Le commencement

Chapitre 6 : Une mise au point

4646 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 28/06/2020 16:01

Chapitre 6 : Une mise au point.



Quelques jours passent depuis notre promesse et cette nuit d’amour brûlante qui continue de me hanter la peau. Le Bloc retrouve son calme, mais moi, je reste encore secoué, fébrile. Depuis ce soir-là, Minho et moi passons beaucoup plus de temps ensemble… et pas seulement sous les draps. Dès qu’il revient du Labyrinthe, il glisse à mes côtés, me suit partout, comme une chaleur discrète mais constante. Chaque fois qu’il se tient près de moi, que je sens son souffle ou son regard sur ma nuque, mon cœur se serre d’une joie douce et douloureuse. Pourtant… plus Minho et moi nous nous rapprochons, plus je m’éloigne de Alby.  J’ai pris mes distances avec lui, volontairement. Je n’arrive pas à oublier qu’il a menti à Minho…  Et qu’il prétend même que nous sommes intimes… Chaque fois que j’y repense, quelque chose se serre en moi, une brûlure froide… Une nausée. Pourquoi fait-il ça ? Je croyais être son ami…  Et soudain, je réalise que je n’ai jamais vraiment compris ce qu’il ressentait, ni ce qu’il attendait de moi. Je n’ai plus confiance en lui.  Et ce manque de confiance, entre nous deux, c’est comme une pièce entière qui s’effondre à l’intérieur de moi.


Après une nuit glacée, pleine de silences, je me réveille avant l’aube, le souffle court, une envie féroce de sentir Minho contre moi. Je me glisse hors de mon lit, hésitant une seconde, juste une, puis mes pieds me portent d’eux-mêmes vers le sien. Rien que l’idée de le réveiller d’une caresse me réchauffe.  Je prends le risque d’être surpris, mais cette pensée ne m’arrête pas. Au contraire, elle me chauffe le sang autant que les lèvres de Minho quand elles se posent sur ma peau. Je pousse doucement la porte de sa chambre encore plongée dans l’ombre. Le bois grince un peu, trop à mon goût, et mon cœur fait un bond.

Je me glisse sous son drap, le réveillant en douceur, caressant son large torse, longeant les lignes de son corps, comme happé par lui, par sa chaleur. Dès que nos corps se frôlent, ma respiration se coupe. Tout devient fébrile, urgent. Minho m’attire aussitôt contre lui, ses mains chaudes glissant autour de ma taille. Nos lèvres se trouvent sans hésitation, un baiser profond, sauvage, comme si on avait attendu toute la nuit pour ça. Un gémissement étouffé m’échappe, et il en profite pour s’emparer encore plus de ma bouche, comme s’il refusait de me laisser respirer ailleurs que contre lui. Très vite, il bascule au-dessus de moi. Son poids me rassure, me brûle. Je sens ses genoux encadrer mes hanches, ses doigts se faufiler sous mon haut, et cherche ma peau comme une évidence brûlante. Je m’ouvre à lui, docile, les jambes qui se desserrent sans que j’aie besoin d’y penser. Pas de mots. Juste l’urgence silencieuse de deux garçons qui s’aiment trop et qui doivent tout cacher. Tout est intense, rapide, pressé, une étreinte volée, haletante, presque tremblante. On étouffe nos souffles dans nos baisers pour ne pas se trahir. Minho n’arrête jamais de m’embrasser : ma bouche, ma joue, ma gorge, chaque parcelle qu’il peut atteindre avant que le monde se réveille. Ses lèvres sont partout, chaudes, affamées, comme si je lui avais manqué plus que je ne l’imaginais. Quand la tension retombe, nos fronts se touchent quelques secondes. Je sens encore son cœur cogner contre ma poitrine. L’air est tiède, chargé de nous… Je respire encore difficilement, étendu contre lui, la peau brûlante, le cœur qui bat trop vite. Minho a la tête enfouie dans mon cou, son torse se soulève contre le mien, et je savoure quelques secondes de plus ce silence fragile qui suit l’amour. Un silence qui ne se reproduit presque jamais dans le Labyrinthe… et que j’ai peur d’abîmer si je reste trop longtemps. Je me décolle lentement de lui, comme si je retirais mes doigts d’une plaie encore chaude. Je dois partir. Je le sais… Si quelqu’un nous surprend… Je n’ose pas y penser.

