Ada & Newt

Chapitre 2 : Saison 1 Episode 2 - Le Bloc

1723 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/06/2022 12:21

J'entre dans une pièce immense mais vide qui a des airs d’auditorium.

-         Il y a quelqu'un ?

-         Je suis là !

La voix provient d'une pièce au fond de la hutte. Je traverse les gradins creusés dans la terre et passe la porte entrouverte pour trouve un jeune homme à la peau sombre assis derrière un bureau, penché sur des feuilles en désordres.

-         Bonjour, dit-il en se levant pour l’accueillir avec un grand sourire. Je suis Alby, c'est moi qui chapote tout ici. Tu dois avoir des questions, je me trompe ?

Je hoche la tête et ouvre la bouche pour parler mais il me coupe en levant la main.

-         Attends, je vais déjà te dire tout ce que je sais. Après, on verra si tu as encore des questions, ça te va ?

J'acquiesce et il me désigne une chaise pour m'asseoir.

-         Tu as dû remarquer qu’on était dans un espace fermé. On l’appelle Bloc. Ici, on a trois grandes règles à respecter : chacun doit accomplir sa tâche, pas de place pour les fainéants, commence-t-il à reciter. Ne jamais blesser un autre blocard, c’est comme ça qu’on s’appelle entre nous. On doit pouvoir faire confiance à tout le monde. Et enfin, ne jamais franchir les murs du Bloc. Jamais ! Tu comprends ?

Je hoche la tête, même si je ne suis pas sûre de tout comprendre parfaitement.

-         On a plusieurs boulots, tu vas pouvoir en tester une grande partie pendant la semaine qui suit. Tu vas commencer avec les sarcleurs. Ce sont plus ou moins nos agriculteurs. Ils s’occupent du Jardin, ils approvisionnent la cuisine en fruits et légumes et l’infirmerie en plantes médicinales. C’est Zart leur maton.

-         Maton ? Ça fait pas un peu gardien de prison ?

-         Ouais, c’est vrai, mais c’est le terme qu’on a choisi pour les chefs d’équipe. Il y en a un pour chaque groupe de travail. Tu apprendras vite à les connaître. Il y a Sigmund, mais tout le monde l’appelle Frypan. Je te laisse deviner son boulot.

-         Cuistot ?

-         Gagné, réagit-il en rigolant un peu. Il fait le meilleur bacon du Bloc, tu peux me croire. Il y a aussi Gally, il gère les bâtisseurs.

-         Laisse-moi deviner… ils bâtissent ?

-         T’es une marrante à ce que je vois. Mais reste concentrée, ça fait beaucoup d’informations. Tu rencontreras aussi Winston, qui s’occupe des Trancheurs, ce sont à la fois nos éleveurs et nos bouchers. Clint, tu as dû le croiser à l’infirmerie où tu t’es réveillée. Lui et Jeff sont nos deux seuls Medjacks, nos médecins improvisés quoi. On a aussi les Coffreurs, se sont un peu nos gros bras, c’est moi qui les gère la plupart du temps. Et enfin il y a Minho, le maton des coureurs.

-         Les coureurs ? Pour quoi faire ?

-         Je ne veux pas que tu paniques d’accord ?!

-         Pourquoi je paniquerais ?

-         Les murs autours du Bloc. Ils s’ouvrent chaque matin et se referment chaque soir. Et au-delà, il y a un immense Labyrinthe.

-         Un Labyrinthe ? Ça veut dire qu’on est coincés ici ?

-         Exactement. Les coureurs sont les seuls à avoir le droit de sortir du Bloc. Ils cherchent une sortie.

-         Depuis longtemps ?

-         Trois ans.

-         Attends, quoi ?

-         Oui, je sais, c’est pas très encourageant, mais à leur défense, le Labyrinthe change toutes les nuits. Et il y a des… créatures à l’intérieur, ce qui rend impossible les expéditions de plusieurs jours.

