Te repousser pour mieux t'aimer

Chapitre 16 : Chapitre 15 : Se reconstruire

4814 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 11/12/2020 12:38

Chapitre 15 :

Se reconstruire.

/!\ Présence d’un lemon en fin de chapitre



POV Tristan.


Le départ s'est passé normalement, enfin presque. Vanora a crié, menacé Bors avant de l'embrasser. Oui, c'est normal. Lancelot a fait des clins d'œil appuyés à ses conquêtes qui fondaient en larmes… normal. Arthur est resté silencieux jusqu'au bout… normal. Je n'avais pas envie de partir… tout de suite moins normal. Enora était là pour nous dire au revoir… définitivement pas normal.


Elle n'a presque rien dit si ce n'est une menace assez explicite bien qu'étrange. Elle a dit, je cite : « Vous avez intérêt à tous revenir entiers ou je viendrai vous rechercher où que vous soyez. Je vous torturerai moi-même jusqu'à ce que mort s'ensuive. Je vous mettrai dans un mixeur, ferai de vous du Hachis Parmentier et le donnerai à des chiens sauvages avant de donner les restes à Vanora pour le repas familial. ». Personnellement, et bien que je n'aie pas tout compris, je la prends très au sérieux et je dois même avouer qu'elle faisait un peu peur.


Après ça, elle a serré Dagonet, Bors et – chose qui m'a presque fait sourire malgré moi – Arthur dans ses bras, a déposé un baiser léger sur les joues des autres et… m'a simplement fait un hochement de tête, sans même me regarder, avant de faire un grand sourire aux autres et de s'en aller. Elle doit vraiment être en colère pour en arriver à de telles extrémités mais, encore une fois, c'est ce que je voulais. Qu'elle ne veuille plus m'approcher pour que je puisse reprendre ma vie solitaire là où je l'avais laissée.


Nous avançons à vive allure depuis quelques jours, je n'ai pas encore besoin d'avancer en éclaireur pour l'instant mais je reste en arrière, silencieux, écoutant mes compagnons distraitement car, quoi que je fasse, cette jeune femme ne quitte pas mes pensées. Une partie de moi ne veut que retourner vers elle et … s'excuser ? Qu'est-ce que je disais ? Elle finira par me rendre fou.


On s'arrête et comme à mon habitude, je vérifie les environs avant de rejoindre mes compagnons et de m'installer dans un coin, perdu dans mes pensées, perdu avec elle. Lancelot est encore occupé à embêter Bors qui répond à ses provocations comme un enfant.


— La ferme Lancelot, bougonne-t-il finalement. Ou comme dirait Enora : arrête de bêler !


Il part d'un rire tonitruant alors que les autres sourient et que Lancelot fronce les sourcils. Un soupire passe mes lèvres. Ils ne m'aident pas vraiment à penser à autre chose. Bors reprend son sérieux et soupire.


— C'est calme sans la gamine, constate-t-il.


— Oui, on peut dire qu'elle nous a pas mal occupés, sourit Gauvain. Enfin, certain plus que d'autres, ajoute-t-il en me lançant un regard en biais.


Bors se renfrogne en me jetant un regard meurtrier.


— Oui et bien ce certain en question ne mérite pas l'attention qu'elle lui porte, crache-t-il.


Je ne peux pas le contredire. Je sais qu'il m'en veut énormément pour ce que j'ai fait et je suis soulagé qu'il ne sache qu'une partie de l'histoire car personne – pas même moi – n'a envie d'affronter un Bors en colère. Et, s'il m'a traité de tous les noms possibles ou inimaginables, il m'aurait certainement achevé à coups de hache s'il avait su tout ce que j'avais dit ou fait à sa petite protégée.


— Bors, intervient Arthur mais il est coupé au plus grand étonnement de tous par Dagonet.


— Moi je suis d'accord avec lui. Il faut bien avouer qu'il a agi comme le dernier des abrutis, non ?


