Le Hobbit : A la reconquête de soi

Chapitre 12 : La colère des Rois

1979 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/11/2020 20:47

« Et c’est là que je l’ai vu. Un jeune prince nain affrontait l’Orque Pâle. Il se battait seul contre cet ennemi redoutable. Sans arme et sans bouclier. Il n’avait qu’une branche de chêne pour se protéger. Azog Le Profanateur comprit ce jour-là qu’il ne serait pas si aisé d’éliminer la lignée de Durïn », Balïn, Le Hobbit : Un voyage inattendu.



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Une journée s’était écoulée lorsque la compagnie se fit, à son tour, attaquée par des araignées géantes. La disparition de leur guide empira la situation et bien que Bilbo ait tenté de raisonner les Nains, il n’avait pas réussi à leur faire entendre raison. Persuadé d’avoir repéré Alyson dans la végétation, Thorïn avait ordonné à ses compagnons de le suivre. Ils quittèrent ainsi le sentier à la recherche de la jeune femme. Désormais perdus et soumis au maléfice de Grand’Peur, la compagnie se laissa surprendre par d’immense araignées. Réduits à de vulgaires paquets collants accrochés aux branches d’arbres immenses où se dressaient leurs toiles, les Nains avaient été sauvés par leur Maître Cambrioleur, avant de se faire capturer par les Elfes sylvains de la Forêt Noire, armés d’arcs et dirigés par Legolas Vertefeuille, fils du grand Roi Thranduil.

 

 

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Alors que les Elfes comptaient le nombre de prisonniers, Bilbo en profita pour se dissimuler dans le monde des ombres en passant l’anneau magique à son doigt ; chose qu’il avait trouvé dans la cachette de Gollum sous le royaume des Gobelins. Jamais un objet aurait pu lui servir davantage que celui-ci. Non seulement apte à rendre invisible, même aux yeux des Elfes, l’anneau était d’une beauté que le Hobbit ne se lassait pas d’admirer. Ainsi, les Elfes ne comptèrent que treize prisonniers au grand soulagement de Thorïn.

Vaincus, les Nains se laissèrent ligoter et amener jusqu’au palais avant que soit donné l’ordre de fermer les portes. Loin d’être aussi inhospitalier que chez les Gobelins, le palais était éclairé par des torches rouges et desservi par d’épaisses branches d’arbres et de pierres sculptés. Excepté Thorïn, les compagnons furent jetés dans les cachots après avoir été fouillés une dernière fois. Ils tentèrent d’ouvrir les portes, en leur fonçant dessus, en vain. Les barreaux étaient d’une solidité inébranlable et continuer à forcer les serrures était une perte de temps. La plupart des Nains abandonna et tous finirent par s’asseoir dans leur prison, maudissant tout et tout le monde.

Quant à Thorïn, il fut amené devant le Roi du Royaume des Forêts, installé sur son trône de bois sculpté. Sa tête, coiffée d’une longue chevelure blonde, était décorée d’une couronne de baies et de feuilles aux couleurs de l’automne. Ses pupilles bleues scrutèrent le Nain de longues secondes avant qu’il ne décide de descendre de son trône et de s’avancer vers le prisonnier. Thorïn gardait la tête haute, mais tentait de garder son calme.

- On pourrait croire qu’il s’agit d’une noble quête. Une quête pour reconquérir une terre et occire un dragon.

Thranduil posa son regard sur le Nain, immobile au milieu de la salle.

- Pour ma part, je flaire un mobile plus prosaïque. Une tentative de cambriolage ou autre chose de cet acabit. Vous avez trouvé un accès, continua l’Elfe en croisant le regard de Thorïn. Vous cherchez ce qui vous conférerait le droit de régner. Le Joyau du Roi. L’Arkenstone.

Le Nain baissa légèrement la tête, mais garda le silence.

- Il vous est précieux, au-delà de tout. Je comprends cela. La Montagne renferme des gemmes que je désire aussi. Des gemmes blanches, au pur éclat d’étoile. Je vous offre donc mon aide.

Thranduil inclina légèrement la tête tandis que Thorïn esquissa un sourire.

- J’écoute, dit-il.

- Je vous libérerai si vous me rendez ce qui m’appartient.

Le Nain recula de quelques pas avant de tourner le dos au Roi ; chose inacceptable pour un souverain. Pourtant, l’Elfe ne répliqua rien et attendit que le petit homme barbu, décoiffé et aux vêtements souillés donne sa décision.

- Échange de services, fit le Nain.

- Vous avez ma parole, répliqua le Roi, le ton toujours aussi calme. D’un Roi à un autre.

Le regard de Thorïn s’assombrit. D’abord silencieux, sa voix s’éleva dans la grande salle.

- Je doute fort que Thranduil... le grand Roi tienne parole, la fin des temps fut-elle proche !

Ilse retourna, les yeux brillant comme de la braise et pointa du doigt le Roi face à lui, tandis que l’Elfe écarquillait les yeux à chacune des paroles lâchées comme du poison par Thorïn. 

- Vous n’avez nul sens de l’honneur ! J’ai vu comment vous traitez vos amis ! Nous sommes venus, autrefois, affamés, sans logis, implorer votre aide ! Mais vous vous êtes détourné. Vous avez ignoré les souffrances de mon peuple ! Et l’horreur qui nous détruisait !

Thorïn continua à hurler des injures en langue ancienne, crachant ce qu’il pensait de cet Elfe qu’il haïssait. Thranduil fonça sur lui et le regarda dans les yeux, les traits du visage désormais tendus par la colère.