Mais alors que je ramasse ma chemise, Minho attrape doucement mon poignet. Je me fige… Son regard me traverse, brûlant, mais pas exigeant. Il y a juste cette faim-là, sombre et tendre, que je reconnais trop bien. Cette manière qu’il a de me regarder comme si j’étais la seule chose qui apaisait ses nerfs avant une journée à courir pour survivre.

  • On a encore dix minutes… Tu ne voudrais pas…?  Jette-t-il un regard furtif vers son sexe déjà tendu. Je souris… caresse sa main. 
  • Hum… d'accord… uniquement parce que c’est toi… 

À cet instant, un frisson me traverse, non pas de peur… mais de cette étrange chaleur qui s’enroule autour de ma poitrine quand il me demande quelque chose avec ce ton-là… Un mélange d’abandon et de confiance… cette confiance qui me tord le ventre, Alors je me glisse sous la couverture, lentement, mes mains glissant sur ses cuisses encore tremblantes de notre étreinte. Ce n’est pas un geste honteux. Ce n’est pas un geste qu’on arrache dans le noir. C’est un dernier baiser de la nuit, un secret partagé avant de retourner jouer les rôles que le Bloc exige de nous. Mes lèvres touchent son sexe. Il étouffe mon prénom dans un souffle brisé, sa main glissant dans mes cheveux. Et moi… je me perds quelques instants dans l’idée que je pourrais rester là, juste là, à le sentir frémir sous mes gestes, à l’entendre murmurer comme s’il avait besoin de moi pour respirer. Quand tout retombe enfin, quand sa respiration redevient humaine, fragile, belle… je me redresse en silence et il m’attire contre lui, juste une seconde. Ses lèvres touchent mon front. Un adieu, un merci, un « je t'aime » sans mot. Je remets ma chemise à la hâte. Je dois partir et il le sait… déjà, il me manque. Minho me suit du regard sans dire un mot, ses yeux brillent dans l’obscurité, pleins d’un désir doux, presque douloureux. Je quitte sa chambre comme je suis venu : discrètement, la tête lourde de lui, le souffle encore court, le corps vibrant de notre moment volé.

je file sous la douche. L’eau froide me scie le dos mais apaise la chaleur qu’il a laissé en moi. Puis je salue les Coureurs avant leur départ, tentant d’avoir l’air normal malgré la lourdeur délicieuse qui reste dans mes muscles. 

Ensuite, direction les jardins avec Zart. La terre entre mes doigts m’aide à remettre mes idées en place… enfin, à peu près. La journée avance. Le soleil cogne fort, la lumière blanche fatigue mes yeux. C’est juste après la pause déjeuner que Gally apparaît, venant droit vers moi comme une ombre trop massive pour être ignorée. Je le repère immédiatement, impossible de faire autrement. Gally… Grand, massif, large comme une armoire. Un rouquin imposant, la peau constellée de taches de rousseur qui s’étendent jusque sur son cou. Son visage est dur, taillé au couteau, ses mâchoires serrées comme s’il retenait toujours une colère prête à éclater. Ses yeux, un drôle de mélange entre le marron et le vert, brillent d’une tension sauvage. Il avance à grands pas, ses bottes martelant le sol avec une impatience sonore… Chaque foulée semble dire : je viens pour toi, et pas plus tard que maintenant. Je sens mon estomac se nouer. Je déteste cette sensation… Depuis… cet incident, je suis incapable d’être totalement calme avec lui. Je n’aime pas sa force, son ombre, sa manière d’occuper l’espace sans laisser d’air… Et là, en le voyant venir, quelque chose en moi murmure : pas seul avec lui, pas encore…

  • Newt ! Sa voix claque dans l’air comme un ordre militaire. Je sursaute légèrement, malgré moi.
  • Oui ?

