L'elfe Noire et la Communauté de l'Anneau

Chapitre 7 : Le départ de la Communauté

1514 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/03/2019 22:08

Quelques jours furent encore nécessaires à la Communauté de l’Anneau pour se préparer. Durant ce laps de temps, les arbres de Fondcombe assistèrent à une agitation qu’ils n’avaient encore jamais eu le loisir d’observer. Les elfes couraient dans tous les sens. On voyait les forgerons forger à longueur de journée des armes destinées au porteur et à sa compagnie, les tisserands créer de magnifiques tissus de voyage et les conseillers du seigneur Elrond tenter d’établir un chemin à suivre en compagnie de Gandalf. Les nains, les hommes du Gondor et les elfes de la Forêt Noire étaient tous repartis, chacun ne laissant que son représentant dans cette expédition. Cela avait été un soulagement pour le seigneur Glorfindel, à qui le seigneur Elrond avait délégué la lourde tâche d’administrer tout ce beau monde. Désormais, les appartements accueillants des invités n’étaient plus occupés que par le prince Legolas, Aragorn, Eliana, Gandalf, Boromir et les quatre Hobbits. Ces derniers ne se lassaient pas d’admirer les paysages de la belle cité elfique. Il n’était pas rare de les voir se promener à travers tout Fondcombe, en riant comme des enfants – quand ils ne rôdaient pas autour des cuisines. Eliana, quant à elle, avait abandonné ses promenades solitaires pour jouir de la compagnie d’Aragorn, quand il ne passait pas du temps avec Legolas. La princesse Nimrôl s’entendait de mieux en mieux avec l’héritier du Gondor, avec qui elle avait de longues conversations. Si elle refusait toujours de lui donner son identité (les seigneurs Elrond et Glorfindel ayant aussi refusé de lui donner le moindre indice), l’homme avait découvert une personne généreuse, qui pouvait se montrer drôle et qui appréciait la vie. Il n’hésitait plus à se confier à elle.


La princesse passait aussi du temps en compagnie du nain Gimli. S’il avait au départ eu quelques réticences à lui parler, étant donné son ascendance elfique, le fait qu’elle se tienne le plus loin possible du prince de la Forêt Noire avait considérablement joué en sa faveur. Au bout de quelques heures, le nain et elle étaient de grands amis. Gimli était ravi d’avoir quelqu’un avec qui converser en réalité. Les elfes de Fondcombe l’ignoraient et il s’ennuyait. Quant à la jeune elfe, plus elle passait du temps loin de Legolas, mieux elle se portait. Pas qu’elle le détesta, au contraire. Il était tout à fait à son goût. Mais elle préférait rester à l’écart de l’autre elfe, pour ne pas commettre d’impair et le laisser découvrir sa vraie nature. Les elfes de la Forêt Noire étaient réputés pour être sanguins. La princesse préférait éviter qu’un problème survienne en la demeure du seigneur Elrond.


Le seul qui se tenait vraiment à l’écart de la Communauté était l’homme du Gondor. Eliana avait appris son nom par l’intermédiaire de Mithrandir. Boromir, fils aîné de Dénéthor, Intendant du Gondor. Elle comprenait un peu mieux désormais le mépris qu’il vouait à Aragorn. Sa famille était à la tête du Gondor depuis que les rois avaient disparu. Le retour de l’héritier d’Isildur ne l’enchantait forcément pas car il signifiait que sa maison perdrait les rênes de la nation. Mais cela n’excusait pas tout. Et Eliana avait très mal pris le fait qu’il la considère comme une « petite chose fragile », comme il lui avait dit un jour. Ce n’était pas parce qu’il avait entendu qu’elle était une femme qu’il devait la considérer comme une personne faible et inutile ! Sa réponse avait été claire et précise et avait mouché le Gondorien.


« Il me semble, seigneur, que vous êtes prompt à juger les gens. Vous ne savez pas à quoi je ressemble et vous avez déjà décidé que je vous ralentirais et ne servirais qu’à faire la cuisine ! Je suis bien plus âgée que vous, homme du Gondor. J’ai connu plus de guerre. Je sais me battre. Je connais les Orcs mieux que personne. Et personne ne me dictera quoi faire ni ne me dira où est ma place. Même si cela ne vous satisfait pas, je vous accompagne. Vous allez devoir faire avec. Une dernière chose ! Je n’aime pas cuisiner. »


Et elle l’avait planté là, sans même remarquer le prince de la Forêt Noire, qui contenait un fou rire devant la mine déconfite de l’homme.


