TITANS: La Reine et la Bête

Chapitre 3 : Chapitre 2 - Désolation

3003 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/02/2019 00:02

Sur la mer, près des côtes de la Norvège

Ishiro n’avait pas bien dormi à cause du roulis incessant du bateau toute la nuit et décida de rester la majeure partie de la journée dans sa cabine. L'idée de monter sur le pont et de rencontrer les autres passagers ne lui plut guère. L’historien japonais avait passé les cinq dernières années à essayer d’étudier au mieux les mythes et autres légendes sur la «chose» qu’il voyait dans ses visions, qui, malgré toutes les années, restait gravée dans sa mémoire. Après avoir longtemps négocié et combattu avec les plus hauts responsables de l'empire japonais, Ishiro avait pu obtenir le droit de quitter le pays et de prendre le premier bateau pour la Norvège il y a à peine deux semaine. Au cours de ces deux semaines, le navire avait contourné la côte nord de ce grand pays nommé Russie, pour finalement atteindre les côtes norvégiennes.

Assis derrière un petit bureau, éclairé par la lumière du soleil filtrant à travers une toute petite fenêtre, Ishiro lisait un à un ses documents qu'il avait apportés dans un sac dont il ne se séparait jamais. Un mal de tête le sortit de ses lectures, le faisant grimacer de douleur et se prit la tête dans ses mains. Les jours précédents avaient été marqués par de violentes visions ... Là, il vit cette jeune femme aux cheveux blonds et vêtue d'une robe glacée, et cette autre jeune femme aux cheveux roux et peignée en tresses. Elles avaient un air de famille, ressemblant à des sœurs, et se tenaient, horrifiées, au milieu des ruines en flammes et fumantes de ce qui était autrefois une ville. Peut-être la leur? Et dans le nuage de fumée et de cendres recouvrant tout le paysage, deux formes humanoïdes et titanesques semblaient se livrer à une bataille violente et sans merci, sous le regard choqué des deux sœurs. L'une des formes gigantesques sembla avoir essuyé un coup dur et commença à tomber de tout son poids en direction des deux femmes et sur le point de les écraser ...

- "Professeur Ishiro?"

Une voix derrière la porte de la cabine, ainsi que plusieurs petits toquements sur le bois ont forcé l'historien à quitter cette torpeur macabre. Reprenant son souffle pour essayer de se calmer un peu, et rangeant ses notes dans son sac, il s'éclaircit la gorge.

_ "Oui qu'est ce que c'est?" il a demandé comme si rien ne s'était passé.

_ "Nous arrivons en vue d'Arendelle, monsieur." la voix du marin lui dit derrière la porte. Ishiro eut un faux sourire de satisfaction. Enfin, il était arrivé à destination après tout ce temps. Ayant rassemblé toutes ses affaires, vêtu d’un long manteau gris et épais, de gants et de bottes de la même couleur, l’historien japonais quitta sa cabine en traversant un long couloir en bois où se trouvaient les rangées de portes d’autres cabine pour atteindre le petit escalier menant au pont. Un nouveau mouvement de roulis le fit presque tomber. Oui, il était temps pour lui de retourner sur le continent, la vie sur un bateau n'étant décidément pas faites pour lui. À peine arrivé sur le pont que le vent frais vint à sa rencontre pour lui caresser le visage. L'air du nord était grandement ressenti. Le ciel était plutôt couvert, des nuages ​​gris pâles recouvraient une partie et cachaient un peu le soleil, mais rien de très inquiétant. Au moins il ne pleuvait pas. Sur le pont, les marins ont rejoint leurs postes pour préparer l'accostage du navire, tandis que les autres passagers, pour la plupart de simples voyageurs, se sont approchés de la balustrade pour admirer la vue sur le port et le grand château d'Arendelle, apparaissant à l'horizon entre ces magnifiques et grandes montagnes formant le fjord. Ishiro alla aussi regarder, mais retint son admiration. Il n'était pas là pour faire du tourisme.

_ "Mon Dieu, c'est vraiment beau, n'est-ce pas, monsieur?" la femme à côté d'Ishiro lui a demandé. Elle avait un léger accent russe, mais l'historien qui avait étudié les langues quand il était étudiant la comprenait.

_ "Certainement Madame." Ishiro répondit derrière ce faux sourire qu'il portait comme un masque sur le visage. Mais pour lui, le temps n'était pas à la joie, mais à l'inquiétude et il avait ses raisons.

