Le commencement

Chapitre 2 : Des tensions dans le bloc.

16520 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/07/2021 12:28

Chapitre 2 : Des tensions dans le Bloc




Cinq ans plus tard.




Le bruit des portes du Bloc qui s’ouvrent dans un long grincement métallique me tire de mon sommeil, et, chose assez rare pour moi, je me réveille après le départ des Coureurs. Sans doute à cause du rêve étrange que j’ai fait cette nuit, qui m’a tenu profondément endormi… Cela fait longtemps que je n’ai pas pensé à mon premier jour, à ce premier mois passé ici… Et depuis, tant de choses ont changé. Aujourd’hui, avec Alby, nous vivons au sein d’une communauté d’une cinquantaine de garçons. Nous sommes plutôt soudés et avons trouvé un fonctionnement qui nous permet de survivre dans de “bonnes” conditions. Chaque mois depuis cinq ans, un petit nouveau arrive par la boîte métallique avec des vivres. C’est toujours un moment important : accueillir un nouveau Blocard permet de rompre un peu la monotonie, mais aussi d’oublier ceux qui ne sont plus là… Car, au fil des années, nous avons perdu une dizaine de Blocards. Certains ont disparu dans le labyrinthe, probablement dévorés par les Griffeurs, d’autres ont craqué face à l’oppression et aux conditions de vie difficiles que nous subissons. Même si nous avons largement amélioré le Bloc, le choc reste intense pour les nouveaux qui arrivent, perdus au milieu d’inconnus et de souvenirs absents. Certains restent psychologiquement fragiles et peuvent, à tout moment, basculer : partir se tuer dans le labyrinthe ou s’en prendre à un autre Blocard… Cela nous est déjà arrivé.

C’est pour ça qu’avec Alby, nous veillons constamment à ce qu’aucun conflit ne dégénère. Après tout, nous sommes les deux premiers arrivants au Bloc. Depuis cinq ans et deux mois, nous avons gagné en expérience, en résistance, en maturité. Alby, lui, est devenu le Maton* du Bloc. Il est respecté pour sa rigueur, sa connaissance du labyrinthe et sa capacité à gérer les situations extrêmes. Mais il est aussi très strict et autoritaire. Avec tous ces tempéraments forts à gérer, il doit s’imposer pour maintenir la discipline et faire tourner le Bloc correctement. Et depuis quelque temps, je remarque chez lui des changements subtils : son autorité va parfois jusqu’à la possessivité envers moi. Il tient à ce que je sois toujours à ses côtés, impliqué dans tout ce qui concerne le Bloc, et il réagit presque mal lorsqu’il sent que je m’éloigne ou que je m’occupe d’un autre Blocard… Il n’apprécie particulièrement pas Minho, le chef des Coureurs, de qui je suis très proche, et cela crée parfois de petites tensions entre nous… 

Quant à moi, je suis devenu son second. Un Maton plus doux, plus à l’écoute. Beaucoup de Blocards viennent se confier à moi quand ils ont un problème, car je tente toujours d’apaiser la situation, de comprendre et de conseiller avec patience. Contrairement à Alby, je ne hausse jamais la voix, je n’impose jamais ma force… Et pourtant, nous formons un duo efficace. Nous avons des méthodes différentes, mais complémentaires.


Ce matin, pendant qu’Alby s’occupe du petit nouveau qu’on a enfermé au Gnouf*, le temps qu’il se calme, et surtout pour éviter qu’il nous fasse un sprint paniqué dans le labyrinthe, je traverse le Bloc en me frottant encore les yeux. L’air est froid, légèrement humide, et mes pas soulèvent la poussière sèche du sol. C’est mon rôle : passer dans tous les corps de métier, rencontrer chaque Maton et refaire le point sur le travail de leurs Blocards. Comme chaque début de mois. Une routine essentielle pour que tout tienne debout. Ici, notre devise est simple : Tu fais ton boulot. Pas par cruauté… mais parce que l’oisiveté tue plus vite que les Griffeurs. L’esprit, s’il tourne trop dans le vide, finit par s’effondrer. Et dans un endroit comme celui‑ci, la chute mentale peut être mortelle... Je sens sur mes épaules le poids de cette responsabilité. Une tension sourde dans la nuque, une fatigue que je traîne depuis des années mais que je n’ai pas le droit de laisser tomber. Je dois tenir pour eux. Pour tous…

Alors, si je découvre qu’un gars ne fait pas correctement son boulot, ou qu’il fout le bordel dans son groupe, ou encore qu’il s’en prend à un autre Blocard, il sera sanctionné. Seuls Alby et moi avons l’autorité pour envoyer quelqu’un devant le conseil des Matons. Là‑bas, il peut recevoir une sanction de second ordre, un simple avertissement. Trois avertissements… et c’est une nuit au Gnouf. Ou alors une sanction de premier ordre, plus lourde, avec plusieurs jours d’enfermement. Et si vraiment le Blocard dépasse les bornes… alors on passe à la pire sanction : l’exclusion.

On bannit le gars dans le labyrinthe. Ce qui revient à le tuer. Heureusement, on va rarement jusque‑là. Et, sans me vanter, j’arrive souvent à calmer les choses avant que tout explose. À écouter. À comprendre. À parler avec douceur. Les Blocards m’apprécient pour ça, même ceux qui ont un caractère compliqué… comme Gally. Mon objectif a toujours été le même : faire en sorte que tout le monde se sente le moins mal possible ici. Atténuer cette douleur invisible qui ronge, cette angoisse constante qui nous colle à la peau...

Après m’être préparé et avoir englouti mon petit déjeuner, un pain trop sec, une bouillie fade, mais assez pour me tenir debout, je commence ma tournée des Matons par les cuistots. Je marche vers le réfectoire. L’odeur de graisse chaude flotte encore dans l’air malgré l’heure matinale, mêlée à l’humidité métallique des murs. Mes doigts tremblent légèrement. Mauvais signe : mon corps m’avertit que quelque chose cloche aujourd’hui. Peut‑être ce nouveau. Peut‑être juste… la fatigue accumulée…

Frypan de son vrai nom Toby, le Maton des cuistots, que tout le monde surnomme Fry, m’attend sûrement à l’intérieur. J’ai entendu dire qu’un incident a éclaté hier soir en cuisine. Fry se serait mis en colère contre un Blocard qui n’aurait pas respecté ses règles. Et si Fry se met en colère, lui qui est un grand calme, toujours souriant et d’une patience presque irréelle… alors le Blocard a vraiment, vraiment exagéré. J’inspire profondément avant de pousser la porte du réfectoire. La journée commence à peine, et déjà mes épaules se crispent… 

  • Salut Fry ! lance-je en direction du grand Black, occupé à récurer une marmite énorme, la mousse lui coulant jusqu’aux coudes.
  • Oh ! Newt… ça roule ? Me sourit-il de toutes ses dents. J’suppose que tu fais ton tour habituel de début de mois ? devine-t-il sans mal.
  • Et oui, comme toujours, souris-je en venant m’asseoir au bar, face à lui.
  • Hé hé ! T’as d’la chance de pouvoir te balader ! Moi, je suis coincé avec cette satanée marmite… grogne-t-il en frottant encore plus fort.
  • Je ne me balade pas, j’enquête, le rectifie-je. Et tu vas gentiment me répondre, hein Frypan ? dis-je en levant un doigt pour lui attraper délicatement le menton et détourner son visage de sa besogne.

Il lâche aussitôt sa marmite, un peu trop vite même.

  • Bah ouais, bien sûr. Mais pour ce mois-ci, j’ai rien à dire, sourit-il faiblement, espérant sans doute que je le crois sur parole…

Mais il me tourne déjà le dos pour ranger de la vaisselle. Classique chez Fry : dès qu’il faut balancer quelqu’un, il panique. Ça fait des années qu’il déteste “la délation”, comme il dit. Mais on est cinquante dans un carré d’herbe coupé du monde, alors oui, les règles comptent. Et il le sait. Je quitte donc le bar pour le rejoindre, et insiste :

  • Tu es sûr ? Tu n’as vraiment rien à dire ?
  • Bah ouais ! La routine ! esquive-t-il encore, prenant des bols qu’il va poser sur une étagère… loin de moi.

Évidemment, je le suis. Et cette fois, pour couper court, je saisis doucement sa main et pose l’autre sur son torse pour l’arrêter net.

  • Fry… On est amis depuis quatre ans. Je sais quand tu mens.

Il se crispe d’un coup. Mes doigts sur son torse semblent l’électriser, il déglutit, intimidé, puis se reprend en m’attrapant la main et me repoussant avec douceur jusqu’au mur.

  • J’oserais jamais te mentir, dit-il avec un sourire malicieux. Et tu devrais pas en profiter pour me tripoter, hé hé. Je grimace légèrement.
  • Ce n’est pas ce que je fais… Mais je sais très bien que tu mens, Fry. J’ai entendu parler de ta colère d’hier soir.

Il reste silencieux un instant, puis lâche un rire nerveux en s’éloignant encore :

  • Ha ha… ouais. J’étais crevé, et j’ai grondé un Blocard qui a cassé une assiette. Mais ça va, t’inquiète. Je soupire, exaspéré :
  • Fry, arrête de mentir. Tu sais très bien qu’avec moi, personne ne risque rien. Et je te connais : tu ne pètes pas un câble pour une assiette.

Je pose une main sur son épaule pour capter son regard. Cette fois, il se retourne d’un coup, me repousse à moitié, jusqu’à ce que mes fesses butent contre le bar.

  • J’te jure que c’est rien… Arrête d’insister, Newt.
  • Bon… soufflé-je, agacé.

Il ne me laisse vraiment pas le choix… Je vais devoir jouer la carte qu’il déteste. Je me dirige vers la sortie, volontairement lent :

  • Très bien. J’en parlerai à Alby.
  • Hein ?! s’étrangle-t-il. Mais non ! Pourquoi tu ferais ça ?!

Il se précipite et m’attrape par le bras, un peu trop brusquement.

  • Bah visiblement, tu me caches un truc important. Et ça t’a mis hors de toi hier, alors non, je ne vais pas laisser tomber comme ça.
  • Mais j’te dis que ça va ! hurle-t-il presque, me tirant encore plus fort, un geste sec, nerveux, qui prouve qu’il est réellement à bout.
  • La preuve que non, dis-je calmement en posant ma main sur la sienne. Tu me fais mal, Fry. Il me lâche aussitôt, hagard.
  • Désolé… souffle-t-il en reculant. Mais… c’est de la délation… j’aime pas ça…

Je m’avance et viens poser ma main sur sa joue, doucement, comme on calme un gamin paniqué.

  • Fry… Regarde dans quel état ça te met. Tu dois m’en parler. Je te promets que je réglerai ça en douceur, d’accord ? Il finit par céder, le souffle court.
  • Bon… ok… mais n’en parle pas à Alby. S’t’plaît.

Un frisson me traverse. Je sais déjà qu’Alby ne va pas aimer ça… Quel que soit ce “ça”.

  • Si je peux régler le problème seul, je le ferai. Promis.

Fry panique, frotte sa nuque, passe une main dans ses cheveux frisés. Son regard fuit, sa respiration se saccade. Il semble vraiment mal à l’aise.

  • C’est… délicat, tu vois…?

Je m’assieds face à lui. Il évite toujours mon regard.

  • Raconte-moi. Tranquille. Il ne t’arrivera rien. Un court silence. Puis il crache enfin le morceau : 
  • C’est Jessy… le dernier cuistot arrivé… murmure-t-il. Je hoche la tête.
  • Et donc… qu’est-ce qu’il a fait ?

Fry avale difficilement sa salive, tortillant ses doigts.

  • J’sais pas comment dire ça… Tu vois... c’est… un sujet tabou… Jessy et moi, bah… On… Fin… On n'a… Bégaye-t-il sans réussir à finir sa phrase. 

