Un Vide de Vérité

Chapitre 44 : Après le mariage...

4602 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/03/2021 12:17

Arendelle se réveillait maintenant au chant d’un coq beaucoup trop matinale. Les stigmates de la veille était visible au joyeux bordel qui régnait dans la ville. La vie si paisible s’était trouvée bouleversée et le réveil pour certains semblait terriblement difficile. Le manque de sommeil, l’alcool et l’énergie dépensée étaient autant de facteurs inhabituels. Mais pourtant, ils étaient déjà quelques-uns à s’affairer, rangeant, installant les tables pour terminer les restes de la veille, remettant de l’ordre et rendant à Arendelle son visage habituel.


Laceli était installée à une table, devant une tasse de thé gigantesque, mais probablement pas assez pour masquer sa fatigue. Il y avait du pain frais devant elle, des viennoiseries en tout genre, de la confiture, du beurre, bref, plus qu’il n’en fallait pour une seule personne. Mais bientôt il y aurait une légion d’estomac affamé à nourrir. Lenjo descendit une volée de marche et marcha paisiblement pour la rejoindre et s’installer à ses côtés. Il avait l’air parfaitement reposé et en pleine forme.


« Bonjour R.

-Déjà levée ?

-Je voulais être là pour toi, et je ne suis pas encore allée dormir. Je suis désolée je… Je ne vais pas partir avec toi. »


C’était un peu brutal, mais elle ne voyait pas comment amener les choses autrement, et elle savait qu’il ne lui en tiendrait pas rigueur. Elle sourit à son ami, savoir qu’il allait prendre la mer dans quelques heures lui brisait le cœur. Cela faisait des années qu’ils vivaient ensemble dans la même galère, qu’ils partageaient une cabine minuscule. Des années à faire face au même tyran, à se soutenir mutuellement et à panser leurs blessures respectives. Lenjo était plus qu’un ami, il était un frère, et il allait partir loin. Difficile même de savoir quand ils pourraient se revoir.


« Tu vas me manquer, R. »


Laceli ne chercha pas à dissimuler ses larmes. Elle était heureuse pour lui, il allait retrouver sa famille, ses terres natales, il allait enfin se reconstruire une vie et être heureux. Et elle lui souhaitait de nager dans le bonheur.


« Tu vas me manquer aussi. Je t’aime Laceli. »


Elle rit au travers de ses larmes.


« Tu sais… J’ai souvent rêvé du jour où on parviendrait à se libérer de Derlock. De la liberté qu’on retrouverait et de la joie que ça nous procurerait. Ce que je n’avais pas réalisé par contre, c’est que ça nous séparerait. Je t’aimerai toujours, R. »


Lenjo secoua doucement la tête et la serra dans ses bras. Il la berça contre lui quelques instants avant de s’écarter pour signer :


« On sera toujours unis, qu’importe la mer qui nous sépare. Si on a besoin de se retrouver, on sait qu’on peut compter l’un sur l’autre.

-D’accord. Je me console en me disant que tu vas enfin être heureux, que tu pars pour trouver le bonheur.

-C’est exactement ça. Qu’est ce qui t’a fait changer d’avis ? Tu sais que tu es la bienvenue chez moi.

-Je le sais oui. »


Laceli essuya quelques larmes et prit une gorgée de son thé, elle vérifia autour d’elle si personne n’était trop proche, en réalité, ils étaient seuls. Mais par précaution, elle se pencha quand même à l’oreille de Lenjo pour lui murmurer :


« Elsa et moi, nous nous sommes embrassées hier soir. Mais pour l’instant, ça reste entre nous. »


Le regard de son frère d’arme pétilla d’intérêt.


« Enfin ! Après tout ce temps passer à lui faire la cour ! Je ne t’avais jamais vu aussi assidue.

-J’avais pourtant renoncé. Mais… hier soir était magique. Alors….

-Alors tu vas rester pour vous laisser une chance.

-Oui, je me sens vraiment bien, R, je ne me suis jamais sentie aussi bien en fait. Je suis peut-être juste grisée par le sentiment de liberté et dans quelques jours je me demanderai ce que je fais ici, mais honnêtement, je crois que c’est beaucoup plus que ça.

-Je suis heureux pour toi.

