Le Hobbit : A la reconquête de soi

Chapitre 9 : Chez Radagast

1818 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/10/2020 22:02

« Et c’est là que je l’ai vu. Un jeune prince nain affrontait l’Orque Pâle. Il se battait seul contre cet ennemi redoutable. Sans arme et sans bouclier. Il n’avait qu’une branche de chêne pour se protéger. Azog Le Profanateur comprit ce jour-là qu’il ne serait pas si aisé d’éliminer la lignée de Durïn », Balïn, Le Hobbit : Un voyage inattendu.

 

 

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- Rien ! Il ne nous reste rien. Ou presque ! Se lamentait Gloïn, fouillant les alentours à la recherche de leurs affaires.

L’attaque des Orques avait été rapide et inattendue. S’ils avaient survécu à l’assaut, il ne leur restait quasiment plus rien des vivres qu’ils avaient emporté chez Alyson. Souillés ou perdus, il ne trouvèrent que des pommes abîmées, cabossées durant la bataille.

- Maudits soient ces Orques ! S’exclama Thorïn en jetant un sac troué, vidé de sa contenance.

- Nous ne pourrons tenir dans la forêt avec si peu de ressources, dit Balïn.

- Nous pourrions peut-être trouvé de la nourriture là-bas ? Suggéra Ori.

- Alyson a été claire là-dessus, expliqua Ecu-de-Chêne, balayant les alentours du regard. Tout n’est que misère dans cette maudite forêt.

- Qu’allons-nous faire ? Se lamenta Bombur, encore essoufflé par la bataille.

- Ne restons pas ici, d’autres Orques pourraient venir, intervint leur guide. Je sais où nous pourrions trouver de la nourriture pour notre voyage.

Radagast Le Brun ne vivait plus très loin désormais. Ils pourraient ainsi trouver chez lui de quoi survivre ; du moins durant leur traversée dans la forêt. La compagnie approuva cette idée et tous partirent d’une humeur maussade. Ils avaient tout perdu et le voyage, qui devait être rapide, s’annonçait beaucoup plus médiocre que ce qu’espérait Thorïn. Désormais à pied, avec comme seul fardeau leurs armes et quelques pommes, ils avançaient lentement. Midi était passé lorsqu’ils atteignirent enfin la Vieille Route et traversèrent l’Anduin.

- Radagast ne vit pas très loin de la Route des Elfes, indiqua Alyson en montrant la direction du doigt. Nous serons un peu à l’étroit dans sa maison, mais nous pourrons probablement partir en fin d’après-midi si le temps nous le permet.

Les Nains hochèrent la tête. La compagnie continua à marcher vers l’Est. A l’arrière, Bilbo peinait à suivre le rythme que leur imposaient Alyson et Thorïn. Devant lui, malgré sa carrure, Bombur ne ralentissait pas le pas. Il semblait au contraire prêt à accélérer le pas, sûrement content de savoir que sa crainte de manque de nourriture ne serait plus qu’un lointain souvenir d’ici peu de temps.

En tête, Thorïn regarda derrière lui pour vérifier si ses treize compagnons suivaient. Lorsqu’il se fut assuré que tous étaient présents, même s’il avait remarqué le visage rougi par l’effort du Hobbit, il reporta son regard face à lui. Ses longs cheveux volèrent sous la soudaine bourrasque de vent. Il leva les yeux vers le ciel, constatant les nuages menaçant qui s’accumulaient au-dessus de leur tête. Son humeur s’assombrit davantage.

- Si le temps se dégrade davantage, nous devrons attendre l’aube pour reprendre la route, dit-il.

- Je le crains, en effet, répondit Alyson. Entrer dans la Forêt Noire en pleine nuit pendant une pluie d’orage revient à mourir. Je n’y entrerais qu’en cas d’extrême nécessité.

Les minutes s’écoulèrent lorsqu’ils aperçurent un toit de paille entre les branches d’arbre qui ne cessaient de se balancer par le vent.

-Alyson, avez-vous vu le loup géant durant l’attaque des Orques ?

La jeune femme posa ses pupilles sur le Nain avant de faire un signe de tête.

- Quel loup ?

- Comment avez-vous pu ne pas le voir ? Fit Thorïn en fronçant les sourcils. Je n’avais jamais vu ce genre de créature. Ni même entendu parler. Bilbo pense qu’elle cherchait à nous protéger mais j’en doute.

- Êtes-vous sûr de ce que vous avez vu ?

Le Nain s‘arrêta et toisa Alyson du regard.

- Vous me traitez de menteur ?

- Non. Je dis juste que vous avez peut-être mal vu.

- Cette Bête n’était qu’à quelques mètres de moi ! S’emporta Thorïn. Je sais reconnaître un loup quand j’en vois un.

- Et bien, peut-être que cette Bête s’est installée ici récemment, supposa Alyson.

Le Nain garda le silence. Son intuition lui dictait que la jeune femme lui mentait. Elle, qui vivait depuis des années non loin du lieu de l’attaque, aurait forcément dû en entendre parler ; ou du moins l’apercevoir. Ecu-de-Chêne ralentit le pas et observa leur guide s’éloigner vers la maison du magicien, les yeux plissés et l’esprit tourmenté.