Et à ce moment-là, je comprends immédiatement... Son malaise, sa fuite, sa colère. Et surtout ce sous-entendu que tout le monde évite comme la peste ici… Le sexe… Je lui fais signe de continuer :

  • D’accord. J’ai compris. Et donc… ?
  • Bah, depuis ça… Il se prend un peu pour le chef, tu vois ? Il ne fait pas forcément les tâches ingrates et les refourgue aux autres cuistots. Il parle mal… il se plaint tout le temps et ne fait pas correctement son boulot…
  • Et hier soir, ça a craqué, c’est ça ? tente-je de deviner.
  • Bah… pas exactement, souffle mon ami en passant une main sur son visage, l’air agacé. Si je me suis mis en colère hier soir, c’est parce que je l’ai trouvé dans le garde-manger… avec un autre cuistot…
  • Avec un autre cuistot… ? m’étonne-je.
  • Ouais… Ils… enfin, ils faisaient le sujet tabou, tu vois ?
  • Sérieux ? Dans le garde-manger ? Mais c’est dégueulasse… grimace-je dégoûtée.
  • Bah ouais ! Alors je les ai sortis de là par la force et j’ai gueulé ! Au passage, j’ai dit à Jessy que j’étais vraiment pas content de son boulot. Et si l’autre Blocard s’est excusé platement, Jessy lui a tenu tête et m’a dit que si je m’énervais, c’était parce que j’étais jaloux qu’il soit avec un autre Blocard… ce qui est absolument faux ! s’exclame Fry, rouge de colère.
  • Ah ouiii… compliqué comme histoire, en convenais-je en hochant la tête.
  • Bah ouais ! Mais vraiment, je m’en fiche complètement de ce mec ! Je sais même pas ce qui m’a pris… C’était juste… j’avais besoin physiquement, tu vois ? Et il était dispo, du moins il me l’a fait comprendre. Mais si j’avais eu le choix, c’est certainement pas lui que j’aurais pris…
  • T’inquiète Fry, tu n’es pas obligé de te justifier près de moi… souris-je, un peu gêné.
  • Mais je veux pas que tu penses que je suis le genre de mec à être jaloux et à raconter des conneries pour me venger ! ajoute-t-il en essuyant la sueur de son front. Il m’a d’ailleurs dit que si je parlais de “ça” à Alby, il dirait que c’est parce que je suis jaloux et que je cherche à le dénigrer… et tu sais mieux que moi qu’Alby n’aime pas les histoires comme ça…
  • Oui, c’est vrai… Approuve-je pensif. 

Alby n’aime pas qu’il y ait du sexe entre les Blocards, il dit que ça ne fait qu’augmenter les tensions. Et ce n’est pas faux, il y a déjà eu pas mal de conflits qui ont mal tourné… D’ailleurs, Gally est souvent au centre de ce genre d’histoires. On en a tellement vu qu’on appelle ça les « feux de l’amour de Gally ».

  • Ouais… soupire Fry.
  • Mais là, je suis d’accord avec toi, ce n’est pas la même chose. Clairement, Jessy t’a menacé, et ça, je ne peux pas laisser passer. Et en plus, c’est écœurant qu’il fasse ses trucs dans notre garde-manger… Le Bloc n’est peut-être pas immense, mais il y a d’autres endroits pour ça. Je pose ma main sur son épaule pour le rassurer : Écoute, je vais gérer ça. Tu n’as rien à craindre. On ne va pas laisser ce genre de comportement s’installer ici.
  • Ouais… C'est sûr, mais ça va me donner une mauvaise image si il va au conseil… Soupire-t-il, inquiet…
  • En quoi ? Tu crois être le seul à pratiquer le sujet tabou ? As-tu oublié les feux de l'amour de l'année dernière ? Dis-je avec un petit sourire malicieux.
  • Non, hé hé… Mais bon, personne n'en parle alors pas envie d'être affiché… Surtout pour lui… Dit-il tout gêné, jetant un coup d’œil furtif vers la sortie, comme pour s’assurer qu’Alby n’est pas dans les parages.
  • T'en fais pas, je suis sûr que Jessy va se calmer. Et puis, tes histoires ne battront jamais celles de Gally, hihi ! Dis-je un peu moqueur.
  • Hé hé ! Heureusement que je peux compter sur lui alors ! Répond-t-il avec un grand sourire.
  • Oui, approuve-je avant de confirmer : j’irai lui parler demain, histoire de laisser un peu la tension redescendre.
  • Ok, ça me va… Sourit-il, plus détendu avant de demander, un peu curieux : Et toi, le sujet tabou, tu pratiques ?
  • Non mais oh, ça se demande pas ça… Dis-je en tapotant sa joue du bout du doigt.
  • Roh, tu pourrais me dire…? Insiste-t-il un peu, en venant délicatement saisir mon poignet pour me rapprocher de lui.
  • Je n'ai rien à dire, répondis-je, gêné, tout en repoussant sa main.
  • Avec Alby ? Ou Minho ? M'interroge Fry, malicieux.
  • Aucun des deux. Et même si c'était le cas, je ne dirais rien. Bref, je dois poursuivre mon enquête, esquive-je cette conversation gênante.
  • T'es pas drôle ! Moi je me suis confié ! Se plaint-il.
  • Je ne peux pas me confier vu qu'il ne se passe rien, souligne-je, sourire aux lèvres.
  • Ouais ouais…! Doute-t-il en croisant les bras.
  • Je te laisse bosser, à plus tard Fry. Le salue-je d'un signe de main amical.
  • Ouais, à plus Newt, me salue-t-il en retour.

Je quitte le réfectoire, soulagé d’avoir fui cette conversation qui devenait trop gênante pour moi… Je n’ai clairement pas envie de parler de ça… Ce qui se passe entre Minho et moi ne regarde que nous. Pourtant, un poids me serre le cœur: je dois garder notre relation secrète aux yeux d’Alby. Pas envie de le décevoir, surtout qu’il désapprouverait si jamais il savait ce qu’on fait ensemble… 

C'est donc après avoir digéré toutes ces informations que je me dirige vers la grange où travaillent les Bâtisseurs* et Briquetons*, occupés à l'agrandissement de notre étable. Ici, le Maton, c’est Gally. Un grand rouquin baraqué avec un tempérament de feu capable d’exploser pour un rien. Contrairement à Frypan, il n’hésite jamais à réprimander les Blocards dès qu’il remarque la moindre erreur. Très autoritaire, il ne supporte ni la contradiction ni qu’on lui désobéisse, même légèrement. Les tensions dans son groupe sont fréquentes, et parfois même avec d’autres équipes… En bref, Gally est un volcan en permanence prêt à entrer en éruption. Pourtant, malgré son caractère explosif, il est arrivé six mois après moi et fait partie des anciens, ce qui lui permet de garder son titre de Maton. Grâce à lui et à ses méthodes, les Bâtisseurs et Briquetons accomplissent un travail remarquable : dortoirs, cuisine, tables, chaises, lits, douches… tout est fonctionnel grâce à lui. On ne peut que reconnaître son mérite. Moi, personnellement, je n’ai jamais eu à me plaindre de lui. Nous nous entendons plutôt bien… même si, dernièrement, ses explosions de colère commencent à me taper sur le système. En arrivant face au rouquin, je lui adresse un grand sourire pour le saluer, espérant apaiser un peu la tempête qui gronde toujours sous sa surface :

  • Alors Gally, ça va ce matin ? Ça bosse bien ?

Il me jette un regard noir, fronçant les sourcils, et répond déjà sur un ton légèrement bougon, le ton qui précède toujours une explosion :

  • Ça va… mais ça pourrait être mieux.
  • Ah oui ? Joue-je à l’étonner.
  • Ouais, approche, j’ai deux trois choses à te dire. 

Il me saisit par le bras et m’entraîne avec lui, nous éloignant des Bâtisseurs qui travaillent sur le mur de l’étable. Évidemment, je le suis pour écouter ce qu’il a à dire, mais je ne suis pas surpris si sa plainte concerne le petit nouveau arrivé dans les Briquetons le mois dernier. Depuis l’arrivée du pauvre Antoine, Gally n’a de cesse de s’en prendre à lui… Certains disent que c’est parce qu’Antoine lui a mis un vent pour le fameux “Sujet Tabou”. Pour ma part, je pense simplement que Gally ne le supporte pas… Il a ses têtes. Une fois face à face, à l’abri des regards des autres, le rouquin pointe Antoine du doigt avec un ton chargé de colère :

  • Le nouveau qu’Alby m’a collé dans les pattes le mois dernier, c’est une vraie catastrophe…! Ce crétin de Briqueton n’est même pas capable de comprendre un ordre simple !
  • C’est-à-dire ? Demande-je en croisant les bras, cherchant à tempérer un peu la situation.
  • Bah hier, je lui dis de réparer la porte de la grange et, résultat, aujourd’hui, la porte est toujours cassée ! Winston se plaint de moi à Alby à cause de lui ! Je passe pour un incompétent car cet abruti ne m’écoute pas…! S’exclame Gally d’une voix tonitruante, bombant le torse et laissant éclater toute sa frustration.
  • Personne ne pense que tu es incompétent, Gally, souligne-je immédiatement pour tenter de le calmer. Peut-être a-t-il mal compris ce que tu lui as dit.
  • Pff…! Et qu’est-ce qui est dur à comprendre dans “Répare la putain de porte de la grange”, hein…? Même un demeuré pourrait le faire ! Et puis d’ailleurs, il n’y a pas que ça, il passe son temps à contester mes ordres et à lambiner pour faire le moins possible ! Surenchérit-il, rouge de colère, les poings crispés et les veines saillantes sur ses tempes.
  • C’est faux…! S’écrie soudain le petit Antoine, interrompant notre conversation et levant la tête pour faire face à l’imposant Maton.

Et c’est sans se démonter que le gamin haut comme trois pommes vient faire face à l’imposant Maton des bâtisseurs pour plaider sa cause…

  • Vous n’avez pas le droit de dire à Newt que je ne fais rien ici alors que je trime toute la journée…! Gronde-t-il d’une voix forte, attirant l’attention des autres Briquetons. Hier, vous m’avez en effet dit de réparer la porte de la grange mais…!
  • Bah voilà !! Ce crétin confirme devant toi qu’il n’a pas fait son travail ! L’interrompt Gally en haussant encore la voix, rouge comme une braise qu’on attise.
  • Gally, calme-toi s’il te plaît, demande-je d’une voix douce pour tenter d’apaiser les tensions. Puis je me tourne vers Antoine : Vas-y, finis ta phrase, tu allais dire quoi ?
  • J’allais dire qu’hier… commence-t-il avant d’être encore coupé net par Gally.
  • Ça suffit ! T’as pas à ouvrir ta gueule ! crache le rouquin. Newt n’a pas que ça à foutre de t’écouter te plaindre ! Tu ne fais pas ton taf, donc tu dois payer ! Il le pousse du doigt, violent, impatient, brûlant de colère.
  • Gally, arrête…! hausse-je le ton en repoussant sa main. Je veux entendre ce qu’il a à dire. Laisse-le parler ! impose-je, le fixant d’un regard sévère et insistant.
  • Tss…! Très bien…! grogne-t-il en levant les mains d’un geste furieux avant de lancer à Antoine : Bah vas-y, l’asticot, ouvre ta bouche maintenant…!

Antoine ne se démonte pas et reprend aussitôt, la voix forte, les yeux plantés dans les miens :

  • Gally m’a en effet demandé hier de réparer la porte de la grange, et c’est ce que j’ai commencé à faire ! Mais après, il a appelé tout le monde pour venir aider à finir l’agrandissement de l’étable, et il a dit que personne ne partirait tant que ce ne serait pas terminé ! Alors je n’ai pas pu finir la porte…! explique-t-il en posant une main sur son cœur.
  • Pff…! N’importe quoi ! T’es qu’un sale menteur ! s’énerve immédiatement Gally en le saisissant par le colbac, soulevant littéralement le gamin du sol.
  • Oh ! Stop, Gally ! intervenais-je en les séparant, repoussant le rouquin d’un geste ferme.

