Le Hobbit : A la reconquête de soi

Chapitre 4 : Elle

2068 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/10/2020 18:35

« Quand les oiseaux du passé à Erébor seront retournés, le règne de la Bête prendra fin »

Oïn, Le Hobbit : Un voyage inattendu

 

 

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Une maisonnée, entourée d’un petit potager et de fleurs aux multiples couleurs, se tenait là, à la lisière du petit bois, d’où s’échappait une légère fumée par la petite cheminée. Cette vision idyllique fit rappeler à Bilbo son trou de Hobbit dans la Comté, et tout ce qu’il avait laissé derrière lui. Ses livres, son fauteuil, son jardin. Bien des choses lui manquaient. Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis son départ et le temps avait réussi à effacer le mal du pays qu’il avait ressenti en quittant sa contrée. Mais il refaisait néanmoins surface à la vision de cette petite maison qui semblait si confortable vue de l’extérieur.

- C’est ici ? Demanda Fili en voyant le magicien descendre de cheval.

- Oui, c’est ici. A présent, libérez les poneys.

Gandalf leva la tête vers la colline, où il reconnut la forme animale de Béorn. Il veillait sur ses poneys depuis leur départ et il semblait que leur Maître Cambrioleur ait aussi senti sa présence, même s’il ne fit aucun commentaire.

Toute la compagnie obéit et laissa leurs montures repartir chez leur propriétaire. Seul Gandalf garda la sienne, prévoyant un voyage inattendu vers les Monts du Rhudaur. Il attacha son cheval à la barrière du potager, à l’ombre des arbres avant d’intimer aux Nains et au Hobbit d’avancer sans faire de gestes brusques. Thorïn leva les yeux au ciel et franchit l’entrée du bois où se tenait la petite maison. Le magicien, resté à l’arrière, observait les alentours lorsqu’une flèche décoiffa Bofur de son chapeau, situé derrière Thorïn, pour venir se planter sur le tronc d’arbre juste à côté de l’entrée de la maison.

- Mon chapeau...

- Ne faites pas de gestes brusques ! Répéta Gandalf.

Mais la compagnie n’écouta pas. Thorïn sortit Orcrist de son fourreau, suivit par ses compagnons. Kili bandit son arc et le pointa dans la direction d’où la flèche venait tandis que les autres Nains protégeaient leur Maître Cambrioleur. Une autre flèche, venue de l’autre côté, frôla la longue barbe de Balïn, d’où quelques poils tombèrent au sol.

- Montre-toi lâche ! Aboya Dwalïn, sa hache levée et prête à s’abattre sur leur assaillant.

Regardant partout autour d’eux, cherchant une silhouette dans les arbres, Bilbo repéra du mouvement à leur droite.

- Là ! Cria-t-il en pointant l’arbre du doigt.

Kili visa, mais sa flèche ne fit que frôler la branche d’arbre sur laquelle le Hobbit avait vu une silhouette.

- Thorïn ! Baissez votre arme !

Une nouvelle flèche s’envola et atterrit aux pieds de ce dernier. A bout de nerfs, le chef de la compagnie serra les dents et brandit Orcrist.

- J’en ai assez de ce jeu ! Montre-toi !

Malgré les protestations du magicien, le Nain avança. A peine eut-il fait un pas que son pied se retrouva piégé dans une corde cachée par des feuilles mortes et de la terre. Pris par surprise, il lâcha sa lame elfique, accroché tête en bas à plusieurs mètres du sol. Thorïn tenta de se débattre, d’attraper son couteau caché dans sa botte lorsqu’une voix s’éleva dans les arbres.

- Encore un mouvement et j’abats ce Nain !

- Maudit soit l’entêtement des Nains, bougonna le magicien en dépassant la Compagnie. Ne tirez pas !

Le vieil homme regarda en direction d’où venait la voix et repéra avec difficulté un léger mouvement sur l’une des branches d’arbres.

- Vous souvenez-vous de moi ? Je suis Gandalf le Gris, votre ami.

