Un Vide de Vérité
Etendue dans son lit, au chaud sous l’édredon, le regard tourné vers la fenêtre et les étoiles derrière, Anna savourait le confort qu’elle retrouvait. On avait pris soin de ses blessures, elle avait mangé un bon repas chaud en compagnie de ses amis et de sa famille et tous, d’une certaine manière, avaient réussi à se détendre, ne serait-ce qu’un peu. Il faudrait certainement du temps pour que chacun puisse guérir mais pour l’heure, c’était déjà un premier pas dans la bonne direction. Son regard se porta sur les serpents de Metiger qui ornaient ses bras et ses avant-bras. Elle n’était pas encore complètement libérée de l’emprise de Derlock et elle pouvait toujours le sentir. Une nuit, juste une nuit avant le rituel qui permettrait de lui enlever la marque. Elle sourit en reconnaissant la manière dont sa sœur frappait à la porte.
« Tu peux entrer Elsa. »
La blonde passa la tête et lui sourit tendrement.
« Je venais voir si tu avais besoin de quelque chose.
-Juste de toi.
-Je peux faire ça. »
Elsa s’installa sur le lit et tendit les bras à sa cadette qui se blottit contre elle. Elle la berça en lui caressant doucement les cheveux.
« Comment tu te sens ?
-Je suis heureuse que tout ça soit fini. Ces derniers jours ont été… intense. J’espère ne plus jamais avoir à revivre de pareilles épreuves.
-Je suis bien d’accord. »
Anna profita de l’instant, blottie dans les bras de son ainée, avant de reprendre.
« Je ne m’attendais pas à ce que Laceli se batte à tes côtés.
-C’est une femme intéressante et intelligente. Derlock lui a fait beaucoup de mal, je ne suis même pas certaine qu’elle ait réalisé la situation.
-Qu’est ce qui va se passer maintenant ?
-Je ne sais pas, tellement de choses… Il faut reconstruire Arendelle, rétablir nos relations diplomatiques et surtout militaire puisqu’il est maintenant évident que nous sommes trop exposés. Et puis mettre en place un tribunal, un procès ? Mais comment juger Laceli et Lenjo ? Je ne sais même pas si nous devons les mettre aux arrêts ou non… »
Anna ne s’attendait pas à déclencher une telle tirade, elle se redressa pour poser ses mains sur les épaules de sa sœur.
« D’accord, d’accord, Elsa, j’ai compris. Il y a beaucoup de travail pour la reine que je suis.
-Ce n’est pas ce que je voulais dire, mais il y en a aussi pour le roi. Et Kristoff a fait de l’excellent travail. Il a pris les choses en main pour protéger le peuple d’Arendelle et il a su prendre les bonnes décisions.
-Même pour négocier le prix de la soie. »
Elsa rit légèrement.
« Ce n’était pas vraiment l’enjeu du moment mais je retire ce que j’ai dit la dernière fois que nous en avons discuté. Je pense en effet qu’il en serait parfaitement capable. Simplement, à sa manière, loin des protocoles habituels. D’ailleurs je me demande vraiment s’il est pertinent de parler de cet épisode à nos alliés, d’un autre côté, ils vont forcément le savoir d’une manière ou d’une autre, les gens parlent… »
La cadette posa un doigt sur ses lèvres.
« Ma question était surtout pour Laceli, Lenjo, son frère et tous ces hommes auxquels Derlock a forcé la main.
-Je ne peux pas considérer Lace et Lenjo comme une menace. Je sais qu’ils nous ont attaqué et enlevé mais ils l’ont fait parce qu’ils n’avaient pas le choix. Anna si tu avais vu Lace, la panique, l’angoisse à l’idée que Derlock puisse lui remettre la main dessus… Les cauchemars qu’elle fait la nuit. Elle est victime, tout comme toi. Lenjo aussi j’imagine mais je le connais moins.
-Tu sembles t’être beaucoup rapproché d’elle. »
Elsa rougit doucement et c’était difficile de ne pas le noter puisqu’elle était d’ordinaire si blanche. C’était d’autant plus évident pour sa cadette. L’ainée reprit comme si de rien n’était.
« Et puis… je lui ai déjà dit qu’elle était libre, je ne peux pas revenir sur ma parole. D’autant moins qu’elle a établi elle-même le plan de bataille pendant que je faisais n’importe quoi. C’était son idée d’utiliser les menottes pour neutraliser vos pouvoirs. Son idée aussi de vous éloigner les uns des autres et de mettre toute la pression sur Derlock pour qu’il fasse moins attention à vous. Enfin pas elle toute seule, avec Metiger, Mattias et Maren…
-D’accord, Elsa, j’ai compris. Laceli est une femme extraordinaire et tu l’aimes beaucoup.