Le mouvement attire immédiatement tous les Briquetons et les Bâtisseurs qui nous encerclent, créant un cercle de tension et de rumeurs étouffées. Gally fulmine… 

  • Mais tu vas quand même pas le croire, Newt ?! s’égosille-t-il. Je sais ce que je dis et ce que je fais, putain…! C’est qu’un sale menteur de fainéant ! J’exige qu’il soit puni…!
  • Je n’ai rien fait et je ne mens pas…! répond Antoine, la voix vibrante, presque chevrotante sous l’émotion.

Et franchement… je suis face à un dilemme. C’est exactement le genre de Gally : donner des ordres contradictoires, hurler plus fort que sa propre logique, et surtout… ne jamais accepter d’avoir tort. Sûrement pas devant tout son groupe. Et même si je crois Antoine, le pauvre gosse, je n’ai pas d’autre choix que de satisfaire Gally, et donc de le punir. Si je ne le fais pas… Gally lui fera payer, d’une manière ou d’une autre. Ici, les murs n’ont pas besoin d’être hauts pour nous oppresser : les regards suffisent, les hiérarchies, les colères mal digérées…

  • Bon, calmez-vous tous les deux, dis-je en tentant d’apaiser l’air déjà trop lourd. Il n’y a pas mort d’homme. Ce n’est qu’une porte de grange. Et puis tu sais, Gally… il y a sûrement eu une incompréhension entre Antoine et toi. Tu n’es pas obligé de hurler.
  • Facile à dire…! C’est pas à toi qu’on fait les reproches si le boulot n’est pas fait…! s’égosille-t-il encore, rouge de colère.
  • Peut-être. Mais s’énerver ne résout rien, lui rappelé-je.
  • Ouais… ouais… souffle-t-il en levant les yeux au ciel. Et donc ? Tu comptes faire quoi ? Parce qu’en attendant, c’est moi qui dois réparer ses conneries…!

Je me tourne vers Antoine, à contre-cœur, le ventre serré.

  • Antoine… tu passeras devant le prochain conseil. Et tu recevras une punition de second ordre.
  • Quoi ?! Mais c’est pas juste…! s’exclame-t-il, outré.
  • Si, c’est juste, approuve Gally, bras croisés, déjà satisfait de son pouvoir.
  • J’ai rien fait pour mériter ça…! se défend Antoine, la voix qui tremble. Déjà, ses yeux brillent. 

Le Bloc étouffe les faibles plus vite que la chaleur...

  • Ça va aller, tenté-je de le rassurer. Tu ne recevras probablement qu’un avertissement.
  • Je vous emmerde…! lâche-t-il avant de partir en courant, en pleurant, ses pas résonnant contre les murs comme une fuite impossible.

La scène me pèse plus que je ne veux l’admettre. Mais je n’ai pas le choix. Dans ce labyrinthe à ciel ouvert, parfois, punir quelqu’un… c’est le protéger. Je déteste ça… Parfois, j’aimerais qu’Alby remette Gally à sa place… mais ils sont si proches, si soudés, qu’il ne le fera jamais. Ensemble contre le reste du monde…

  • T’as bien fait ! Ce gars-là, c’est un feignant…! Si t’avais été sympa, il aurait jamais compris la leçon, ajoute Gally en posant sa main sur mon épaule. Je repousse sa main d’un geste sec.
  • T’as autre chose à me dire ? demandé-je froidement.
  • Ouais. C’est à propos d’un Torcheur…! lâche-t-il.
  • Ce n’est pas ton groupe, Gally, répondis-je d’un ton coupant.
  • Je sais, mais faut que tu saches que le nouveau, le gamin… Chuck… il passe son temps à discuter avec tout le monde ! Résultat : hier, quand on est arrivés dans les douches, c’était dégueulasse ! Tu dois intervenir !

Décidément… Gally a un don pour s’en prendre aux plus faibles. Chuck n’a que quatorze ans. Arrivé juste avant Antoine. Un gosse bavard, tendre, en quête d’un sourire. Il travaille bien… mais pour Gally, l’excellence est la seule tolérance. Et encore : seulement chez les autres.

  • Ok, j’irai lui parler. Mais Chuck n’a que quatorze ans, tu sais ? Sois un peu magnanime… Ce n’est pas évident pour lui.
  • Ouais, et alors ? J’m’en fous de son âge ! Et toi, t’avais quel âge quand t’es arrivé ? T’as jamais été un tire-au-flanc comme ce gamin…! me lance-t-il. Je serre les dents.
  • La situation était complètement différente. Tu es vraiment trop dur avec les nouveaux, lui reproché-je.
  • N’importe quoi ! Je suis pas dur…! C’est vivre ici qui est dur…!
  • Oui. Et tu n’as pas besoin d’en rajouter en étant cruel et injuste. Tu dois apprendre à contrôler ta colère. Et je te rappelle qu’on ne frappe jamais un Blocard. Alors, que je ne te reprenne plus à attraper Antoine comme tu l’as fait, ou c’est toi qui passera une nuit au Gnouf. C’est clair ?

Je viens de le remettre sèchement à sa place. Devant son groupe. Et le regard surpris de Gally me frappe presque plus que sa colère habituelle. Je suis d’ordinaire l’un de ses rares soutiens… mais ça fait trop longtemps qu’il franchit les limites. Tant pis s’il va se plaindre à Alby. Il le mérite.

  • Mais attends… t’es sérieux ?! s’étrangle Gally, les yeux écarquillés comme si je venais de le trahir.
  • Parfaitement, confirmé-je, les mains sur les hanches, le regard planté dans le sien comme une lame trop longtemps émoussée.

Il inspire brusquement, une colère sèche qui crépite sous sa peau.

  • Allons en discuter plus loin…! impose-t-il en tendant la main pour m’attraper par le bras.

Je la repousse immédiatement. Pas fort. Juste assez pour lui rappeler que je ne suis pas l’un de ses Briquetons qu’il peut trimballer au bout d’une corde invisible.

  • Ça suffit. Je n’ai rien d’autre à ajouter.

Je tourne le dos. Le silence derrière moi est brutal, comme un mur contre lequel on se cogne. Les Briquetons et les Bâtisseurs nous observent sans comprendre, surpris de ce recadrage venant de moi, moi qui d’habitude laisse couler, qui évite les frictions inutiles. En m’éloignant, j’entends Gally fulminer, sa voix grave prête à éclater.

  • Et pas un seul sourire, compris ?! gronde-t-il à ses Blocards avant de s’éloigner à grands pas.

Je devine déjà la suite : il va foncer vers Alby pour se plaindre. Ça m’importe peu. Si Alby me cherche, je saurai lui expliquer. Et j’assumerai mes mots, même s’ils étaient un peu secs. Parfois, la sécheresse, c’est tout ce qu’il reste pour empêcher un incendie.

Je reprends ma tournée dans le Bloc, tentant d’effacer la tension qui colle encore à ma peau. L’air sent le foin humide et la poussière lorsque je pousse la porte de l’étable. Winston, le Maton des Trancheurs, relève la tête en m’entendant arriver.

Il est là, mince, plus grand que moi, silhouette un peu voûtée mais sourire éternel aux lèvres. Sa peau mate, ses yeux noirs et vivants donnent toujours l’impression qu’il garde un secret amusant juste pour lui. Peut-être parce que, malgré son calme, son travail est l’un des plus durs : nourrir le Bloc implique parfois de tuer, et Winston le fait sans jamais perdre sa douceur. Avec lui, l’ambiance est simple, apaisée. Comme si les animaux eux-mêmes se calmaient autour de lui. Il ne me rapporte aucun problème. Je le crois sans hésiter : là où Winston passe, les conflits s’éteignent.

Je poursuis ensuite vers les Scarleurs, là où travaille souvent Zart. Et ce dernier, avec son air débonnaire, ses joues un peu rondes, sa tignasse blonde qui retombe en mèches épaisses devant ses yeux bleus. Il a toujours cette façon de parler doucement à la terre, comme si elle pouvait l’entendre. Je connais bien son groupe : je travaille souvent avec eux, les mains dans la terre noire, le dos chauffé par le soleil impitoyable. Et comme prévu, Zart me confirme que tout va bien. Chez eux, même la fatigue a un goût plus supportable. Puis vient Léon, le Maton des Torcheurs. C’est là que se trouve Chuck. Le gamin, un peu bavard. Le cœur encore trop tendre pour cet endroit qui le broie déjà. Avant que Gally ne s’en prenne à lui, je dois prévenir Léon. Je le laisserai parler à Chuck. Pour qu'il lui rappelle, à sa manière calme, l’importance de faire correctement son travail. Avant qu’une tempête inutile n’éclate et surtout avant que Gally ne laisse sa colère écraser quelqu’un qui ne mérite même pas la moitié de ce poids. 

  • Salut Léon, ça va ce matin ? l’interroge-je d’une voix amicale, la fatigue encore logée derrière mes yeux.
  • Plutôt tranquille. Et toi, ça va ? C’est vrai que tu t’es disputé avec Gally ? demande-t-il, surpris… et presque excité, comme un gamin qui devine un mauvais tour.

Je pince les lèvres… Les ragots, ici, circulent plus vite que le vent entre les murs de pierre. Il ne s’est même pas écoulé une heure depuis que j’ai recadré Gally, et déjà Léon sait tout, ou croit tout savoir.

  • On ne s’est pas vraiment disputés, répondis-je, évitant les détails.
  • Apparemment tu l’as remis à sa place ! Ça lui fera les pieds, à ce grand couillon ! ricane-t-il, les yeux pétillants d’une petite vengeance collective.
  • Tu connais Gally… il s’énerve vite. Je lui ai juste demandé de se calmer. Un peu plus sèchement que d’habitude, avoué-je, un peu gêné.
  • Je juge pas. T’as bien fait. Avec nous, les Torcheurs, il se conduit toujours comme un enfoiré… peste-t-il, le visage assombri.
  • Hum… c’est vrai. Pourtant, il sait que vous avez le travail le plus pénible ici…

Et c’est bien vrai. Les Torcheurs bossent dans l’ombre, dans l’odeur, dans la saleté. Ce sont eux qui ramassent le fumier, qui le sèchent, qui nettoient les dortoirs, les sanitaires, les douches. Sans eux, le Bloc s’écroulerait sous les détritus et la crasse, et vu l’hygiène douteuse de certains Blocards, on vivrait dans un dépotoir. Alby a même dû imposer une douche obligatoire par semaine. Un minimum vital.

  • Ouais, bah faut croire qu’il a oublié ce que ça faisait d’être Torcheur, grimace Léon. Je souffle un instant, puis enchaîne :
  • D’ailleurs… Gally a dans son collimateur le petit Chuck. Il dit qu’il parle trop, et que les douches étaient sales hier quand les Bâtisseurs ont voulu s’en servir.
  • Ah ouais ? s’étonne-t-il, les sourcils froncés.
  • Oui. Donc je compte sur toi pour le prévenir. Qu’il fasse attention. Je voudrais pas que ça dégénère comme avec Antoine, dis-je, l’inquiétude nouée dans ma gorge.
  • Très bien, je lui en toucherai deux mots, répond-il avec sérieux.
  • Super, merci, souris-je légèrement avant de conclure : Je te laisse à ta besogne. Je finis ma tournée.
  • Ok, merci, et à plus tard ! me lance-t-il alors que je m’éloigne.

J’espère vraiment que Léon fera comprendre à Chuck qu’il doit se méfier de Gally… Je refuse de voir une autre situation dégénérer comme avec Antoine. Et je sais déjà que je vais devoir parler à Alby. Antoine ne pourra jamais rester dans le groupe de Gally dans ces conditions. Ça finirait mal. Avec Gally, ça finit toujours mal quand on ne met pas de limites.