Il s’arrête juste devant moi, si près que je dois lever le menton pour soutenir son regard. Son souffle est court, lourd. Ses poings se crispent et se décrispent lentement comme s’il faisait des efforts pour ne pas exploser.

  • Ramène tes fesses ! aboie-t-il. Je déglutis, mais je garde la tête haute.
  • Pourquoi ? demandé-je, même si je sens déjà la méfiance serrer ma poitrine.

Il fronce les sourcils, agacé par ma question, par mon hésitation, par… moi, peut-être.

  • Viens voir, j’te dis ! répète-t-il, cette fois avec une impatience plus menaçante.

Mon cœur bat trop vite. Je sens mes doigts trembler légèrement, même si j’essaie de le cacher. Je n’aime pas ce sentiment de perdre le contrôle. Je n’aime pas qu’il me parle ainsi. Mais je n'ai pas le choix que d’obéir. Donc je inspire longuement et je souffle… 

  • Rah… j’arrive.

Je me lève en traînant un peu les pieds, encore tendu par l’énergie brute que Gally dégage lorsqu’il m’attrape comme ça. Je souffle un coup et je finis par suivre sa silhouette massive, me demandant ce qu’il peut bien vouloir me montrer avec autant d’insistance.

Plus j’avance, plus une anxiété sourde serre ma poitrine. Avec lui, je ne sais jamais si je vais tomber sur un problème… ou sur un de ses excès de colère. En arrivant devant la grange, je comprends immédiatement. Un frisson froid me parcourt l’échine. Une partie du mur est effondrée. Les planches pendent comme des côtes brisées, et l’odeur de poussière fraîche flotte dans l’air. Je me fige, surpris par l’ampleur des dégâts.

  • Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demandé-je, les yeux écarquillés.

Gally, à côté de moi, semble à deux doigts d’exploser.

Ses mâchoires se contractent si fort que je vois les muscles trembler sous sa peau pâle de rouquin. Il respire fort, lourdement, comme s’il retenait une rage capable de faire trembler le Bloc….

  • C’est du sabotage, voilà ce que c’est ! crache-t-il, furieux. Je cligne des yeux, pris de court.
  • Quoi ?
  • Ouais, regarde de plus près, tu vas comprendre ! Sa voix est tendue, vibrante d’agacement.

Il se baisse, saisit quelques planches effondrées avec ses mains larges et calleuses. Les muscles de ses bras épais, puissants, roulent sous sa peau alors qu’il dégage la zone. Une odeur d’humidité et de bois pourri s’élève quand les morceaux de la structure glissent sur le sol. Je m’accroupis à mon tour, inspectant l’endroit qu’il me montre.

  • Ah… oui, d’accord… murmuré-je en voyant la planche ôtée volontairement.

Gally se redresse brusquement, son regard marron-vert brûlant d’une colère brute.

  • T’as compris ?! Quelqu’un a retiré une planche exprès. Donc forcément, tout s’est cassé la gueule ! Je passe ma main sur mon menton, pensif, mal à l’aise.
  • Étrange… T’as une idée de qui ça peut être ?
  • Non, grogne-t-il, la voix grondante. Mais si je le chope, règle ou pas règle, je le défonce !

Je lève les yeux vers lui. Son visage sévère, son air menaçant… Oui, il en serait capable. Et c’est bien ça qui me met mal.

  • Arrête de dire n’importe quoi. Et puis, celui qui a fait ça ne va sûrement pas se dénoncer…, soufflé-je, tentant de calmer un peu le jeu.
  • Ouais bah en attendant, faut réparer avant que l’eau s’infiltre partout !