-Merci. »


Lenjo récupéra du pain frais et prépara quelques tartines de beurre et de confitures, dont la moitié qu’il déposa devant Laceli. Cette dernière lui servit du thé et déposa sa serviette sur ses genoux. Ils étaient habitués à des espaces si petit que lorsqu’ils étaient à deux, leurs mouvements se faisaient toujours en économie de coûts, ils fonctionnaient toujours de concert l’un pour l’autre, avec une compréhension mutuelle. L’esprit du vent sourit.


« J’avais déjà un frère, mais j’ai gagné une sœur.

-Tu vas encore me faire pleurer, R, ne fais pas ça. Tu sais que tu es comme un frère pour moi. Tu m’as dit hier que j’avais veillé sur toi mais tu as fait la même chose pour moi. Derlock m’aurait détruite si tu n’avais pas été là. Si je n’ai pas perdu espoir pendant toutes ces années, c’est grâce à toi. Et si j’ai aussi trouvé la force de me dresser face à lui, une fois de plus, c’est encore une fois grâce à toi. »


Il lui donna un léger coup d’épaule tandis qu’il reniflait.


« Et qui fait pleurer l’autre maintenant ? »


Lenjo mordit dans sa tartine pour se laisser le temps de se recomposer.


« Oh ! Vous êtes là ! Tant mieux ! »


Le plus surprenant n’était pas tant de voir apparaitre Anna, mais c’était surtout de la voir en si grande forme et pleine d’énergie ! Elle trainait dans son sillage un Kristoff pas très bien réveillé, qui peinait à ouvrir les yeux. Mais Laceli le remarqua à peine, juste derrière le couple royal, Elsa se tenait dans l’embrasure de la porte, fatiguée, mais magnifique dans une robe bleu pâle. Leurs regards s’accrochèrent aussitôt. Elle descendit les marches avec toute son élégance habituelle et vint s’asseoir à côté de la brune. Anna savourait l’odeur de son chocolat chaud tandis que son époux s’accoudait sur la table en baillant ostensiblement.


« ‘Jour… »


Elsa rit doucement.


« Bonjour. »


Et le plus naturellement du monde, elle déposa un doux baiser sur les lèvres de Laceli qui n’en revenait pas elle-même. Anna écarquilla les yeux, elle poussa Kristoff dont le coude tomba de la table, le faisant s’affaler.


« Mais ? Quoi ?

-Wow Wow Wow ! Wow ! Qu’est ce qui vient de se passer ? »


L’esprit du feu se posait la même question, elle sentit la main de la blonde qui lui pressait légèrement le genou.


« Tu peux respirer, nous sommes en famille, et j’avais dit que j’étais d’accord pour la famille, tu te souviens ? »


Laceli hocha légèrement la tête, mais son cerveau avait encore un peu de mal à fonctionner, la fatigue sans doute. Anna en revanche fonctionnait toujours à toute vitesse.


« Comment ça d’accord pour la famille ? Vous vous êtes embrassée ?! »


Elsa rit joyeusement.


« Oui. Et Laceli est d’accord pour que ça reste entre nous, pour le moment. Pour me laisser un peu de temps afin d’être prête à… à assumer.

-Oui enfin… Je ne m’attendais pas non plus à ce que tu sois si rapide vis-à-vis de ta famille, mais ce n’est pas pour me déplaire.

-Ouiiiiiiiii ! »


Anna applaudit bruyamment à côté d’un Kristoff qui gémit doucement.


« Oh pardon ! Pardon. »


Elle l’embrassa pour s’excuser. L’intéressé se gratta le menton, les cheveux hirsutes.


« Du coup, vous n’allez pas partir, n’est-ce pas ? Donc on peut retourner dormir ? »


Laceli secoua la tête, encore un peu confuse après ce qu’Elsa venait de faire.


« Je ne pars pas, mais R oui. »


Lenjo fit un coucou de la main. Le roi haussa un sourcil.


« Oh. Bah c’est dommage, c’était sympa de t’avoir ici. T’es sûr que tu veux pas partir demain plutôt ?

-J’ai hâte de retrouver ma famille et mes terres.

-Oh. Oui. J’comprends. »


Il se redressa un peu avec l’intention de se réveiller. Anna tendit un parchemin à l’esprit du vent qui haussa un sourcil interrogateur.


