Un Vide de Vérité

Chapitre 46 : Les Northuldras

2578 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/03/2021 12:29

Le palais de glace fut une halte bien plus longue que prévue. Elles y étaient restées plusieurs jours, profitant du confort et surtout de l’opportunité qu’il leur offrait d’être seules au monde. Si l’on exceptait évidemment la présence de Marshmallow et de l’innombrable famille de mini bonhomme de neige. Laceli y aurait volontiers séjourné davantage, Elsa était beaucoup plus sereine l’abris des regards indiscrets, elle se permettait d’être simplement elle-même, loin du poids des traditions qu’elle s’imposait. Elle était détendue et même carrément joueuse. Elles avaient aussi appris à se connaitre davantage, de bien des façons et Laceli ne s’en lassait pas. Mais Elsa avait insisté pour reprendre la route. Elle tenait absolument à lui faire découvrir la forêt enchantée, et surtout Bruni.


Elles avaient donc repris la route dans la fraîcheur du petit matin, chacune sur leur cheval respectif. L’odeur d’humus était omniprésente dans la rosée matinale et Laceli comprenait un peu mieux pourquoi la blonde lui avait conseillé de prendre des vêtements chauds. Certes, elle était capable de produire sa propre chaleur, mais définitivement, Elsa vivait dans un pays où il faisait froid, tout le temps froid. Elles arrivèrent au-devant des 4 piliers représentant les éléments, ils marquaient l’entrée du domaine. Même si l’automne était maintenant bien avancé, la forêt avait gardé une bonne partie de sa luxuriance. L’intervention récente d’Anna pour réparer les ravages de l’incendie y était pour beaucoup. A pertes de vue, les arbres étalaient leurs feuilles colorées comme autant d’habits nuptiaux, du rouge flamboyant au jaune citron sur un tapis d’herbe vert tendre, Laceli était subjuguée. Elle fit ralentir son cheval, les yeux arrondis d’émerveillement partout où son regard se portait. Elsa entreprit de lui faire le récit des différents événements, depuis sa quête en tant que cinquième esprit jusqu’à la découverte de l’adoption d’Anna et de son appartenance aux Skamjorder.


Elles étaient en pleine conversation, évoluant à pieds lorsque Courant d’Air vint se présenter. Fidèle à son esprit facétieux il bouscula Laceli, à gauche, à droite, puis la fit tourner sur elle-même. Il s’engouffra dans ses cheveux longs et provoqua différents changements de style, déclenchant l’hilarité d’Elsa. La brune comprit alors d’où venait le côté « enchantée » de la forêt, la magie de la nature, des esprits était omniprésente. Elle s’y sentait d’ailleurs curieusement à sa place, comme s’il s’agissait de l’endroit où elle avait toujours voulu être. Qu’importe son histoire et les erreurs de son passé, ici, son cœur lui disait qu’elle était chez elle. Le sentiment d’appartenance la bouleversa assez pour faire monter une seule larme au bord de ses paupières. L’émotion fut balayée lorsqu’une salamandre lui sauta dans les mains et s’enflamma à son contact avec un petit glapissement d’excitation. Laceli cria elle aussi, mais de surprise.


« Qu’est ce que ! »


La salamandre sautait et s’étalait contre sa peau, une crête enflammée d’un violet saisissant sur le sommet de son crâne. La brune l’observa avec un sourire amusé. Le petit animal bondit tout à coup dans un petit tas de neige qu’Elsa avait préparé à son attention, libérant un large nuage de vapeur, puis il regrimpa aussitôt sur elle et passa ainsi de longues minutes à faire des aller et retour. Laceli rit franchement.


« Bruni je présume ?

-Absolument, j’avais hâte de vous voir faire connaissance.

-Je l’aime déjà ! »


La salamandre semblait ravie également, et c’était peu dire. La découverte des géants de terre se fit avec plus de réserves, difficile de faire des acrobaties avec ces esprits colossaux. Laceli monta dans la main tendue sans une once d’inquiétude. Les esprits n’étaient pas faits pour heurter, ils étaient capables de se défendre en cas d’attaque, mais la brutalité n’était pas dans leur nature. Une fois en haut, la vue lui donna le tournis, la forêt qui s’étalaient à leurs pieds pour disparaitre sur la ligne d’horizon, le palais de glace qu’elle distinguait au loin accroché à la montagne, seule Arendelle était invisible. C’était spectaculaire et malgré tous les endroits où elle avait eu l’occasion d’aller en suivant Derlock, Laceli n’avait jamais rien vu d’aussi magnifique et apaisant.