Il donne un coup de pied dans une latte de bois, qui rebondit avec un bruit sec.

  • Ok, je te laisse gérer, dis-je, un peu las de son attitude explosive. Il me lance un regard impatient.
  • Vas en parler à Alby. Une injonction, plus qu’une demande.

Mon estomac se serre aussitôt… Alby. Encore lui… Je sens un mauvais frisson me parcourir la nuque rien qu’en imaginant un face-à-face avec lui.

  • Tu peux pas le faire toi ? demandé-je, agacé, fatigué. Gally hausse les épaules avec une irritation brutale.
  • Je suis occupé, ça se voit pas ?! s’emporte-t-il. Et puis t’es le Maton des Matons ! C’est ton rôle de le prévenir ! Je soupire, le regard fuyant.
  • Ok, ok… j’y vais, dis-je à contrecœur.

Je le laisse à sa colère et je m’éloigne, les épaules lourdes. L’air me semble plus épais tout à coup, comme si chaque pas vers Alby me pesait double. Je fouille le Bloc de long en large, inspectant les coins où il traîne d’habitude, la gorge nouée à l’idée de tomber sur lui trop vite, trop près. Rien. Pas de trace de lui. J’interroge quelques blocards, essayant d’avoir l’air détendu alors que mon cœur tambourine contre mes côtes. C’est finalement Fry, les mains pleines de farine, qui m’indique :

  • Il est parti bosser dans la salle des conseils.

Je le remercie d’un signe de tête et je prends la direction du bâtiment, une boule dans la gorge. Je ne suis vraiment pas prêt pour cette conversation.

Je marche lentement jusqu’à la salle, les pas étouffés contre le sol terreux du Bloc, et quelque chose au fond de ma poitrine serre déjà avant même que j’ouvre la porte. Une appréhension vague, sourde… comme si mon corps savait avant moi que ce que je vais trouver ne va pas me plaire. La poignée grince, la lumière blafarde glisse sur le sol et mes yeux balayent la pièce. Je le vois… Assis par terre. Alby… Le chef solide et inébranlable du Bloc… recroquevillé comme un gamin, tête basse, épaules larges, musclées, sculptées à force de travail mais affaissées comme si tout le poids du monde les tirait vers le bas. Ses doigts massifs sont crispés contre ses genoux, la tension vibrante jusque dans ses avant-bras.

  • Alby ?

Sa tête se relève brusquement. Ses yeux noirs brillent, humides. Sa peau sombre reflète à la lumière en traînées luisantes que ses joues. Il s’essuie trop vite, trop brusquement.

  • Oh… Newt… ! dit-il, surjouant la surprise.

Il se redresse d’un bond, les muscles de ses cuisses roulant sous son pantalon. Son torse puissant se gonfle lorsqu’il inspire, et pendant une seconde, son regard glisse sur moi, sur mon visage fin, mes yeux en amande entourés de longs cils blonds, ma maigreur, mes épaules frêles… Il me scrute et son désir est presque palpable, lourd, comme une main invisible qui se pose sur ma peau.

  • Tu… pleures ? demande-je, la voix légère mais étonnée.
  • Oh non. Juste une poussière dans l’œil.

Son sourire est faux. Il tremble un peu. Son pouce passe trop longtemps sous son œil, comme s’il essayait de faire disparaître la preuve. Je reste immobile, sans trop savoir comment réagir. Alby… comme ça… Je ne m’y attendais pas…

  • Newt, arrête de t’inquiéter. 

