L'elfe Noire et la Communauté de l'Anneau

Chapitre 8 : L'histoire d'une elfe

2163 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/03/2019 22:32

Je le rappelle au cas où mais tout les dialogues en italique sont de l'elfique

_________________________________________________________________________________________________________________________________________


Les regards stupéfaits d’Aragorn, de Gimli, de Boromir et des quatre Hobbits passaient alternativement de Legolas à Eliana, et d’Eliana à Legolas. Ces derniers se fixaient. Le prince de la Forêt Noire s’était rageusement dégagé de la poigne de Gandalf, gardant tout de même son poignard prêt à servir. Eliana ne bougeait pas. Elle s’était attendue à une réaction comme celle-ci de la part de l’elfe. Alors elle n’était pas surprise.


« -Y a-t-il un problème Legolas ?

-Un énorme Aragorn ! Mithrandir, c’est une blague n’est-ce pas ? Une elfe Noire ?!

-Pourriez-vous, s’il vous plaît, éviter de parler dans une langue que nous ne comprenons pas et nous expliquer votre réaction, maître elfe ? »


Les deux elfes semblèrent soudain se rappeler qu’ils n’étaient pas seuls. La princesse se tourna vers ses compagnons. Excepté Aragorn, Legolas et Gandalf, tous la fixaient avec admiration. La jeune elfe en fut troublée. Il y avait bien longtemps, depuis qu’elle évitait la compagnie des hommes, qu’on ne l’avait plus fixé ainsi. Boromir, qui avait déjà posé une question au prince de la Forêt Noire – question qui était restée sans réponse – se reprit le premier.


«J’avoue ne pas comprendre, belle dame, votre désir de cacher un aussi beau visage sous une cape. Pourquoi une beauté comme vous est d’ailleurs seule dans cette terre cruelle et dangereuse ? »


Eliana retint un sourire moqueur. Elle ne comptait plus le nombre d’hommes qui avaient vu son visage et réagi de cette manière. Elle n’était pas une petite chose fragile ! Elle choisit de ne pas répondre à cette question et se tourna vers Aragorn et Legolas. Ce dernier la regardait toujours avec fureur, ses yeux lui enjoignant de s’expliquer immédiatement, alors que le premier paraissait simplement étonné. La princesse des Nimrôls en conclut qu’il connaissait son peuple, au moins de renommée.


« -Connaissez-vous ce que je suis, Aragorn ?

-Oui, dame Eliana. J’ai déjà entendu parler de votre peuple, lorsque j’étais plus jeune. Et j’avoue que le fait que vous ne désiriez pas vous montrez en présence d’elfes m’a permis d’affiner mes pensées. Je me doutais que vous cachiez un secret ayant un rapport avec vos congénères.

-Ma foi, il va falloir m’expliquer un peu pourquoi notre elfe narcissique pique une colère en voyant une guerrière aussi jolie que vous, dame elfe. »


Malgré la gravité de la situation, Eliana pouffa, ce qui n’arrangea pas l’humeur du prince elfique. Gimli n’aimait pas Legolas, et c’était réciproque. Mais l’heure n’était pas au rire, la princesse en avait parfaitement conscience. Jetant un regard inquiet à Mithrandir, qui la rassura d’un sourire, la jeune elfe commença son récit, sous les oreilles attentives de ses neuf compagnons.


« -Sachez tout d’abord, seigneur Boromir, que la colère du prince Legolas est sûrement légitime.

-Nulle colère n’est légitime tant que personne n’a rien fait, belle dame.

-C’est sûrement vrai, seigneur Boromir. Mais rien ne peut empêcher à une haine devenue ancestrale de se transmettre de génération en génération, comme c’est le cas ici.

-Je n’ai jamais entendu parler d’une quelconque haine entre les elfes.

-Comment un nain aurait-il pu entendre parler d’une histoire elfique ? A chaque fois qu’il entend ce mot, il fait semblant d’avoir les oreilles bouchés. »


La princesse fit semblant de ne pas avoir entendu et de ne pas remarquer le regard noir du nain envers leur compagnon blond. Si elle devait répondre à toutes les remarques de l’elfe, elle n’aurait jamais fini de raconter son histoire – elle était convaincu que le prince de la Forêt Noire ne serait pas avare de commentaires.


« Il s’agit d’une très vieille querelle, maître nain. Mais si vous voulez que je raconte mon histoire, ne m’interrompez plus s’il vous plaît. »


De virulents hochements de tête de la part des Hobbits lui firent comprendre que leur curiosité et leur patience étaient à leurs paroxysmes.

« -Mon nom complet est Eliana Tirmaraen. Je suis la princesse d’Organda et des elfes Nimrôls…

-Des elfes Noirs.

-Si vous préférez appeler mon peuple ainsi, rien ne vous en empêche prince Legolas. Les elfes Nimrôls sont une branche des descendants des Noldors, ce grand peuple elfe dont descendent les seigneurs Elrond et Glorfindel ou encore Dame Galadriel. Peu de gens connaissent le peuple Nimrôl sous ce nom. Il en porte un autre, qu’au moins tous les elfes connaissent et haïssent. Les Nimrôls sont connus sous le nom d’elfes Noirs.