Le sujet s'arrête là alors que mon faucon revient. Tous ne cessent de me demander son nom mais la vérité… c'est qu'il n'en a pas vraiment. Il n'en a pas besoin, je suis le seul à l'appeler et il me reconnaît au moindre sifflement tout comme je reconnais chacun de ses cris. Nous nous reconnaissons sans nom alors, je n'ai pas éprouvé le besoin de chercher. Parfois, quand je le regarde dans les yeux, j'ai la sensation qu'il est humain. C'est comme croiser le regard d'un proche. Sûrement car ce faucon est arrivé quand j'en avais tellement besoin. Ou parce que cet éclat vert dans ses yeux me fait indéniablement penser à elle. Quand bien même cette femme ne le mérite pas.


Nous nous couchons, chacun se relayant pour la garde mais, je ne dors presque pas comme d'habitude.


Les jours passent et nous finissons par nous rapprocher de l'endroit indiqué alors je pars en éclaireur. Au bout d'un certain moment, je me rends compte que j'ai pris trop d'avance sur les autres alors je fais une pause près d'un point d'eau, laissant à ma monture l'occasion de boire. J'asperge mon visage de l'eau claire, je m'apprête à recommencer lorsque j'entends un frémissement dans les bosquets, derrière moi. Je reste baissé, attrape mon épée sans relever la tête et me relève d'un coup en la brandissant.


C'est un homme assez âgé et peint en bleu. Un Picte donc. Quelque chose au fond de moi m'empêche de l'attaquer alors que normalement, je n'aurais pas hésité une seconde. Mais j'ai l'impression que je ferais mieux de l'écouter.


— Qui êtes-vous ? je demande d'une voix sèche.


— Je suis Merlin le chef des Pictes, fait sa voix bourrue. Baisse ton arme chevalier, je ne suis pas là pour ça.


— Comment en être sûr ? je crache.


— Regarde autour de toi. Nous sommes seuls et j'ai demandé à certains de mon peuple d'occuper Arthur et tes compagnons le temps que je puisse te transmettre un message.


— À moi ? je m'étonne.


— Vous avez trouvé une jeune femme n'est-ce pas ?


En quoi Enora le concerne ?


— Elle a une très grande importance chevalier, elle aurait dû être avec les miens à l'heure qu'il est mais, je suis arrivé trop tard, confie-t-il.


— Elle n'est pas Picte, je crache.


— Non ou du moins, pas au sens où tu l’entends, confirme-t-il. Mais elle est importante, très importante pour nous tous.


De quoi parle-t-il ?


— Vous ne l'avez jamais trouvée étrange ? N'a-t-elle pas une manière de s'exprimer différente de tout ce que vous avez pu entendre ? Sans parler de son attitude ou encore de certaine de ses… capacités. N'a-t-elle jamais provoqué des événements… sortant de l’ordinaire ?


Je me fige, me rappelant le seau qui a explosé alors qu'elle me criait de la regarder.


— Où voulez-vous en venir ?


— J'ai demandé de l'aide et on me l'a envoyée, confie-t-il.


— De l'aide à qui et pourquoi me le dire ? je le questionne en commençant à m'énerver.


— Parce que tu vas devoir veiller sur elle…


On se tutoie finalement ?


— Tu es le seul à qui elle acceptera de se confier même si elle ne l'a pas encore fait. Je le sais.


— Comment ?


— Il semblerait que l'aide que j'ai demandée pour préserver l'avenir de nos peuples, pour un avenir meilleur, vous serve plus à vous, chevaliers, plutôt qu'à nous.


Dois-je rire ? Ce ne peut être qu'une blague. Les « dieux » – parce que si j'en crois sa façon de parler, ce sont eux – ont envoyés une femme pour que nous ayons un avenir meilleur ? On voit qu’il n’a jamais rencontré Enora et sa tendance à finir dans les ennuis. Voyant mon air sceptique, le chef des Pictes reprend.


— Je ne te demande pas d'y croire…


Je ne comptais pas le faire.


