Un Vide de Vérité

Chapitre 34 : La nouvelle condition d'Anna

3797 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/01/2021 12:42

Lenjo s’écroula, il tomba douloureusement sur ses deux genoux, épuisé. Maintenir la tempête autour du bateau l’avait vidé, mais lutter contre Elsa, même avec l’aide de Derlock l’avait littéralement achevé. Le rituel était une épreuve et l’échec récent avait rendu son maitre encore plus paranoïaque qu’il ne l’était habituellement. La sueur lui coulait dans les yeux et collait ses cheveux contre son front. Une brise marine, naturelle celle-ci, s’occupa de le rafraichir. Sa marque brûlait douloureusement, Lenjo s’allongea sur le sol, tout contre le plancher usé du pont.


« Tu es faible. »


Les mots étaient crachés avec dédain. Il n’avait pas besoin d’ouvrir les yeux pour savoir qui les avait prononcés. Derlock était là, debout, devant lui, le surplombant de toute sa hauteur et sa montagne de muscles indécentes.


« Je ne t’ai pas appris à être faible. »


Il aurait dû se remettre debout, Lenjo le savait, montrer qu’il était fort, qu’il pouvait tenir. Pour être honnête, il était tout à fait capable de le faire malgré la fatigue, mais il n’en avait pas envie. Ne pas donner à Derlock la satisfaction d’avoir ce qu’il voulait, même la chose la plus insignifiante, était toujours plaisant. Mais il y avait toujours un prix à payer. Le sorcier l’attrapa par les cheveux pour le forcer à se remettre sur ses pieds.


« Debout. »


Le mot suintait de rage. Une colère contenue sous la forme d’une gifle qui le renvoya au sol presque aussitôt.


« Debout. »


Lenjo savait que s’il n’obéissait pas, Derlock recommencerait encore et encore. Malgré sa propre fureur et son épuisement, il se remit debout pour faire face à son bourreau et planta son regard dans le sien. Le sorcier lui sourit avec condescendance, et comme il aurait voulu lui arracher.


« Bien. Tu sais quoi faire. Nous attaquerons demain. »


Oui, effectivement, il savait quoi faire : prendre soin d’Anna qui avait certainement perdu connaissance, l’aider à reprendre des forces et à comprendre sa situation, mais surtout, faire en sorte qu’elle puisse tenir debout pour l’attaque du lendemain. Son regard se porta sur la forme allongée au sol un peu plus loin, si immobile qu’elle pouvait passer pour morte. Lenjo se souvenait d’avoir souhaité l’être pendant un moment, et puis Laceli l’avait soutenu et il avait compris. La brune avait beau se dissimuler derrière un personnage caractériel et méchant, il connaissait la vérité. Elle vivait chaque jour dans l’espoir de s’échapper au prochain lever de soleil. Qu’elle se soit faite capturer par Elsa ne pouvait pas être juste une défaite de sa part, c’est qu’elle avait vu ou compris quelque chose qui leur offrirait une porte de sortie. Lenjo en était convaincu, ou en tout cas, il essayait de s’en convaincre pour ne pas imaginer pire. Un vent se leva autour de lui et pris soin de soulever Anna depuis l’endroit où elle se trouvait. Oui, il savait quoi faire.


Derlock était satisfait, il était même plus que satisfait : le pouvoir de la terre lui appartenait et venait agrandir sa collection. Bientôt, sa domination totale et alors le monde lui appartiendrait, plus rien ne se dresserait sur sa route, et surtout, plus personne, en particulier cette blonde agaçante qui avait réussi l’exploit de lui filer entre les doigts. Derlock était bien trop fier pour admettre, même à lui-même, qu’elle l’avait aussi en parti vaincu lors de leur combat. Mais qu’importe son évasion, demain, il lui montrerait. Il lui donnerait une leçon qu’elle n’oublierait jamais. Découvrir que le 5ème et le 6ème esprit étaient liés, c’était inespéré, un cadeau tombé du ciel. Il avait tous les atouts de son côté : 3 pouvoirs en sa possession, et Anna. Qu’importe que cette idiote de Laceli se soit laissée capturer, son incompétence et sa bêtise crasse ne l’empêchait pas, lui, d’utiliser le feu.


