L'elfe Noire et la Communauté de l'Anneau

Chapitre 6 : Le conseil d'Elrond

1811 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/03/2019 21:44

Quelques jours passèrent, durant lesquels Frodon se reposa beaucoup. Eliana, quant à elle, avait vite repris des forces et des couleurs. Après une bonne nuit de sommeil, elle avait recouvré la quasi-totalité de sa magie. Elle avait ainsi pu voir arriver la délégation de Gondorien, constituée uniquement d’hommes. De sa fenêtre, elle les avait vus entrer dans la cité, fiers et dédaigneux. Tous semblaient suivre un homme aux cheveux blonds et mi-long, au port royal et à l’air hautain. Ils portaient des habits typiquement humains et guerriers, qui n’étaient pas aussi travaillés et raffinés que ceux des elfes. Quelques heures plus tard, les elfes et les nains firent à leur tour leur entrée. Pas ensemble, heureusement pour les habitants d’Imladris, qui durent déjà faire face aux grognements des nains à peine ces derniers étaient-ils arrivés. Elrond du aussi faire face à un problème – mineur – d’affectation d’appartements. En effet certains nains semblaient avoir décidés de s’installer en face des appartements des elfes de la Forêt Noire, et des injures retentissaient à chaque fois qu’ils sortaient en même temps – ce qui arrivait relativement souvent, à croire que les uns comme les autres se surveillaient mutuellement pour sortir au même moment.

         

Sous sa cape, Eliana s’amusait follement. Elle riait de voir les nains et les elfes se lancer des regards noirs à chaque passage. La princesse n’avait pas été élevée dans la haine des nains. Elle les trouvait sympathiques au contraire. Il n’était pas pédants ni renfermés sur eux-mêmes comme certains elfes. Elle attendait donc avec impatience le conseil prévu dans quelques jours. Elle allait évidemment y assister et avait bien l’intention, si une communauté se formait, de partir avec le porteur de l’anneau.


Le jour du conseil arriva enfin. En face d’Elrond, Glorfindel et Erestor, un des conseillers d’Elrond, un petit cercle d’habitants de la Terre du milieu s'était assis. L’homme du Gondor et Estel se tenaient sur les chaises les plus à droite d’Elrond. A côté d’Estel se trouvait les quelques nains présents. A leur gauche, les elfes de la Forêt Noire se tenaient bien droits, faisant de gros efforts pour ignorer les regards assassins de leurs voisins. Enfin, tout à gauche, se tenait Mithrandir, Frodon et Eliana. Le fait que cette dernière ait gardé sa cape avait surpris tout le monde. Les elfes et les nains l’avaient regardé avec méfiance en voyant qu’il s’agissait d’une cape elfique. Seuls Estel, Gandalf et Frodon lui avaient lancé un sourire rassurant. La princesse avait passé beaucoup de temps au chevet du semi-homme, veillant sur son sommeil, souvent en compagnie de Sam. Mais la plaie avait bien cicatrisé. Lorsqu’il ne dormait pas, il lui parlait. Il n’avait pas posé de questions sur son apparence. La Nimrôl avait senti que lui aussi, en portant l’anneau, avait un lourd fardeau sur ses épaules. Alors elle appréciait l’amitié du Hobbit.


Elrond se leva, débutant le conseil.


« Etrangers venus de terres lointaines, amis de toujours. Vous vous êtes rassemblés ici afin… »


La princesse écouta la suite d’une oreille distraite. Elle savait ce qu’Elrond allait dire, ils en avaient longuement parlé. Elle préférait observer les membres présents au conseil. Surtout l’homme venu du Gondor. Etant une elfe, elle n’avait pas l’habitude de laisser ses sentiments se peindre sur son visage. Alors elle se sentait fascinée par ce que pouvait exprimer les traits de l’homme. En écoutant le seigneur des lieux, le Gondorien semblait respirer un profond ennui et un dédain sans pareil. Néanmoins, Eliana distingua, bien cachée derrière les autres émotions, une curiosité qui ne demandait qu’à être satisfaite. La princesse remarqua soudain que tout cela ne paraissait pas avoir échappé au seigneur Elrond, dont le regard se portait souvent sur l’homme du Gondor.


« Montrez-leur l’anneau Frodon. »


Cette simple phrase rendit la jeune elfe beaucoup plus attentive alors que le semi-homme levait des yeux craintifs vers le seigneur Elrond. Une pression de la princesse d’Organda sur sa main l’incita à s’exécuter. Alors, doucement, tous les regards fixés sur lui, le semi-homme s’avança et posa l’anneau sur la table de pierre. Aussitôt, la Nimrôl sentit une voix pénétrer son esprit, qu’elle s’efforça de chasser. En regardant autour d’elle, elle s’aperçu qu’elle n’était pas la seule touchée. L’homme du Gondor semblait profondément intéressé. Ses yeux brillaient d’un étrange éclat, qu’Eliana interpréta comme de la cupidité et de l’envie.


« Alors c’est vrai… »


Estel, le plus proche de lui, lui jeta un regard appuyé alors que Frodon retournait s’asseoir, comme affaibli d’être séparé de l’anneau. La voix revint, plus forte, et cette fois, tout le monde sembla en être affecté. Elle parlait dans une langue, qu’en temps normal, Eliana n’aurait pas comprise, mais elle avait aujourd’hui l’impression de pouvoir comprendre le sens des paroles. L’aura que dégageait l’anneau était profondément maléfique et la princesse en fut gênée. Cet anneau ne lui plaisait pas. Il la reliait trop à son peuple, à son passé.

