Le Hobbit : A la reconquête de soi

Chapitre 13 : Le plan de Bilbo

1763 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/11/2020 21:15

« Roule, roule, roule,

Les tonneaux déboulent !

Oh! Hisse ! Flic et floc !

Dans l’eau s’entrechoquent ! »

Le Hobbit, Chapitre IX.

 

 

*

* *

 

 

Les heures défilèrent sans que rien ne se passe. Toujours prisonniers dans les geôles du Roi, les Nains perdaient espoir d’atteindre un jour la Montagne Solitaire. Chacun savait que leur chef n’accepterait jamais un marché avec le Roi du Royaume des Forêts ; le douloureux souvenir de l’abandon des Elfes toujours à l’esprit. Depuis tant d’années, jamais il n'avait pardonné, et jamais il n'avait oublié. Et peut-être jamais il n’oublierait ce sentiment de trahison et d’abandon.

Voyant ainsi le temps s’écouler, Thorïn avait finit par se rasseoir contre le mur de pierre et commençait à se demander si leur Maître Cambrioleur réussirait à les libérer. Peut-être posait-il sur le Hobbit trop d’espoir ? Peut-être avait-il été tué peu de temps après les avoir libéré de ces immondes araignée ? Peut-être ne reverraient-ils jamais plus leur cambrioleur ? Ces pensées ne firent qu’assombrir son humeur, déjà plus que maussade. Alors que le Nain commençait à croire que leur quête serait veine, une petite voix familière lui parvint avant de voir leur Maître Cambrioleur apparaître, un trousseau de clés dans les mains.

- Bilbo ! S’exclama Balïn.

- Ne faîtes pas de bruit, les gardes ne sont pas loin, dit le Hobbit en libérant leur chef.

Un mince sourire éclaira le visage de Thorïn. Bientôt, la compagnie fut libérée. Alors que Kili s’apprêtait à prendre les escaliers pour retrouver la surface, Bilbo leur intima de le suivre. Ils descendirent dans le palais, faisant le moins de bruit possible. Ils arrivèrent alors dans les caves, à la grande surprise des Nains. Derrière des étagères où s’entassaient des bouteilles de vin se trouvaient deux gardes profondément endormis, ronflant de temps à autre sous l’effet du vin.

- Mais nous sommes dans les caves ! S’énerva Kili.

- Vous devez nous sortir d’ici, pas nous enfoncer plus à l’intérieur ! Ajouta Bofur.

- Je sais ce que je fais, répliqua Bilbo en serrant les dents.

Le Hobbit les dirigea vers treize tonneaux vides empilés les uns sur les autres.

- Montez tous dans un tonneau, ordonna Bilbo, toujours en chuchotant.

- Vous êtes fou ! Lâcha Dwalïn. Les Elfes nous trouveront !

- Non, ils ne vous trouveront pas. Faites-moi confiance.

Tous les Nains se regardèrent, indécis. Bilbo soupira avant de se tourner vers Thorïn, qui ordonna de suivre les instructions du semi-homme. Il n’avait aucune raison de ne pas faire confiance en Bilbo ; il avait prouvé sa valeur maintes fois depuis leur départ de la Comté. Ainsi, chacun des Nains grimpa dans un tonneau, ronchonnant contre le manque de place ou s’offusquant du peu de confort que leur offrait leurs transports de fortune. Une fois tous à l’intérieur, Bilbo vérifia que ses treize compagnons étaient bien installés avant de poser les mains sur un levier situé près d’eux.

- Et maintenant ? Demanda Bofur en sortant sa tête de son tonneau.

Tous regardèrent à leur tour Bilbo, à la fois curieux et impatients.

- Ne respirez plus, déclara le Hobbit en actionnant le levier.

Les Nains n’eurent le temps que de crier de surprise lorsque s’ouvrit la trappe située sous leurs tonneaux. Tous roulèrent les uns après les autres jusqu’à tomber dans la rivière située sous le palais. Lorsque le dernier tonneau eut disparu, la trappe se referma, laissant ainsi Bilbo seul dans la cave, accompagnée des deux Elfes toujours profondément endormis. Il ne comprit que trop tard son erreur. Il resta immobile quelques secondes et fronça les sourcils. C’est alors qu’il entendit des voix, approcher dans les escaliers tandis qu’il essayait de trouver un endroit pour faire basculer la trappe. Une lueur vacilla sur le mur de pierre lorsqu’il sentit le sol pencher, d’abord lentement, en arrière. Puis, n’ayant rien pour s’accrocher, il se laissa glisser contre la trappe et tomba à son tour dans la rivière, où il retrouva ses compagnons.

- Bien joué Monsieur Sacquet ! Le félicita Thorïn. Allons-y !

Les Nains pagayèrent à la force de leurs bras. De son côté, Bilbo se tenait comme il le pouvait sur le bord du tonneau de Nori, qui tentait de l’aider comme il le pouvait. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’il entendit le chef de la compagnie hurler sans comprendre la cause, les oreilles bouchées par l’eau glacée. Entraînés par le violent courant de la rivière, ils furent surpris par une immense cascade. La chute fut brutale et glaciale, et plus d’un Nain faillit se noyer. Le Hobbit se cramponnait comme il le pouvait, se faisant ballotter dans tous les sens et en essayant de ne pas finir écraser entre deux tonneaux. Entraînés par le courant, les Nains espéraient fuir sans encombre jusqu’à ce que Dwalïn se retourne pour apercevoir au loin un Elfe sonner l’alarme. Les Nains se tournèrent pour apercevoir à quelques mètres d’eux un portail surveillé par trois gardes. Alors qu’ils arrivaient à sa hauteur, l’un d’eux baissa un levier et réussit à fermer le portail.