Il avance vers moi. Sa présence occupe la pièce toute entière. Il est plus grand que moi, plus large, sa peau sombre contrastant violemment avec la mienne, blanche, presque nacrée. Je me sens comme une perle fragile à côté d’une montagne noire et musclée. Sa grande main se pose sur mon épaule. Sa paume brûlante engloutit presque toute la jointure. Son pouce effleure ma clavicule. Un frisson de malaise remonte le long de ma colonne. Il me regarde avec cette intensité que je connais trop bien. Ce désir qu’il ne dissimule plus vraiment… Son regard glisse sur mes lèvres rosées, sur mon visage fin. Ça me serre l’estomac.

  • Tu pleurais, ne nie pas, réplique-je en croisant les bras, cherchant à me protéger de sa proximité suffocante.
  • Non, je ne pleure pas… Jamais. Dit-il d'un ton sec, automatique… Je lève les yeux vers lui, mon expression douce mais ferme.
  • Et quand comptes-tu arrêter de me mentir, Alby ?

Il cligne des yeux. Sa bouche épaisse se contracte, un tressaillement nerveux.

  • Te mentir… ? répète-t-il, l’air innocent.

Une feinte… Une comédie… Je le vois dans sa posture, dans son regard qui se dérobe à peine.

  • Parfaitement. Son torse se bombe, ses épaules se tendent.
  • Je ne te mens pas ! Pourquoi tu m’accuses comme ça ?! Sa voix grave vibre dans mes côtes… Je recule légèrement…
  • Ne t’énerves pas, souffle-je.
  • Bah si ça m’énerve ! s’emporte-t-il. Qui t’a raconté des trucs sur moi ? Encore un Blocard jaloux ?!
  • Alby, dis-je d’une voix lasse, je sais que tu mens. Inutile de jouer.
  • À quel sujet ?!

Il avance d’un pas brusque, me surplombant. Sa présence est écrasante. Il ment en continu, ça se voit dans ses yeux.

  • Par exemple, tu couches avec des Blocards. Je marque un temps. Et je l’ai vu moi-même. Un rictus nerveux déforme son visage.
  • Et c’est pour ça que tu m’évites ? Tu es jaloux ?
  • Pas du tout. Je veux juste comprendre pourquoi tu m’as menti.
  • Ce n’est pas du mensonge ! rugit-il. Je ne t’ai rien dit, nuance ! Puis il lance comme un serpent venimeux : Et toi, tu te fais prendre par Minho, et je ne te fais pas une scène ! Je sens mon cœur sursauter…
  • Laisse Minho en dehors de ça.
  • Non ! tonne-t-il. Depuis lui, tu m’évites ! Tu ne me parles plus ! Tu me fuis ! Et tu ne fais même plus les rondes du soir avec moi !
  • Ça n’a rien à voir avec lui… Ma voix tremble. Je perds peu à peu ma force… Il me rends nerveux. Je prends mes distances parce que tu mens. Sans arrêt.
  • Bien sûr que ça a à voir avec lui !! Il saisit mon bras. Ses doigts sont si larges qu’ils enserrent presque tout mon avant-bras.

Ma peau blanche rougit sous sa poigne… Un frisson glacé me traverse. Je me sens minuscule, vulnérable.

  • Rien n’aurait changé entre nous… si tu n’avais pas menti à Minho, le jour où j’ai fait mon malaise ! Éclate-je en dévoilant ainsi ce que je pense.  Mais il feint encore l’étonnement :
  • Quoi ?
  • Arrête. Tu lui as dit qu’on avait passé la nuit ensemble. Et tu le dis à tout le monde.
  • C’est faux ! hurle-t-il. Il invente !
  • Moi, je le crois.

Il se brise d'un coup, comme si cette phrase était un coup de poignard.

  • Pourquoi lui et pas moi ?!! Sa voix tremble de rage et… de douleur. On se connaît depuis plus longtemps ! C’est injuste ! Il a ton entière confiance parce qu’il t’allonge, c’est ça ?!!
  • Minho ne me ment jamais.

Je le repousse. Mes doigts tremblent. Je mets un pas de distance entre son corps massif et le mien.

  • PUTAIN !!!