Enfin, la Communauté fut prête à partir. En plus de ses membres, elle comportait Bill, un poney prêté par les elfes et Shaylan, le cheval ébène d’Eliana. Cette dernière avait refusé tout net de le laisser là. Et le cheval n’avait pas l’air d’accord non plus. Au fil de son séjour ici, les elfes avaient pu constater que la princesse possédait une relation particulière avec l’animal. Il n’était pas rare de trouver la Nimrôl dans les écuries, en train de bichonner son destrier tout en lui parlant doucement en elfique. Les palefreniers aussi avaient remarqué que l’étalon se montrait récalcitrant avec tout le monde, sauf avec Eliana, avec qui il était doux comme un agneau. Le cheval avait eu l’air heureux de quitter sa stalle et de repartir à l’aventure avec sa maîtresse. 


La Communauté partit donc un matin, saluée par tous les habitants de Fondcombe qu’elle rencontrait. Elle quitta la cité sous un soleil éclatant. Mais les visages de ses membres étaient graves. Tous savaient qu’ils se lançaient dans un voyage périlleux, peuplés de nombreux dangers. Pendant les premières heures, la marche se fit en silence. Même les Hobbits se tinrent tranquilles. Mais au bout d’un moment, leur joie de vivre reprit le dessus et ils se mirent à parler, Gimli se joignant à eux. Eliana ne les écoutait que d’une oreille, l’autre occupée à écouter ce que lui disaient le vent et les arbres. Elle n’était pas réellement sereine, en cette belle matinée. Avant de partir, Mithrandir lui avait dit que les autres membres se posaient de plus en plus de questions quant à son identité. Elle savait que maintenant qu’ils avaient quitté la cité des elfes, elle ne pourrait plus reculer l’échappatoire si l’un d’entre eux venait à formuler ses questions à voix haute. Alors elle profitait de ces derniers instants de répit pour formuler son récit dans sa tête.


Tout était calme sur la plaine qu’ils traversaient, et les yeux et les oreilles perçantes des elfes ne distinguaient aucun danger en approche. Aussi, à la demande – insistante – des Hobbits, Gandalf consentit à faire une pause. Ils s’assirent près de l’orée d’un petit bois, qui pourrait les cacher s’ils venaient à se faire surprendre. Les semis-hommes en profitèrent pour sortir un de leur nombreux repas de la journée, sous les regards ébahis de Gimli et Boromir, et sous celui amusé d’Aragorn. Puis Pippin se tourna vers Eliana, qui était restée debout un peu à l’écart, aux côtés de Gandalf. Il ne semblait plus pouvoir contenir sa curiosité et, bien qu’émettant un profond soupir, Gandalf lui fit signe de parler.


« -Allez-y, Peregrin. Posez la question que tous ici se posent. Je crois que le moment est venu. N’est-ce pas ma chère enfant ?

-Il semblerait Mithrandir. »


Devançant sa question, Eliana se tourna vers le Hobbit, essayant d’oublier les regards des autres, et surtout celui de Legolas en face d’elle. En cas de problème, Gandalf, présent derrière elle, la protègerait.


« -Je vais répondre à vos questions, maître Hobbit. Allez-y. 

-Pourquoi portez-vous toujours une cape ?

-Ma cape est une protection Merry. Chez certains, voir mon visage ne ferait que déclencher la colère. C’est pour éviter cela que je garde mon identité secrète.

-Pourtant, dame Eliana, la douceur de votre voix n’incite pas à la colère. Comment un visage elfique tel que le vôtre, qui doit sûrement être en accord avec cette voix, peut inciter à la rage ?

-Le passé est lourd à porter Aragorn. Je pense que vous le savez mieux que quiconque.

-Pouvez-vous vous montrer à nous dame elfe ?

-Oui maître nain, je vais le faire. Je pense qu’il est temps de me dévoiler. »


Et pour la seconde fois depuis le début de son aventure, la princesse d’Organda ôta sa capuche. Si, cette fois-ci, elle ne se retrouva pas avec une lame sous la gorge, se fut parce que Gandalf avait retenu le bras de Legolas.

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