- Non ! Hurla Thorïn.

Alors que les Elfes s’emparaient de leurs armes pour ramener les prisonniers, l’un d’eux tomba dans la rivière, une flèche plantée dans le dos. Bilbo écarquilla les yeux et aperçut une armée d’orques sur les deux rives. Partout ils arrivaient, tuant tout sur leur passage. Épées, arcs, massues s’entrechoquaient partout autour d’eux. Coincés dans leurs tonneaux, les Nains tentaient d’éviter les attaques et essayaient d’arracher les armes de leurs ennemis. Au milieu des siens, Kili leva la tête et aperçut le levier à quelques mètres d’eux. Il s’apprêta à prendre de l’élan pour sauter sur la rive lorsqu’un Orque tomba sur lui. Tandis que chaque côté de la rivière grouillait toujours plus de ces monstres, les Elfes arrivèrent à leur tour pour défendre leur territoire et récupérer, si possible, leurs prisonniers.

Leurs flèches volaient.

Les Orques tombaient.

Des arbres, ils sautaient des branches avec agilité et souplesse.

Puis Bolg apparut, aussi enragé que son père Azog. Il aboyait des ordres en langage d’orque, ordonnant de tuer les Nains et les Elfes.

Alors que Kili réussit à se débarrasser de l’ennemi qui était tombé sur lui, aidé par Bilbo, une silhouette atterrit au-dessus de la compagnie. Alyson courut jusqu’au levier pour le baisser lorsqu’une douleur lancinante remonta dans tout son corps. Sa main se posa sur sa jambe pour rencontrer une flèche noire lancée par Bolg, un sourire terrifiant sur son visage déformé et monstrueux. Les dents serrés, elle tomba à genoux, mais réussit à ouvrir le portail, laissant les tonneaux suivre le violent courant de la rivière. Lorsqu’ils tombèrent d’une nouvelle cascade, les compagnons se tournèrent pour découvrir leur guide arracher la flèche noire en poussant un cri de douleur. Elle la balança au loin et posa un regard vers les Nains pour vérifier qu’ils étaient sains et saufs. Incapable de bouger davantage, elle se laissa tomber à quatre pattes et baissa la tête. Lorsqu’elle la releva, ses yeux brillaient comme de la braise. En quelques secondes, son corps s’allongea et devint immense, recouvert d’une épaisse fourrure noire. Ses dents devinrent des crocs aussi tranchants qu’une épée. Ses ongles se transformèrent en griffes aiguisées comme des lances. Son cri de douleur sonna comme un hurlement bestial. Sous leurs yeux, ils virent Alyson devenir la Bête qu’ils redoutaient. Celle-ci s’élança alors dans la bataille.

Lorsque les Elfes arrivèrent à sa hauteur, elle descendit du portail pour poursuivre les tonneaux. Les flèches volaient partout autour des Nains. Avec les armes qu’ils attrapaient, ils tuaient leurs ennemis tout en essayant de ne pas se noyer. De son côté, Bilbo se tenait désormais au tonneau de Balïn, qui sursauta lorsque Thorïn planta sa lance dans un Orque pour le coincer sur un tronc, gesticulant avant de mourir. Son arme tomba à son tour, et avec agilité, tous se la lancèrent pour éliminer les Orques trop près d’eux.

Alors qu’ils atteignaient un tronc, le Loup bondit et massacra les monstres de Bolg avant de regagner l’autre rive, sous les yeux ébahis de la Compagnie. Ceux qui étaient armés coupèrent le tronc, provoquant un déchaînement de violence plus puissant du courant.

Legolas Vertefeuille, suivi par certains des soldats du roi, continuait à vider son carquois d’une agilité que seuls les Elfes connaissaient en Terre du Milieu. Ce ne fut que lorsque le dernier Orque sur le territoire du grand Roi tomba sous sa flèche qu’il remarqua le Loup, courant aussi vite que le vent et tuant tout sur son passage.

Désormais délaissée par les Elfes, la compagnie remarqua qu’elle réussissait à prendre de la vitesse grâce au courant et à semer peu à peu les Orques. Bilbo, malgré la situation, se félicita de la réussite de son plan, même s’il était loin d’imaginer qu’ils seraient ainsi assaillis. De son côté, Thorïn tourna la tête vers l’arrière, ses longs cheveux trempés lui voilant quelque peu la vue, pour apercevoir Alyson. Il écarquilla les yeux lorsqu’il vit un Orque sur une paroi rocheuse surélevée, prêt à bondir pour la tuer en hauteur. Sans réfléchir, le Nain brandit l’épée qu’il avait piqué à l’un des nombreux cadavres qui peuplaient désormais la rivière, visa et la lança dans la tête de la créature. Celle-ci tomba devant les pattes du Loup, qui ne se contenta que de continuer sa course. La Compagnie continua ainsi à suivre le courant sous le regard voilé de la Bête.

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