Je poursuis mon petit chemin, le soleil déjà trop haut pour l’heure qu’il est, écrasant le Bloc d’une chaleur sèche. L’infirmerie sent les herbes séchées et les linges propres lorsque je pousse la porte. Clint et Jeff, les Medjacks, trafiquent leurs remèdes en discutant comme deux vieux frères. Ils ne sont que deux, mais ici, leur cohésion vaut mieux que toute une équipe. L’ambiance y est douce, presque rassurante, un contraste brutal avec ce que je viens de quitter. Je reste un moment, jette un œil à leurs stocks, m’assure que tout va bien. Aucun problème. Et ils sourient, comme toujours, un sourire qui ne cache ni peur ni colère. Ça fait du bien. Chez les Cartographes, même atmosphère tranquille. Greg et Noa ne m’annoncent rien de spécial. Le travail avance. Les plans se mettent à jour. Rien à signaler. Mais alors que je m’apprête à quitter la salle des cartes, Noa m’interpelle :

  • Hé, Newt… je peux te parler une minute ?

Je m’arrête, le cœur serré d’une petite appréhension stupide. J’accepte, évidemment, je suis Maton, c’est mon rôle, mais je le fais malgré moi. Noa, le petit brun au visage rond et au ventre potelé, me regarde avec cette insistance douce que je connais déjà trop. Je n’ai rien contre lui… Rien… si ce n’est cette façon qu’il a de tourner autour de Minho, encore et encore, comme une abeille autour d’un pot de miel. Et je suis incapable de dire si Minho l’apprécie vraiment… Autant que moi. Autant qu’il m’apprécie, moi… Parce qu’ici, on ne parle jamais du sujet tabou. Jamais.

On tait les désirs, les amours, les envies. On les enferme dans des regards trop longs, des gestes trop retenus. Ce que je sais, moi, la seule chose dont je suis sûr, c’est que Noa et Minho s’entendent bien… Peut-être trop bien…? Et que, grâce au travail de Cartographe de Noa, il passe beaucoup de temps avec lui… parfois plus que moi. Et cette pensée me serre discrètement la poitrine, comme un fil qu’on tire trop fort sans qu’il casse…

  • Excuse-moi…, commence-t-il, les épaules légèrement rentrées, mal à l’aise comme un gosse qui redoute la punition. J’aimerais te poser une question, si ça t’ennuie pas… ?
  • Bien sûr que non, je t’écoute, dis-je en forçant mes lèvres à s’étirer en un sourire qui sonne un peu faux, un peu crispé.

Noa se tortille, ses doigts jouent avec l’ourlet de sa chemise poussiéreuse.

  • Je voulais savoir si… Minho t’avait dit un truc à mon sujet ?

Je cligne des yeux, surpris, une pointe d’inquiétude me serrant la poitrine.

  • Euh… non. Pourquoi voudrais-tu qu’il me parle de toi ?

Il avale difficilement sa salive avant de reprendre, la voix un peu tremblante :

  • Bah… globalement on s’entend bien, mais… il m’envoie souvent bouler dès que j’essaie de lui parler d’autre chose que du Labyrinthe. Alors je me demandais… si il t’avait dit un truc, tu vois ? Que je l’agace, ou… autre chose. T’es son meilleur ami, après tout. Et moi, j’ai toujours du mal à savoir ce qu’il pense… J’ai peur de le vexer, parfois…

Il grimace, sincèrement inquiet. Et même si sa question me plaît moyen, parce qu’elle confirme sans détour qu’il s'intéresse à Minho, je dois bien reconnaître qu’il marque un point. Avec Minho, on devine rarement ce qui se passe sous la surface. Même moi, parfois, je tâtonne dans le noir… 

  • En effet, c’est dur de deviner ses pensées, soupiré-je. Mais tu sais… Minho est vachement sous pression avec son boulot de Maton des Coureurs. C’est peut-être juste ça. Il se ferme un peu. Tu devrais pas trop le prendre pour toi.
  • Ouais, sûrement… Mais il n’est jamais comme ça avec toi, souligne-t-il, une moue envieuse tordant ses traits ronds.

Je relève le menton, comme si ça pouvait masquer le pincement acide dans ma poitrine.

  • C’est normal, comme tu l’as dit : je suis son meilleur ami.

Mentir n’a jamais été dans mes habitudes… mais parfois, taire la vérité est plus simple. Plus sûr. Surtout quand il s’agit de Minho… de nous. Je continue, d’un ton faussement léger :

  • Après, si tu veux, je peux lui demander ce qu’il pense de toi ?

Une proposition qui sonne généreuse… mais qui me permettrait surtout de connaître un peu mieux les intentions de Noa. Il secoue la tête trop vite.

  • Non, ça va… Je veux pas l’embêter avec ça. Mais merci quand même, Newt.

Et il m’offre un petit sourire, timide, plein d’un espoir qui n’a aucune chance d’aboutir, avant de s’éloigner à petits pas prudents. Je le regarde partir, une sensation sourde me remuent les entrailles. Le Bloc est trop petit pour cacher ce genre de sentiments. Tôt ou tard, quelqu’un finira blessé… 

Même si Noa me dit non, je vais tout de même poser la question à Minho. Je ne peux pas m’en empêcher. La curiosité me tire vers lui, la jalousie me ronge doucement, comme une braise invisible qui couve sous la peau. J’ai envie de savoir ce que Minho ressent pour lui… même si j’ai déjà peur de la réponse. Et là, j’ai l’excuse parfaite pour l’interroger sans qu’il comprenne que quelque chose en moi se serre, se tord, s’affole dès qu’un autre garçon prononce son nom avec un peu trop d’espoir dans la voix. En théorie, je n’ai aucune raison d’être jaloux. En théorie seulement…

Minho et moi, on ne sort pas ensemble. On partage simplement des moments intimes, discrets, volés à la nuit, juste pour se détendre, comme il l’avait posé dès le début, avec cette voix douce et ferme qui ferme toute discussion. C’était son contrat… Ses règles. Mais moi… moi je sens autre chose glisser sous ma cage thoracique chaque fois qu’il me touche. Quelque chose de plus fort. De plus profond. Quelque chose que je n’ai jamais eu le courage de nommer devant lui. Je chasse ces pensées avant qu’elles ne m’étouffent. Il me reste encore son groupe à voir : les Coureurs. Ceux que j’observe toujours avec une attention particulière, à la recherche du moindre signe de fatigue mentale, du plus petit frémissement d’angoisse. Car eux courent au bord du gouffre, jour après jour. Eux se perdent dans les couloirs mouvants de l’horreur alors que nous, les autres, nous restons en sécurité entre quatre murs de métal. Parmi tous les Blocards, il y en a très peu qui acceptent ce rôle. Tout le monde fuit ce boulot. Trop éprouvant. Trop dangereux. Trop proche de la folie…

Alors, ici, les Coureurs sont traités comme des demi-dieux. Certains finissent par abandonner, brisés de l’intérieur, laminés par l’angoisse sourde du Labyrinthe. Et encore… La plupart d’entre eux, même Minho qui court depuis des années, n’ont jamais vu de Griffeur. Pas comme Alby. Pas comme moi. Moi aussi, j’ai été Coureur… autrefois. Alby aussi. Et aucun de nous ne s’est risqué là-dedans depuis longtemps. On s’est résignés, je crois. On s’en remet à Minho, à sa force, à son instinct presque animal, comme si ce garçon devait porter à lui seul l’espoir de tout le Bloc…

Son groupe forme un noyau compact : Ben, son second, solide comme le roc ; Karim, Lloyd, Grim… et le petit nouveau, Akira, qui court déjà depuis huit mois et qui tient étonnamment bien le choc. Tous gravitent autour de Minho, comme si une gravité secrète émanait de lui…

Minho… Ce garçon aux traits asiatiques, taillés comme s’ils avaient été sculptés dans la patience et le vent. Il est le plus ancien Coureur… et le plus impressionnant. Une force de la nature. Une endurance qui défie toute logique. Un mental d’acier, capable de tenir quand tous les autres s’effondrent. Un instinct infaillible dans le Labyrinthe : jamais perdu, jamais brisé, jamais ralenti. Et tout ça dans un corps athlétique, parfaitement sculpté, puissant sans être lourd. Un corps qui me serre contre lui parfois… avec une délicatesse qui me fait presque croire en quelque chose de beau. Et puis… il prend soin de moi. Comme si j’étais quelque chose de précieux. Et pour tout ça, pour sa force, sa douceur, son regard sombre qui me traverse, je l’aime. Je l’aime, même si je n’arrive pas à le lui dire. Même si lui, de son côté, garde ses pensées murées derrière un silence obstiné. Je ne sais pas ce qu’il ressent pour moi. Je sais seulement qu’il m’apprécie. Beaucoup. Peut-être trop… Ou peut-être pas assez…. Et parfois, une peur me traverse, froide et humiliante : Et si je n’étais pour lui qu’un défouloir ? Une épaule provisoire, un refuge commode, un souffle chaud dans la nuit en attendant de sortir d’ici ? Ces pensées me minent le moral, lentement, sûrement. J’aimerais lui en parler. Lui dire ce qui me tourmente. Mais je n’ose pas… Je ne veux pas lui mettre du poids en plus sur les épaules. Il en porte déjà tant. Alors je garde le silence. Je laisse mes sentiments se faner à l’ombre du Bloc. Et j’avance, comme toujours… Pour m’occuper l’esprit, pour étouffer ces pensées lourdes qui tournent en rond dans ma poitrine, je rejoins Zart. Aux côtés de mon ami Scarleur, je me noie dans la monotonie du travail : j’arrache les mauvaises herbes, je retourne la terre encore chaude, je replante les graines avec des gestes mécaniques. Le soleil me cogne sur le crâne, la sueur me brûle le front, mais au moins… au moins je ne pense plus. Ou plutôt : je pense moins.

Quand la fin de journée approche enfin, je laisse tomber mes outils et je file prendre une douche avant l’arrivée des Coureurs. L’eau froide glisse sur ma peau, chasse la poussière et un peu de mes tourments. Une fois propre, je rejoins mon poste près de la salle des cartes, comme chaque soir, guettant l’ombre agile de Minho. C’est presque un réflexe : une attente douce, serrée... Et il me tarde de le voir enfin.

Mais, je n’ai pas le temps de l’apercevoir qu’Alby surgit à mes côtés, son éternel sourire étirant ses lèvres. Un sourire trop large, trop insistant, qui c'est dernier temps me traverse toujours comme une pointe d’inconfort.

  • Tu vas bien, Newt ?
  • Bien sûr, pourquoi ? J’ai l’air d’aller mal ? lui souris-je, poli.

Son regard brille un peu trop longtemps sur moi. Comme toujours...

  • Non, non. Mais… tu dois te douter que j’ai appris pour ton altercation avec Gally, dit-il en croisant ses bras, large, solide, dans cette posture autoritaire qu’il affectionne, celle qu’il adopte souvent avec moi. Je me raidis un peu…
  • Ce n’était pas une altercation. Je lui ai juste rappelé le règlement. Il était vraiment agressif avec Antoine, explique-je, contrarié.
  • Oui, avec un Blocard qui ne fait pas son boulot correctement, réplique-t-il aussitôt, prenant sans surprise la défense de Gally. Un soupir long m’échappe.
  • Roh… Alby, t’es sérieux ? Tu sais comment peut se comporter Gally. Parfois c’est un vrai con avec les nouveaux…

Je vois son expression se durcir, la mâchoire se tendre. Lui n’aime pas quand je critique ses piliers. Et surtout, il n’aime pas quand je m’oppose à lui.

  • Je sais, mais Gally est là depuis longtemps, alors évite de le recadrer comme ça devant les autres. On a besoin de son autorité. Ça m’aide à maintenir le Bloc, Newt… me réprimande-t-il doucement, presque d’une voix veloutée.

Je sens ce ton… celui qui veut plaire, convaincre, envelopper. Celui qui m’enferme…

  • C’est moi qui t’aide à le maintenir, pas besoin de l’agressivité de Gally, rétorqué-je, plus sec que prévu.

Alby avance alors d’un pas et vient saisir ma main dans la sienne. Ses doigts sont chauds, possessifs, trop serrés.