-Oh… Je… Heu… Comme je l’ai dit elle est intéressante et…
-Intelligente, oui j’avais compris. »
Anna sourit face à l’embarras de son ainée, davantage encore lorsqu’on frappa à la porte.
« Tu es sauvée par Kristoff. Tu peux entrer, c’est ouvert !
-Hey… Je dérange pas ?
-Pas du tout, Elsa était en train de me faire l’éloge de Laceli.
-Vraiment ? »
L’ancienne reine cligna des yeux.
« Mais pas du tout ! Nous… heu… C’était… Enfin mais non. »
Kristoff semblait perplexe, il vint s’asseoir sur le lit, à côté des deux sœurs. Elsa brossa quelques poussières imaginaires sur sa tenue de nuit pour se donner un peu de consistance. Elle sourit tendrement au duo.
« Je vais vous laisser, vous avez du temps à rattraper et j’ai besoin de repos moi aussi. »
Elle déposa un bisou sur la tempe de sa cadette.
« Bonne nuit, à tous les deux.
-Bonne nuit Elsa. »
Kristoff lui sourit tandis qu’elle se désengageait de l’étreinte chaleureuse et qu’Anna se contentait, le plus simplement du monde, de passer dans les bras de son fiancé pour s’y installer tout aussi confortablement. Elle observa sa sœur tandis qu’elle atteignait la porte.
« Oh et bonne nuit à Lace aussi. »
Elsa se raidit imperceptiblement, elle lui lança un regard noir par-dessus son épaule et quitta la chambre sous le rire amusé de sa cadette. Kristoff se gratta la tête.
« Je crois que j’ai loupé quelque chose là.
-Kristoff, veux-tu m’épouser ? »
L’intéressé cligna des yeux plusieurs fois.
« J’ai déjà posé cette question, et tu as déjà dit oui. Tu as oublié ? »
Il posa une main inquiète sur le front d’Anna pour vérifier sa température.
« Bien sûr que non je n’ai pas oublié, mais maintenant c’est moi qui te la pose. Veux-tu m’épouser, Kristoff ? »
Anna essuya les larmes qui menaçaient soudainement d’un revers de la main.
« Est-ce que tu es heureux avec moi, ces derniers temps… J’avais l’impression que tu ne l’étais plus vraiment et, je veux que tu sois heureux et je ne veux pas que tu te forces à faire quelque chose pour que moi je sois heureuse, je veux que toi, tu le sois. »
Kristoff était définitivement perdu sur le changement de conversation et d’attitude aussi brutale de sa fiancée.
« Anna, qu’est ce qui se passe ?
-J’ai eu tellement peur… de… d’avoir tout perdu, Elsa, toi… Et tout ça m’a fait réaliser combien je t’aime et je ne veux plus attendre. »
Kristoff prit les mains de sa fiancée dans les siennes. [Les paroles qui suivent sont, en partie, une traduction de la chanson « Get this Right » qui a été supprimée de Frozen 2 https://www.youtube.com/watch?v=So7cD9BRmFw&ab_channel=SCRFilms ]
« Je sais à quel point j’ai de la chance de t’aimer. Tu es magnifique, drôle, courageuse, brillante et tu n’abandonnes jamais personne. »
Le rire se mêlait aux larmes pour la rouquine qu’il couvait toujours d’un regard amoureux. Il reprit avec la même intensité.
« Je n’ai jamais été trop mondain, mais Anna je t’aimerai toujours de toutes mes forces. J’aimerai te prouver que je peux être ton homme parfait et je veux rendre ta vie aussi belle que possible ! Je vais être l’homme que tu veux.
-Tu l’es déjà, Kristoff. »
La reine posa la main sur la joue de son futur époux.
« Tu l’es déjà, et je t’aime. Tu es parfait tel que tu es, je ne veux pas que tu changes, jamais. Et puis, nous savons déjà, toi et moi, que je te préfère en cuir. »
Ils rirent ensemble et c’était quelque chose de salvateur, comme si tous les nuages et toute la tension qui avait pesé sur leur couple était tout à coup évacués. Anna le regarda tendrement.
« Je ne veux plus attendre, je t’aime. »
Kristoff la serra dans ses bras pour l’embrasser.
« Il n’y a rien qui me rendrait plus heureux, Anna.
-Alors faisons-le, maintenant.
-Maintenant… Maintenant ? Il y a une partie de la ville à reconstruire et…
-La ville sera vite rebâtie, il y a 4 esprits anciens pour aider. Nous n’avons qu’à célébrer la reconstruction de la ville avec notre mariage !
-Hé bien… D’accord. »
Le sourire d’Anna s’élargit jusqu’à ses oreilles, elle se blottit avec force contre son fiancé.