— … Juste de veiller sur elle…


C'est ce que nous faisons déjà sauf que depuis un moment elle m'en veut et ne risque pas de me laisser l'approcher avant longtemps. Et j'ai trop peur de son caractère impulsif pour me risquer à l'approcher de trop près sans perdre un œil.


— … Elle pourrait avoir une grande importance dans les événements qui arrivent.


— Il y a une chose que je ne comprends pas, je réfléchis à voix haute sans le regarder. Si elle si importante pourquoi des Pictes nous ont attaqués et ont tenté de la tuer ?


— Il ne voulaient pas la tuer mais me l'amener. Mais j'ai compris que c'est auprès de vous qu'elle doit être. Surtout, ne la laissez plus derrière vous, vous pourriez avoir besoin d'elle.


Je relève la tête et… il est parti. Il faut avouer que cette conversation était plus qu'étrange. D'après ce que ce Picte dit, Enora a été envoyé à sa demande sauf que, finalement, elle lui a filé entre les doigts et a fini d'abord chez les Saxons et ensuite avec nous. Il a essayé de la récupérer sauf qu'elle a su se défendre et il a laissé tomber après la première attaque sous prétexte qu'elle doit rester avec nous. De plus, il vient juste de me confirmer que je ne suis pas fou et que c'est bien elle qui a fait exploser le seau. Qu'est-ce que cela fait d'elle ? Une sorcière ? Je grimace à cette idée, c'est absurde.


Un détail de la conversation me revient soudain et je jure avant de monter sur mon cheval et de repartir au galop. Ce Merlin a bien dit que les siens occupaient Arthur le temps de me parler ? Ça veut dire qu'ils doivent se battre et que les Pictes sont nombreux s'ils les ont retenus autant de temps.


Arrivé sur place, je vois que je ne me suis pas trompé. J'attrape mon arc et décoche des flèches rapidement, tuant ces hommes bleus sans aucun scrupule. Tout à mon massacre, je ne vois pas l'un d'eux me sauter dessus par derrière et me faire tomber. J'attrape rapidement mon épée et le tue. Je me relève et commence à me battre mais je n'arrive pas à me concentrer. Des images d'Enora ainsi que des restes de la conversation me hantent.


Je reçois un coup dans les côtes qui me coupe le souffle mais, je me redresse rapidement et enfonce mon épée dans l'abdomen du fou qui a osé me toucher. La seconde d'après, deux d'entre eux sont sur moi, je pare les coups du mieux que je peux, essayant de les toucher. J'en embroche un avec un grognement mais l'autre, que je n'ai pas vu se glisser de l'autre côté, m'enfonce l'épée dans les côtes – encore.


Je me plie sous le coup alors qu'il me balance un coup de pied dans le visage, m'envoyant au sol. Je porte ma main à ma blessure, la première vraie blessure depuis que je suis chevalier. Le sang coule à flot et j'ai du mal à respirer, ma vision devient floue mais, poussé par mes dernières forces, j'attrape le pommeau mon épée, me relève avec difficulté et donne le coup fatal à celui qui m'a blessé et s'est détourné. Ensuite, je m'effondre et la dernière chose que je vois avant que le noir m'entoure sont les yeux d'Enora.


Pov Enora.


Le temps passe. Lentement. Mais l'angoisse et le manque ne disparaissent pas. Ils restent dans un coin pendant un moment de repos mérité mais, ils reviennent toujours vous hanter avec leur « Et si ? ». Je ne suis pas la meilleure compagnie qui soit depuis que les chevaliers sont partis, je sais qu'ils ne devaient pas aller loin mais sans que je ne sache pourquoi, je sais que tout ne se passera pas bien, une sordide prémonition que je me maudis d'avoir.


Au bout d'environ deux semaines, je suis dans ma chambre en train de me prélasser dans mon lit – enfin celui de Dag mais c'est pareil. Soudain, un bruit contre ma fenêtre me fait sursauter, je ne réagis pas mais le bruit continue alors, je me lève en ronchonnant et découvre avec stupeur le faucon de Tristan. J'ouvre la fenêtre et il rentre en piaffant.