  • Oui, en partie, approuve-t-il. Mais physiquement parlant, on a besoin d’un homme fort comme Gally pour m’épauler. Tu vois ce que je veux dire ? me murmure-t-il en cherchant mon regard, trop longtemps, trop intensément.

Je me dégage, légèrement. Je ne supporte pas cette chaleur-là sur ma peau…

  • On a Minho pour ça.

Une ombre traverse son regard. Une lueur d’agacement… ou de jalousie ? Alby n’aime pas quand je prononce le nom de Minho. Jamais.

  • Minho est quasiment tous les jours dans le Labyrinthe à courir… Gally fait partie des piliers du Bloc, tout comme toi et moi, souffle-t-il avant d’ajouter, las : Rah… Newt, je sais qu’il peut être dur parfois. Il a du mal à gérer la pression mais il fait du bon boulot. Alors, passe au-dessus de tout ça et va te réconcilier avec lui, d’accord ?
  • Hum… je verrai, dis-je en levant les yeux au ciel.
  • Merci, Newt, sourit-il.

Son sourire s’adoucit… trop doux pour ce qu’il devrait être. Beaucoup trop doux… Puis il change de sujet :

  • D’autre chose à dire concernant ta journée d’inspection ?
  • Non, rien.

Je veux m’éloigner mais il me retient par le bras, geste « amical », mais sa main serre trop fort, trop longtemps.

  • Tu vas pas bouder ? s’étonne-t-il. Je retire mon bras d’un geste sec.
  • Je ne boude pas, Alby. J’ai passé l’âge, tu sais ? Mais je me suis senti particulièrement injuste de punir Antoine alors qu’il n’avait rien fait, juste pour satisfaire Gally. Et le fait que tu me réprimandes parce que j’ai mis les points sur les i avec cette brute, ça m'agace légèrement.

Son visage s’adoucit soudain, comme s’il avait peur de me perdre d’un seul mot.

  • Je ne te réprimande pas… je te dis simplement ce qui est le mieux pour le Bloc.
  • Donc on lui passe tout…? grimace-je en croisant les bras.
  • Non. Mais ce n’était rien de grave. Il a eu un coup de sang, insiste-t-il.

Toujours cette manière d’excuser Gally… Comme on excuse les chiens qui grognent.

  • À cause de lui, Antoine est en pleurs, au cas où tu l’ignores, ajouté-je.
  • Il va s’en remettre… Et j’irai lui parler, ça te va ? Je souffle agacé…
  • Rah… Fais comme tu veux, Alby. Mais je ne m’excuserai pas auprès de Gally.
  • Très bien. Mais s’il revient te parler, sois moins agressif avec lui, m’impose-t-il avant de me tapoter l’épaule, ce geste paternaliste qu’il réserve uniquement à moi, puis il s’éloigne, concluant notre conversation.

Je le regarde partir. Et je sens ce froid familier m’envelopper. Et ça me sidère qu’Alby prenne encore la défense de Gally, alors que clairement, c’est ce dernier qui est en tort. Alby a tellement peur de perdre le contrôle du Bloc qu’il préfère céder aux caprices et exigences de Gally, qui, soi-disant, l’aide physiquement à maintenir le Bloc, plutôt que de risquer de le contrarier. C’est absurde… Nous sommes plus forts ensemble. Nous survivons mieux en nous épaulant, pas en nous marchant les uns sur les autres et en désignant un souffre-douleur à chaque nouvel arrivant. Mais une chose est sûre : je ne m’excuserai pas pour ce que j’ai dit. Tant pis si Gally me fait la tête, tant pis si Alby boude en silence. Rah… vivement que Minho revienne. Que je puisse enfin lui raconter tous mes déboires. Que je puisse respirer un peu…

Et en parlant du loup, je le vois enfin apparaître. Minho. Son retour fait frissonner ma poitrine et apaiser mes tempêtes intérieures. C’est comme si je pouvais enfin respirer librement. Il accourt jusqu’à moi, suivi de Ben, son second, qui paraît épuisé après leur course. Minho, lui, n’a pas une goutte de sueur sur le front. Il semble frais, puissant, inépuisable. Je ne peux m’empêcher de le contempler, fasciné par cette énergie qui semble couler en lui comme un fleuve tranquille et invincible. Si je m’écoutais, je me jetterais à son cou, là, maintenant, pour le serrer contre moi et sentir son souffle contre ma joue.

  • Newt, ça va ?! me salue Ben, un sourire curieux sur le visage. Tu nous as manqué ce matin ?
  • Désolé, je ne me suis pas réveillé… m’excuse-je immédiatement.

Ben hausse les épaules avec indulgence et me sourit encore.

  • Pas grave, t’inquiète. Tu as le droit de dormir un peu le matin !

Il disparaît dans la salle des cartes, me laissant seul face à Minho, qui se tient là, silencieux et observateur. Chaque seconde où je le regarde, mon cœur bat plus vite. Je sens mes doigts frémir, désireux de toucher ses mains, son torse, de combler l’espace entre nous.

  • Ça va, Minho ? Pas trop fatigué…? demande-je, avançant d’un pas vers lui, posant ma main sur la lanière de cuir qui croise son torse sculpté.
  • Non, moi ça va. Mais et toi ? dit-il en prenant délicatement ma main dans la sienne.

Je respire son contact, je sens la chaleur de sa peau contre la mienne, et souffle :

  • Ça va…

Il lève un sourcil, intrigué par mon souffle court et mon regard fixe.

  • C’est un petit “ça va”, ça ?
  • Hum… j’ai des choses à te raconter… approuve-je en hochant légèrement la tête.

Un frisson court le long de mon bras lorsque son visage s’approche, que ses doigts frôlent les miens.

  • Je vois. J’attends le reste des Coureurs pour faire le point sur leurs parcours et après… quand tout le monde sera sorti, t’as qu’à me rejoindre pour qu’on en parle ? propose-t-il, voix douce, chaude, presque fragile, ses doigts effleurant les miens avec une hésitation tendre.
  • On fait ça, dis-je en lui adressant un petit sourire timide.

Son visage se couvre d’une gêne inattendue, il passe une main dans ses cheveux.

  • Cool… et aussi… bah… si tu veux… prends aussi la couverture dans ma chambre… Ça serait cool…

Je comprends immédiatement le sous-entendu, et je pose ma main sur son bras, léger contact rassurant.

  • Ok, pas de problème.

Il toussote, comme pour cacher sa gêne, et reprend :

  • Bon, à tout de suite alors.
  • Oui… souris-je, le cœur léger mais serré à la fois, tandis qu’il disparaît dans la salle des cartes.

Je reste un instant immobile, les doigts encore frémissants de son toucher, le souffle suspendu. Le Bloc peut bien continuer à peser, à bouger autour de nous. Moi, j’ai Minho. Et pour l’instant… c’est tout ce qui compte…

Je laisse Minho à son travail et me dirige vers sa chambre pour récupérer la couverture qu’il m’a demandée. Bien sûr, il ne me l’a pas simplement demandée pour être pratique. Je sais très bien ce que cela signifie : un petit signe pour m’inviter à partager un moment de détente avec lui. Et je ne suis jamais contre. Jamais contre l’idée de me glisser dans ses bras, de sentir sa chaleur m’envelopper, de laisser mes épaules se relâcher sous son contact rassurant. Nous avons pris l’habitude de le faire dans la salle des cartes. C’est parfait : discret, protégé. Aucun Blocard, excepté les Coureurs, les Cartographes, Alby et moi, n’a le droit d’y entrer. Et avec Minho, nous savons exactement à quelle heure y aller pour être seuls, pour être tranquilles, pour que personne ne nous voie et surtout… ne nous entende. Je ne veux pas que le Bloc sache. Que ce “tabou” devienne le sujet de ragots ou pire, d’excuses pour créer des tensions. Et vis-à-vis d’Alby… mieux vaut ne jamais lui laisser la moindre chance de soupçonner ça. Il est toujours là, à me rappeler de montrer l’exemple, à me sermonner sur ce genre de “choses”. Depuis les feux de l’amour de Gally, le Bloc est sur le fil et je n’ai aucune envie de provoquer des étincelles inutiles. Mais avec Minho, tout est différent. Ici, tout est clair. Tout est silencieux. Tout est respectueux. Et pourtant, parfois, quand nos lèvres se frôlent, quand ses baisers sont pressants, passionnels, je me surprends à imaginer… à rêver… qu’il pourrait ressentir quelque chose de plus pour moi. Quelque chose qui dépasse les moments volés dans le secret. Si seulement… si seulement cela pouvait être vrai.

Chaque fois que je le serre contre moi, sa présence est comme une promesse silencieuse. Et pour un instant, le poids du Bloc, les tensions avec Gally et Alby, tout semble s’évanouir... Je me surprends à sourire, même si personne n’est là pour le voir. Même si ce sourire est fragile, éphémère, suspendu au souffle de Minho.

Avant d’arriver à la chambre du coureur, j’aperçois Antoine. Le pauvre petit est assis sur son lit, le visage enfoui dans ses genoux. Il semble écrasé par le poids de sa tristesse, et ma culpabilité revient comme un boomerang dans ma poitrine. Je m’approche doucement et m’assois face à lui.

  • Antoine, ça va ?

Il sursaute légèrement, relevant la tête. Ses yeux sont rouges et boursouflés.

  • Newt… je t’ai pas entendu arriver… désolé, murmure-t-il, en frottant ses joues humides.
  • Ne t’en fais pas. Comment tu te sens… ? dis-je en posant ma main sur son épaule.

Il repousse ma main d’un geste agacé, la voix tremblante :

  • Je… je ne comprends pas ta décision… C’est injuste. J’ai dit la vérité.
  • Rah… je sais, désolé… souffle-je, crispé par la culpabilité.
  • Tu sais… ? s’étonne-t-il. Gally t’a dit la vérité ?
  • Oh non… Il n’avouera jamais qu’il a tort. Mais je sais que tu m’as dit la vérité. C’est typique chez lui : des ordres contradictoires et des réactions excessives. Il fronce les sourcils, confus :
  • Mais… si tu sais, pourquoi dois-je aller au conseil ? Je ne comprends pas…
  • Si je ne t’avais pas punie, Gally t’en aurait fait baver encore plus… Ou il serait allé se plaindre à Alby, et là… il aurait été plus sévère. Il a Alby dans sa poche… C’est compliqué d’agir contre lui, lui confie-je en détournant le regard.
  • Mais… c’est injuste… !
  • Je sais… Mais crois-moi, c’est mieux comme ça. Je demanderai à Alby qu’on te change de groupe. Et maintenant que Gally a obtenu ce qu’il veut, il ne devrait plus s’en prendre à toi. Ça te va ?
  • Hum… j’ai pas le choix de toute façon… Mais… je vais être puni pour quelque chose que je n’ai pas fait… murmure-t-il, contrarié.
  • Oui… je suis navré que ça se passe ainsi, dis-je, la tête inclinée, le cœur serré. Antoine baisse les yeux, la voix tremblante :
  • Quand je suis arrivé… j’étais rassuré de voir que tout le monde était soudé… mais ce n’est qu’une façade… Nous devons respecter un règlement que beaucoup, surtout Gally, ne suivent pas… J’aimerais tellement être ailleurs…

Je le regarde, chagriné. Ses mots résonnent comme un écho de mes propres pensées. Depuis quelques mois, l’ambiance dans le Bloc se détériore. Plus Alby laisse Gally diriger, plus les tensions montent. Ils sont devenus comme les cinq doigts d’une main… mais pas une main qui protège. Et puis… Tout cela m’a éloigné d’Alby. Avant, il était mon confident, mon soutien. Maintenant… tout a changé. Heureusement, il y a Minho. Toujours Minho.

  • Ne t’en fais pas, Minho trouvera une sortie, tente-je de le rassurer. Il souffle, amer et fataliste :
  • Quand… ? Dans dix ans… ? Et pendant dix ans, je devrai supporter Gally et ses sbires… ?
  • Peut-être… Mais tu n’as pas le choix, réponds-je en le fixant dans les yeux. Il penche la tête, abattu :
  • Pas faux… On est enfermés comme des rats ici…
  • Hum… oui… murmure-je avec amertume.