- Par tous les diamants d’Erébor, détachez-moi ! Aboya Thorïn, gesticulant comme un vers.

Le bruissement des feuilles fit comprendre à Gandalf que la silhouette tapie dans l’ombre descendait des arbres pour les rejoindre au sol. Un fin sourire étira les lèvres du magicien lorsqu’il aperçut à quelques mètres de lui la personne qu’il cherchait tant.

- Alyson. Que je suis heureux de vous revoir.

La jeune femme rangea son arc avant de s’avancer vers le vieil homme. Elle ne daigna pas lever la tête lorsque l’héritier du trône de Durïn lui ordonna une nouvelle fois de le détacher, fou de rage d’avoir été pris comme un vulgaire gibier.

- Ces Nains et ce semi-homme sont avec vous ?

Ces derniers observaient la jeune femme, une pointe de curiosité dans le regard. Ses cheveux mi-longs noirs contrastaient avec la blancheur de sa peau. Les traits fins de son visage ne traduisaient aucune émotion. Mais sa taille, semblable à celle des Nains, les intriguait davantage.

- Vous êtes quoi au juste ? Lâcha Dwalïn.

- Tiens ta langue si tu ne veux pas que je te la coupe Nain, le menaça-t-elle en caressant le manche de son poignard accroché à sa ceinture.

- Je suis navré pour ce malentendu, intervint Gandalf. Je leur avais donné des ordres, mais...

- Mais il est impossible de résonner un Nain. Je le sais mieux que quiconque Gandalf.

- Un malentendu, grogna Thorïn, toujours accroché la tête en bas. Je vous ferai payer votre insolence !

- Si vous le dites. En attendant, ce n’est pas moi qui pend au-dessus du sol comme un vulgaire morceau de viande Nain, lâcha Alyson, offrant un regard de biais vers le chef de la compagnie.

Ce dernier ne répliqua rien, mais il n’en pensait pas moins. La jeune femme s’empara de son couteau et libéra Thorïn, qui lâcha un juron lorsqu’il atterrit violemment au sol, son visage désormais sali par la terre. Il se releva tout en essayant de garder l’équilibre et enleva le surplus de poussière sur ses vêtements.

- C’est avec une bien étrange compagnie que vous voyagez Gandalf, commenta Alyson. Il est même rare de trouver un Hobbit si près des Terres Sauvages.

- Si vous nous le permettez, nous vous expliquerons tout, répliqua le magicien.

La jeune femme toisa le vieil homme et croisa ses bras sur sa poitrine.

- Cette rencontre n’est pas un hasard, n’est-ce pas ?

Gandalf lui offrit un sourire, caché sous sa moustache touffue.

 

 

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* *

 

 

Bilbo avait raison. L’intérieur de la maisonnée était confortable, même plus qu’il n’aurait pu l’imaginer. Une impression chaleureuse ressortait des pièces, même si celle-ci ne semblait pas correspondre à la propriétaire. Le Hobbit rejoignit la cheminée allumée et se frotta les mains pour s’y réchauffer sous l’oeil scrutateur de leur hôte. Quant aux Nains, ils s’installèrent où il y avait de la place, regardant par-ci, par-là s’il n’y avait pas quelque chose à manger. Thorïn se contenta de rejoindre leur Maître Cambrioleur, toujours contrarié de s’être fait ainsi piégé par une parfaite inconnue. Gandalf veilla à ce que les quatorze membres de la compagnie soit entrés dans la maison pour s’installer à son tour auprès de Balïn, qui ne cessait de vérifier si sa barbe n’avait pas trop souffert.

Plus par obligation que par courtoisie, Alyson leur offrit chacun un verre de lait mélangé avec du miel. Si la plupart la pardonnèrent pour avoir menacé leur futur roi, d’autres, notamment Dwalïn, ne cessaient d’observer la jeune femme d’un sale œil.

- Alors, lâcha Alyson en se laissant tomber sur son fauteuil. Que me vaut le déshonneur de votre visite ?

Des murmures s’élevèrent dans pièce. Thorïn laissa ses compagnons commenter le manque de savoir vivre de leur hôte et se contenta de boire quelque gorgées de lait.