Il me repousse violemment. Pas assez pour me faire tomber, mais assez pour que je vacille. Puis son visage se tord, comme si quelque chose se fissurait en lui. Il porte sa main à ses yeux. Son torse puissant se soulève dans un souffle déchiré.

  • Ça me saoule… putain…

Puis il s’effondre… Littéralement…. Ses genoux frappent le sol, ses épaules larges tremblent. Il enfouit son visage dans ses mains grandes comme des pelles, respirant de manière saccadée. Je reste paralysé… Une partie de moi a peur. Une autre… est touchée malgré elle. Et c’est terrible…. Terrible, parce que rien entre nous n’est plus pareil. Parce que je vois clair dans ses manipulations, son désir, ses mensonges… Et pourtant… je ne supporte pas de voir quelqu’un pleurer. Alors je m’approche. Lentement. Je plie les genoux. Ma main, petite, blanche, fragile, se pose sur son épaule chaude et tendue. Un contraste brutal. Une silhouette fine et pâle face à un colosse brisé.

  • Alby… murmure-je. Allez, reprends-toi, les doigts toujours posés sur son épaule massive. Ça ne sert à rien de pleurer… Il renifle, un souffle lourd qui agite son torse musclé.
  • Désolé, Newt… marmonne-t-il. D’avoir dit tout ça…

Le silence qui suit est lourd, étouffant. Je sens sa respiration chaude contre mes doigts, et son corps, tellement plus grand, tellement plus solide, tremble légèrement. Cette vulnérabilité forcée me met encore plus mal à l’aise que sa colère… Puis, d’une voix basse, coupable, il murmure :

  • J’avoue t’avoir menti à propos du fait que j’ai couché avec des Blocards… Il relève lentement la tête. Son regard noir s’ancre dans le mien, intense, brûlant, presque dévorant. Mais c'était uniquement parce que je ne voulais pas que tu penses que je regarde un autre que toi…

Il avance ses mains vers les miennes, les enveloppant complètement. Ses paumes sont larges, rugueuses, chaudes. Les miennes disparaissent presque entre ses doigts puissants.

  • Il n’y a que toi… souffle-t-il, la voix vibrante. Toi et seulement toi qui compte pour moi… Tu comprends ?

Mon cœur se serre…. Pas par émotion mais par malaise…

  • Alby… souffle-je en détournant les yeux, mal à l’aise sous la tension de son regard.
  • J’ai menti à Minho et aux autres parce que je suis jaloux… dit-il en penchant la tête, son regard se perdant dans le vide, comme s'il s’enfonçait dans sa propre obsession.

Je retire doucement mes mains, essayant de briser ce contact qui me coupe presque la respiration, puis je me redresse.

  • Toi et moi, on est amis…

Je sens mes mots buter dans ma gorge. Sa présence imposante me trouble plus que je ne veux l’admettre. Pas par attirance, mais par la force suffocante de ce qu’il veut de moi… Alby se redresse à son tour, et même debout au même niveau, il me domine toujours de toute sa hauteur. Ses épaules larges me surplombent, son torse massif semble occuper tout l’espace…

  • Je n’ai pas envie d’être ton ami, Newt….Sa voix est rauque, presque cassée par des années de retenue. Cinq ans… Il serre les dents. Ça fait cinq putain de longues années que j’ai des sentiments pour toi sans pouvoir te toucher… Tu imagines pas ma frustration… surtout quand je sais que tu couches avec Minho…

Il baisse la tête un instant avant de relever ses yeux brûlants vers moi.

  • Je suis désolé, mais je ne contrôle pas ce que je ressens pour toi. Je sens une chaleur glacée me traverser la nuque.
  • Oui mais moi non plus je ne contrôle pas ce que je ressens. Alors… qu’est-ce que je suis censé faire, hein ? Grimace-je la gorge serré. M’éloigner de toi… ?
  • Non ! Surtout pas ! Il saisit de nouveau mes mains, plus fort cette fois, presque possessif.