« C’est une demande pour un échange commercial. Tu as la liste de ce qu’Arendelle peut offrir, peut être que si on peut établir un commerce, tu pourras nous donner de tes nouvelles. Et pourquoi pas, nous pourrions te rendre visite ? »


R était sincèrement touché par l’idée et c’était visible sur son visage.


« J’aimerai beaucoup ça. »


La reine se râcla la gorge.


« Lenjo, je voulais te dire… Heu… Voilà… Je suis navrée de t’avoir vomi dessus. »


Anna eut un sourire mi- gêné, mi- désolé tandis que sa sœur haussait les sourcils.


« Tu lui a vomis dessus ?

-Oui. Mais je n’ai pas fait exprès ! »


Laceli éclata de rire si fort que les larmes lui montèrent aux yeux.


Le reste de la matinée s’écoula de la même manière, entre discussions badines et amusement. Mais bientôt, il fut temps de prendre la direction du port. Ce n’était non pas un mais trois bateaux qui partaient ce jour là pour le pays de Lenjo. De nombreux soldats avaient été enrôlés de force par Derlock et la reine avait estimé que c’était chez eux que la justice devait s’appliquer. Pour l’heure ils attendaient tous sur les quais, sous la responsabilité de Kecen. Lorsque la petite troupe se présenta, ils mirent tous genoux à terre comme un seul homme. Anna et Elsa haussèrent les sourcils de surprise. La reine secoua la tête.


« Mais qu’est ce que c’est ? Pourquoi ? »


Laceli se fit la porte parole de Lenjo qui parlaient en langage des signes :


« Ils rendent hommage à Arendelle et à ses représentants. »


Kecen releva légèrement la tête.


« C’est exact. Vous nous avez libéré du joug de Derlock et vous nous permettez de regagner notre pays sans chaine. Notre reconnaissance sera éternelle.

-Je… Heu… Relevez-vous s’il vous plait, vraiment ! Un simple merci aurait suffit, ou un bouquet de fleurs peut être ? Inutile d’en faire autant, vraiment, je ne suis pas comme ça. »


Tous les hommes se relevèrent en même temps et se dispersèrent en discutant tranquillement pour monter dans les différents bateaux. Kecen vint à la rencontre de Laceli.


« Je ne vois pas de paquetage.

-J’ai toujours su que tu étais observateur. »


Ils se sourirent mutuellement avant de partager une longue étreinte. Lorsqu’il s’écarta, Kecen fit un clin d’œil à son jumeau.


« Je te retrouve sur le bateau. »


Il salua ensuite avec déférence le trio royal. Kristoff lui posa une main sur l’épaule.


« Arrête d’en faire trop mon vieux. On est content pour vous, Derlock était un monstre.

-La meilleure façon de nous remercier, c’est d’être heureux et de retrouver les valeurs qui sont les vôtres. »


Elsa acquiesça s’un signe de tête aux paroles de sa sœur.


« Faites un bon voyage. »


Leurs paroles s’adressaient autant à Kecen qu’à Lenjo puisqu’ils s’éloignèrent ensuite pour laisser les esprits du vent et du feu seuls. Laceli souffla pour se donner du courage mais les larmes menaçaient déjà.


« Bon. Je compte sur toi pour mettre en place des échanges commerciaux. Et un beau matin je débarquerai sur un bateau plein de… plein de rennes. »


L’idée fit rire Lenjo.


« Et si tout va bien, tu viendras avec Elsa.

-Ah. Tu vas vite mais… peut être. »


La brune sourit timidement.


« Prends soin de toi, d’accord ?

-Promis. Toi aussi. Mais débrouilles toi pour être heureuse surtout.

-D’accord. »


Les deux premiers bateaux amorçaient déjà les manœuvres pour sortir du port. Lenjo ne pouvait plus reculer, la tristesse le disputait à l’impatience tant il était pressé de retrouver sa maison, mais perdre Laceli, ça… c’était autre chose. Ils partagèrent une dernière longue étreinte puis l’esprit du vent se hissa sur le bateau d’une pirouette agile dont il avait le secret. Le navire s’ébranla presque aussitôt. Ils se saluèrent de la main jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’ils peinent à se distinguer et même après, Laceli resta sur le quai à le regarder s’éloigner sur l’horizon. Difficile de dire combien de temps elle resta ainsi, cinq minutes, peut être dix ? Les larmes dévalant librement ses joues alors que la tristesse l’envahissait. Une main sur son épaule la fit légèrement sursauter. Elsa la regardait avec beaucoup de compassion.


