Une vie parmi d'autre

Chapitre 6 : De la magie à la fusion

2713 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/11/2015 18:15

Ils étaient tous essoufflés, mais rassurés de voir Mel saine et sauve. Seul Thorin était de mauvaise humeur. Il se planta devant la femme à genou et d'une main, quoiqu'avec délicatesse, souleva son menton. Son contact électrisa l'humaine et fit battre son cœur.

 

« Pourquoi ? Suis-je attirée par lui ? »

 

Ses yeux bleus acier dans les siens calmèrent toutefois ses émotions. Il semblait sur le point d'exploser mais garda son sang-froid.

 

« Vous avez fait prendre des risques inutilement. Humaine, vous n'avez donc pas idée du danger qui règne ? Nous sommes entourés d'ennemis invisibles dans la nuit. Des ennemis capables de se fondre dans l'obscurité et de planter une dague dans votre poitrine sans que vous n'ayez le temps d'appeler à l'aide. A présent, laissez de côté ma leçon de morale, et venons-en à ce qui vous a fait fuir. Si je refuse votre contact, c'est à cause de ma mission vers Erebor. Point. »

 

La femme voulut prendre sa main pour lui dire ses façon de penser, mais le prince s'éloigna aussi vite qu'il y eut pris le visage de Meleth. Le magicien, pour éviter que Mel se jette sur Thorin, la prit par les bras et la dirigea vers le cheval. Il la posa avec délicatesse sur la selle et le magicien prit place derrière elle.

 

« Allons-y, nous avons que trop tardé. Même si nous aurions dû nous reposer, nous devons reprendre la route. L'aube se lève et nous sommes à découvert. »

 

Les nains montrèrent sur leur poney respectif, non sans rechigner car ils n'avaient pas pu dormir de la nuit. Mais les deux frères furent compréhensifs et prirent place de part et d'autres du cheval du magicien. Meleth regarda d'abord Fili avec des yeux navrés. Le jeune nain déclara, d'une voix ferme.

 

« C'est vrai, nous n'avons que peu dormi, et nous sommes assez fatigué, mais je crois qu'il vaut mieux avoir une petite faiblesse que de perdre une invité… une amie plutôt. »

« Et quelle amie, rajouta son frère. Tu fais partie du groupe désormais. Alors même si notre oncle a été dur avec toi, sache que nous deux, nous ne t'en voulons pas de cette nuit. Et puis marcher la nuit c'est aussi bon que le jour. »

 

Mel se sentit si émue, qu'elle posa sa main sur son cœur et ferma les yeux. Puis elle fit un mouvement de tête. Les deux nains comprirent vite ce signe comme un remerciement. Le magicien prit discrètement la main droite de la femme et lui envoya ses pensées. Cela lui fit un grand choc.

 

« Ils ont raison, vous faites partie de la compagnie de Thorin désormais. »

« Vous pouvez communiquer ainsi !? »

« Oui jeune fille. Même sans tenir mes mains avec certaines personnes de ce monde. Plus sensible que vous aux flux de la nature. A moins que vous n'ayez pas encore l'énergie magique pour faire cela. »

« Vous m'apprendrez ? »

 

Elle tourna la tête vers les yeux gris de Gandalf en souriant.

 

« Oui, mais cette magie que je connais, n'est sans doute pas la même que celle que vous avez dans vos veines. Je ne suis pas un humain, au même sens que vous, donc j'ignore si ma magie et la vôtre sont identiques ou différentes. Mais je tenterai quelque chose, une fois que nous nous arrêterons pour nous restaurer. »

« Merci Magicien. »

 

Meleth regarda le paysage en s'appuyant sur la poitrine du vieil homme. Cela la berça au point qu'elle finit par s'endormir.

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« Rêve, rêve encore et toujours. C'est cela qui te guidera vers ta magie. Il n'y a qu'un pas entre la réalité et le rêve. »

 

Elle était dans un univers blanc et vaporeux. Il n'y avait rien dans ce lieu. Meleth se demanda qui parlait. La voix, claire et sonnante comme une cloche lui répondit.

 

« Je suis le toi encore endormi. Mais depuis que tu as effectué un voyage astral, tu as enclenché ma renaissance. Nous ne faisons qu'une, mais avant que ton âme m'est assimilée et que tu es accès à moi, ma magie, je te dirais ce que tu veux savoir. »

 

Meleth tenta de visualiser son autre elle, mais elle ne voyait rien d'autre que ce nuage vaporeux, cette laine blanche. Elle voulut regarder ces mains, mais elle ne vit et ne ressentit rien. Elle ne comprit pas. Alors son autre moi répondit.