- Cette compagnie est en quête pour reconquérir Erébor, expliqua Gandalf, sa pipe à la bouche. Thorïn a avec lui une carte sur laquelle se trouvent des runes. Malheureusement, aucun de nous ne savons les déchiffrer. En revanche, vous savez déchiffrer ce genre d’inscription.

Alyson arqua un sourcil en posant un regard sur Ecu-de-Chêne.

- Et j’imagine que c’est lui l’héritier du trône de Durïn, fit-elle. Il n’est pas très malin.

Le Nain serra les poings et s’apprêta à lui cracher ce qu’il penser d’elle, mais le magicien le coupa dans son élan.

- En effet, c’est lui.

- Pourquoi ne pas aller voir les Elfes ? A Faudcombe, le Seigneur Elrond sait lire les runes.

- Vous étiez plus près, se justifia Gandalf. Vous savez que je ne me serai pas permis de venir vous voir pour rien Alyson.

La jeune femme soupira avant de tendre la main en direction de Thorïn. Mais celui-ci ne bougea pas. A ses côtés, Bilbo les observa l’un après l’autre, n’osant rien dire pour ne pas accroître la colère de son ami. Au lieu de cela, il choisit de se racler la gorge.

- Pourquoi donnerai-je un bien si précieux à une parfaite inconnue ? Lâcha finalement Thorïn, lançant un regard de biais vers Gandalf.

- Alyson est une personne de confiance, fit ce dernier, d’un ton las.

- Permettez-moi d’en douter.

- Je vous ais froissé le Nain ? Se moqua la jeune femme.

D’autres commentaires fusèrent dans toute la pièce, la plupart injuriant envers leur hôte. Malgré ses efforts, le Hobbit ne réussit pas à les calmer et seul Gandalf, prenant une grosse voix, put faire cesser tous ces bavardages.

- Calmez-vous s’il vous plaît !

Les cris cessèrent et tous se tournèrent vers le magicien, désormais debout et le dos courbé pour ne pas se cogner la tête contre le plafond trop bas.

- Thorïn, continua-t-il, vous devez me faire confiance. L’aide d’Alyson nous est indispensable. 

Le Nain croisa le regard du vieil avant de reporter ses pupilles bleues vers la jeune femme. Il sortit la carte de son manteau de fourrure avant de la lui tendre. Alyson la déplia et l’observa, avant de la lever vers la fenêtre, où le soleil lui permit de voir davantage les runes inscrites dessus.

- Des runes lunaires, chuchota-t-elle pour elle-même.

- Évidemment. Pourquoi n’y ai-je pas pensé, bougonna Gandalf, de nouveau assis près de Balïn.

- Vous pouvez les déchiffrer ? Demanda Kili.

- Oui. Mais qu’est-ce qui vous fait dire que vous réussirez à reconquérir la montagne ? Le dragon n’a pas été vu depuis longtemps et il est sans doute toujours présent.

- La prophétie, expliqua Oïn. Celle-ci dit « Quand les oiseaux du passé à Erébor seront retournés, le règne de la Bête prendra fin ».

- Les oiseaux repartent vers Erébor, ajouta Nori. Nous avons vu ces signes.

- Et si nous les avons vus, d’autres ont également pu les interpréter et les comprendre, compléta Balïn, un regard entendu vers Ecu-de-Chêne.

Ce fut quatorze paire de yeux qui scrutèrent Alyson, qui soupira. Ces runes n’étaient lisibles qu’à la lumière de la lune durant laquelle elles avaient été écrites. La jeune femme se retourna et regarda son calendrier lunaire.

- Vous aurez votre traduction ce soir, conclut-elle en repliant la carte. Vous pouvez rester chez moi cette nuit parce que j’ai confiance en Gandalf. Mais vous partirez tous dès l’aube demain matin.

Un sourire se dessina sur le visage du magicien, soulagé. Quant à Thorïn, il baissa légèrement la tête avant de reprendre son bien, toujours aussi agacé.

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