Parmi mon peuple

Chapitre 3 : De cette rencontre naquit un tout autre voyage...

5080 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 10:46

 

 

     Après cette fâcheuse nuit où elle avait bien failli finir engloutie, Amerys relâcha toute la tension présente dans ses muscles raidis par la peur. Elle ferma les yeux un instant et profita de la pâle lueur de l’aurore. Le soleil commençait à dorer le ciel et les oiseaux chantonnaient de bonheur, si loin des tracas des hommes. Un petit vent souffla alors, faisant bruisser les arbres verts de jade autour d’elle, telle une ode à la nature. Un instant de paix qui lui insuffla le plus grand apaisement.

 

    Alors qu’elle humait la fraîcheur du matin elle entendit le vacarme des nains s’affairant autour d’elle, remettant alors leurs vêtements dans des grognements et des rires, quand tout d’un coup le petit homme qui avait entourloupé les trolls se présenta à elle d’un pas incertain.

 

─    « Allez-vous bien ? » demanda-t-il de sa voix rassurante et son petit sourire en coin.

 

    Amerys en profita pour le détailler de plus près. Il était d’une taille extrêmement petite, n’atteignant même pas le mètre vingt. Il avait l’œil vif et intelligent et semblait d’une patience sans égale. Ses cheveux châtains ondulaient sous des reflets dorés, laissant dévoiler de grandes et larges oreilles pointues. Son pantalon court laissait apercevoir des pieds grands, gros et poilus qui étaient dénués de chaussures. Son accoutrement ressemblait à celui d’un gentilhomme de bonne famille. Avec sa chemise blanche, son veston vert serti de boutons doré et sa veste en velours bordeaux il était à l’opposé de ce que dégageaient ses amis nains. Elle fut rassurée qu’il fasse le premier pas car elle se sentait étrangère au milieu de tous ces êtres masculins. Ce petit cambrihobbit lui inspira immédiatement bienveillance et gentillesse.

 

─    « Grâce à vous et vos amis ici présents je vais parfaitement bien, je vous en remercie infiniment. J’ai vraiment cru vivre mes dernières heures en ce monde, répondit poliment la jeune demi-naine. J’étais sur la route quand dans mon sommeil cette vile créature m’a attrapée et emmenée ici.

 

─     Nous avons également été surpris quand ils ont enlevé nos poneys, ce qui était bien évidemment très embêtant pour nous. »

 

    Il eut un léger tic facial, étirant par là un sourire à Amerys, avant qu’il ne rajoute en toute politesse:

 

─    « Je m’appelle Bilbon Sacquet, je viens de la Comté et je voyage ici avec… avec des amis. »

 

    Il tendit la main pour serrer la sienne en guise de présentation et c’est tout naturellement que la jeune femme répondit en serrant sa petite main chaude.

 

─    « Moi c’est Amerys, je viens d’un village non loin d’ici. J’étais également en voyage. Enchantée de faire votre connaissance Bilbon Sacquet. Ce fut un plaisir de parler cuisine avec vous en compagnie de bons et joyeux trolls. Alors comme ça vous êtes un cambrihobbit ? Je ne connaissais pas l’existence d’un tel être en Terres de Milieu.

 

─    Haha non je ne suis pas un cambrihobbit, contesta-t-il. Je suis un simple hobbit ou semi-homme selon le nom que vous préférez.

 

─    Oh je suis confuse ! s’excusa la jeune Amerys. Oui je me rappelle… Comment ai-je pu oublier l’existence des semi-hommes, je suis vraiment idiote, pardonnez-moi. Tellement effrayée que je fus par les trolls, j’ai omis de faire le rapprochement… En tout cas je suis heureuse d’en rencontrer un ! Ohlala vous devez me prendre pour une stupide jeune femme… »

 

 

 

    Il éclata d’un rire sincère devant la maladresse de son interlocutrice mais son visage s’assombrit quand l’un des nains s’approcha vers elle d’une démarche assurée. Il était plutôt grand pour un nain, ses traits, encadrés par une barbe épaisse et noire, étaient fins et ses yeux d’un bleu glacial la transpercèrent instantanément. Il portait longs ses cheveux noirs de jais d’où dépassaient quelques jeunes mèches grises, démontrant ainsi une certaine maturité. Deux longues tresses reposant sur ses tempes et serties de jolies perles d’acier se balançaient en harmonie avec ses pas. Ses vêtements faits d’un cuir noir de qualité et de tissu bleu étaient ornés de motifs symétriques propres à son peuple. C’était un nain dans toute sa splendeur. Amerys devina immédiatement que c’était un personnage important, il émanait de lui une autorité naturelle ainsi qu’une aura mystérieuse et intrigante. On avait envie de le respecter et de le craindre en même temps. Quand il parvint à sa hauteur, Amerys constata avec stupeur qu’il faisait sa taille et plongeant ses yeux glaciaires dans les siens c’est d’une belle voix aussi grave que profonde qu’il tonna :

 

─    « Qui êtes-vous et que faites-vous seule dans ces bois ?