– Mais qu'est-ce que tu fous là toi ? je m'exclame alors qu'il continue de tourner en rond dans la pièce en piaffant comme un abruti. Mais quoi, bordel ? je crie.


Il se rapproche à une vitesse affolante, si bien que je crois que ce piaf a décidé de mettre fin à mes jours et qu'il va m'attaquer. Mais il se contente d'attraper le col de ma robe et de tirer. Bon, apparemment, il faut que je le suive.


– Ok, c'est bon le canari, je te suis, je soupire en m'avançant vers la porte. Je n'arrive pas à croire que je fais ça, je grommelle en ouvrant la porte.


Je l'entends piaffer de nouveau et je me retourne en me disant que finalement, c'est lui qui va mourir. Il est sur le bord de la fenêtre et me regarde, un éclat vert agacé dans ses petits yeux, attendant que je le suive.


— Là, tu rêves les yeux ouverts mon petit, c'est la porte ou rien, je m'écrie en montrant ladite porte du doigt.


Je suis folle, complètement toquée, il n'y a pas d'autre solution. Surtout que ce faucon semble avoir compris puisqu'il baisse la tête un instant comme s'il était exaspéré et s'envole par la porte.


Je le suis alors qu'un doute me prend et qu'une panique commence à naître au fond de moi. Si le faucon est là, le fauconnier ne doit pas être loin. Et si le faucon vient me chercher moi et est aussi impatient voire paniqué – oui, je sais que je suis en train d'analyser les sentiments d'un oiseau – ça ne présage rien de bon. Je suis l'oiseau qui m'emmène jusqu'aux appartements de Tristan avant de s'en aller. Je reste devant la porte un moment avant qu'elle ne s'ouvre sur… Bors ? Il pile net en me voyant, il a les traits inquiets et encore plus en me voyant. Donc, quelque chose est arrivé.


— Qu'est-ce qui s'est passé ? je réclame directement.


— Ben, commence-t-il mal à l'aise.


— Laisse-moi passer, je gronde alors qu'il est toujours devant la porte.


— Ce n'est pas une bonne idée, gamine.


Je plante mes yeux dans les siens et m'approche, me mettant sur la pointe des pieds alors que, même comme ça, j'atteins difficilement sa clavicule.


— Tu vas me laisser passer maintenant ou je te jure que je te ferais tellement mal que tu en oublieras qui tu es et me supplieras de te tuer, c'est compris ?


Il déglutit difficilement avant de se pousser sur le côté. J'ouvre la porte et entre. Ils sont tous là, Arthur, Lancelot, Dag, Gauvain, Galahad et… Tristan. Sauf que ce dernier est allongé et est pâle comme la mort. Ils se tournent tous vers moi et Arthur lance un regard réprobateur derrière moi, et donc je suppose à Bors, avant de se rapprocher de moi.


— Enora…, commence-t-il avant que je ne le coupe.


— N'essaye même pas de me lâcher un truc comme « Tu ferais mieux de partir, ce n'est pas un endroit pour une femme » ou je ne sais quelle connerie parce que je ne suis pas d'humeur. Je veux savoir ce qui s'est passé.


— Nous ne nous y attendions pas, commence Lancelot alors que je rejoins le lit de Tristan. Ils nous ont attaqués sans prévenir et Tristan était parti en éclaireur. On a réussi à se défendre, c'était très bizarre… c'était comme s'ils ne cherchaient pas vraiment à nous blesser, souffle-t-il.


— Oh et Tristan c'est un accident c'est ça ? Il a trébuché sur une de leurs épées pendant que vous preniez le thé ? je crache.


— Enora, essaye de me calmer Dagonet. Aussi bizarre que cela puisse paraître… Lancelot dit vrai, approuve-t-il alors que ce dernier affiche une moue vexé. Les Pictes n'avaient pas l'air de vouloir nous blesser… jusqu'à ce que Tristan arrive.