 

« Tu n'es qu'énergie dans ton inconscient. Tu te souviens de la sortie de ton corps ? Oui, c'est cela, tu ressentais tous ce qui t'entourais. Tu n'as pas de corps ici. Juste une âme. Tu es ici pour l'aiguiser, la révéler. Tes souvenirs, ils ne sont plus là car tu as déjà été morte. Mais tu es vivante car la nature l'a souhaitée. A présent écoute là, et écoute moi. »

 

La femme obéit et se lassa guider par son instinct. Elle écouta et entendit à nouveau sa musique. La harpe, elle était très présente dans ce lieu. Meleth avança ou plutôt vola car elle n'avait pas de jambe mais plutôt des ailes. Oui, comme des ailes mais elle ne les voyait pas tout comme elle ne voyait pas son corps. Elle vola et laissa son esprit se calmer de lui-même. Elle frissonnait, comme si elle avait froid. Mais en fait ce fut une sorte de caresse. Comme un ruban de glace qui entourait son esprit. Elle suivit ses mouvements pour définir la forme d'elle-même. Une étoile, oui c'est ainsi qu'elle visualisa sa forme, voir même une fleur de pétale. Ou les deux à la fois. Fleur et étoile. Puis le ruban s'éloigna et Mel parvint à comprendre comment elle était.

 

« Oui, tu es une étoile, et non une fleur. Tu es l'étoile de ce monde, tu peux communiquer avec cet univers mais pour cela tu dois entrer en symbiose avec lui. Abandonne-toi au monde réel, laisse-le t'envahir. Comme pour le voyage astral. »

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Le magicien secoua la jeune femme avec délicatesse et la réveilla. Il lui déclara que la compagnie s'arrêtait pour se restaurer. Elle regarda autour d'elle. Ils étaient toujours dans une forêt, mais au lieu de frêne, ce fut des chênes et des hêtres qui avaient pris le pas. L'air y était également plus vif et plus piquant.Le magicien descendit le premier et prit galamment la main de la femme pour qu'elle mette pied à terre à son tour.

 

« Merci Magicien. »

 

Gandalf fit un moulinet avec sa main et s'inclina devant elle. Ce geste fit sourire les nains autour d'eux à l'exception de Thorin et de Bilbon. Le premier par total ignorance et le second par surprise.Pendant que Bofur et Bombur allèrent chercher le bois, les autres nains partirent chasser. Quant au magicien, il resta auprès de la jeune femme et profita de ce moment pour l'instruire. Le hobbit assista à ce cours avec intérêt. Le vieil homme tournait autour d'elle, une pipe dans la bouche, et les mains dans le dos. Mel était assise.

 

« Vous devez d'abord savoir que la magie est en fait la manipulation de l'énergie autour de soi. Votre voyage astral de la nuit dernière m'a agréablement surpris. Je ne pensais pas que vous puissiez faire cela. »

 

Le hobbit demanda ce qu'était un voyage astral. Gandalf lui répondit qu'il s'agissait d'un exercice difficile et dangereux qui consistait à séparer son âme de son corps. Bilbon demanda en quoi cela était si risqué.

 

« Il arrive que certaines personnes ne peuvent retourner dans leur corps. Alors leurs esprits finissent par mourir car leur source de vie, leur corps est devenu inaccessible. Donc Mademoiselle, il va falloir éviter d'utiliser cette méthode. »

 

Mel leva sa main et le magicien la prit.

 

« Je sens que je peux faire cela très aisément. Mon esprit et ma musique me guident je le sais. »

 

Elle raconta son rêve au magicien et celui-ci fut sceptique. Mais il déclara que même si la jeune femme se sentait à l'aise avec cette façon d'user de la magie, il fallait qu'elle soit en sa présence pour refaire ce geste. Mel fronça les sourcils.

 

« Gandalf, je viens de découvrir cette magie et ce lien avec la nature, je le sens de plus en plus souvent. Je vous demande juste de m'aider. Pas de me ménager. »

« Vous avez un sale caractère qui ressort on dirait. Mais bon. Soit. A présent commencez par sentir le flux des énergies autour de vous. »

 

Meleth croisa ses jambes en position de tailleur, elle mit ses mains sur ses genoux et contrôla sa respiration. Elle vit d'abord sa poitrine se soulever de moins en moins vite, car sa respiration ralentissait à mesure qu'elle se contrôlait. Puis elle regarda le ciel, des oiseaux volaient joyeusement en effectuant de belles arabesques dans le ciel. Elle fut hypnotisée et parvint alors à son niveau d'extrême méditation. Alors elle l'entendit, son autre elle.