 

─    Je…je... bégaya la jeune demi-naine intimidée par autant de prestance. »

 

    Elle jeta alors un regard anxieux autour d’elle et constat que tous sans exception avaient posés leur yeux sur eux et s’étaient même approchés de plus près, tendant l’oreille de curiosité, notamment le grand et vieux magicien vêtu de sa longue robe grise et affublé d’une longue barbe de la même couleur. Appuyé sur son grand bâton de bois il avait les yeux rivés sur elle et son œil malin semblait voir à travers son âme.

 

─    « Voici Amerys, relaya Bilbon, voyant la jeune demi-naine en difficulté. Elle était en voyage quand le troll l’a enlevée. »

 

Le nain la regarda d’un air suspicieux et intrigué à la fois.

 

─    « Ah oui… Et où vous rendez-vous si cela n’est pas indiscret ?

 

─    J’ai quitté mon village ce matin, c’est un voyage sans retour que je m’apprête à faire.

 

─    Intéressant…, souffla-t-il alors que ses yeux se posèrent sur son poitrail, examinant quelque chose qui avait semble-t-il égayé son intérêt. Où vous rendez-vous ?

 

─    Je me dirige vers les Montagnes Bleues, avoua-t-elle alors hésitante. »

 

Un sourire discret naquit alors sur ses lèvres avant qu’il n’enchaine :

 

─    « Pourquoi une humaine se rendrait-elle dans les Montagnes Bleues ? Surtout s’il s’agit d’un voyage sans retour comme vous dites. Cela m’intrigue, dites-m’en plus. Ce collier à votre cou… Où l’avez-vous eu ? L’auriez-vous volé…? Je n’ai encore jamais vu une humaine porter un bijou si soigneusement confectionné par un nain dans les motifs de son peuple… »

 

    Amerys eu un mouvement de recul face à cette accusation effrontée et posa sa délicate main sur son précieux collier. Comment osait-il l’insulter de voleuse ?!

 

─    « Je ne vous permets pas Monsieur ! Je ne suis pas une voleuse, ce bijou est mien. Votre accusation est blessante et j’ignore en quoi mon chemin vers la cité naine vous regarde.

 

─    Thorïn, souffla Bilbon, vous y allez un peu fort dans cette accusation. Nous ne la connaissons pas et vous vous permettez de la juger. Reprenez-vos esprits et soyez poli.

 

─    Le hobbit a tout à fait raison Thorïn, lança alors le magicien qui s’avançait d’un pas rapide. »

 

    Il s’approcha à son tour d’Amerys et d’une courbette s’inclina poliment devant elle.

 

─    « Veuillez excuser Thorïn Ecu-de-Chêne qui a oublié la politesse qu’il se doit d’avoir envers la gente féminine. Les nains sont beaucoup trop méfiants et devraient parfois se rappeler des bonnes manières, surtout en présence d’une dame. »

 

    Thorïn Ecu-de Chêne… Ce nom… Son père l’avait évoqué tant de fois. Elle avait donc devant elle le descendant de la lignée de Durin. Il était le roi du royaume d’Erebor jadis perdu mais aussi le seigneur des Montagnes Bleues, là où elle se rendait. Voilà pourquoi sa curiosité était piquée au si haut point. Il cherchait à savoir qui voulait pénétrer dans sa montagne et parmi son peuple qu’il protégeait et chérissait tant.

 

─    « Je me présente, je m’appelle Gandalf le Gris, continua formellement le vieil homme. Voici une rencontre surprenante… Une jeune humaine... mais aussi une naine. Un mélange rare mais non moins étonnant coule dans vos veines. Je suis enchanté de faire votre rencontre. »

 

    Aux affirmations du vieillard, les nains écarquillèrent les yeux, étonnés, puis des murmures s’élevèrent parmi l’assemblée. Thorïn Ecu-de-Chêne la regarda troublé et perplexe.

 

─    « Comment est-ce possible ? grommela-t-il. Depuis quand les nains se mélangent aux hommes ? Gandalf vous vous êtes sûrement trompé.