 

 

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La demeure du vieux Radagast était des plus sommaires. C’était à se demander par quel miracle ou par quelle magie celle-ci tenait encore debout. Accolée à un immense tronc d’arbre, la maison était faite de bois, et le toit, des plus précaires, était en paille. Les fenêtres décorant la façade témoignaient de la vieillesse de la bâtisse. Tout comme la porte, elles étaient bancales et sales.

La pluie commençait à tomber lorsque la compagnie arriva devant chez Radagast. Les barbes des Nains se balançaient sous les rafales de vent, qui ne cessaient de croître à chaque minute. Après qu’Alyson ait toqué à la porte bancale, cette dernière s’ouvrit sur le magicien, qui consacrait désormais sa vie à veiller sur la faune et la flore. Sa bouche forma un « O » quand il vit la jeune femme debout devant sa porte, les Nains et le Hobbit qu’il avait rencontré lorsque Gandalf les accompagnait encore, derrière elle.

- Alyson ! S’exclama-t-il. Quel plaisir de te voir. Je vois que tu n’es pas venue seule.

Le magicien se décala pour laisser entrer la compagnie. Un feu de cheminée réchauffait l’unique pièce de la maison. Un nombre incalculable d’objets traînaient ça et là ; la plupart servant à la magie. Au milieu de la table, Bilbo repéra un petit groupe de hérissons collés les uns contre les autres. Au-dessus de leur tête volaient des oiseaux de toute sorte. Des souris courraient de part et d’autre de la maison, tandis qu’un écureuil était sur ses pattes arrières devant une fenêtre, regardant les inconnus entrer dans la pièce.

- Gandalf n’est plus avec vous ? Demanda le magicien en se tournant vers les Nains.

- Il nous a quitté, répondit Thorïn en vérifiant l’état de son manteau.

- Une affaire urgente, ajouta Alyson.

- Oui, oui, oui, je vois ! Racontez-moi ce qu’il s’est passé.

Radagast tenta de faire de la place pour ses invités, balançant certaines de ses affaires à l’autre bout de la pièce. Seuls Alyson, Thorïn et Balïn purent s’asseoir. Les autres se contentèrent de rester debout, adossé au mur quand la place le leur permettait.

- Nous avons été attaqués par des Orques de l’autre côté de la Vieille Route, expliqua la jeune femme. Et malheureusement, nos poneys se sont enfuis et il ne reste quasiment rien de nos provisions.

- Ces vermines d’Orques, ronchonna le vieux magicien.

Bilbo regardait autour de lui, émerveillé de voir tous les animaux s’entasser dans cette si petite maison. De nouveaux oiseaux, désormais mouillés, entraient encore dans la maison. Tout était sujet d’émerveillement dans cette demeure et le Hobbit voulait garder chaque détail dans son esprit afin d’écrire ses Mémoires s’il rentrait un jour à Cul-de-Sac. Alyson tâcha d’expliquer tout ce qu’il s’était passé depuis que Gandalf et la compagnie étaient arrivés chez elle. Radagast hochait parfois la tête tout en préparant de la nourriture pour ses invités.

- Il semblerait qu’Alyson ait oublié un détail dans son récit, intervint Thorïn après s’être raclé la gorge. Durant l’attaque, une créature ressemblant à un loup géant est intervenue. Si Bilbo et Fili pensent qu’elle cherchait à nous aider, je reste sceptique. En tant que magicien, vous connaissez les êtres qui peuplent ces territoires, alors je suppose que vous voyez de quoi je parle.

Une expression de surprise se dessinait sur le visage du magicien au fur et à mesure que le chef de la compagnie formulait sa question. Les Nains s’empressèrent de commenter les paroles d’Ecu-de-Chêne, impatients d’avoir des réponses à leurs interrogations. Radagast se racla la gorge avant de déposer des bols en terre cuite sur la table.

- J’ai entendu certaines rumeurs, finit-il par avouer. Mais rien de bien concret. Le peu de gens que j’ai pu croisé m’ont confié certaines choses, mais toutes se contredisaient.

- Quel genre de choses ? Demanda Gloïn.

- Et bien, d’après certains fermiers, cette Bête mesurait presque cinq pieds de hauteur. D’autres pensent qu’elle aurait des dons.

- Des dons ? Fit Bilbo.

- Oui, oui, des dons. Comme lire dans les pensées par exemple. Enfin, il y a ceux qui disent que ce soit disant loup arracherait l’âme de ses victimes en les regardant droit dans les yeux.

Le Hobbit déglutit. Il avait croisé le regard de la Bête, mais rien ne lui était arrivé.

- Mais ce ne sont que des rumeurs, continua Radagast.

- Nous l’avons vu, dit Fili. Cette créature mesurait facilement entre quatre et cinq pieds.

- Vraiment ?

- Oui, affirma Bilbo. J’en ai encore la chaire de poule.

- L’as-tu vu Alyson ? Demanda le magicien en se tournant vers la jeune femme.

- Non.

- Évidemment, lâcha Thorïn d’un ton acerbe. Elle a préféré fuir lâchement.

- Vous pouvez bien penser ce que vous voulez Nain, fit Alyson en le toisant du regard. Je n’ai de compte à rendre à personne.

Ecu-de-Chêne ouvrit la bouche, mais Balïn s’interposa. D’un simple regard, il lui fit comprendre de ne rien ajouter, sans quoi la situation n’allait qu’empirer. Le chef nain toisa leur guide du regard avant de marmonna dans sa barbe. 

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