Le Hobbit : A la reconquête de soi

Chapitre 7 : Hauxilya

1727 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/10/2020 16:08

« Pour seigneur elfe et roi âgé

Maints trésors ils ont façonné

Et la lumière ils capturèrent

Dans les joyaux sur leurs épées.

 

Ils firent des colliers d’argent,

Des couronnes d’un feu brûlant

Ils imprégnèrent, marièrent

L’éclat des astres, jaune et blanc. »

Le Hobbit, Chapitre I.

 

 

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Bien des années s’étaient écoulées depuis qu’Alyson n’avait pas ouvert ce coffre, caché sous un vieux drap recouvert de poussière et décoloré par le temps. Une fois le cadenas fermé, elle s’était jurée de ne plus jamais y toucher et tenter d’oublier cette partie de sa vie. Et pourtant, son passé semblait vouloir la rattraper et lui rappeler ce qu’elle était, et ce qu’elle n’était plus. Du bout des doigts, elle frôla le manche de son arme, rangée dans son fourreau de cuire. D’abord hésitante, Alyson finit par s’en emparer et sortit la lame de sa protection. Elle était toujours aussi brillante. Aussi tranchante que dans ses souvenirs. Bien des têtes étaient tombées sous cette lame ; bien des bras avaient été coupés. Bien des vies avaient été arrachées. Hauxilya, telle était son nom. Nombre de sorciers avaient été tués, incapables de se défendre face à cette arme redoutable. Son nom leur inspirait la crainte, même encore aujourd’hui.

Alyson rangea l’épée dans son fourreau, qu’elle attacha à sa taille avant de fermer le coffre et d’y remettre le cadenas. Lorsqu’elle sortit de la maison, la compagnie était déjà prête à partir. A quelques mètres, Thorïn et Dwalïn observaient l’horizon, guettant le moindre danger.

- Bienvenue dans la Compagnie de Thorïn Ecu-de-Chêne, fit Balïn, un sourire sincère sur les lèvres.

Alyson le remercia avant de dépasser les Nains et le Hobbit.

- En route ! Annonça Ecu-de-Chêne.

Ce dernier était soulagé de reprendre le voyage. Ils n’avaient que trop tardé chez Alyson, et désormais le temps leur était compté. Le dernier jour de Durïn approchait, et s’ils arrivaient trop tard devant la porte cachée, leur quête aura été veine. Thorïn ne pouvait accepter un tel échec.

 

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La compagnie marchait d’un bon rythme et arrivé midi, tous décidèrent de ne pas s’arrêter avant la tombée de la nuit.

Au milieu de Nains, Bilbo se retourna pour observer leur nouveau membre. Alyson était à l’arrière, seule, la tête basse, plongée dans ses pensées qui semblaient être bien sombres. Le Hobbit ralentit le pas, se faisant dépasser par Ori et Nori, pour la rejoindre. La jeune femme l’ignora et continua à réfléchir à la situation dans laquelle Gandalf l’avait embarquée. Elle n’avait pas sa place dans la compagnie, et Thorïn le lui rappelait plus que nécessaire avec ses regards de biais.

- Vous savez, les Nains sont assez entêtés. La plupart d’entre eux, notamment Thorïn, ne m’acceptaient pas.

Alyson le toisa du regard. Le semi-homme lui souriait. Une réelle bonté se dégageait dans son regard. Une envie de bien faire les choses et de ne pas décevoir les Nains se lisait sur son visage.

- Qu’avez-vous fait pour les faire changer d’avis Monsieur Sacquet ?

- Et bien, je me suis mis entre Thorïn et un Ouarque pour le protéger, répondit Bilbo en haussant les épaules. Je savais que je ne faisais pas le poids. Je ne suis qu’un petit bonhomme au milieu de ce vaste monde, mais je voulais montrer que je n’étais pas que ça. Je voulais prouver à la compagnie, et surtout à moi-même, que j’étais capable de survivre dans les Terres Sauvages contrairement à ce que pensait Thorïn au départ.

- Je comprends mieux. Vous lui avez sauvé la vie. Évidemment qu’il vous est reconnaissant.

Bilbo fit un signe négatif de la tête.

- Vous vous trompez. Ils m’ont accepté parce que je suis leur ami désormais. Je fais partie de la Compagnie. Et vous en ferez partie aussi.

- Je n’en ais pas envie, déclara Alyson.

Le Hobbit pencha la tête de côté pour mieux observer son visage, toujours dénué de toute émotion. Si les Hobbits étaient de fantastiques convives, ils étaient néanmoins incapables de comprendre un tel comportement. Pour eux, la vie était simple et joyeuse, et rien ne venait jamais, ou presque, briser cette tranquillité qu’ils chérissaient tant. Lorsque Bilbo regardait Alyson, il avait l’étrange impression qu’elle n’aimait, voire détestait la vie.

- Que s’est-il passé pour que vous soyez aussi froide ? Demanda-t-il.

La jeune femme s’arrêta et le fixa droit dans les yeux.

- Vous ne me connaissez Monsieur Sacquet et je n’ai aucune intention de me confier à qui que ce soit.