 

─    Non il dit vrai, affirma Amerys, prenant son courage à deux mains pour affronter ce nain soupçonneux. Je suis fille d’Aenor de la ville de Dale et de Daraïn Forgefer, forgeron du royaume d’Erebor. Je suis née de cela il y a cinquante-six ans ici même sur ces terres, dans un village d’hommes, j’ai grandi parmi eux et aujourd’hui je m’en vais rejoindre le peuple de mon père, le peuple auquel je souhaite appartenir car il n’y a plus d’avenir pour moi chez les hommes. »

 

 

    L’affirmation sur ses origines et ses aspirations personnelles laissa pantois tous les nains, qui bouches ouvertes, auraient pu gober les mouches. Quant à Thorïn, il sembla offusqué par cette découverte et presque même dégoûté.

 

─    « J’ai bien connu Daraïn du temps où mon grand-père régnait. Je croyais le nain mort dans la montagne parmi les siens. Jamais je n’aurais pensé que ce félon encore en vie batifolait avec une simple humaine, tandis que tous ses amis le croyaient disparu dans le feu du dragon. Il porte la honte sur notre race.

 

─     Je ne vous permets pas de parler de mes parents tels quels ! Ni de moi-même d’ailleurs et surtout pas de mon aimé et défunt père. N’avez-vous donc aucun respect Thorïn fils de Thraïn ? Seraient-ce donc là les dignes paroles d’un seigneur des montagnes ? »

 

 

    Amerys sentit son cœur se fissurer de douleur, percutée de plein fouet par les insultes de ce roi dédaigneux qui la prenait de haut comme si elle n’était qu’une erreur de la nature. Elle qui avait espéré un accueil joyeux de la part des nains. Elle pensait qu’avoir du sang de cette race ferait d’elle la bienvenue. Elle s’était fourvoyée en croyant qu’elle aurait été accueillie à bras ouverts. Force était de constater qu’elle n’avait apparemment ni sa place chez les hommes ni chez les nains… Ce rejet fut terrible. Mais alors que les larmes lui montèrent aux yeux le petit nain âgé et à la belle et longue barbe blanche s’avança vers elle à son tour, essayant de calmer les ardeurs de son ami. Il avait de petits yeux malins et pétillants, de même que son aura reflétait la sagesse de quelqu’un qui a vécu de longues années. Son gros nez aquilin lui donnait par ailleurs un air doux. Parée d’une longue tunique rouge ornementée des mêmes motifs que son roi et d’une grande veste de la même couleur il regarda la jeune demi-naine avec beaucoup d’égards et d’amicalité.

 

 

─    « Ma chère amie, commença-t-il en prenant dans ses mains celles de la voyageuse. Je suis heureux de rencontrer une personne telle que vous et je puis vous assurer que je vous offre toutes mes amitiés les plus sincères. Vous avez su nous aider cette nuit et je vous en remercie. Daraïn était un admirable nain pour qui j’avais une grande affection. Comment pourrais-je donc ne pas me soucier de sa fille, naine ou demi-naine, qu’importe, cela m’est égal. Votre cœur semble balancer pour vos ancêtres des montagnes et c’est ce qui compte à mes yeux.

 

─     Ce sont de sages paroles Balïn, reconnu Gandalf. Thorïn cessez de jouer au puritain, cette jeune femme n’est pas la première demi-naine à naître en cet âge et ne sera certainement pas la dernière, ouvrez les yeux et arrêtez vos jérémiades de défenseur de la race. Le monde est vaste et vous ne pouvez contrôler les sentiments des vôtres. J’ai vécu assez longtemps pour parcourir les Terres du Milieu et rencontrer toutes sortes de choses et de gens, mais aucun ne fut plus indigné que vous sur la situation qui se présente sous vos yeux en ce jour. Ayez l’esprit plus ouvert. Cette jeune femme est, si j’en crois son histoire, simplement à la recherche de ses racines et elle a tourné son regard vers le peuple nain, votre peuple, j’en serai honoré à votre place. »

 

 

    Pour la première fois depuis le début de cette conversation, le chef de cette compagnie sembla fort gêné tandis que des exclamations retentirent derrière eux en signe de soutien à la réprimande du magicien. Elle vit également Bilbon le hobbit adresser au vieillard un sourire ravi et un clin d’œil approbateur.

 

─    « Que voulez-vous donc que je fasse ? questionna alors le chef de ce groupe.

 

─    Il est évident que nous ne pouvons pas laisser cette demoiselle seule sur le chemin, c’est trop dangereux, expliqua Balïn. Invitons-là à se joindre à nous et nous aviserons au moment opportun. Peut-être fera-t-elle ses preuves et nous étonnera.

 

─    Mais elle se dirige à l’opposé de notre route, fit pertinemment remarquer le roi. Notre chemin se sépare ici, elle va vers l’Ouest et nous vers l’Est, fin de l’histoire.