Derlock défit sa veste et la rangea avec soin, il étira ses muscles endoloris et retroussa les manches de sa chemise méticuleusement. Les rituels étaient toujours épuisants, mais bien loin d’éprouver de la fatigue, il se sentait toujours galvanisé lorsqu’il regagnait son antre. Mais cette fois-ci, pourtant, quelque chose clochait. Le sentiment était difficile à appréhender tant il était diffus. Pourtant, rien ne manquait, sa cabine était toujours proprement rangée et agencée selon ses goûts, il portait désormais la marque de la terre, son monocle était à sa place et il était toujours entouré d’une bande d’incapables, alors d’où venait son trouble. Derlock pivota sur ses talons, il fit le tour de sa cabine, prenant le temps d’observer chaque espace, de s’imprégner de chaque objet et de chérir certains souvenirs. La puissance était souveraine.


« Ce que la vie ne t’a pas donné, prends le. »


Et il prenait, Derlock ne s’était jamais privé de s’approprier tout ce qu’il voulait. C’est même pour cette raison qu’il en était venu à vouloir posséder le pouvoir des anciens esprits. Le destin avait posé sur sa route un adversaire plus coriace que d’habitude, à la tête d’une petite armée et Derlock n’avait pas eu d’autre choix que de renoncer. Le souvenir de cette défaite amer l’avait irradié d’un désir de vengeance si puissant qu’il s’était mis en quête de revenir avec ses propres soldats. Et il avait trouvé mieux, il avait trouvé Laceli et sa magie du feu. Le plus long avait été de parvenir à mener le rituel à bien, puis de maitriser le pouvoir en lui-même. Comme il était novice à l’époque, et si maladroit. Même lorsqu’il s’était présenté face à son ancien adversaire pour le terrasser, il n’était qu’un fougueux débutant. Mais maintenant, les choses étaient bien différentes.


L’évidence le frappa comme un coup de pelle en pleine tête. Il remonta plus haut la manche de sa chemise, à la hâte, sans se soucier des plis qu’il y laissait. La marque de la terre, encore boursoufflée, la marque du vent et… Le monde se teinta de rouge, une veine battit son front comme le tambour militaire marque le pas. La rage était là, aussi évidente que l’absence. Elsa lui avait retiré la marque du feu. Elsa lui avait volé Laceli. Personne n’avait le droit de s’approprier ce qu’il possédait ! Absolument personne et sûrement pas un ancien esprit qu’il convoitait ! Derlock balança son poing sur l’armoire qui abritait ses vêtements, le bois craqua et plia, délivrant des échardes et des éclats menaçants. Il hurla à plein poumons et matraqua le bois. Ses poings s’abattirent violemment, une déferlante de rage à laquelle l’armoire ne résista pas, bientôt transformée en petits bois. Ses phalanges en sang n’étaient qu’un détail au milieu de la tempête furieuse et Derlock n’en avait pas terminé. Sa colère se dirigea vers le meuble qui contenait accessoires et chaussures. Mieux valait le mobilier que n’importe qui d’autre. Le reste du bateau s’était fait tout à coup extrêmement discret et silencieux. Chacun s’était terré dans un recoin, dissimulé au regard du maitre et aucun ne voulait être celui dont il cracherait le nom pour nettoyer les dégâts.

Derlock se saisit du meuble et le lança de toutes ses forces contre la porte de sa cabine. Si la porte tint bon, la commode explosa, libérant son contenu dans une tornade d’accessoires chics. L’homme se saisit des plus grosses pièces de bois pour continuer de fracasser ce qui avait vaguement survécu à l’assaut fanatique. Il réduisit le meuble à l’état de cure-dent et se releva, soufflant comme un bœuf, l’œil noir de colère.

La rage était loin d’être endormie, mais elle ne l’aveuglait plus. Il pouvait maintenant s’en servir pour préparer l’assaut de demain. Et demain… oh demain… Il allait savourer… Les muscles tremblant de colère, il s’éloigna des débris de sa tempête et se servit un verre d’alcool. Il le vida d’une traite avant d’envoyer le verre se fracasser contre la porte, une fois de plus. Il n’était pas satisfait, et Derlock détestait ne pas être satisfait. Il pliait la vie à son bon vouloir, pas le contraire, jamais. Qu’Elsa ose lui résister, pire, qu’elle ose le mettre en échec. Ses poings se serrèrent et ses muscles se tendirent, très bien, il acceptait la leçon. Mais elle aurait un prix qu’il ne manquerait pas de faire payer à son adversaire.