De longues minutes s'écoulèrent au cours desquelles le navire entra finalement dans la baie d'Arendelle, passant sans encombre les premières tours de guet, et s'arrêtant finalement à l'endroit qui lui avait été accordé dans le port. Ishiro fut l'un des premiers à quitter le navire, voulant le quitter le plus tôt possible. Il salua et remercia le capitaine pour la traversée et descendit la petite passerelle installée pour permettre aux passagers de descendre. Enfin, sur le continent, se dit l’historien, qui se sentit presque renaître. Le maitre du port est arrivé en souriant pour saluer les nouveaux arrivants.

_ "Bienvenue à Arendelle, mesdames et messieurs."

Ishiro n'écouta que vaguement, ses yeux sérieux et fermes fixés vers le château. Il connaissait déjà sa destination. Sans perdre une seconde, avec une marche légèrement appuyée mais pas trop pour ne pas attirer l'attention, il gravit les marches de pierre pour monter le port et pénétra dans la ville.

En se promenant au milieu de cette grande avenue, il pouvait constater à quel point le peuple d’Arendelle semblait heureux et prospère. Des visages souriants, confiants et parfois rieurs. Il y a deux ans, cependant, il y avait eu une étrange histoire se répandant dans le monde à propos d'un hiver qui avait enseveli tout le pays en quelques minutes. La reine Elsa était également de plus en plus reconnue dans le monde entier comme un dirigeante fort et juste, des valeurs sûres pour un monarque. Apparemment, plusieurs grands autres seigneurs avaient tenté de l'intimider et tous avaient échoué. D'autres avaient essayé de l'épouser afin de s'approprier certaines des richesses d'Arendelle, mais Elsa n'était pas dupe et avait refusée. Elle avait même gagné le surnom de la "Reine aux yeux de glace". Oui, cette femme était exceptionnelle sans doute, pensa Ishiro, voyant le château s'agrandir de plus en plus grand à mesure qu'il approchait.

Sortant du château avec un panier à la main pour faire les courses sur le marché, le serviteur Kai remarqua cet homme asiatique qui allait le croiser et observait avec intêret le château

_ "Excusez-moi, mon brave. Puis-je vous aider?" Kai a demandé poliment. Ishiro s'arrêta et le fixa quelques secondes. Si cet homme pouvait entrer et sortir du château, il y travaillait certainement, pensa l'historien. C'était une chance.

_ "Je m'appelle Ishiro et je viens tout droit de l'empire japonais. Je voudrais parler à la reine Elsa d'un sujet très important."

Le serviteur semblait un peu gêné, ce que l'historien remarqua immédiatement.

_ "C'est que..." répondit Kai en se grattant l'arrière de la tête "... La reine n'est pas ici. Elle est partie il y a plusieurs heures pour enquêter sur quelque chose d'étrange, apparemment."

Le cœur d'Ishiro bondit dans sa poitrine et son visage devint plus sérieux. Il saisit le serviteur par le col avec force et le força à le regarder droit dans les yeux. Kai, surpris, resta figé.

_ "Dites moi où elle est allée, maintenant!"

************

Le convoi dirigé par la reine Elsa avait marché toute la journée et se trouvait maintenant sur un chemin de terre au milieu d’une grande forêt de pins endormis. La couleur de la nuit envahissait le ciel depuis quelques minutes et les premières étoiles commençaient à ressembler à des bougies que les dieux allumaient dans le noir. Vingt soldats, seulement des volontaires, étaient venus, montés sur leurs chevaux, regardant droit devant eux en silence, marchant en deux lignes parfaitement organisées, menés par le commandant Ulrik lui-même sur son cheval noir. Bien qu'Elsa ait été initialement réticente à cette idée parce que jugée risquée, Anna et Kristoff étaient également venues, toutes deux assis côte à côte à l'avant d'un petit chariot recouvert d'un tissu, et tirées par deux chevaux que Kristoff menait. Sven suivait pas à pas à côté du chariot tandis qu'Olaf était assis sur le dos du renne. Le bonhomme de neige admirait la beauté de cette nature avec ses yeux et son sourire enfantin et a essayé d'attraper un groupe de lucioles volant près de lui. Il faillit tomber, mais Sven l'a attrapé avec ses bois et l'a remis sur son dos.