« Je ne savais pas trop si tu souhaitais que je te laisse seule, mais tu regardes la mer depuis presque une heure maintenant. »


Elle essuya les larmes sur la joue de la brune.


« Une heure ? Vraiment ? Je… Je n’avais pas réalisé. Hm… Tout va bien, ne t’inquiète pas. Je n’ai pas beaucoup dormi c’est tout.

-Tu as le droit d’être triste, Laceli.

-Ouais… »


La brune se secoua légèrement, comme pour éloigner le sentiment qui l’étreignait.


« Mais il part pour être heureux et c’est ça le plus important. »


Elsa acquiesça d’un signe de tête.


« Rentrons au château, tu pourras te reposer. »


La perspective d’être seule dans une des immenses chambres du château ne l’enchantait pas beaucoup. Lorsqu’il n’y avait plus eu aucune raison de partager celle de la blonde, elle avait trouvé refuge les appartements de Lenjo. Mais maintenant ? Difficile de dire à Elsa qu’elle voulait partager son lit sans mettre automatiquement une pression inutile sur les épaules de l’ancienne reine. Elle quitta les quais et remonta sur la place, Elsa à ses côtés, à cette heure de la journée, la ville était pleine d’activité, d’autant plus avec le mariage royal de la veille. Il y avait encore de nombreux visiteurs qui flânaient entre les boutiques et goutaient les spécialités locales.


« Je pense que j’ai plutôt besoin de me changer les idées. Que fait-on à Arendelle quand il n’y a rien à reconstruire ni de grand mariage à célébrer ?

-Ah. Il y a encore tout un monde que tu ne connais pas et des esprits que j’aimerai te présenter.

-Des esprits ?

-Tu as déjà vu Nokk. Mais il y a encore Bruni, Courant d’air et les géants de terre. Ils vivent dans la forêt enchantée.

-Avec les trolls et les bonhommes de neige qui parlent ? Arendelle est vraiment un royaume à part. »


Elsa eut un sourire fier dont elle n’avait pas du tout conscience. Son regard se porta sur les montagnes qui surplombaient la ville et les merveilles qu’elles dissimulaient.


« C’est vrai.

-Alors quand est ce que tu me présentes ces fameux esprits ?

-C’est un voyage un peu long, il vaut mieux partir reposée mais… En théorie, j’avais prévu de rejoindre la forêt le lendemain de votre départ, à Lenjo et toi. C’est toujours faisable, si tu veux m’accompagner.

-J’en serais ravie. »


Le sourire de la blonde s’agrandit, dans son regard il était évident qu’elle avait très envie d’embrasser Laceli, mais elles étaient en pleine ville et l’ancienne reine n’était pas encore prête pour ça.


« On ferait mieux de t’acheter des vêtements chauds.

-Pourquoi ?

-Il va faire froid.

-Si le voyage ne prévoit pas de traverser une étendue d’eau gelée à la nage, je devrais pouvoir m’adapter. La glace ne me fait pas peur. »


Elles partagèrent un rire complice. Elsa prit de nouveau le bras de Laceli.


« Soyons prudentes si tu veux bien, je n’ai aucune envie de te retrouver dans le même état que lorsque tu as sauté du bateau avec moi.

-Cette eau est vraiment, vraiment, vraiment trop froide.

-Je n’ai rien remarqué. »


Au même moment, dans les jardins du palais, Anna et Kristoff passaient quelques instants en compagnie des invités, une grande partie des nobles avaient repris la mer, pour le plus grand bonheur du roi qui avait encore bien du mal à accepter son nouveau titre, mais il restait encore quelques personnes moins à cheval sur l’étiquette. Lorsque tout à coup, une vérité sembla frapper le blond. Il se précipita vers son épouse et l’entraina à part sans fournir d’explication.


« Oh ! Heu… Excusez-moi, je reviens tout de suite ! »


Anna fixa son mari, perplexe.


« Mais qu’est ce qui se passe ?

-Elsa a embrassé Laceli ?! »


La reine éclata de rire.


« Et tu le remarques seulement maintenant ?

-J’étais pas bien réveillé ce matin.

-La nuit a été courte. »


Le sourire charmant qu’elle lui fit en disait long mais Kristoff ne se laissa pas distraire.