 

« Laisse-toi encore plus aller. Le magicien dit ses mêmes mots, mais il n'est pas tout à fait comme toi. Car toi, tu es né de la nature. Tu n'es pas sa fille, mais tu es sa chair. Tu n'es pas son sang, tu es sa lave. Tu n'es pas ses yeux, tu es sa forêt. Tu n'es pas sa peau, tu es son sable. Tu n'es pas sa voix, tu es son océan. Tu n'es pas ses esprits, tu es son essence vitale. Tu es la planète, tous les êtres vivants ou non-vivants, terrestres ou non terrestres, à plume ou à poils ou à écaille ou autre aspect. Tu es le tout. Répète cela et tu comprendras.»

 

L'humaine se répéta ses phrases tout en regardant ce qu'ils l'entouraient, du magicien se tenant devant elle avec un air de ravissement sur son visage, du semi-homme tout étonné, aux bois autour d'elle, aux oiseaux dans le ciel bleu et elle vit. Et comprit. Elle voyait l'aura. Elle voyait les esprits des êtres vivants qui entouraient leur corps à la manière de son ruban de rêve qui avait enlacé le sien.

 

« L'esprit et le corps ne font qu'un ? »

 

Pour répondre à cette question, elle vit, au loin, une aura rouge, et non bleutée ou verte ou jaune suivant qu'elle voyait des arbres, des oiseux ou des insectes. Il s'agissait d'un renard. Elle le voyait très bien avec cette couleur flamboyante. Elle en déduisit qu'il s'agissait de la chaleur du sang ou du fluide vitale qui donnait aux auras leur couleur. Mais elle se trompa quand elle vit l'aura bleue d'une souris passer de bleu à blanc.

 

« Les émotions. J'ai compris. »

 

Elle vit le renard sauter d'un bond rapide et souple sur le rongeur et elle le vit croquer son cou. A cet instant Meleth vit avec douleur l'aura de la souris se briser en millier de pétale, ou d'étoile : elle ne sut pas comment définir ce spectacle. Le corps de la souris, au moment même où l'aura se brisa, se raidit et ne bougea plus. Les restes de pétales s'envolèrent et disparurent.

 

« L'âme dirige le corps mais quand l'âme se brise le corps n'a plus le lien avec la terre. Donc il n'a plus de raison de rester en vie et il meurt. Est-ce que cela m'arriverait si lors d'un voyage astral je ne pouvais retourner dans mon corps ? »« Non, car dans notre cas, nous pouvons fusionner. Et même si tu restes longtemps, des siècles hors du corps, le nôtre peut survivre car notre fusion crée un fil d'Ariane entre lui et nous. Et si notre corps meurt, notre âme peut survivre à la condition qu'un objet magique et pure puisse accueillir une partie de notre être. Ainsi nous resterions éternellement présente mais sans pouvoir bouger. »« C'est ce qui s'est passé ? »« Non, car ce corps que tu as n'a jamais disparut. Il a juste été endormi. Et si, comme je lis ta question, tu préfères mourir, alors il faudra que tu uses d'enchantement puissant, capable de fatiguer notre corps et de le faire mourir. »« C'est possible ? »« Oui, car notre magie c'est l'utilisation de la nature et des auras. Notre aura. Notre corps est un vecteur d'énergie qui contrôlera notre âme. En plus la magie sera puissante, en plus la source de vie du corps sera réduite…. »« …et atteindra la mort. »

 

Mel comprit enfin ce qu'était son âme et son corps. Elle puisa en elle et demanda à sa mélodie intérieure de devenir plus forte encore. La harpe fit vibrer son cœur et son sang. Elle sentie l'autre conscience caresser chacun de ses membres, non, elle la sentie entrer dans ses membres, de la pointe de ses pieds jusqu'à l'extrémité de ses cheveux. Elle la vit à travers ses yeux, une aura blanche comme la neige mais avec une pointe dorée. Elle vit aussi, en mettant ses mains devant ses yeux, son aura, bleue verte « avaler », oui en quelque sorte, la blanche-dorée. Elle vit sa propre aura devenir d'un bleu beaucoup plus clair, cyan avec une pointe rosée. Elle entendit enfin les derniers mots de son autre elle avant de s'évanouir car la magie naquit en elle avec violence.

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