- "Merci, l'ami." Olaf le remercia avec une caresse sur la tête. L'insouciance d'Olaf était suffisante pour détendre un peu l'atmosphère. Alors que Kristoff était occupé à regarder droit devant lui, tenant les brides dans ses mains, son attention se tourna vers sa fiancée. Anna n'avait pas dit un mot depuis le départ d'Arendelle, et pourtant elle était généralement la première à parler de quelque chose qui romprait le silence. Recouverte de sa cape et de son bonnet contre le froid, elle affichait un visage pensif et inquiet. Kristoff, inquiet pour elle, lui a donné un coup d'épaule très délicat pour tenter de la faire réagir.

_ "Anna ... A quoi penses-tu? Cela fait des heures que t'as l'air repliée sur toi même."

_ "Je ... je ne sais pas ..." répondit la princesse d'une voix réservée "... Depuis que nous avons appris ces catastrophes, je ... j'ai un mauvais pressentiment."

_ "C'est assez compréhensible", dit Kristoff en essayant de la rassurer un peu. "Une personne normale ne se sent jamais vraiment bien après de mauvaises nouvelles."

_ "Oui, mais c'est différent." Anna le regarda dans les yeux pour lui montrer son inquiétude chatoyante dans ses iris. "Je ne peux pas l'expliquer, mais je sens que des choses qui nous dépassent complètement sont sur le point d'arriver."

Cette phrase avait l'air un peu loufoque, mais Kristoff pouvait sentir la sincérité de la voix d'Anna. Elle avait peur et cela ne le rassurait pas, bien au contraire.

_ "Si tu veux, quand nous serons rentrés, nous irons voir Grand Pabbie. Peut-être qu'il saura de quoi tu t'inquiètes." Proposa Kristoff, ce à quoi Anna répondit par un petit signe de tête et un sourire pour son fiancé, toujours présent pour elle. Enroulant son bras autour du sien, elle posa sa tête contre son épaule.

À la tête du convoi, assise sur son cheval blanc comme neige, Elsa restait également silencieuse, son regard concentré sur le chemin droit devant. Même si elle ne le montrait pas, elle était aussi inquiète que sa sœur et ressentait le même sentiment négatif dans son cœur. Sans savoir pourquoi, elle avait l'impression que le monde lui-même serait sur le point de changer, que la vision de l'humanité tout entière serait changée à jamais. Elsa est soudainement revenue à la réalité quand une pluie de ce qui semblait être des flocons de neige noirs a commencé à tomber sur la forêt. Elsa avait-elle encore libéré son pouvoir sans faire attention? Non, elle ne se sentait pas en colère ou trop nerveuse et ses mains ne présentaient aucun signe d'activité magique. Tout le monde regarda avec perplexité et réalisa rapidement qu'il ne s'agissait pas de neige, mais de cendres. Une pluie de cendres.

_ "Wow, je n'ai jamais vu de neige noire avant." Commenta Olaf.

_ "Ce n'est pas de la neige, Olaf ..." lui dit Anna, plus grave. Sven voulut avaler un des flocons de cendre qui passait devant lui, mais le recracha très rapidement. Le commandant Ulrik était sur ses gardes, l'air sérieux. Une odeur de brûlé emplit soudainement l'air et un groupe d'oiseaux terrifiés traversa le ciel juste au-dessus du convoi, fuyant vers le nord. La vue soudaine de colonnes de fumée noire s'élevant haut dans le ciel au-delà des arbres frappa le cœur de tout le monde.

_ "En avant!" Ordonna Elsa en empruntant le chemin suivi du reste du convoi. Quelques centaines de mètres plus loin, après être finalement sorti de la forêt, le convoi s'est retrouvé face à une vision d'horreur.

En contrebas de la forêt, au bord de l'océan, se trouvait ce qui était autrefois un village de plusieurs centaines d'habitants, mais il ne s'agissait plus aujourd'hui que d'un champ de ruines en flammes, dont les fumées noires s'élevaient jusqu'au ciel. Anna couvrit sa bouche avec ses mains, tandis que Kristoff, également sous le choc, passa son bras autour de son épaule pour la réconforter. Olaf perdit rapidement son sourire et Sven émit un petit gémissement. Ulrik a présenté une réaction plus sombre et renfrognée. Elsa était également choquée et en colère, mais a tout fait pour maîtriser ses émotions.

_ "Cherchez les survivants mais restez prudent!" elle ordonna d'une voix ferme. Les soldats ont obéi immédiatement.