- Ne me parlez pas du feu du dragon ! Je connais sa colère et ses ravages. J’ai affronté les grands serpents du Nord. J’avais alerté votre grand-père des dangers de sa cupidité, mais il n’a pas écouté.

Le Roi se détourna du Nain, remonta vers son trône et ordonna aux gardes par un simple geste de ramener Thorïn dans son cachot.

- Vous êtes comme lui, déclara-t-il en le toisant du regard. Restez ici, si cela vous chante, à croupir. Cent ans n’est qu’un battement de cils dans une vie d’Elfe. Je suis patient. Je peux attendre.

Lorsque les gardes arrivèrent au cachot, ils balancèrent le Nain à l’intérieur avant de claquer la porte et de la verrouiller. Balïn s’approcha alors de ses barreaux et regarda dans la direction de la cellule de son chef.

- Il t’a proposé un marché ?

- En effet, répondit Thorin, fulminant comme une bête prise au piège dans une cage.

Il hurla une nouvelle injure dans la langue ancienne, maudissant Thranduil et tous les siens.

- Donc c’est réglé, soupira le plus vieux des Nains. Un marché était notre seul espoir.

Throïn s’avança vers les barreaux de sa cellule et regarda à l’extérieur, l’espoir de voir Bilbo débarquer miraculeusement devant eux, les clés dans les mains.

- Pas le seul, fit-il.

 

 

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Tandis que ses compagnons perdaient espoir de pouvoir sortir des cellules, Thorïn attendait, assis contre l’un des murs de la prison. Persuadé que Bilbo viendrait les aider par n’importe quel moyen, le Nain tentait de rester calme et de ne pas écouter les plaintes de la compagnie. Au loin, il entendit Kili discuter avec une Elfe. Il leva les yeux au ciel et se laissa davantage glisser contre le mur rocheux de la cellule. De longues minutes s’écoulèrent lorsque le calme revint enfin dans les prisons. Thorïn en profita pour fermer les yeux et pour réfléchir à la manière dont leur Maître cambrioleur pourrait les aider lorsque le visage d’Alyson s’imprima dans son esprit. Il ouvrit les paupières et secoua la tête. Cela faisait déjà un moment qu’il n’avait pas pensé à elle, et il devait avouer qu’il se demandait ce qui avait pu lui arriver dans la forêt. Peut-être était-elle aussi prisonnière des Elfes ? Ou pire ?

- Non, impossible, chuchota-t-il pour lui-même.

Le Nain tentait de se raccrocher à cette idée lorsqu’une silhouette s’arrêta devant sa cellule. Un Elfe à la longue chevelure brune et tout de vert vêtu se tenait là et l’observait de toute sa hauteur. Thorïn le toisa du regard, mais ne desserra pas la mâchoire. L’inconnu resta silencieux une bonne minute sans quitter le chef de la compagnie des yeux avant d’ouvrir la bouche.

- Ne comptez pas sur elle pour venir vous aider.

Le Nain leva la tête et lança un regard de biais vers l’Elfe, qui semblait s’amuser de l’expression de surprise qui se dessinait sur le visage du prisonnier.

- Qui ? Lâcha-t-il après un silence.

- Vous le savez très bien.

Thorin pencha la tête et la posa sur le mur derrière lui. Il replia les jambes vers son torse et posa ses mains sur ses genoux.

- Les mutants n’ont que faire des autres. Oh... Vous savez ce qu’elle est, ajouta l’Elfe en remarquant l’air de surprise peu à peu disparaître du visage de Thorïn. Ce n’est pas quelque chose dont cette femme aime se vanter.

- Qu’est-ce que vous voulez ? Grogna le Nain.

- Vous prévenir. Alyson a détruit des vies et des familles. Bien des gens réclameraient que vous lui coupiez la tête pour les malheurs qu’elle a causé.

- Des malheurs ?

Thorïn se leva pour se mettre face à l’inconnu.

- Alyson est un Loup. Elle ne contrôle rien lors de sa transformation. Elle est juste guidée par l’instinct animal.

- Je n’en crois pas un mot, répliqua le Nain. Je l’ai vue, et elle n’est pas ce que vous décrivez.

Les lèvres de l’Elfe s’étirèrent dans un mince sourire.

- Vous croyez qu’une Bête de cette taille ne fait aucun ravage ? Je n’ai aucune idée des circonstances durant lesquelles vous avez vu le Loup, mais Alyson détruit tout sur son passage. Et ce ne sont pas des magiciens tels que Mithrandil qui réussiront à contrôler ses pulsions meurtrières.

- Pourquoi me dire tout ça ?

- Je veux mettre fin à sa terreur. Elle ne vit non loin du royaume du grand Roi et le sang des Elfes a beaucoup trop coulé à cause d’elle. Cela fait longtemps que Thranduil cherche une solution pour se débarrasser d’elle, et vous voilà. Dîtes-moi où vous l’avez vue pour la dernière fois et je ferai en sorte que le Roi soit plus clément envers vous.

Un sourire se dessina sur le visage de Thorïn. Il s’empara d’un barreau dans chaque main et approcha son visage de celui de l’Elfe.

- Je ne marchanderai jamais la vie de l’un des miens, et encore moins avec un homme aux oreilles pointues. C’est à vous que l’on devrait couper la tête sale rat. Je jure que si je sors d’ici, vous serez le premier Elfe que je tuerai, lâcha Thorïn d’une voix glaciale.

L’inconnu arqua un sourcil avant de soupirer.

- Je vous aurai prévenu, dit-il en s’éloignant.

Le Nain l’observa descendre les escaliers et serra davantage les barreaux. Il maudit cet être et tout son peuple en langue ancienne jusqu’à ce que la fine silhouette disparaisse.

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