 

─    Peut-être pourrait-elle nous accompagner… dans les Monts de Fer, insista Balïn dans un regard lourd de soupçon à son chef. Les Montagnes Bleues ou les Monts de Fer quelle importance ! Cela reste une montagne de nains et c’est ce dont est en quête notre amie ici n’est-ce pas ?

 

─    Eh bien… réfléchit alors Amerys. Mon père m’a beaucoup parlé des Monts de Fer en effet, c’est une proposition tentante sans vous le cacher. Je m’étais portée sur les Montagnes Bleues par proximité. Mais l’idée de voyager à travers les Terres du Milieu et accompagnée de surcroît est une alléchante opportunité. Pouvez-vous m’assurer que je serais bien accueillie là-bas ?

 

─    Sans nul doute ma chère ! Je vous en fais la promesse, affirma le petit nain. »

 

 

    Thorïn sembla également évaluer la proposition de son conseiller, pesant probablement le pour et le contre mais devant l’enthousiasme général de sa compagnie il dû s’avouer vaincu et accorda à Amerys le droit de voyager avec eux.    La jeune voyageuse sentit un souffle de chaleur envahir son corps, la compagnie semblait conviviale malgré leur chef bougon et insultant. Elle remercia le petit nain du nom de Balïn pour son soutien et fit de même auprès de Gandalf le Gris. Se rendre dans les Monts de Fer lui plaisait autant que de se rendre dans les Montagnes Bleues et c’est avec le cœur plus léger qu’elle s’activa au milieu de cette compagnie, motivée par la longue marche qui l’attendait à travers les Terres du Milieu et qui elle l’espérait, lui offrirait de quoi rassasier ses jeunes yeux de beaux paysages aux milles couleurs.

 

 

    Evaluant que les trolls avaient probablement une caverne les membres de cette compagnie voulurent la trouver pour y jeter un coup d’œil mais avant cela il fallait récupérer toutes leurs affaires laissées derrière, ainsi que leurs poneys. Amerys les prévint qu’elle devait elle aussi retourner sur ses pas (enfin plutôt ceux du troll qui s’était fait un plaisir de la transporter jusqu’ici contre son gré) pour récupérer son paquetage et sa jument. C’est alors que le nain qui l’avait rattrapée en pleine chute se proposa de l’accompagner, ce qu’elle ne refusa évidemment pas, une aide serait la bienvenue.    Il était légèrement plus petit que son chef mais n’était pas non moins fort. Son visage était jeune et arborait une forme assez arrondie sur lequel reposait une barbe blonde où deux petites tresses ornées de perles d’argent tombaient près de la commissure de ses lèvres. Ses yeux bleus étaient clairs et doux et son regard un tantinet rieur. Sa longue masse de chevelure blonde comme les blés étaient rabattus en arrière par un fin tressage pour dégager son visage, laissant de même apparaître sur ses tempes deux grosses tresses de chaque côté ornées elles aussi de jolies perles. Sa tenue brune sertie de fourrure dorée quant à elle lui donnait l’air d’un voyageur hors pair et les motifs et ornements de sa veste, sa ceinture et ses bottes semblaient avoir été fait avec minutie. Il lui confia s’appeler Fili et prétendit être le frère du plus jeune nain, kili.

 

    Ils déambulèrent ainsi parmi les arbres et les futaies à la recherche de son campement et de Plumerette quand Amerys se souvint qu’elle devait lui adresser ses remerciements.

 

─    « De rien, je n’allais tout de même pas vous laissez chuter de plusieurs mètres. J’étais là au bon endroit au bon moment, sourit-il de toutes ses dents. Vous savez, vous n’avez rien à craindre de moi ni des autres d’ailleurs. Mon oncle… Thorïn est parfois d’une méfiance étonnante mais c’est une belle personne malgré tout, je puis vous l’assurer. Je suis sûre qu’il changera d’avis à votre égard et je suis moi-même persuadé que vous êtes quelqu’un de bien, demi-naine ou pas.

 

─    Il est votre oncle ?! s’exclama de surprise la jeune voyageuse. Vous êtes un descendant de Durin alors…

 

─    En effet mais je suis avant tout un guerrier ! affirma-t-il d’une voix fière en bombant un torse déjà bien fort. »

 

    La jeune femme sourit devant cet esprit fier et combatif.