Sa poigne serre, pas assez pour faire mal… mais pour empêcher toute fuite.

  • Je comprends que tu ne contrôles pas tes sentiments… Il me fixe comme s’il cherchait à lire dans mes pensées. Mais moi… Il approche son visage du mien, trop près. Tu as pensé à moi…? Dois-je te regarder flirter sous mon nez avec Minho ? Je déglutis, le cœur tambourinant. 
  • Je flirte pas sous ton nez, déjà. Et ensuite je fais ce que je veux avec qui je veux, Alby.

Je retire mes mains d’un geste sec. Le contact de ses doigts chaud et rugueux me brûle encore. Et dans ma tête, un seul nom revient… Minho. Toujours Minho.

  • Mais ça me fait souffrir, tu comprends… ? dit-il en serrant les poings, les muscles de ses avant-bras tressaillant sous la peau sombre.
  • J’y peux rien… souffle-je, contrarié. Je ne vais pas arrêter avec Minho pour te faire plaisir.

Il ferme les yeux…. Sa mâchoire claque. Une colère sourde roule sous sa peau, je la sens vibrer dans l’air. Un long silence…. Très angoissant… Puis, il rouvre les yeux… et change. Son visage se lisse. Son ton se radoucit. Comme si un interrupteur interne venait de basculer…

  • T’as raison… dit-il soudain, calme. Trop calme. Je te demande pardon, Newt. Je cligne des yeux, surpris. Il inspire profondément, sa poitrine massive se soulève lentement. Je t’aime… Les mots tombent, lourds, abrupts. Voilà. Je l’ai dit.

Il prend ma main dans la sienne, sa respiration chaude glissant contre mes doigts.

  • Je ne veux pas perdre ton amitié, Newt. Alors s’il te plaît… J’aimerais que tout redevienne comme avant entre nous…

Je le regarde, un peu intimidé, un peu sonné. Sa déclaration me frappe comme un poids dans l’estomac.

Et pourtant… quelque chose en moi résiste. Sa sincérité sonne trop… construite. Comme une pièce de théâtre… Après un moment de silence, je souffle :

  • Ok… Mais laisse-moi un peu de temps…

Il sourit. Un sourire trop doux, trop tendre, trop calculé.

  • J’attendrai le temps qu’il faut pour toi… Son pouce caresse le dos de ma main. N’oublie pas que dans ce foutu Bloc, tu es la chose la plus précieuse à mes yeux.

Ce mot heurte ma peau comme une gifle… “Chose”... Avant que je puisse réagir, il se penche, prend ma main et dépose un baiser sur mes doigts. Sa bouche chaude effleure ma peau, m’arrachant un frisson de dégoût que j’étouffe tant bien que mal. Puis il s’éclipse. Me laissant seul dans la salle du conseil. Je reste immobile, la main encore brûlante là où ses lèvres se sont posées. Cette dernière phrase… Ce mot… Il me considère vraiment comme un objet. Quelque chose à posséder, à enfermer, à garder pour lui seul. Et je n’aime pas ça. Pas du tout… Même si je lui ai dit que tout redeviendrait comme avant… c’est impossible. Je n’admets pas ce qu’il a fait à Minho. C’est impardonnable. Et ça révèle parfaitement la nature d’Alby : un homme fourbe, manipulateur, prêt à tout pour m’avoir. Je me sens de moins en moins en sécurité ici. Entre Gally qui m’agresse, et Alby qui me désire au point de perdre la tête, je suffoque. Il faut que je parle à Minho… et vite.

Et dans tout ça, j’ai même oublié de parler de la grange. Mais honnêtement… je ne veux plus lui adresser la parole aujourd’hui. Je retourne travailler avec les Scarleurs… On verra plus tard pour le reste…



A Suivre ...!



J'espère que le chapitre vous à plu !

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Bye ! 


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