« Alors ta sœur a enfin fini par admettre qu’elle avait une préférence pour les femmes ?

-Parce que tu t’en doutais ?

-Tu plaisantes ? Tous les hommes des environs se sont jetés à ses pieds. Elle n’en a voulu aucun ! Rien ! Tu sais ce qu’elle m’a dit une fois ? Qu’il y en avait un dont les oreilles n’étaient pas assez symétriques ! Vraiment ? Les oreilles ? »


Anna éclata de rire.


« Et c’est pour me dire ça que tu t’es précipité sur moi ?

-Ca et… »


Il glissa un bras autour de la taille de son épouse pour la rapprocher de lui et l’embrasser longuement.


« Tu ne voudrais pas… poursuivre la nuit ?

-Nous avons des invités !

-Je suis certain qu’ils trouveront la sortie tout seul. »


A dire vrai, la reine n’hésita pas très longtemps avant de tirer elle-même son époux par le bras pour quitter les lieux en toute discrétion.


Et Kristoff n’avait pas tort puisque le château s’était vidé lorsque Laceli et Elsa rentrèrent en fin d’après-midi. Les époux royaux quant à eux n’étaient toujours pas réapparu. Le calme était presque surréaliste après l’activité grouillante de ces derniers jours. La brune s’affala sur un fauteuil, pas mécontente de pouvoir enfin s’asseoir. Le manque de sommeil se faisait cruellement sentir. Elsa l’observa quelques instants avant de dire :


« Et qu’est ce que tu dirais de prendre le repas dans ma chambre ? Au coin du feu ? Tu pourras te détendre de cette façon. »


La brune haussa un sourcil intéressé.


« J’aime beaucoup l’idée, Chaton, merci.

-Tu n’as qu’à monter, je te rejoins. »


Laceli ne savait pas du tout s’il y avait une quelconque arrière-pensée dans cette proposition, mais elle était honnêtement trop épuisée pour y réfléchir. Elle se leva pour grimper les escaliers tandis qu’Elsa partait en direction des cuisines. Elle poussa doucement la porte de la chambre et rentra avec une légère curiosité. Elle connaissait pourtant très bien l’endroit, elle y avait été ligotée, elle s’y était même retrouvée nue par pure provocation et elles avaient partagé le même lit comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Quelques bougies étaient déjà allumées, d’un claquement de doigt, Laceli fit partir un feu dans la cheminée. Elle se perdit un instant dans la contemplation des flammes alors qu’elle se remémorait le chemin parcourut en l’espace de quelques jours. Sa rencontre avec Elsa avait littéralement bouleversé toute sa vie.


« Je suis libre. »


Cette phrase lui donnait toujours le vertige, elle se demandait même si elle finirait par s’y habituer. Elle releva la tête en entendant les coups légers sur la porte, Elsa avait le tact de s’annoncer dans sa propre chambre. Elle sourit, en la voyant passer la porte, suivit par Kai qui déposa un plateau de victuailles sur la table.


« Votre majesté a-t-elle besoin d’autre chose ?

-Non merci Kai, tout est parfait.

-Bien votre majesté, madame. »


Il salua avant de sortir laissant les deux femmes seules dans la chambre. Une bonne odeur de soupe de légumes envahit la pièce et fit gargouiller l’estomac d’Elsa. Laceli rit doucement.


« On dirait que tu as faim.

-Oui mais… Avant, j’aimerai beaucoup t’embrasser. »


La brune sourit davantage.


« Tu n’es pas obligée de demander à chaque fois. J’aime beaucoup quand tu m’embrasses. »


Et tout en le disant, elle s’était rapprochée de la blonde pour la prendre dans ses bras. Elsa fit le reste du chemin en déposant ses lèvres sur les siennes. Depuis le baiser furtif du matin, c’était le premier qu’elles partageaient vraiment de la journée. Il était doux, plein de tendresse et ne répondait à aucune urgence, si ce n’était celle de savourer l’intimité de la chambre. Elsa caressa la joue de l’esprit du feu.


« J’ai eu envie de faire ça toute la journée.

-Moi aussi. »


Laceli se blottit dans l’étreinte réconfortante. Elle sentit la main de la blonde dans son dos, l’autre glissait doucement dans ses cheveux.


« Merci de m’avoir changée les idées cet après-midi.