Il ferma les yeux et souffla pour faire redescendre petit à petit la tension qui l’habitait. Sa bouche se tordit en un rictus qui aurait fait sortir toute personne normalement constituée de son chemin. C’est d’un pas plus calme qu’il se dirigea vers son bureau. Il ouvrit l’armoire adjacente, celle-ci n’ayant pas souffert de coups, et en sortit une carte qu’il déroula bien à plat. Arendelle et ses environs s’étalèrent sous yeux. Il avait été porté à son attention qu’Elsa avait reconquit la ville et son palais. L’idée qu’elle puisse se sentir victorieuse l’avait amusé tant il lui semblait facile et distrayant de tout lui reprendre. Dans son esprit, ce détail du plan n’avait pas changé. Sa priorité première demeurait de mettre hors d’état de nuire l’esprit ancien de l’eau. Il n’avait que faire du reste. Mais il lui fallait maintenant revoir son ordre de bataille, le pouvoir du feu n’était plus en sa possession et il se devait d’envisager Laceli comme une adversaire. Ce ne serait pas la première fois, même si à chaque fois, elle finissait en larme et en sang par lui promettre qu’elle ne le trahirait plus.


Derlock eut un sourire de mauvais augure, il tira la chaise et s’installa. L’attaque aurait lieu demain, quoiqu’il arrive, qu’importe s’il passait la nuit à bâtir un nouveau plan. Il avait faim de revanche.


A l’étage inférieur, Lenjo s’était recroquevillé sur lui-même en entendant le combat enragé. Anna n’en finissait plus d’être pétrifiée et effrayée par ce qu’elle vivait. Son compagnon d’infortune lui avait fait signe de rester calme et elle l’avait imité lorsqu’il avait cessé de bouger, jusqu’à ne pratiquement plus respirer. Malheureusement pour elle, tout comme l’ancien esprit du vent, elle finirait par reconnaitre les tempêtes de Derlock, elle finirait même par les classer en différentes intensités pour en mesurer toute la dangerosité. Lorsque le calme revint, Lenjo osa se remettre debout dans le tout petit espace de la cabine. Il vérifia les blessures anciennes d’Anna et s’assura qu’elle n’avait pas de fièvre. La jeune femme avait repris connaissance sur le pont du navire et elle avait péniblement suivit Lenjo jusqu’à la cabine. Elle avait résisté autant que possible, mais Derlock était puissant et il avait eu tôt fait de l’écraser. Le reste de la cérémonie n’avait été qu’une longue et indicible torture, comme une agonie sans fin. Elle en tremblait encore, de douleur et de détresse. Mais le pire était de sentir la présence du sorcier, un ombre qui glissait sous sa peau et prenait contrôle de son propre corps. Anna se sentait sale et nauséeuse. Le désespoir lui nouait l’estomac et ce qu’elle voyait dans le regard de Lenjo ne la rassurait pas du tout : une triste compréhension. Une promesse, non pas qu’il y aurait des jours meilleurs, mais qu’elle s’y habituerait, tout simplement. Elle se saisit de la louche d’eau qu’il lui tendit, la fraicheur du liquide lui fit du bien, mais c’était une bien maigre consolation. Anna se recroquevilla sur la couche, elle ramena ses genoux contre son torse. Les larmes roulèrent sur ses joues et elle se mit à fredonner « Tout réparer ». Elle avait confiance en Elsa, mais comment sa sœur pourrait venir à bout d’un tel monstre toute seule. Lenjo lui tendit la main, paume vers le haut. Il demandait l’autorisation sans doute, pour lui apporter un peu de réconfort. Anna secoua la tête et se repoussa vers le fond du lit. Non, elle ne voulait pas de son aide. Sa tentative pour se montrer gentil ne lui faisait pas oublier que, malgré tout, il travaillait avec Derlock, malgré tout, il l’avait combattu et vaincu. Lenjo n’était pas de son côté, il était le soldat du Sorcier et à ce titre, il participerait sans doute à son propre apprentissage. Elle ferma les yeux, les images du rituel dansèrent derrières ses paupières closes, sa peau la brûlait, son cœur suffoquait, ses poumons s’enflammaient. Elle reprit sa chanson et força son esprit à penser à Olaf, à Elsa, Kristoff et Sven, aux moments joyeux qu’ils avaient partagés : les soirées charades et les mimes catastrophiques de sa sœur, Olaf qui avait découvert qu’il pouvait changer de couleur en fonction de ce qu’il buvait, et le Fleming Ragout que Kristoff essayait de leur faire goûter à chaque Noël. Jamais la proposition ne lui avait semblait aussi tentante qu’à cet instant précis, et pourtant, l’image du troll champignon qui répondait au doux nom de Flemmingrad était définitivement répugnante.