Je ne réponds rien pendant un moment avant de poser la question.


— C'est grave ?


— Et bien, nous ne pouvons pas vraiment le savoir, réponds prudemment Gauvain. Il a été salement touché mais, c'est Tristan après tout. Il est résistant.


Rien n'est ajouté, je m'assieds près de Tristan alors qu'ils quittent la pièce les uns après les autres. Arthur, Bors et Dag me pressent l'épaule en passant. Et après, je suis seule avec lui. Alors, sans avoir pourquoi et poussée par un besoin que je ne comprends pas, je parle :


— Tu as vraiment décidé de me rendre folle pas vrai ? Tu n'as rien trouvé de mieux pour que je m'occupe de toi ? En plus, c'est ton moineau qui est venu me chercher, avoue que c'est un peu vexant non ? Je veux dire, je sais qu'ils ont dû être très occupés en arrivant mais ils auraient pu envoyer quelqu'un, non ?


Je regarde son visage, il semble si paisible comme ça. S'il ne respirait pas on pourrait croire que… non, ne pas penser à ça, hors de question que ça arrive.


Deux, voire trois jours passent, je reste près de lui, sans bouger, sans manger. J'attends juste qu'il se réveille. Mais il ne donne pas signe de vie. Au bout de ce que je pense être le quatrième jour, Vanora vient me tirer de force de la chambre pour me faire manger et prendre l'air. Je suis assise là, dehors avec Vanora qui parle alors que je me concentre sur l'horizon quand Bors déboule.


— Il est réveillé, nous informe-t-il.


Quand l'information me monte au cerveau, je m'apprête à me relever et à courir pour le voir de mes yeux mais je me retiens. Le couple me regarde, attendant une réaction de ma part mais, tout ce que je suis capable de faire c'est dire :


— Bien, c'est une bonne nouvelle. Excusez-moi mais, je vais aller me reposer un peu maintenant.


Et je pars en les laissant ébahis derrière moi. Je ne me comprends pas moi-même alors… Je suis terrorisée à l'idée de le voir et de perdre le contrôle. L'envie de le serrer contre moi et de me rassurer avec la chaleur de son corps bien vivant serait trop tentante.


Une nouvelle semaine passe pendant laquelle j'essaye de maintenir ma position et de ne pas aller voir Tristan. J'évite aussi tous les chevaliers ainsi que Vanora, n'ayant pas envie de leurs questions. Je passe donc tout mon temps avec Eric qui ne semble pas s'en plaindre et qui me fait rire et penser à autre chose qu'à l'homme que j'aime. Mais voilà, au bout du huitième jour, je passe devant sa chambre et je bloque, je n'arrive plus à avancer et c'est presque sans m'en rendre compte que j'entre dans la chambre sans toquer. Je n'ai vraiment aucune volonté, c'est affligeant.


Il est debout, faisant son bandage seul, il ne semble pas m'avoir vue. Je m'avance distraitement près de lui alors qu'il est toujours de dos. J'attrape le bandage alors qu'il se retourne d'un coup pour me trouver face à lui. Il lâche le bandage, me laissant faire et je l'enroule autour de lui alors que son regard brûlant ne m'a pas lâchée. Je ne sais pas ce qui a dérapé, je ne comprends pas comment on a pu en arriver là, toujours est-il que la suite des événements n'était certainement pas prévue.


Mon regard remonte au sien alors que je termine. Ma main frôle son torse lorsque je l'abaisse et il frissonne en remontant sa main le long de mon bras jusqu'à ma joue qu'il caresse. Je ferme les yeux en soupirant de soulagement sous le contact, sous ma faiblesse, sous mon incapacité à lui résister. Son souffle effleure soudain mon visage et je sais qu'il est très près de mon visage et ce qu'il veut faire mais, je n'ai pas la force de le repousser. Lorsque ses lèvres se posent sur les miennes tout disparaît, il n'y a plus que lui, nous.