L’homme reprit la parole. Sa voix s’était faite passionnée mais Eliana ne l’écoutait plus, trop concentrée à repousser, tant bien que mal, la voix maléfique du bijou. Elle ne voulait pas se laisser tenter par les promesses qu’elle voyait dans ses pensées. Des promesses de retour en grâce et de gloire pour son peuple. Des promesses de bonheur en tant que reine des Nimrôls. Elle secoua violemment la tête, s’attirant les regards inquiets et interrogatifs de quelques personnes, qui devaient se demander ce qu’il lui prenait. Revenant à la réalité, elle vit un début de querelle naître entre l’homme du Gondor et un elfe blond, indéniablement beau, et de belle prestance. Elle supposa à son maintien qu’il était de haute naissance et ses deux tresses autour de son visage montraient qu’il était un guerrier. Les autres elfes présents autour de lui semblaient profondément le respecter.


« Ce n’est pas un simple Rôdeur. C’est Aragorn, fils d’Arathorn. Vous lui devez serment d’allégeance. »


De nombreux regards stupéfaits se tournèrent vers Estel, qui soutient celui de l’homme du Gondor sans broncher. Eliana avait donc sa réponse. L’homme qui accompagnait les Hobbits était fils de roi, héritier direct du trône du Gondor. Voilà pourquoi elle avait l’impression d’avoir déjà vu certains de ses traits. Il était le descendant d’Isildur, qu’elle avait connu étant plus jeune. Le Rôdeur portait lui aussi un très lourd fardeau.


Eliana retomba de nouveau dans ses pensées et ne suivit pas la conversation jusqu’à ce qu’un nain tente de détruire l’anneau par la force, en utilisant sa hache. Mais au lieu de le briser, ce fut l’arme qui se brisa. Le nain se retrouva projeté en arrière alors que Frodon grimaçait, comme si on l’avait blessé. Inquiète, Eliana se pencha vers lui, lui demanda à mi-voix si tout allait bien. D’un sourire, il la remercia.


De nouveau, les langues s’animèrent et la conversation dégénéra, au grand désespoir de la princesse. Tous ces gens ne pouvaient-ils pas, pour quelques minutes, mettre leur haine ancestrale et réciproque de côté, afin de chercher ensemble une solution, au lieu de se quereller ? Ne voyait-il pas que, plus le conseil durait, plus Frodon souffrait ? La voix de l’anneau revenait, de plus en plus forte, de plus en plus sombre. Frodon résistait de moins en moins. Eliana sentait le regard de l’héritier d’Isildur sur elle, comme s’il attendait quelque chose de sa part. Mais le salut vint d’ailleurs. Frodon, après plusieurs minutes de lutte avec lui-même, se leva.


« Je vais le faire. Je vais le faire.»


Après Eliana, ce fut Gandalf qui l’entendit. Il se retourna lentement.


« Je vais porter l’anneau en Mordor. »


Le silence se fit d’un coup et la princesse put lire l’effarement dans les yeux de tous ceux qui ne connaissaient pas le Hobbit. Comment un être si petit pouvait-il réussir ?


Néanmoins, peu à peu, les membres de la future Communauté se détachèrent de leur groupe respectif et rejoignirent le semi-homme. Eliana les compta mentalement. Deux hommes, un magicien, un elfe, un nain, et certainement plusieurs hobbits à en juger par les trois amis de Frodon qui se trouvaient cachés aux alentours du conseil et qui se manifestèrent rapidement. Il ne manquait plus qu’elle.


« -Neuf compagnons…

-Un instant seigneur. »


De nouveau, tous se tournèrent en direction de la voix. Elrond et Gandalf sourirent, tandis que les yeux de Frodon s’illuminaient de joie. Eliana savait qu’il avait espéré la voir partir avec lui. Quant à Aragorn, il se contenta d’hocher la tête tandis que les autres membres du Conseil s’échangeaient des regards stupéfaits.


« -Je ne peux vous promettre aucune autre arme que celle que nos compagnons ont déjà cité, Frodon Sacquet. Mais il me semble que ma magie de guérison pourrait éventuellement vous servir. Il ne faut jamais partir à l’aventure sans un bon médecin. Je vous accompagne. »


En entendant cette voix, sans aucun doute celle d’une femme, l’homme du Gondor ne put s’empêcher d’avoir un reniflement de mépris, auquel Aragorn, Elrond et Gandalf répondirent par des regards réprobateurs. Décidément, cet homme lui plaisait de moins en moins. En plus d’être imbu de lui-même, il était misogyne ? Voilà qui promettait. Sans un mot de plus, elle alla se placer au côté d’Aragorn, qui sans hésiter, posa une main sur son épaule, lui montrant son soutien.


« -Très bien, dix compagnons. Qu’il en soit ainsi. Vous formerez la Communauté de l’Anneau.

-Chouette ! Où est-ce qu’on va ? »


Devant la question naïve de Pippin et l’air stupéfait du reste des personnes présentes, Eliana ne put se retenir. Elle éclata de rire.

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