Plus tard, lorsqu’elle quitterait ce navire de l’enfer et que Derlock pourrirait dans les geôles d’Arendelle, elle goûterait au ragout de Kristoff. Et elle l’épouserait aussi. Tous les petits défauts de leur relation lui semblaient si futiles à présent. Elle portait toujours l’anneau à son doigt et il était celui qui la rendait heureuse, elle se sentait si spéciale lorsqu’elle était dans ses bras. L’idée même de rechercher un prétendant plus protocolaire avait l’air terriblement stupide maintenant. Elle n’avait pas besoin d’un noble, elle n’avait pas besoin de quelqu’un qui savait négocier le prix de la soie ou des épices. Non, elle avait besoin d’une personne capable de veiller au bien-être de la population, un homme généreux, et droit, quelqu’un qui ne laisserait pas ses principes de côté pour se conforter à l’opinion la plus populaire. Quelqu’un qui faisait passer les autres avant lui. Et tout ça, c’était exactement ce qu’était Kristoff, comment pouvait-elle l’avoir perdu de vue ? Elle sursauta lorsque Lenjo lui secoua doucement l’épaule. Il leva les mains pour s’excuser, dans l’une d’entre elle, il tenait le livre. Anna soupira, elle secoua la tête.


« Laissez-moi tranquille, je n’ai aucune envie de vous parler. »


Son compagnon de chambré lui colla le livre sous le nez : « Après trop tard ». La jeune femme fronça les sourcils.


« Parce qu’avant ce n’était pas trop tard ? Ce n’était pas trop tard lorsque vous nous avez attaqué tous les trois ? Ce n’était pas trop tard lorsque Derlock a débarqué à Arendelle et que vous avez utilisé vos pouvoirs pour déloger les habitants ? »


Ses nerfs lâchaient après tant d’épreuves et la colère faisait battre son sang à son tour.


« Vous me soignez et vous tentez de m’amadouer dans le seul et unique but de faire de moi votre alliée mais jamais je ne me battrais contre ma sœur, jamais je ne me servirai de mes pouvoirs pour faire du mal à qui que ce soit ! Vous êtes des monstres ! »


Anna crachait les mots et les tentatives de Lenjo pour lui demander d’être plus silencieuse n’y faisaient rien. La porte de la cabine explosa et la montagne Derlock apparut dans l’encadrement.


« SILENCE ! »


Une racine sortit d’une planche de bois et enserra le cou d’Anna, elle étouffa contre la cloison dans son dos, elle se débattait en vain. Lorsque le sorcier fit un pas en avant dans le petit espace, Lenjo sauta prestement sur sa couche pour lui laisser la place. Derlock se pencha vers sa proie qui suffoquait.


« Tu vas devoir apprendre ta place et tu vas devoir l’apprendre rapidement. Tu feras exactement ce que je te dis, comme je te le dis, crois-moi et surtout, tu le feras en SILENCE ! »


Il hurlait toute sa fureur au visage d’Anna dont la peau blêmissait à vue d’œil. Elle aspira l’air à grande goulée lorsqu’il relâcha son emprise.


« Tu as de la chance, j’ai besoin de toi demain. Sinon nous aurions passé le reste de la nuit à revoir ton éducation. »


La menace roula comme un grondement de tonnerre. Anna frissonna malgré elle. Derlock attrapa Lenjo par le bras et le projeta sur le sol, d’un coup de pied il l’envoya percuter la cloison qui trembla sous l’impact.


« Tu es décevant ce soir. Debout. »


Cette fois-ci l’esprit du vent ne se le fit pas dire deux fois. Il se releva prestement, une grimace de souffrance sur le visage, mais il se tint droit et stoïque face à son agresseur.