Un feu prend possession de mon être, me consumant tout entière alors que je m'agrippe à lui et approfondis le baiser, sa langue me demande une permission que je lui accorde sans réfléchir. Elle joue avec la mienne avec force et passion alors qu'une de ses mains plonge dans mes cheveux et en agrippe la racine. Un gémissement de douleur et de plaisir sort de ma bouche. J'attrape sa lèvre inférieure entre mes dents et la mords. Il s'éloigne et nos yeux s'accrochent alors que nous respirons difficilement.


— Revenir entier ça valait aussi pour toi, je souffle.


Il va dire quelque chose mais je le coupe en lui sautant dessus, reprenant ses lèvres alors qu'il tangue légèrement sous mon poids – il ne faut pas que j'oublie qu'il est blessé. Il m'entoure de ses bras musclés, me serrant contre lui à m'en couper le souffle. Je me retrouve contre un mur sans même avoir eu conscience de bouger – c'est moi où ça arrive souvent quand je suis avec lui ? – alors que nous nous embrassons comme si nos vies en dépendaient. Et en cet instant, ma vie ne dépend que de ça ; de lui, de ses lèvres, de ses mains qui parcourent mon corps et, pour une fois, aucune panique ne vient nous déranger. Je suis sûre de moi, de lui. 


Une de ses mains atterrit sur mon sein et il s'éloigne un instant pour jauger ma réaction. Voyant que je suis plus que réceptive, il plonge son visage dans mon cou, embrassant, suçant, mordillant ma peau alors que je me colle à lui et que respirer devient vraiment difficile. Mon désir et mon amour sont plus forts que tout ce que je n'ai jamais pu éprouver avec Julian. Et, là maintenant, je sais que ce que j'ai ressenti pour lui était loin d'être de l'amour. Non, l'amour c'est ce que je ressens pour Tristan. Ce sentiment qui me rend complètement dingue et me donne l'impression de planer ou mourir selon les circonstances.


Ses mains défont ma robe d'une main experte alors que nous bougeons de nouveau. Je sens son lit contre mes jambes et il me retire ma robe avant de m'allonger et de se mettre sur moi. Ses mains sont de chaque côté de son visage et il fait attention à ne pas peser sur moi alors que ses yeux ne quittent pas les miens. Mes mains frôlent ses côtes alors qu'il frissonne et je relève mon visage pour aller chercher ses lèvres avec douceur. Je fais passer tout ce que je ressens dans ce baiser et il y répond avec tout autant de douceur, voire même de la tendresse alors que la chemise qui me sert de sous-vêtement n'est bientôt plus qu'un souvenir. Il se met à genoux sur le lit et me regarde alors que je rougis sans pouvoir le contrôler. Après tout, il n'y a que Julian qui m'a déjà vu nue – avec mon consentement. Il se rallonge sur moi et ses lèvres partent à la découverte de mon cou, ma clavicule qu'il mordille alors que j'ai l'impression que mon cœur va exploser tellement il bat vite. Mes mains arrivent à son pantalon, j'hésite un instant avant de le défaire et de le lui retirer à l'aide de mes mains et mes pieds. Je jette un coup d'œil vers le bas et je me sens rougir alors que je me mordille la lèvre.


Tristan laisse échapper un petit rire devant ma gêne alors que je lui envois ce que je juge être un regard noir mais aussi un peu inquiet. Il reprend alors son sérieux et pose son front contre le mien. Je donne un coup de hanche sans qu'il ne s'y attende et je me retrouve au-dessus de lui avec un petit sourire victorieux. Je pose un baiser papillon sur son front, le bout de son nez, ses lèvres, son cou sur lequel je m'attarde. Je parsème son torse et pose un baiser sur sa blessure à travers le bandage avant de remonter et de reprendre possession de ses lèvres une nouvelle fois.