 

─    « Je n’en doute pas. Oh Plumerette ! »    C’est ainsi qu’elle vit sa belle jument couleur baie pâturer une herbe fraîche et verte à deux pas de son campement de nuit. Elle s’approcha doucement et agrippa le harnais de sa compagne de voyage pour l’attirer à elle. Docile, Plumerette se laissa faire. Elle fut heureuse de retrouver sa  monture saine et sauve et ceci fait elle entreprit de récupérer ses affaires. Tout était resté en ordre et elle fut rassurée de trouver sa sacoche de plantes médicinales et d’ustensiles pour soigner les plaies qui lui seraient fort utiles durant ce long voyage. En effet, sa mère lui avait transmis son savoir avec passion et elle se débrouillait plutôt bien pour soigner les blessures et les petits maux. De même, elle retrouva son épée par la même occasion et en fut soulagée.

 

─    « C’est une très belle lame. Puis-je ? demanda alors Fili.

 

─    Avec plaisir, répondit-elle en tendant son arme au jeune nain.

 

─    Quelle légèreté ! Et ces motifs ! Ils sont magnifiques... Où avez-vous eu cette épée ? demanda-t-il émerveillé comme s’il avait vu la plus belle chose en ce monde. »

 

    Son épée, ornée d’un filigrane en argent sur la poignée, resplendissait sous le reflet du soleil et avait indéniablement attiré l’œil aguerri du jeune prince. Elle en fut flattée, non pas pour elle mais pour le travail acharné de son paternel.

 

─    « Elle fut forgée par mon père il y a de cela quelques années maintenant. Elle a été faite spécialement pour moi.

 

─    Quelle beauté ! J’en serais presque jaloux, avoua-t-il sourcil levé. »

 

    La jeune Amerys laissa exprimer un rire sincère devant l’amour incontesté du nain pour les armes de guerre. Ce moment de complicité lui produisit le plus grand bien. Fili l’aida ensuite à remettre ses affaires en ordre et c’est guilleret qu’elle regagna la compagnie de Thorïn Ecu-de-Chêne au côté de son jeune neveu.

 

                                                                                                                                       *

 

 

    La caverne des trolls se trouvait à flanc de montagne non loin de là, dans un endroit caché derrière de grands arbres. Le trou béant était d’une largeur incroyable et semblait d’une profondeur terrifiante. On pouvait y apercevoir des babioles sales et cramoisies, quant à l’odeur qui s’en échappait elle était répugnante à souhait. Il était hors de question d’y mettre un seul pied dedans au risque d’attraper une sale maladie. Préférant attendre que les autres s’y rendent sans sa petite personne, elle se posa sur un rocher et médita sa situation nouvelle.    C’est alors que Fili vint lui présenter son jeune frère avec enthousiasme. Il était ce qu’on pourrait dire, à l’opposé de son grand frère. Grand et svelte, ses longs cheveux bruns dansaient au gré de la brise. Son nez était fin et la force de ses yeux marron traduisait un caractère bien trempé. A l’inverse des autres nains, sa barbe était peu épaisse et s’il n’avait pas été de petite taille on l’aurait confondu avec un homme. Tout comme son frère il avait l’œil rieur de quelqu’un d’insouciant et qui n’a cure des dangers. Son long manteau brun couvrait une bonne partie de son corps laissant entrapercevoir partiellement une tunique bleue et des ceintures ornementales ici et là.

 

─    « Amerys c’est ça ?! lança-t-il joyeux. Ravi de vous rencontrer. Jamais nous nous serions attendu à rencontrer une personne telle que vous sur le chemin. C’est une joie que vous nous accompagnez à Er… dans les Monts de Fer.

 

─    Le plaisir est pour moi, » dit-elle dans une sincérité partagée et omettant le lapsus qui avait semble-t-il failli sortir de sa bouche.

 

 

    Ces deux frères avaient réussi dans un exploit sans commune mesure à la mettre à l’aise, peut-être car ils étaient jeunes eux aussi et que le courant passait naturellement. Elle comprit alors très vite que les neveux de Thorïn Ecu-de-Chêne n’étaient fait que d’enthousiasme et de bonnes intentions. Les plaisanteries fusaient de toutes parts sur tout et rien à la fois mais la jeune demi-naine qui jusqu’à présent riait timidement à leurs boutades, porta un rire éclatant qui attira l’attention de tous les nains présents alentours. Gênée elle baissa la tête tout en gardant un sourire en coin, quand soudain ils virent Gandalf et des compagnons sortir de la grotte des trolls, avec des trouvailles.

 

    Mais alors que le groupe s’activait de retour pour le départ, un bruit attira leur attention vers un buisson, les nains alertés et sur le qui-vive firent railler leurs épées jusque-là en repos dans leurs fourreaux, prêts à se défendre si quiconque s’en prenait encore à eux… A quoi allaient-ils encore devoir faire face… ? 

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