- Je voulais juste faire la conversation, se défendit le Hobbit. Rien de plus.

- Oubliez-moi.

Alyson bouscula le semi-homme pour reprendre la route. Ce dernier resta immobile, son bâton à la main, les sourcils froncés.

 

 

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La compagnie l’ignorait, mais Alyson ne les menait pas à la route des Elfes qui traversait la Forêt Noire. Tous les moyens étaient bons pour raccourcir son voyage auprès des Nains et du semi-homme. Alors que le soleil commençait à décliner à l’horizon, la jeune femme s’arrêta au sommet d’une petite colline. De là, elle apercevait la plaine de l’autre côté, qui s’étendait sur des miles et des miles. Ses pupilles balayaient le paysage, à la recherche de ce qui l’intéressait. Ce fut sous un immense chêne qu’elle aperçut un groupement de poneys, broutant les brins d’herbe tendres et verdoyants, leur queue se balançant lentement. Voilà une vision qui lui réchauffait le cœur. De longs mois s’étaient écoulés la dernière fois qu’elle était venue les observer de loin, ne se lassant pas de rester immobile pendant des heures. Lorsqu’Alyson les observait, un sentiment de liberté naissait en elle. Elle ressentait alors la brise du vent caresser son visage, la douceur de l’herbe sous les paumes de mains, la fraîcheur matinale lui réveiller ses sens.

Thorïn Ecu-de-Chêne la rejoignit et observa l’horizon à son tour, ne ressentant pas les mêmes sensation qu’Alyson. Il se contenta de balayer la plaine du regard, repérant à peine les poneys avant de se tourner vers ses compagnons de voyage.

- Pourquoi nous arrêtons-nous ? Demanda Ori lorsqu’il rejoignit le groupe.

- C’est magnifique, murmura Bilbo.

Tous regardaient le paysage, admirant chaque détail qu’ils pouvaient apercevoir de là où ils étaient. Mais de son côté, Thorïn se tourna vers leur guide, insensible au spectacle qui se présentait à eux.

- Vous deviez nous conduire à la Forêt Noire.

- Il sera bien plus simple et plus rapide d’y aller à dos de poneys, fit Alyson sans daigner le regarder.

- A dos de poneys ? Ce sont des animaux sauvages ! Fit remarquer Ecu-de-Chêne en désignant les équidés du doigt. C’est une perte de temps !

La jeune femme l’ignora, posa son sac à terre et en sortit des cordes sous les yeux surpris de la compagnie. Elle vérifia l’état de son matériel avant de s’éloigner.

- Que faites-vous ? Demanda Fili.

- Prenez chacun une corde et faites ce que je vous dis.

Tandis que Bilbo obéissait, les Nains se regardaient, pas réellement convaincus.

- Vous croyez que je vais vous pendre avec ? S’énerva Alyson. Dépêchez-vous !

Au bout de longues secondes, Thorïn fit signe à ses compagnons d’obéir. En faisant le moins de bruit possible et en adoptant une attitude qui ne se voulait pas agressive, tous approchèrent vers les poneys, toujours debout sous le chêne. Alors que quelques mètres les séparaient des animaux, Alyson leur fit signe de ne plus bouger tandis qu’elle continuait à avancer, parlant d’une voix douce au fur et à mesure qu’elle approchait. Les poneys dressèrent les oreilles, mais ne bougèrent pas. Tous regardaient dans sa direction, prêts à fuir au moindre danger. Pourtant, à la grande surprise de tous, la jeune femme réussit à attraper l’un des équidés et lui chuchoter à l’oreille.

- Où avez-vous appris ça ? Demanda Bilbo, un sourire sur les lèvres.

- Ça ne s’apprend pas, dit Alyson, caressant l’encolure de son poney. Tant que vous vous mettez au même niveau qu’eux, ça ne peut que bien se passer. Ne les regardez pas dans les yeux, avancez lentement et parlez d’une voix douce.

Un par un, tous réussirent avec plus ou moins de facilité à attraper une monture. Si Bilbo avait réussi du premier coup, Thorïn et Dwalïn avaient dû s’y reprendre trois fois avant de mener leur propre poney. Face à ces échecs, l’humeur d’Ecu-de-Chêne s’était dégradée et il ne cessait de maugréer que tout cette mascarade était ridicule et inutile.

- Nous devrions rester ici pour la nuit, proposa Balïn en désignant l’immense chêne où se reposaient les poneys.

- Oïn, Nori, occupez-vous du feu, ordonna Thorïn. Bombur, tu cuisines. Nous autres, on prépare les affaires pour la nuit.

Alyson s’éloigna de la Compagnie et s’installa à plusieurs mètres de ses compagnons de voyage. Tandis qu’elle sortait sa couverture, elle sentait le regard de l’un d’eux dans son dos. Lorsqu’elle se retourna, Thorïn détourna le regard pour se replonger dans ses affaires. Leur guide contourna sa couverture pour faire face aux Nains et surveiller Ecu-de-Chêne.

Lorsque Bombur eut fini de préparer le repas, tous mangèrent avec appétit, avant de fumer la pipe pour certains, ou chanter la beauté d’antan d’Erébor.

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