Elles rejoignirent le campement Northuldra à la nuit tombante, la brune connaissait déjà Yéléna, Maren et Ryder, Elsa entreprit de lui présenter quelques autres personnes. Ils partagèrent le repas tous ensembles autour des feux de camps, et Laceli eut l’occasion d’en apprendre davantage sur les tribus de la forêt, leurs traditions, leurs croyances mais surtout le respect dans ils faisaient preuve à l’égard de la nature. Une fois encore, elle comprit pourquoi Elsa se sentait davantage à sa place ici. Même si elle avait grandi dans un château, c’était ici en réalité qu’elle était la plus libre. Une fois le repas terminé, Laceli s’installa un peu à l’écart, dos contre un arbre. Depuis quelques temps, elle exerçait son pouvoir différemment. L’illumination de l’arbre et le feu d’artifice durant le mariage d’Anna n’était que les prémices de ce qu’elle se pensait capable de faire. Des flammes inoffensives traçaient maintenant les contours de personnages ou d’objets, peut être qu’un jour elle serait capable, elle aussi, de créer sa propre version d’Olaf. Mais pour le moment, elle en était encore assez loin. Elle sourit en apercevant Elsa qui venait dans sa direction et lui tendit instinctivement la main. Si la blonde s’en saisit, elle choisit en revanche de s’installer sagement en face plutôt que contre elle. Laceli fronça légèrement les sourcils, elle s’était habituée à leur proximité et l’attitude de son amante lui échappait, jusqu’à ce qu’elle comprenne : elles n’étaient pas seules. Pas en public, et la brune avait promis de faire preuve de patience. C’était étrange pourtant comme le pincement était douloureux, l’impression tenace de ne pas être assez bien, pas le genre de personne dont on est fier de tenir le bras en public pour affirmer sa relation. Sous l’influence de ses idées sombres, ses personnages innocents prirent une nouvelle tournure, des flammes menaçantes léchèrent les feuilles, Laceli les fit disparaitre d’un geste de la main et souffla.


« Je ne suis pas encore au point.

-Mais ça va venir.

-Ou peut-être jamais, qui sait. »


La brune luttait contre sa mauvaise humeur naissante, pas après ces derniers jours, pas après avoir fait la connaissance des esprits de la forêt et des Nothuldras. Pourquoi avait-elle promis d’être patiente ? Elle n’était pas patiente, Lenjo le lui avait assez répété.


« Je suis fatiguée, je crois que je vais dormir.

-Déjà ? »


Elle se leva pour rejoindre la hutte qui leur avait été attribué, et ce qu’elle découvrit, malgré la gentillesse de la tribu, ne fit rien pour améliorer son humeur. Oh c’était chaleureux, propre et préparé à leur attention mais il y avait deux couches, bien séparées, bien installées à l’opposée l’une de l’autre. Elle pouvait entendre Elsa qui discutait à l’extérieur, sans doute interceptée sur le chemin pour la rejoindre. Laceli gronda de colère, le sommeil n’était pas une mauvaise idée plutôt que d’exposer sa compagne à son humeur infecte. Elle se prépara et s’installa pour la nuit, le confort n’avait rien avoir avec le palais de glace bien sûr mais c’était tout de même agréable. Agréable comme de dormir seule dans un lit pour une personne à 2m de sa compagne. Laceli tourna le dos à la pièce vide et ferma résolument les yeux sur sa mauvaise humeur. Après quelques minutes à ruminer sa colère, elle entendit Elsa qui rentrait dans la hutte. C’était comme si elle pouvait sentir l’hésitation dans ses mouvements. Il lui fallait encore un moment avant d’oser murmurer :


« Lace ? »


En l’absence de réponse, Elsa retint un soupir. Elle avait bien noté le changement d’humeur de la brune. Difficile de le nier quand cela s’était manifester de manière spectaculaire avec ses pouvoirs et elle supposait en comprendre la raison. Mais comment en être certaine quand son amante préférait le silence entêté à la discussion. La blonde se prépara pour la nuit dans la quiétude hostile de la hutte. Elle n’avait pas pu agir avec Laceli comme si de rien n’était, vivre leur relation naturellement, comme n’importe qui le ferait. Elle avait besoin de temps pour s’ajuster avec cette nouvelle réalité, malgré la bienveillance de sa famille, il y avait le poids des traditions qu’elle portait depuis son plus jeune âge. Les souvenirs des leçons de bienséance lui revinrent en mémoire, comment bien se comporter, quand et comment faire la révérence, à qui ? Bien se tenir à table, être toujours droite et le menton haut, la démarche altière. Il y en avait tellement qu’à cette époque Elsa avait le sentiment qu’elle n’en viendrait jamais à bout. Et puis, il y avait la famille, perpétuer la lignée, son premier enfant prendrait la tête du royaume à sa suite, il était donc acquis et depuis longtemps, qu’Elsa épouserait un homme. Et même si aujourd’hui elle n’était plus reine, le poids demeurait sur ses épaules, une charge invisible dont elle peinait à se débarrasser. Son regard se tourna de nouveau vers Laceli et son silence butté. Elle mourrait d’envie de la rejoindre, de l’embrasser à pleine bouche et de savourer son contact, mais quelque chose lui disait que l’accueil risquait de ne pas être chaleureux. Et peut être avait-elle le droit de lui en vouloir, se sentir rejetée ne devait pas être facile à accepter, Elsa en avait conscience, mais elle avait toujours besoin de temps. Elle se glissa sous les couvertures de sa couche, résignée et dans l’obscurité :