-J’ai beaucoup aimé préparer notre voyage vers la forêt enchantée.

-Demain donc ?

-Si tu es toujours d’accord, oui.

-Oh j’ai hâte de découvrir Bruni ! »


Elsa rit jusqu’à ce que son estomac gargouille de nouveau. Laceli lui prit la main pour s’installer à table. Elles discutèrent paisiblement tout en savourant leur repas. Le jour déclina doucement au fur et à mesure de leurs conversations, la nuit tombait à peine que l’esprit du feu luttait déjà pour garder les yeux ouverts.


« Tu devrais aller dormir.

-Oui, tu as raison. »


Dans un grand lit, vide, dans une grande chambre, tout aussi vide. Et elle ferait certainement des cauchemars, parce qu’elle en faisait souvent, en particulier lorsqu’elle dormait seule. Laceli ne s’en sentit pas le courage.


« Chaton ? Je peux dormir avec toi ?

-Tu peux dormir avec-moi si tu veux. »


Elles avaient parlé en même temps, avec la même précipitation. La brune rit doucement, mais Elsa était un peu gênée.


« Ca m’a manqué de ne pas dormir avec toi, Lace. Mais… Je… heu… Je ne suis pas sûre… Tu sais…. 

-Du calme Chaton, j’ai dit que nous allions à ton rythme et honnêtement, je suis trop fatiguée pour faire quoique ce soit. »


Laceli eut un sourire tendre qui s’agrandit quand elle vit la gêne disparaitre du regard de son amie.


« Et nos nuits platoniques m’ont beaucoup manquée aussi.

-D’accord alors, installe-toi pendant que je ramène ça dans les cuisines. »


Cela faisait aussi partie des choses qui avaient surpris l’esprit du feu, malgré la présence constante du personnel dans le château, Elsa comme Anna ne se laissaient pas servir continuellement, ni à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.


Laceli était déjà somnolente lorsque la blonde se glissa sous les draps pour la rejoindre. Certes elles avaient déjà partagé des nuits platoniques, mais il y avait effectivement une différence notable. Leurs mains se trouvèrent sous l’édredon et leurs doigts s’emmêlèrent. Avec un frisson d’anticipation, l’esprit du feu enroula son bras autour de la taille d’Elsa pour la ramener contre elle. Leurs lèvres se trouvèrent sans faillir et leurs langues s’apprivoisèrent de nouveau. Malgré la fatigue de l’une, la timidité de l’autre, la chaleur monta d’un cran lorsque le baiser s’intensifia. Elsa se noyait dans les sensations, elle eut un gémissement lorsque les doigts de Laceli frôlèrent ses épaules et se déplacèrent sur sa joue. Un nouveau soupir alors que la brune mit fin au baiser pour glisser ses lèvres dans son cou et y goûter la peau. Elsa pressa son corps contre l’esprit du feu, la chaleur qui irradiait l’appelait et pourtant, la brune se montrait très sage et très chaste dans ses caresses.


« Lace…

-Je suis là. »


Les mots murmurés juste au creux de son oreille provoquèrent un délicieux frisson qui lui descendit le long du dos.


« Je crois qu’il neige encore. »


Laceli rit avec amusement. Elsa souffla pour essayer de retrouver un peu de contrôle.


« Ca ne t’inquiète pas ?

-Ca devrait ?

-Hé bien, ça veut dire que je ne maitrise pas complètement mes pouvoirs. »


La brune se redressa sur un coude pour observer son interlocutrice.


« Ce n’est que de la neige, Chaton. J’ai connu pire danger.

-Mais s’ils m’échappent et que je te blesse ? »


Laceli tendit la main pour recueillir un flocon qui fondit aussitôt, comme à chaque fois.


« Je pense que je suis faite pour te résister. Sauf si tu décides de me noyer sous de l’eau gelée, là, je reconnais, je ne suis pas de taille. »


Elle embrassa Elsa avec affection.


« Etape par étape, Chaton.

-Juste essayer et voir ?

-Juste essayer et voir. »


La blonde se blottit dans l’étreinte chaleureuse.


« D’accord, il faut que tu dormes maintenant. 

-Très bien, ce ne sera pas la peine de me le dire deux fois. »


Laceli éteignit les bougies d’un léger mouvement de la main, elle s’endormit presque aussitôt, un sourire incrédule aux coins des lèvres.


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