide de Jardine. Et là, enfin, il se plie en deux. Je profite de mon avantage, j’y mets toute ma puissance, visant les points sensibles, jusqu’à obliger mon adversaire à lever les coudes pour se protéger.

J’y crois pas, je vais vraiment y arriver. Je vais le battre.

Jusqu’au moment où une étoile de douleur éclôt dans mon biceps, là où l’éclat de verre s’est planté, l’autre jour. Ce connard ne s’est pas loupé ; il a atteint ce point précis, et maintenant, il sait comment m’atteindre.

On commence à se tourner autour.

— Intéressant, ton bras. Comment tu t’es fait ça ? demande le monstre d’un petit air goguenard.

Des papillons s’invitent devant mes yeux, tapissant ma vision de noir. Non, pas ici ! Pas maintenant ! Je suis en état de me battre, je peux encore mettre une raclée à Jardine ! Mais mes poumons se compriment et les cris de la foule se transforment à nouveau en bouillie sonore, lointaine, si lointaine. Le monde devient doux comme un matelas.

Et avant que mon cerveau engourdi ne puisse réagir, la jambe de Jardine se lève. Le revers du pied, propulsé à une vitesse terrible, fauche ma nuque. Je m’écrase à nouveau par terre, et cette fois, mon corps n’arrive plus à se relever. Jardine saisit mes cheveux et m’écrase le crâne contre le sol à plusieurs reprises.

Les papillons sont immenses, maintenant, aussi énormes que la souffrance. Ma blessure, au biceps, s’est rouverte. Il y a du sang partout. Sous mon pull, sur le sol, dans mon nez. Son odeur douceâtre se mêle à celle, âcre, de la sueur et des larmes.

Soudain, Jardine me lâche. Il pense sans doute avoir gagné.

Quand je me relève péniblement, un nouveau coup de pied me remet par terre, comme une merde.

— Tu en redemandes, Holtz ? susurre le monstre.

Et il se défoule sur moi. Les coups pleuvent partout, me forçant à me recroqueviller. Mes côtes me supplient. Du sang éclate dans ma bouche.

Le déluge finit par s’arrêter. Quand je roule sur le côté, haletant, couvert de sang et de sueur, ce n’est plus Jardine que je vois, mais mon beau-père Hunter, railleur. Sauf que je délire, parce que mon beau-père est mort. Mort ! Mais mon esprit n’arrive pas à intégrer ce mot. Mes oreilles se mettent à bourdonner et je me sens encore plus nauséeux. Comme si mon corps bougeait tout seul, je me relève en tremblant, puis je me rue sur mon adversaire. Surpris, Jardine réagit une seconde trop tard. On tombe à terre tous les deux et mes poings déferlent, de plus en plus violemment.

Avec un rugissement de rage, l’autre lève le bras et le temps que je comprenne ce qu’il veut faire, ses doigts compriment déjà mon biceps ensanglanté. Ça lui donne la seconde dont il a besoin pour se libérer. Il m’agrippe pour me coller à lui, glissant son bras sous mon menton au passage. Une guillotine. C’est une putain de guillotine. Il comprime si fort ma trachée que j’en ai le souffle coupé, et lorsqu’il desserre enfin sa prise, c’est pour mieux me renvoyer en Enfer.

Le temps qu’Harvey intervienne, j’ai quasiment perdu connaissance. L’épave qui me sert de corps est crucifiée par terre.

Mes dernières résistances s’effondrent.

Je laisse Harvey me soulever pour me conduire probablement au dispensaire.

— Laisse, je m’en occupe, lance une voix.

Alors que le monde s’efface, je sens un autre bras se glisser sous mes aisselles et me soutenir.

Mes dernières bribes de lucidité me servent à poser un pas devant l’autre. On me sort de l’arène, et enfin, le silence revient. L’air sent à nouveau le plâtre et le renfermé. Je me raccroche à ça pour rester conscient.

Il me faut au moins vingt secondes pour m’apercevoir qu’on ne va pas où on devrait. Le dispensaire se trouvait à côté de l’arène, je l’ai vu quand je suis sorti. Or, là, on se dirige vers la sortie du hangar. Je tente de parler, mais seules des paroles incompréhensibles sortent de ma bouche pâteuse.

— T’inquiète, on est bientôt arrivé, lâche celui qui me soutient.

Quelque chose ne colle pas. Je tente désespérément d’émerger, mais je suis encore trop sonné.

On descend l’escalier, jusqu’à arriver au rez-de-chaussée. Là, je bande mes muscles, et au prix d’un effort surhumain, réussis à m’arracher au type pour courir en direction de la sortie. Mais il me rattrape aussitôt, accompagné d’un autre inconnu.

— On t’a dit qu’on était bientôt arrivés ! Tu vas pas partir comme ça, quand même ? lâche-t-il avec un horrible sourire.