« Je suis désolée, Lace, bonne nuit. »


Elle était en réalité trop agitée pour s’endormir, sa tête fourmillant de milles pensés qui furent balayées lorsque le corps chaud de Laceli se pressa contre le sien. Leurs lèvres se trouvèrent d’instinct pour un baiser affamé, comme si elles ne s’étaient pas vues depuis une éternité. La brune lui caressa la joue.


« C’est moi qui suis désolée, Chaton. Je sais que ce n’est pas facile pour toi, je crois que j’étais habituée à t’avoir pour moi toute seule.

-J’aimais bien ça aussi. »


Les doigts de son amante tracèrent les contours de son visage, Elsa se blottit dans l’étreinte, l’ardeur sauvage de Laceli l’envahissait déjà et son corps en voulait plus. D’une manière ou d’une autre, la brune était parvenue à lui voler sa dignité et elle ne s’en plaignait pas du tout. La main qui glissa sous ses vêtements et caressa sa poitrine la fit gémir.


« Il va falloir que tu t’habitues à autre chose, Chaton.

-Ah oui ? Quoi donc ?

-A ne pas faire de bruit… »


Elle ne pouvait pas le voir dans la pénombre mais Elsa en était certaine, Laceli avait ce petit sourire suffisant qui lui allait si bien, et son regard était certainement teinté de désir. Son corps frémit en réponse à la promesse que la brune venait de lui faire. La caresse de ses mains fut remplacée par celle de ses lèvres, Elsa se mordit la langue pour s’obliger à se taire. Un soupir rauque lui échappa malgré tout. Laceli s’installa au-dessus d’elle, ses mains lui encerclèrent les poignets tandis que sa langue se promenait sur sa poitrine offerte. Elle mordilla les tétons avec délectation, savourant les réactions et le corps qui se cambrait sous ses attentions. Jamais Elsa n’aurait pu imaginer que le silence puisse être une torture mais la nécessité de garder le contrôle avait quelque chose d’insoutenable.


« Lace… Une couverture… Laisse-moi… au moins prendre une couverture… que je puisse étouffer ma voix dedans…

-Oh non… Je préfère te voir ainsi…

-Il fait… noir… »


Ce qui était la dernière chose à dire à l’esprit du feu puisque les 2 bougies présentes s’allumèrent instantanément. Leurs regards se croisèrent dans la lumière chaleureuse, Elsa ne s’était pas trompée, ni pour le sourire, ni pour le désir.


« Tu es insupport… »


Le mot mourut en même temps qu’elle se mordit la lèvre pour étouffer un gémissement, Laceli venait de prendre possession d’un téton, puis lentement, ses baisers et sa langue glissèrent sur son estomac, inexorablement, toujours plus bas. Elsa eut un hoquet quand elle comprit où Laceli voulait en venir, son corps tout entier frissonna d’impatience. Elle tira sur une main pour tenter de se libérer, les baisers à l’intérieur de sa cuisse laissèrent une trainée brûlante dans leurs sillages, elle gémit malgré elle, un son étouffé mais avide de désir.


« Chuuuut Chaton, Chuuuut… »


Au premier baiser dans la moiteur de son sexe, Elsa crut défaillir, puis il y’en eu un second, un troisième et d’autres, nombreux, ponctué du souffle chaque fois que Lacelie répétait « chuuuut ».


« Lace… Je… peux pas… S’il te plait… J…Ah… »


La brune libéra son amante de la torture en lui relâchant une main, Elsa se saisit de la couverture et mordit dedans à pleine dents, juste à temps pour étouffer un gémissement puissant alors que Laceli abandonnait les baisers au profit de sa langue agile. Elle prit son temps pour faire monter le plaisir et maintenir Elsa juste où elle voulait qu’elle soit, à deux doigts de jouir. Les gémissement et grognements étouffés qui parvenaient jusqu’à elle ne faisait que l’encourager davantage. Ce n’est que lorsqu’elle sentit son amante au bout de sa patience qu’elle la relâcha avec un puissant orgasme. Elsa s’était cambrée contre ses lèvres, avide de son contact, son corps se détendit ensuite au rythme essoufflé de sa respiration. Ni l’une ni l’autre n’était capable de dire si elles s’étaient montrées bruyantes ou non, à un moment, le monde autour d’elles s’était de toute façon totalement effacé.


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