« Vous êtes tous décevants ces derniers temps. Je vais devoir recadrer rapidement les choses. Après la bataille de demain nous aurons une explication. »


Il les toisa tous les deux d’un regard mauvais puis quitta la cabine, aussi indifférent aux débris de la porte qu’à ceux de son armoire quelques minutes plus tôt. Lenjo se plia en deux de douleur après le départ de Derlock. Anna lui vint en aide malgré ses mains toujours entravées de chaine. Elle l’aida à s’asseoir sur le lit et lui donna un peu d’eau.


« Je suis désolée. »


Sa propre voix était un peu éraillée mais sa respiration était redevenue normale, les marques qu’elle avait maintenant sur le cou témoignait de la violence de l’emprise.


« Ca va aller ? »


Lenjo acquiesça d’un signe de tête.


« Après trop tard. C’est en rapport avec la bataille dont Derlock vient de parler ? »


Nouveau oui de la part de son interlocuteur. Anna soupira, sa colère s’était subitement dissoute face à l’éclat de rage de Derlock, et maintenant elle se sentait coupable pour les coups que Lenjo avait reçus.


« Je suis vraiment, vraiment désolée. Je ferai attention à ne pas vous attirer d’ennuie. »


Mais elle doutait qu’il soit possible de tenter une évasion sans causer des problèmes à son compagnon d’infortune. Et elle était loin d’avoir abandonné toute idée de rébellion. Lenjo reprit un peu d’eau et l’observa quelques minutes. Il montra son propre cou d’un geste de la main. Anna haussa les épaules.


« Ça brûle un peu mais je vais bien. »


L’homme se leva pour récupérer le livre qui se trouvait sur sa couchette. Il reprit place aux côtés de l’esprit de la terre et lui montra la couverture, un regard interrogateur.


« Oui, je suis prête à discuter maintenant. »


Comment ne pas l’être après une telle démonstration. Lenjo n’était peut-être pas un allié mais elle pouvait au moins en apprendre plus sur la situation. Il tourna frénétiquement les pages, lui laissant le temps de lire au fur et à mesure et Anna choisit de ne pas l’interrompre. Elle se contentait simplement de hocher la tête pour lui montrer qu’elle suivait. Lenjo lui expliquait les règles, les plus importants du quotidien, mais surtout celles du combat de demain. Les tactiques que Derlock ne manquerait pas d’utiliser contre elle et contre sa sœur. Le fonctionnement de la marque qu’elle portait maintenant sur la peau. Et petit à petit, l’horreur de la situation s’imposait dans l’esprit d’Anna. L’effroi grandissait au fur et à mesure que l’espoir disparaissait.


« Est-ce qu’il peut lire dans mes pensées ? »


Lenjo fit non de la tête et fournit plus d’explication.


« Mais il peut ressentir mes émotions ? »


Un oui et les pages du livre défilèrent de nouveau dans un silence juste troublé par le bruit des vagues.


« D’accord, donc il se sert de ça pour anticiper les réactions de ses prisonniers. Et… Il va m’obliger à me battre contre Elsa… »


Elle avait prononcé à la phrase d’une voix éteinte, son esprit incapable de digérer une nouvelle si atroce. Elle secoua la tête.


« Il peut contrôler mes pouvoirs, me forcer à les utiliser contre mon grès, il… »


Pour une jeune femme aussi entêtée, il était inconcevable de se rendre aussi facilement.


« Hmm… »


Lenjo continuait de pointer les mots mais Anna ne lisait plus. L’esprit du vent lui conseillait de faire profil bas, de se résigner et d’attendre. Mais attendre quoi ? Que Derlock gagne ? Si Elsa ne parvenait pas à le vaincre, qui le pourrait une fois qu’il profiterait des pouvoirs des 4 esprits ? Elle se sentait si las et tout son corps lui faisait mal. Son interlocuteur sembla s’en rendre compte. Il la poussa doucement à s’allonger et remonta une couverture sur ses épaules. Anna ne pensait pas être capable de s’endormir, mais après toutes les épreuves qu’elle venait de traverser, ses forces l’abandonnaient et elle sombra presque instantanément dans un sommeil lourd.

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