Il m’enfonce son poing dans le bide sans plus de cérémonie, puis profite que j’ai le souffle coupé pour me traîner avec lui.

C’est alors que je les reconnais. Le premier est celui qui a payé Harvey pour me faire combattre. Le deuxième se tenait à côté de lui, lors de la transaction. Putain qu’est-ce qu’ils me veulent ? La peur me comprime la gorge tandis que je suis forcé de les suivre.

Après avoir arpenté un dédale de couloirs, que j’essaie de mémoriser sans grand succès, on arrive devant une porte métallique entrouverte. À l’intérieur, une cave tapissée de moisissure et de toiles d’araignées. La seule lumière provient d’une ampoule qui se balance au plafond, éclairant une petite fenêtre et cinq mecs à la mine réjouie. L’un d’eux semble familier. Trop familier.

Mon sang se glace.

Stenson.

Le mec que j’ai fait tomber du container aux Docks et que je pensais trop amoché pour continuer les combats. Ce n’était pas une hallucination, alors. Il se trouvait réellement dans la foule. Je tente à nouveau de fuir, mais on me plaque violemment contre un des murs.

Stenson s’avance en prenant son temps. Il me cogne une fois, deux, trois. Puis il me traîne au centre de la pièce, où je tombe à genoux, avant de refermer la porte à clé. Comme si ça avait lancé un signal, les autres mecs se mettent à ricaner.

L’étau de la peur se referme sur moi. Personne ne sait que je suis ici, même pas Harvey. Pour lui, je dois être au dispensaire, en train de me faire soigner.

— Finn ! Quelle heureuse coïncidence ! Je ne m’attendais pas à te voir là ce soir, lance Stenson.

C’est là que je remarque : il semble légèrement différent du Stenson que j’ai affronté. Son nez n’est pas cassé, ses cheveux semblent plus sombres et son gabarit moins impressionnant.

— Quand je t’ai vu te pointer, je n’ai pu laisser passer l’occasion, poursuit-il. J’arrive toujours pas à comprendre comment un petit merdeux de ton espèce a pu démolir mon frère. Il a dû arrêter les combats à cause de toi, tu sais ?

Mon esprit s’est arrêté sur les mots « frère ». J’ai donc vu juste, même si ça ne change rien, parce que ce gars-là a l’air aussi sanguinaire que Stenson, et tout aussi cruel. Il a dû tout orchestrer dès qu’il a dû me voir : le combat, afin que je ne sois plus en état de résister, puis ses larbins, qui m’ont traîné jusqu’ici. Mon corps se met à trembler sans que je puisse l’en empêcher et ma sueur coule de plus belle, glacée.

— Tu n’imagines pas à quel point il veut se venger, alors je vais le faire pour lui, annonce l’autre avec un sourire de psychopathe. J’ai fait ma petite enquête sur toi. On dit que tu vis avec un type plein aux as, maintenant. Tu le suces pour pouvoir rester, c’est ça ? T’es sa petite pute ?

Voyant que je ne réponds pas, un de ses acolytes m’empoigne les cheveux pour me forcer à me redresser et m’enfonce son poing dans le bide. Je me plie en deux, le souffle coupé.

— Réponds quand Poison te pose une question ! beugle-t-il.

— Allez tous vous faire foutre, je réussis à cracher entre deux respirations sifflantes.

Nouveau coup. Je ravale tant bien que mal mes larmes de douleur.

— Dans ce cas, je ne vois qu’un moyen d’avoir la réponse. Comme tu vois, on est que des mecs par ici, murmure « Poison ».

Mes entrailles me brûlent encore plus fort, bouffée par une peur acide. J’aime pas ça, j’aime vraiment pas ça. Pitié, faites que j’aie mal compris, faites que…

— Déshabillez-le !




Commentaire de l’autrice Comme je me réjouissais d’arriver à la scène du combat !!! Oui, ça semble paradoxal, mais j’avais adoré cette facette dans La nuit où les étoiles se sont éteintes, si bien retranscrite par les deux autrices ! J’ai pu me rappeler mes entraînements de krav maga, et j’ai aussi regardé quelques vidéos de combats de MMA. 😉


Bref, vous l’avez compris, j’ai vraiment adoré écrire ce chapitre, si intense au niveau des émotions. La musique qui l’accompagne est celle qui m’a le plus inspiré dans toute cette fanfiction. Je rends aussi hommage au thème du défi (dans le cadre duquel s’inscrit cette nouvelle) : du sang, de la sueur et des larmes.

J’espère que vous n’avez pas trop peur concernant la suite ? Niark, niark niark ! Rendez-vous dans un peu moins d’une semaine...


PS : j’ai glissé un easter egg, en lien avec ma plus loongue fanfiction (aussi publiée sur ce site) - celle des Puissants. Saurez-vous le retrouver ?



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