-         Des créatures ?

-         On les appelle les Griffeurs. Tout ce qu’on sait, c’est que leur piqûre rend fou.

-         Pourquoi j’ai pas vu d’autres filles dehors ?

-         Parce qu’il n’y en a pas.

Je me lève pour réfléchir et il me regarde faire les cent pas en respectant mon silence.

-         Tu es en train de me dire que je suis coincée dans un Labyrinthe avec une centaine de garçons qui sont là depuis trois ans et que je suis la seule fille ?

-         Cinquante-six

-         Quoi ?

-         On est cinquante-six. Cinquante-sept avec toi.

Je lui lance un regard paniqué. Il a conscience que je suis dans la merde ? Je me rassois en soupirant de désespoir.

-         Je la sens pas cette histoire, je marmonne.

Je lève les yeux et vois un petit meuble rempli de livres. Etrangement, je suis tout de suite attiré par cette bibliothèque que je scrute. « Les bases de la survie en milieu hostile », « Comment construire une cabane », « 100 astuces de jardinage », « Champignons : toxiques ou comestibles ? », et bien d'autres titres utiles aux blocards. Mon regard se pose sur un livre plus petit que les autres. Il s'agit clairement d'un roman.

-         Ils sortent d'où tous ces livres ?

-         On les trouve dans la boîte de temps en temps, dit-il en se retournant pour suivre mon regard.

Je me lève et prends le roman pour en lire le résumé.

-         Celui-là est arrivé le mois dernier, me raconte-il. C'est la première fois qu'on nous envoie quelque chose de... récréatif. Mais personne ne l'a lu cela dit. On va dire qu'on n'a pas franchement le temps pour ça. Bon, il va falloir que tu ailles au Jardin, et moi que je me remette au boulot. Il va bien trouver ta vocation.

-         Ce n'est pas une coureuse en tout cas !

Je sursaute en entendant la voix de Newt. Il est entré dans la pièce sans que je ne m'en rende compte.

-         Tu dis ça parce que j’ai aucune endurance ?

-         Et parce que tu ne cours pas vite. Même moi avec ma patte folle je t’ai rattrapé.

Je trouve ça un peu vexant. Ok, je ne suis clairement pas une sprinteuse, mais c’est pas la peine de me rabaisser comme ça.

-         Tu as déjà rencontré Newt. C’est mon sous-chef, mais aussi un sarcleur. Si tu as des questions et que je suis pas dispo, tu peux aller le voir. J’ai une confiance aveugle en lui.

Le concerné s'assoit lourdement sur une chaise et je vois alors une grande plaie rouge au niveau de sa jambe droite. Il remarque mon regard et se renfrogne avant de s'adresser à Alby.

-         Il va falloir qu’on pense à des aménagements spéciaux, pour la « princesse ».

Dans sa bouche, le mot « princesse » sonne comme une insulte. Je lui lance un regard courroucé :

-         Je te demande pardon ?

Il m'ignore complètement et continue sans lâcher Alby des yeux.

-         On va devoir établir une nouvelle règle aussi, au cas où.

-         Je sais. On verra ça cet après-midi pendant la réunion. Tu peux la prendre avec toi au Jardin s’il te plaît ? Comme ça elle commence maintenant. Et fais-lui visiter au passage.

Newt me lance alors un regard contrarié. C'est quoi son problème au juste ?

-         Ce n'est pas comme si j'avais autre chose à faire, soupire-t-il.

Sympa ! Pendant que je le fusille du regard, j'entends Alby murmurer :

-         A qui la faute...

Newt se lève brutalement et quitte la pièce après un regard mauvais sur Alby. Ok, j’ai raté quelque chose là. Alby semble regretter sa remarque quand j'entends Newt dans l'autre pièce :

-         Bon ! Tu viens la bleue ?

Je le suis à contre cœur en glissant le roman dans une poche de mon pantalon dans un geste familier.

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