Je viens tapoter doucement son dos, en signe de soutien. Et soudain… des hurlements de colère éclatent depuis la salle des cartes, tranchants, furieux, emplissant le Bloc d’une tension immédiate.

On bondit du lit et fonce en quatrième vitesse vers la salle des cartes. Juste avant d’entrer, Minho jaillit furieux, traînant derrière lui l’un des Coureurs. La tension est palpable, chaque Blocard s’immobilise, alerté par les hurlements. Devant tous, Minho lâche Akira au sol et explose :

  • T’as pas intérêt à refoutre les pieds ici, sinon je te massacre… !! Akira bondit aussitôt, le regard brûlant :
  • T’as pas le droit de me virer comme ça !
  • Je suis maton, je fais ce que je veux ! gronde Minho, la voix tremblante de rage.
  • T’es un maton bon à rien ! hurle Akira. Tout ce que tu fais depuis quatre ans, c’est courir dans le labyrinthe comme un idiot ! Tu n’écoutes que toi ! Et tu te fiches de notre avis ! À ce rythme, on ne sortira jamais… !!

Un silence glacé s’installe un instant. Tous sont figés devant cette scène violente. Jamais Minho ne s’est emporté ainsi. Jamais. Sa force mentale légendaire semble sur le point de céder. Mais avec toute la pression qu’il subit chaque jour, peut-on vraiment lui en vouloir ? Akira, loin de calmer les choses, provoque Minho encore davantage. Les deux hommes se saisissent l’un l’autre par le colbac, prêts à en venir aux mains. Rapidement, Gally, Fry, moi et les deux coffreurs intervenons pour les séparer par la force.

  • Minho, arrête… ! ordonné-je, le souffle court.
  • Je vais le défoncer ce bâtard… ! rugit Minho, aveuglé par la colère, m’ignorant complètement.

Fry et Gally le maintiennent par les bras, sans quoi je n’aurais rien pu faire.

  • Viens, j’t’attends ! réplique Akira, provocateur.

C’est alors qu’Alby arrive en courant, l’air furieux, imposant instantanément le silence :

  • Tout le monde se calme ici… !! Mais Akira ne se laisse pas intimider :
  • Non mais sérieux ! Vous devriez ouvrir les yeux ! Minho, c’est un bon à rien… On tourne en rond… !

Tous détournent les yeux, silencieux. Seul Minho répond, sa voix rauque, pleine de frustration :

  • Ah ouais ? Et c’est quoi ton plan, pauvre abruti ? Qu’on aille tous en zone dix alors que c’est fermé ? 
  • Ouais ! Qui nous dit qu’il n’y a pas une sortie là-bas ?! Réplique Akira. 
  • Moi je te le dis ! s’agace Minho.
  • Comment peut-on te croire ? T’es le seul à t’y rendre ! rétorque Akira, injustement.
  • Peut-être parce que toi et les autres n’êtes pas foutus de sprinter sept heures non-stop ! crache Minho, farouche.
  • Bon, ça suffit ! tonne Alby, sa voix dominant la nuit.

Un silence lourd s’installe enfin, comme un cessez-le-feu. Alby pointe un doigt vers Akira :

  • Akira, tu rejoins immédiatement la salle du conseil. J’ai un mot à te dire.
  • Tss… ! peste Akira en se laissant conduire par les coffreurs.
  • Et toi, Minho, essaie de te calmer un peu, ordonne Alby, autoritaire.
  • Lâchez-moi ! hurle Minho en repoussant Fry et Gally, la rage brûlant dans ses yeux.

Les autres Blocards, apeurés, le fixent avec un mélange d’inquiétude et de fascination. La majorité n’a jamais mis un pied dans le labyrinthe, ils ne peuvent que juger sur les récits des Coureurs. Et avec les tensions actuelles dans le Bloc, le doute s’installe vite.

  • Arrêtez de me regarder comme ça ! tonne Minho, sa voix rauque et pleine de frustration. En quatre ans, je n’ai pas rien branlé ! J’ai trouvé tous les cycles de ce foutu labyrinthe, parcouru des centaines de kilomètres, évité la mort des dizaines de fois ! J’invite n’importe qui à prendre ma place et à courir chaque jour sans savoir s’il rentrera le soir…! Et tout ça, en mémorisant chaque couloir !
  • C’est bon Minho, personne ne doute de toi… tente Alby, essayant de calmer la colère du jeune Maton.
  • Non ! Ce n’est pas bon ! s’écrie Minho, la rage déformant son visage. Pour ceux qui pensent que courir c’est facile… venez une seule journée avec moi et on verra si vous pouvez suivre mon rythme ! Personne ne le peut aujourd’hui !

Dans un geste de pure fureur, il frappe contre la porte de la salle des cartes. Le bois ploie sous sa force, émettant un craquement sec qui glace tout le monde. Puis, d’un pas furieux, bousculant plusieurs Blocards sur son passage, Minho disparaît vers le dortoir, laissant derrière lui une ambiance chargée de tension, d’admiration et de peur silencieuse…

Un long silence s’abat sur le Bloc, lourd comme une chape de pierre. Je le sens peser sur mes épaules, sur celles de tous les Blocards autour de moi. Ils évitent le regard de Minho, ils baissent la tête… et je sais exactement ce qu’ils redoutent : qu’il abandonne son poste. Et il aurait parfaitement raison de le faire. Parce qu’aujourd’hui, il est le seul à tenir assez longtemps pour atteindre les zones les plus reculées du Labyrinthe, le seul à encaisser la répétition interminable des jours, à supporter cette oppression mentale qui, à force, finit par broyer les esprits les plus solides. Je le pense sincèrement : c’est lui qui nous sortira d’ici. Même si les progrès sont minuscules, même si le Labyrinthe reste un monstre imprévisible… Il nous a déjà beaucoup aidés à comprendre ses mécaniques. Mais la plupart des Blocards n’ont jamais mis un pied là‑dedans. Ils ignorent ce que c’est : la chaleur suffocante, les murs qui grondent quand ils bougent, la peur qui suinte dans chaque pierre. Minho est le seul capable d’être Maton des Coureurs. Le seul.

  • Dispersez‑vous, les Blocards, ordonne Alby pour clore la discussion.

Les silhouettes s’éparpillent lentement. Je reste. Je m’approche de lui.

  • Tu vas parler à Akira, je m’occupe de Minho ? propose-je, la voix basse.
  • Oui. Je sais que toi, il t’écoutera, me répond Alby. Il pose une main lourde sur mon épaule, m’adressant ce sourire calme qui, parfois, me fait oublier combien il peut se montrer possessif.
  • J’y vais, dis‑je simplement.

Je pars sans perdre une seconde. Je devine où est Minho : sa chambre. Les Matons ont ce privilège, un lieu fermé, un peu d’intimité au milieu de cette fourmilière de garçons nerveux et épuisés. Et Minho s’y réfugie dès qu’il doit réfléchir ou se calmer… ou dès qu’il a besoin de moi. Et c’est pour ça qu’il m’écoute. Parce qu’on est intimes. Parce que ce lien-là, personne d’autre ne le connaît vraiment. Je marche vite, et mes pensées s’égarent… avec cette douceur nostalgique qui me serre toujours la poitrine quand je repense à la manière dont tout a commencé entre nous.

C’était un an après son arrivée, à une époque où j’étais encore coureur. Je faisais semblant d’être solide, mais la vérité… c’est que j’étais au bord de l’effondrement. La pression constante, l’impossibilité de sortir, la répétition… Tout me pesait tellement que j’ai commis la pire erreur de ma vie. J’ai grimpé jusqu’en haut d’un mur du Labyrinthe. Et j’ai sauté… Je me suis brisé le tibia. Rien d’autre. Pas la mort. Juste une agonie lente…. Je me souviens encore du froid du sol sous mon dos, des pierres humides contre ma peau, du goût métallique de ma peur. J’étais conscient, lucide… et persuadé que les portes se refermeraient avant que quelqu’un ne me trouve. Mais Minho m’a vu…. Il m’a trouvé là, recroquevillé, incapable de bouger, les yeux noyés de larmes. Et malgré la violence de la situation, il n’a pas eu un seul geste de recul. Pas une seconde d’hésitation. Il s’est penché, m’a serré contre lui, si fort, si pleinement, comme s’il essayait de recoller mes morceaux. Il m’a porté hors du Labyrinthe. Il a inventé une excuse pour les autres. Il m’a sauvé… Les jours qui ont suivi… je ne les oublierais jamais. Il me soignait, me parlait doucement, restait près de moi jusqu’à ce que je m’endorme. Et puis… un soir… Sans que je comprenne comment, nous étions devenus plus proches, trop proches pour feindre l’ignorance. C’était tendre… D’une douceur presque irréelle dans un monde sans douceur. Je suis tombé amoureux à cet instant précis. Et aujourd’hui encore, rien n’a changé pour moi. Pour lui… je ne sais pas… Mais j’ose espérer. Parce qu’il vient à moi quand il va mal. Parce qu’il me confie ses angoisses, ses poussées de colère, ses faiblesses. Parce qu’il me regarde d’une manière qu’il n’accorde à personne d’autre. Parce qu’il me touche avec cette délicatesse qui fait vaciller mon cœur. Alors oui… je suis convaincu d’être le seul capable d’apaiser sa colère. Le seul à pouvoir l’empêcher d’abandonner son poste. Le seul à pouvoir le retenir avant qu’il ne s’écroule pour de bon. Et c’est avec cette conviction brûlante que je pousse la porte de sa chambre…

L’espace est exigu, mal éclairé, et Minho y tourne en rond comme un fauve à l’étroit. Ses poings se crispent à s’en blanchir les phalanges, sa mâchoire tremble sous l’effort de retenir ce qu’il n’arrive manifestement plus à contenir.

  • Minho ? soufflé‑je d’une voix douce, juste pour prendre la température. Il sursaute presque, puis grogne :
  • Putain… !

Il bouscule une chaise qui vacille avant de se renverser sur le sol dans un fracas sec. Je referme la porte derrière moi, prudemment.

  • Calme‑toi, murmuré‑je.
  • J’ai pas envie de me calmer ! hurle‑t‑il. Quelle bande de putain d’égoïstes ! Sérieux ?!

Je m’avance lentement, en laissant mes mouvements parler pour moi, lents, non menaçants.

  • Mais non… souffle-je avec douceur.

Je connais Minho. C’est quelqu’un de posé, d’extrêmement calme en temps normal. Mais lorsqu’il craque… il se fissure d’un seul coup, d’un seul bloc, et sa colère est brutale, imprévisible. Elle lui ronge la voix, les gestes, tout.

  • Franchement, je devrais les laisser se démerder ! crache‑t‑il en passant une main rageuse dans ses cheveux. Il veut prendre ma place, ce salaud ?! Eh bien qu’il la prenne ! Je vais bien me marrer !
  • Minho, écoute‑moi…
  • Non mais sérieux, tu te rends compte ? continue‑t‑il sans m’entendre. Il me donne des conseils, à moi… ! À moi ! Alors que c’est le dernier arrivé, qu’il court comme une limace ! Je suis obligé de lui mettre des parcours simplifiés, sinon il rentre pas ce connard ! Et il veut partir porte dix ?! Mais il est abruti, putain !

Il gesticule, furieux, les yeux injectés de feu. Rien de ce que je pourrais dire ne l’atteint dans cet état. Je le sais, je l’ai vu quelques rares fois dans cet état-là. Et dans ces moments-là… il n’y a qu’une seule chose qui peut le ramener à moi.

  • Newt, je vais t’dire un truc…! lance‑t‑il, levant le poing comme s’il allait frapper le vide, le mur, n’importe quoi. 