Il reprend vite sa position dominante et se colle contre moi appuyant sa virilité tendue sur mon intimité. Je me raidis un peu et il me laisse m'habituer au contact avant de se frotter contre moi, la gêne laisse peu à peu place au plaisir et le désir revient en flèche. Il semble s'en apercevoir car il se positionne à mon entrée. La peur est là même voilée par le désir, la confiance.


— Me fais-tu confiance ? me souffle-t-il d'une voix rauque.


N’étant pas sûre d’être en état de faire une phrase cohérente, j'acquiesce. Il rentre alors en moi d'un coup de rein. Ma première réaction est de me raidir et de retenir ma respiration. Tristan ne bouge pas, la tête dans mon cou, la respiration difficile. Je vois bien qu'il prend sur lui pour ne pas être trop rapide, pour aller à mon rythme et je l'aime encore plus pour ça, si c'est possible. Ses baisers le long de ma gorge, ses caresses le long de mes hanches et de mes cuisses me détendent. Je respire de nouveau et il commence à bouger légèrement. Des sensations oubliées, et même plus puissantes qu'avant, commencent à prendre possession de moi. J'oublie tout si ce n'est Tristan sur moi, en moi. Mes jambes s'écartent plus pour lui donner plus de place et je me cambre alors qu'un premier soupire de plaisir franchit mes lèvres. J'ai l'impression d'être en feu.


— Ça va ? demande-t-il d'une voix tendue en donnant un coup de rein plus fort.


Un gémissement lui répond mais, il semble s'en satisfaire et accélère. Je l'enroule de mes jambes et attrape son visage pour l'attirer au mien. Je l'embrasse avec toutes mes maigres forces, m'agrippant à ses cheveux humides comme lui à mes hanches, je le rejoins à chaque coup de rein et lorsqu'il augmente encore la cadence sans que je ne m'y attende, je lui mords fortement la lèvre inférieure en plantant mes ongles dans ses riens pour retenir mes cris de plaisir. Je suis enfin à ma place, je ne me suis jamais sentie aussi bien, aussi entière, aussi complète de toute ma vie. C'est comme si je rentrais à la maison. Je sens le goût de son sang dans ma bouche mais ça ne semble nous gêner ni l'un ni l'autre. Il s'accroche à moi comme si j'étais son point d'ancrage, comme si j'étais ce qui le retenait ici et je voudrais tellement que ce soit le cas, qu'il ait besoin de moi autant que j'ai besoin de lui. Je sens l'orgasme arriver mais je le retiens autant que je le peux, profitant de la peau de mon amant, de mon amour, de ma vie. Mes gémissement sont plus forts que jamais et je me fiche qu'on m'entende. Je n'ai pour l'instant aucune honte à montrer que je l'aime et que je suis à lui, même si lui ne sera jamais à moi.


Sans que je ne puisse la retenir, l'explosion arrive, puissante, dévastatrice alors qu'il donne un dernier coup de rein. Je le sens se répandre en moi dans un grognement qu'il étouffe en me mordant le cou et c'est comme si ce qui c'était passé chez ces Saxons n'avaient jamais eu lieu. Je ne me sens plus sale, je me sens comme purifiée. J'ai tourné la page.


Il s'effondre sur moi alors que nos respirations sont difficiles et que nous sommes trempés de sueur. Il se retire de moi et le manque que je ressens me ramène un peu à la réalité. Quand il se retire et se couche, je lui tourne le dos et sers mes bras autour de moi sans arriver à fermer les yeux. Je le sens se rapprocher et passer ses bras autour de moi. Son bras musclé s'enroule autour de ma poitrine, me serrant fortement contre lui, et il attrape ma main qu'il enlace avec la sienne et place sur ma gorge. Son torse est collé à mon dos et il enfouit son visage dans mes cheveux. Son étreinte possessive me calme, me détend. Je sens petit à petit sa respiration ralentir alors que je tiens sa main comme si elle était ma bouée de sauvetage. Et je réalise, petit à petit, ce que je viens de faire.


Je lui ai donné ce qu'il voulait. Et maintenant ?

***

Merci à BakApple pour la correction

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