_ "Pieds à terre!" dit le commandant. Tous les soldats obéirent en descendant de leurs selles et en prenant leurs armes, au cas où. Epées et fusils parés, ils étaient prêts.

Alors que les soldats se dispersaient en plusieurs groupes, sous la supervision d'Ulrik, Elsa posa le pied à terre, sentant la cendre crépiter sous ses bottes. Anna et Kristoff l'ont rejoint. Tout autour d’eux se répandait cette vision de désolation. Les vapeurs noires masquant le ciel, la terre noircie et défigurée, des maisons détruites dont certaines étaient encore rongées par de petites vagues de flammes. Les restes de ce qui semblait être un bateau se trouvaient dans les ruines d'une maison. Aucun signe de vie ne se fit voir ou entendre, au grand désarroi du petit groupe.

Olaf remarqua que Sven creusait quelque chose entre les décombres et vint voir. Ce qu'il a vu lui brisa le coeur.

_ "Elsa ... Anna ..." ils entendirent le ton triste du bonhomme de neige derrière eux et se retournèrent. "Sven a trouvé ça."

Entre ses petites mains en bois, Olaf tenait une petite poupée vêtue d'une petite robe rose, très endommagée et recouverte de poussière et de cendre.

_ "Oh non ..." soupira Kristoff en se passant la main sur le visage. Olaf donna le jouet à Anna qui le prit entre ses mains. Cette petite poupée avait certainement appartenu à une petite fille innocente qui vivait ici, maintenant disparue. Anna se souvenait de ses propres poupées lorsqu'elle était enfant et cela lui brisait le cœur encore plus. Serrant la poupée contre son cœur, la jeune princesse tomba à genoux dans la poussière noire, versant des larmes, incapable de retenir sa douleur. Elsa, Olaf, Kristoff et Sven sont venus la soutenir. Elsa s'est agenouillée à côté d'elle, prenant également la poupée dans sa main et la contemplant sans dire un mot. La jeune reine pinça ses lèvres, également dans la douleur et la tristesse. Le coupable de cette atrocité serait trouvé, puis jugé et puni, jura-t-elle dans le fond de son esprit. D'un geste de la main, Elsa créa une petite boîte de glace ornée du symbole d'Arendelle et y inséra la poupée avant de la déposer dans les ruines de ce qui avait sûrement été la maison de cette petite fille inconnue. Une sépulture très modeste, mais nécessaire. Anna se blottit contre Kristoff, continuant à verser des larmes. Voir la tristesse de sa sœur n'a fait que renforcer la détermination d'Elsa.

_ "Je vais trouver celui qui a fait ça, Anna ..." dit Elsa en serrant les poings. "Et je me chargerais personnellement de son sort."

Le ton de la voix d'Elsa effraya presque les autres, comme si quelqu'un d'autre avait soudain pris sa place. Elsa pouvait être fâchée de temps en temps, mais pas autant. Anna le sentit et s'inquiétait pour elle.

_ "Elsa!" Cria soudain Olaf, se tenant derrière, un peu plus loin, au sommet d'une colline et brandissant son bras à la reine pour qu'elle vienne. Il avait l'air horrifié. Préoccupée d'avance, Elsa a demandé à Kristoff de rester avec Anna et elle est partie seule vers Olaf. Quand elle s’approcha, elle put voir le visage meurtri d’Olaf, qui pointait ensuite vers l’autre côté de la colline. Quand Elsa s'avança pour voir, son cœur fit un autre bond et la peur la saisit un peu plus. Derrière le monticule, il y avait eu un véritable carnage. Soldats et chevaux, la garnison stationnée ici, éparpillée sur le terrain, sans vie, la plupart d'entre eux semblant avoir été écrasés par une force monstrueuse. Quelques canons étaient également présents, mais tous avaient été détruits. Le sol avait été retourné dans toutes les directions, comme si un violent tremblement de terre avait éclaté et avait tué tous les hommes qui s'y trouvaient. Un peu plus d'une centaine de soldats d'Arendelle, massacrés visiblement sans la moindre pitié. Le cœur d'Elsa était profondément meurtri et Olaf le sentit. Il voulait dire un mot mais changea d'avis, voyant clairement que la jeune reine soupirant d'infortune ne voulait pas vraiment parler pour le moment.

Ulrik apparut soudainement un peu plus loin au milieu des ruines, levant la main et faisant signe au petit groupe.

_ "Majestée! Par ici! Il y a un survivant!"

Laisser un commentaire ?