Je n’attends pas qu’il aille plus loin. Je fais un pas. Je pose ma paume sur son torse, là où son cœur cogne à toute vitesse. Et je dépose mes lèvres sur les siennes… C’est un baiser simple, doux… mais Minho fond dedans comme si on lui retirait d’un coup tout le poids de sa colère. Il répond immédiatement, avec une ferveur qui me coupe le souffle. Sa main glisse derrière ma tête, me tire contre lui, l’autre vient se poser dans le creux de mes reins, sa chaleur me traversant tout entier. Nos bouches s’ouvrent, nos langues se trouvent, se mêlent, se cherchent. Son souffle est brûlant contre le mien. Je sens sa colère s’échapper, se dissoudre contre ma peau. Et quand je sens que sa tension tombe enfin, je pose mes mains sur son torse et je le repousse délicatement…

  • C’est bon ? Tu es calme maintenant ? dis‑je avec un petit sourire moqueur, volontairement léger. Il souffle du nez, presque amusé.
  • Ça dépend où… répond‑t‑il en voulant m’embrasser encore. Je recule la tête avec un sourire doux.
  • Attends, Minho. Il faut qu’on parle de ce qui vient de se passer avant.
  • Y a rien à dire, honnêtement… soupire‑t‑il en levant les yeux au ciel.
  • Si. Tu vas t’asseoir et m’écouter, imposé‑je, d’une voix douce mais ferme.

Il grogne, mais cède. Il va s’asseoir sur son lit, les bras croisés, les jambes écartées, le regard braqué sur moi. Son torse se soulève encore vite, signe que la colère n’est pas totalement partie. Je m’approche, me poste face à lui.

  • Minho… je sais que c’est dur pour toi. Mais tu ne dois pas t’énerver comme ça. T’as failli violer l’une de nos règles de base.
  • Je m’en fous. Il méritait un pain dans sa tronche, ce sale connard… peste‑t‑il.

Je soupire doucement et je pose ma main sur son bras. Il tressaille légèrement, mais ne recule pas. Son regard se radoucit juste un peu. C’est fou comme un simple contact suffit parfois.

  • Arrête… tu sais que personne ne pense comme lui, soufflé‑je.
  • T’en sais rien ! réplique‑t‑il. Ils étaient tous là à me dévisager… comme si je branlais rien depuis quatre ans…!
  • Personne ne pense ça, insisté‑je aussitôt. Personne. Tout le monde a surtout peur que tu nous abandonnes.

Il baisse la tête. Sa colère se fissure à nouveau, mais cette fois par l’épuisement.

  • Ouais, bah… je devrais peut‑être, murmure‑t‑il d’une voix cassée.

Je m’assieds doucement à côté de lui, assez près pour qu’il sente ma présence sans que ce soit trop. Nos genoux se frôlent. Sa main, contre la couverture, s’approche lentement de la mienne… sans me toucher, mais presque. C’est toujours comme ça entre nous : silencieux, implicite, brûlant. Mais j'ai l’impression de parler à un mur. Sa colère est un mur infranchissable… Alors, je décide une nouvelle fois de faire appel à ce pouvoir que je sais déstabilisant pour lui : la douceur. Je grimpe sur ses jambes, m’installant à califourchon, et je pose mes mains sur ses joues. Immédiatement, son regard me cherche, intense, rougissant légèrement.

  • Minho… écoute-moi… murmuré-je d’une voix basse et sensuelle.
  • Newt… je t’écoute, répond-il en déposant ses mains sur ma taille, l’effleurant avec précaution, presque timidement.
  • Tu veux m’abandonner… ? Je laisse une petite moue triste étirer mes lèvres.
  • Bien sûr que non ! réplique-t-il avec force, chassant l’idée comme un nuage sombre.
  • Mais… si tu le fais pour les autres, ça signifie que tu le fais aussi pour moi… je souffle, en laissant chaque mot peser, tendre, juste pour lui.
  • Je le ferais pas, mais… je suis agacé… murmure-t-il, détournant un instant le regard, rouge de gêne.

Je me penche vers lui, glissant mes lèvres sur sa joue, puis je chuchote contre son oreille : 

  • Tu ne dois pas faire flipper tout le monde comme ça, d’accord ? et je mordille doucement son lobe, juste assez pour le surprendre.
  • Hum… ok… rougit-il, sa respiration se calmant légèrement. De toute façon demain, je retourne courir, ils seront rassurés comme ça…

Je souris doucement, reculant un peu pour mieux le regarder, le cœur battant.

  • Par contre, je ne veux plus de l’autre dans mon groupe ! précise-t-il en grimaçant.
  • Je pense qu’Alby ne va pas être très content que tu lâches un coureur… lui dis-je, un peu soucieux.
  • Je m’en fiche d’Alby, je fais ce que je veux dans mon groupe. S’il va courir, ce ne sera pas sous ma directive, rétorque-t-il avec un haussement d’épaules déterminé.
  • J’irais parler à Alby pour lui faire part de ta décision.
  • Hum… ok… me dévisage-t-il, et un petit silence tombe entre nous, lourd et doux à la fois.

Alors que nos regards se croisent, suspendus, je détaille la beauté de son visage et la force tranquille qui émane de lui. Sa main glisse sur ma joue, et sa voix devient tendre :

  • Je suis désolé, Newt, de t’avoir crié dessus.
  • T’inquiète, je sais que ce n’était pas contre moi… je souris, posant ma main sur la sienne, savourant sa caresse.
  • Non… j’étais énervé après l’autre tâche… grimace-t-il.
  • N’y pense plus… murmuré-je, posant mes lèvres sur les siennes, à la lisière d’un baiser, capturant un souffle, une proximité.
  • En fait… je pense à autre chose là… lance-t-il en me regardant avec une étincelle qui fait battre mon cœur plus vite.
  • Minho… non… rougis-je, intimidé et pourtant tenté.
  • Newt… j’ai envie… souffle-t-il, la voix tremblante d’un désir que je comprends sans qu’il ait besoin de mots.
  • Je ne suis pas sûr que ce soit le moment… Alby pourrait arriver… murmuré-je, la gorge serrée.
  • On s’en fout… dit-il, approchant ses lèvres de mon cou pour y déposer des baisers brûlants de tendresse et de désir.

Et très vite... Je cède, me laissant envelopper par sa chaleur, ses baisers délicats, ses mains qui se posent sur moi avec force et douceur à la fois. Je l’enlace, savourant chaque contact, chaque frôlement, chaque souffle partagé. Nos corps se cherchent, se reconnaissent, communiquent en silence plus qu’aucune parole ne pourrait le faire. Nos lèvres se retrouvent, avides, pressées, tandis que je sens la fermeté de ses mains à ma taille. Nos souffles se mêlent, nos cœurs s’emballent, et le monde extérieur disparaît. J’ai tellement envie de sentir sa peau contre la mienne, de laisser mes mains parcourir ses pectoraux et ses abdos, sculptés comme la pierre d’un héros. Une fois torse nu, je retire mon propre t-shirt, et nos corps se rejoignent dans une étreinte brûlante. Mes mains explorent doucement ses contours tandis que nos lèvres se cherchent, avides, dans un échange de baisers pleins de désir. Il m’attire contre lui sur le lit, nos corps se collant dans une chaleur intense. Je sens sa force, sa présence rassurante et pourtant brûlante, et je me laisse emporter. La gêne de mon corps maigre disparaît vite face à la passion qui nous enveloppe. Chaque geste de Minho, chaque frôlement de ses mains sur ma peau me fait frissonner de plaisir et d’excitation. 

  • Minho… murmure-je, mes mains glissant dans ses cheveux, perdu dans la sensation de sa chaleur et de sa proximité.
  • Tu es doux… souffle-t-il entre deux baisers, et je frémis sous la délicatesse et l’intensité de ses gestes.

Nos souffles s’emmêlent, nos cœurs battent à l’unisson. Je sens ses mains parcourir mon corps avec une délicatesse passionnée, et je réponds à ses caresses en enroulant mes bras autour de sa nuque. Chaque contact devient une promesse silencieuse, un langage secret entre nous.

  • Hum… oui… murmure-je, étouffant un souffle de plaisir contre mes lèvres.

Il approche son visage du mien pour un baiser tendre et rapide, comme une promesse volée au temps, et je me laisse emporter par la chaleur de nos corps et la douce urgence de nos gestes. Chaque mouvement, chaque frôlement, chaque souffle partagé est chargé de désir, et pourtant enveloppé d’une tendresse infinie. Nos mains s’entrelacent, nos corps s’ajustent avec une harmonie parfaite, et je sens son souffle chaud contre ma peau. Je me perds dans ses yeux, dans ce regard où se mêlent passion, douceur et confiance. Tout autour de nous disparaît. Il n’y a que nous, nos cœurs qui battent, nos corps qui se parlent et la sensation brûlante de l’autre contre soi.

Je frissonne lorsqu’il me serre contre lui, et nous échangeons un baiser long et languissant, suspendu dans le temps. Ses mains explorent, doucement, intensément, et je réponds par des gestes tout aussi tendres et passionnés. Chaque frôlement, chaque caresse est un mot, chaque baiser un poème silencieux.

  • Newt… souffle-t-il doucement, en m’embrassant, et je sens dans sa voix la promesse de mille caresses et de douceurs infinies.

Je me love contre lui, savourant la chaleur et la proximité, tout en restant conscient que le monde extérieur pourrait nous surprendre à tout instant. Mais pour l’instant, il n’existe que nous, nos souffles, nos gestes, et cette intimité que nous partageons avec une confiance totale et silencieuse.  

Et lorsque notre danse se termine, dans un souffle mêlant extase et soulagement, un silence doux s’installe autour de nous. Chaque respiration semble encore vibrer de la passion qui nous a consumés, intense mais vraie, mêlant plaisir et douceur dans un équilibre parfait. Nous restons blottis l’un contre l’autre, Minho enveloppant mes épaules de ses bras puissants tandis que je me cale contre son torse chaud, sentant son cœur battre avec le mien. La chaleur de son corps se répand sur le mien comme un baume apaisant, effaçant peu à peu les tensions et la fatigue accumulée. Je passe mes doigts le long de son dos, effleurant ses muscles encore tendus, et il frissonne sous mon toucher, un sourire à peine esquissé sur ses lèvres. Nos regards se croisent, et sans un mot, nous échangeons tout ce que nos baisers et caresses ont déjà dit : désir, confiance, et cette intimité que personne d’autre ne pourrait comprendre… 

Le souffle encore court, nous restons là, immobiles, savourant le calme après la tempête. Il dépose doucement un baiser sur ma tempe, puis sur ma joue, comme pour sceller ce moment fragile et précieux. Et moi, je ferme les yeux, profitant de cette chaleur, de ce lien silencieux et rassurant, sentant que, pour l’instant, le monde extérieur et ses règles oppressantes n’existent plus. Il n’y a plus que nous, et cette bulle de tendresse et de complicité que nous avons su créer au cœur du chaos du Bloc.

  • Newt… murmure Minho en déposant un baiser sur mes lèvres. C'était… trop bon. J’ai pas envie que ça s’arrête… ajoute-t-il, la voix coquine et vibrante.

Je sens ses mains revenir sur mon corps, effleurant mes côtes, pinçant délicatement mes tétons. Un frisson me parcourt, mais je me retiens, conscient qu’Alby peut surgir à tout instant. Je ne veux pas qu’il découvre nos moments secrets.

  • Arrête… Alby va arriver… souffle-je, un peu gêné.
  • Je suis sûr qu’on a encore cinq minutes… répond-il, un sourire joueur sur les lèvres, me tirant doucement par les cuisses pour se replacer entre elles.

Je rougis à la vue de son désir renouvelé. C’est satisfaisant de voir combien je l’excite, mais cette fois je décide de mettre un frein :

  • Minho… je ne pense pas… il peut arriver d’une minute à l’autre… dis-je en posant ma main sur son torse pour le repousser légèrement.

Il saisit alors mon poignet, le plaquant contre le matelas, et approche son visage du mien. La chaleur de sa peau contre ma poitrine, le frôlement de ses lèvres contre mon cou… c’est terriblement torride.

  • Pourtant, je vois bien que tu en as encore envie… murmure-t-il, ses lèvres trouvant les miennes pour un baiser brûlant.

Je rends son baiser, incapable de nier l’envie qui me dévore. Même après plusieurs rencontres, quelques minutes seulement ne suffisent plus. Mon cœur palpite, mes mains s’accrochent à lui, et je sens que je veux plus, encore et encore.

Mais alors que je suis sur le point de céder, la voix d’Alby résonne dans le couloir. Ni une ni deux, on bondit du lit, s’empressant de remettre nos vêtements. Heureusement, Alby s’arrête pour discuter avec un Blocard, nous laissant juste assez de temps pour retrouver notre tenue avant qu’il n’entre dans la chambre.

  • Ça va mieux, Minho ? demande-t-il, son inquiétude à peine voilée.
  • Ouais ouais… c’est bon, souffle Minho en glissant ses mains dans ses poches, un peu gêné.
  • Tu nous as fait flipper à t’énerver comme ça… soupire Alby, passant sa main sur son crâne rasé.
  • Bah… ça arrive à tout le monde… se défend Minho, sur un ton qui ne laisse pas transparaître sa frustration passée.
  • Je sais, t’en fais pas. Bon, au sujet d’Akira… reprend Alby en croisant les bras.
  • J’en veux plus ! le coupe Minho, ferme et catégorique, sans laisser aucune place à la discussion.
  • Je m’en doutais… De toute façon, il ne semble pas vouloir se remettre en question, constate Alby, d’un air grave mais calme.
  • Pourquoi réagit-il comme ça ? demande-je, intrigué.
  • Je ne sais pas… il doit être à cran, propose Alby avec prudence.
  • Oui… t’as sûrement raison, approuve-je, hochant doucement la tête, les yeux posés sur Minho qui, malgré son calme retrouvé, laisse encore transparaître quelques braises de sa colère et de son désir.

Peut-être qu’être coureur était devenu trop lourd pour Akira… ? Je l’ai toujours senti : il n’avait pas le mental pour supporter ce rôle à plein temps. C’est un garçon courageux, discret, mais pas téméraire… pas assez pour affronter la pression et la colère qui règnent dans le Bloc.

  • Bon, problème réglé en tout cas.  Grogne Minho, l’air complètement détaché de l’état mental d’Akira, comme si ça ne le concernait pas.

Alby, lui, adopte un ton plus strict, presque menaçant : 

  • Mais contrôle ta colère la prochaine fois. C’est interdit de frapper ou de bousculer un Blocard comme tu l’as fait. Heureusement que ton titre de Maton des coureurs te protège… 
  •  Tss… Bah va-y, mets-moi au Gnouf, Alby…! peste Minho en croisant les bras, un petit rictus de défi sur le visage
  • Ce n’est pas ce que je veux. Alby reste sec, puis se tourne vers moi en m’ordonnant presque : Bon, Newt, on y va, à moins que tu aies quelque chose à ajouter ?
  •  Heu… non, je viens. Bonne nuit, Minho. Je souris à mon bel athlète, le cœur encore chaud des instants que nous venons de partager.
  • Ouais… bonne nuit. Minho me rend mon sourire, un éclat tendre dans ses yeux, avant que je ne quitte sa chambre pour suivre Alby.

J’avoue que je serais bien resté un peu plus longtemps, à câliner Minho et sentir ses mains sur moi… Mais je sais qu’Alby pourrait se douter de quelque chose si je restais trop longtemps. Dans le Bloc, il suffit d’un rien pour qu’une rumeur naisse. Heureusement, jusqu’ici, nous avons été prudents. Ceux qui se doutent de quelque chose, comme Fry ou Winston, gardent leurs doutes pour eux, et ça nous laisse une discrétion relative.

En marchant vers la chambre d’Alby, un peu à l’écart des dortoirs des autres Blocards, nous discutons du conseil de demain et du cas « Antoine », mais aussi de ce qui vient de se passer avec Minho. Nous en convenons : pour calmer les nerfs de Minho et lui permettre de continuer à gérer son rôle, il vaut mieux mettre Akira à l’écart. Il sera placé sous la directive de Gally, un homme fort, capable de tempérer ses colères si elles venaient à se reproduire. Pour une fois, le caractère de Gally peut servir à quelque chose, je doute qu’Akira ose le défier après ce qu’il a vécu aujourd’hui.

  • Tu vois, Gally n’a pas que des défauts, sourit Alby, un brin amusé.
  • Je n’ai pas dit qu’il n’avait que des défauts. C’est juste que je n’aime pas quand il s’en prend à plus faible que lui… Antoine, qui est un petit nouveau, ne mérite pas ça. Je croise les bras, défendant mon point de vue avec conviction.
  • Tu as tout de même dit que c’était une brute !  s’amuse Alby, son ton léger contrastant avec ma gravité.
  • Ce n’est pas drôle, Alby. Je le pense toujours : Gally est une brute. 
  •  Ouais, mais là… ça peut être utile. Il me fait un clin d’œil complice.

Je grimace un peu, un mélange d’exaspération et d’affection : 

  • Tu m’agaces.

Alby ouvre alors grand la porte de sa chambre circulaire, m’invitant à entrer : 

  • Tu vas pas bouder ?  Je soupire, un brin sec : 
  • Je t’ai dit que j’avais passé l’âge pour ça. Bonne nuit, Alby. 

Je tourne les talons avant de rentrer dans la chambre d’Alby, mais il m’attrape par le bras et me tire doucement à l’intérieur, vers lui, me plaquant contre le mur. Un frisson traverse mon échine, mêlant surprise et malaise.

  • Désolé Newt, j’ai bien compris la situation et je t’ai dit que j’irais parler à Antoine. Ça devrait te suffire, non ? tente-t-il de m’amadouer, un sourire presque trop tendre aux lèvres.

Je pose ma main sur son avant-bras pour essayer de le faire lâcher le mien. 

  • C’est à Gally que tu dois parler…  dis-je, ma voix légèrement tremblante, trahissant le malaise qui me serre la poitrine.
  • On a parlé aujourd’hui, j’ai dit à Gally que si tu avais dit ça, c’est que tu avais de bonnes raisons de le faire. Tu me crois ? 
  • Hum… oui, je détourne les yeux, affichant une moue contrariée. Mais… tu m’as tout de même réprimandé.
  • Car ton rôle est de toujours garder ton calme, Newt. Il saisit doucement mon menton pour relever mon regard vers lui. Ses yeux sont sérieux, presque suppliants. Je secoue la tête, essayant de me dégager. 
  • Oui, bah parfois, je n’y arrive pas… Il me retient encore, cette fois en saisissant ma main. 
  • Tu ne vas pas m’en vouloir pour ça, non ? 
  •  Je ne t’en veux pas, mais je suis contrarié ce soir. Il faut que tu me laisses un peu tranquille. Ma voix est sincère, mais je sens mes joues chauffer, un mélange d’embarras et d’inconfort. Il soupire, un sourire nostalgique aux lèvres. 
  • Je vois… C’est dommage, je t’aurais bien proposé qu’on dorme ensemble, comme à l’époque. Tu te souviens ? On dormait l’un contre l’autre pour se rassurer et se réchauffer… Et faut dire que les nuits sont froides en ce moment…  Sa main caresse le dessus de la mienne, ses doigts chauds glissant sur ma peau. Je rougis, gêné et très mal à l'aise…
  • Oui… et bien, peut-être plus tard, car là… comme je viens de te le dire, il faut que tu me laisses tranquille. 

Pourquoi me propose-t-il ça maintenant ? Ce n’était jamais arrivé depuis des années… Quelque chose se cache forcément derrière ce geste. Je sens mon cœur battre plus vite, mais ce n’est pas pour lui… Mes pensées dérivent immédiatement vers Minho, vers la chaleur de ses bras, la douceur de ses gestes et le souvenir encore brûlant de notre intimité… C'est seulement avec lui que je veux partager mes nuits… Mais Alby insiste, un peu plus proche. 

  • Très bien, mais… tu m’aurais dit oui sans cette histoire ?

Je force sur ma main pour qu’il me lâche, évitant son regard.

  •  Je ne sais pas… Dormir dans ton lit avec toi… aurait pu faire jaser les autres Blocards… murmure-je, confus. Essayant de trouver une échappatoire. 

Il hausse un sourcil, comme pour graver ses mots dans l’air : 

  •  Pas faux, au pire, tu viendras en pleine nuit, comme ça personne ne te verra.  Ses yeux cherchent les miens, sérieux et insistants, mais je sens mon malaise s’accentuer. Je secoue la tête et m’avance vers la porte. 
  • Je n’ai pas la tête à réfléchir à ça ce soir, je suis fatigué… Mais une fois encore, il se place devant moi, me bloquant la sortie. 
  • Puis-je te demander un truc avant que tu ne sortes ? Sa voix est calme mais chargée de tension, presque vulnérable.
  •  Hum… oui… ? dis-je, anxieux.

Je sens mon cœur se serrer, partagé entre la politesse et la gêne extrême. À quoi joue-t-il ce soir ? Est-ce qu’il cherche seulement du réconfort ou autre chose ?

  • Je peux te prendre dans mes bras quelques secondes ? Moi aussi, je me sens fatigué…  souffle-t-il, comme à bout de forces.

Je reste figé, surpris par sa demande. Mes yeux cherchent les siens, mais je ne peux m’empêcher de penser à Minho... Au fait que mes bras lui sont exclusif... Et malgré cette pensée, je hoche la tête à contre-cœur.

  •  Heu… hum… oui… 

Alby vient alors me plaquer contre son torse, enfouissant son visage dans mon cou. Sa respiration chaude effleure ma peau, sa main dans le haut de mon dos me serre doucement, mais l’autre, qui a glissée à la limite de mes fesses, me fait frissonner d’inconfort. Je sens sa légère pression et devine ses intentions derrière sa demande de dormir ensemble. Mais je ne peux me résoudre à ça. Il me paraît injuste qu’il interdise aux autres ce qu’il espère pour lui… et puis, moi, mes pensées ne sont pas pour lui. Elles sont toutes pour Minho... Et uniquement lui. Heureusement, il finit par me relâcher, me souriant. 

  • Heureusement que tu es là…  dit-il doucement.

Je sens mon malaise s’intensifier, alors je passe à côté de lui et sors de la chambre. 

  •  Bonne nuit, Alby… 

Je me dépêche de rejoindre la mienne, refermant la porte derrière moi et posant une main sur mon cœur. Un soulagement doux et amer m’envahit. Ça risque de devenir compliqué si Alby continue ce genre de demande et que je refuse chaque fois… Je m’allonge dans mon lit, repensant à Minho. Mon corps frissonne légèrement en revivant nos gestes, nos étreintes et nos baisers. Je retire mes vêtements, m’assurant de garder un peu de notre intimité pour moi, nettoyant doucement la chaleur de sa présence sur ma peau. Je me blottis sous mes couvertures, laissant mon esprit se perdre dans le souvenir de ses bras musclés, de ses mains tendres et rassurantes… et pour un instant, j’oublie tous les problèmes qui m’attendent dehors.


À suivre ! 



Lexique :


Blocard : Habitant du Bloc.

Le Gnouf : Prison.

Maton : Chef.

Bâtisseurs : Blocards chargé de construire de nouveaux bâtiments ou agrandir les autres.

Briqueton : Chargé de réparer les bâtiments et de soutenir les bâtisseurs.

Torcheur : Blocard qui accomplisse toute les tâches ménagères et répugnantes.

Trancheur : Blocard qui élève le bétail pour ensuite le tuer.

Scarleurs : Blocard qui travaille dans les jardins pour cultiver la terre et récolter les fruits et légumes.

Medjacks : Médecin.

Cartographe : Blocard chargé de mettre en commun toute les notes des coureurs pour créer le plan final du labyrinthe.

Coureurs : Blocard sélectionné pour parcourir le Labyrinthe afin de le mémoriser pour trouver une sortie.



J'espère que le chapitre deux vous a plu !

N'hésitez pas à me laisser des commentaires, ça fait toujours plaisir !


Bye !

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