-Excusez-moi, dame Eliana. Pourquoi portez-vous ce nom? Rien chez vous n’indique le mal.

-Ce nom n’a rien à voir avec notre apparence Sam. Les autres peuples elfes l’ont attribué au mien au vue de leur action passée. Il y a plusieurs millénaires, les elfes Nimrôls sont arrivés dans une contrée proche d’un royaume nain. Leur chef, un des fils du roi Noldor, venait d’être chassé par son père suite à une violente querelle. Ils y construisirent une cité, qu’ils nommèrent Organda, avec l’aide de leurs nouveaux alliés nains. La ville devint rapidement prospère et les Nimrôls vivèrent sans aucuns soucis durant des décennies, faisant du commerce avec leurs voisins et vivant de ce que leur donnait la nature. On raconte que certains membres de la famille royale développèrent de nouveaux dons en s’installant dans ce nouvel environnement. Des dons en rapport avec la nature, et notamment une puissante magie de guérison.

-Celle que vous possédez….

-Oui Aragorn, celle que je possède. Mais certains elfes n’avaient pas pardonné leur exil au roi Noldor et transmirent ce ressentiment à leurs enfants. Certaines familles n’étaient plus qu’animées par la haine et le désir de vengeance. Et peu à peu, ils contaminèrent la quasi-totalité de mon peuple, ainsi que la famille royale. Ce fut ainsi que, lorsqu’un Maia se présenta à eux sous le nom de Sauron et leur demanda leur aide pour piéger les Noldors et les autres peuples, les Nimrôls acceptèrent. Ils l’aidèrent à forger un anneau, l’anneau unique. Et ils n’intervinrent pas lorsque Sauron tenta une première fois de prendre le contrôle de la Terre du Milieu. Néanmoins, lorsqu’il fut vaincu, les autres elfes découvrirent que les Nimrôls, loin d’être neutres comme ils l’avaient cru au départ, l’avaient, au contraire, soutenu. Leur courroux fut terrible et celui des Valar aussi. Les Nimrôls se virent interdits de rejoindre les terres immortelles et furent obligés de s’exiler à nouveau. Ils furent bannis tout au Sud, près du royaume de Harradrims et des frontières du Mordor. Et pour tous les autres elfes, ils devinrent les elfes Noirs.

-Et qu’est-ce qui nous prouve que vous n’êtes pas avec nous uniquement pour connaître nos plans et aider les forces du mal ?

-Rien, prince Legolas, rien du tout. Vous n’avez que ma parole. Je suis princesse et depuis plusieurs siècles, je vois mon peuple dépérir et mourir à petit feu. Savez-vous ce que cela fait, seigneur Legolas, de voir mourir son peuple en se sentant inutile ? Mes sujets ressentent l’appel de la mer de plus en plus fortement à mesure que le temps passe, sans pouvoir ne serait-ce qu’avoir l’idée et l’espoir de pouvoir voir les rivages des terres immortelles un jour. Certains choisissent alors la mort. D’autres, la vengeance. Ils sont de plus en plus nombreux. Ils suivent Sauron. Ils l’aident et ne s’en cachent pas. Le pouvoir royal de mon frère est considérablement affaibli. La rébellion n’est pas loin. Mon peuple est en train de se détruire de l’intérieur. Il y a plusieurs siècles, les grands seigneurs elfes ont pensé que l’exil serait une punition suffisante pour calmer mon peuple. Au contraire, cette punition n’a fait qu’attiser la haine et le ressentiment des Nimrôls envers eux. J’ai quitté mon peuple il y a des décennies sous les conseils de mon roi. Mais nous avions des motifs différents. Mon frère voulait me protéger de la colère qui grondait et du danger que représente Sauron pour moi personnellement. Moi je veux sauver mon peuple. Et si cela inclut donner ma vie pour détruire l’anneau, alors je le ferai. »


La voix de la princesse trembla sur ces derniers mots mais elle ne flancha pas. Le reste de la compagnie se taisait, semblant ne pas savoir quoi dire pour la réconforter, devant l’évidente douleur qu’elle ressentait en parlant de son peuple. Même la rage du prince elfique semblait s’être un peu apaisée. Legolas était songeur. Le discours de la jeune elfe lui donnait matière à réfléchir. Evidemment, comme tout elfe, il connaissait l’histoire des elfes Nimrôls et leur traîtrise. Mais il n’avait ni envisagé ni réfléchit à ce que pouvait ressentir les Nimrôls eux-mêmes. Il considéra alors Eliana d’un autre œil. Il parvenait à percevoir une femme qui, comme lui, se démenait pour sauver son peuple.


« Je sais ce que je suis et je ne le renie pas, prince Legolas. Je ne peux pas prouver ma bonne volonté autrement qu’en me tenant à vos côtés. Je ne vais pas tenter de justifier les actes de mes ancêtres car je sais qu’ils ne le sont pas. Mais je veux tenter de racheter mon peuple. Même si vous me détestez pour ma race, pouvez-vous comprendre ce que je ressens et essayer d’accepter ma présence ? Je ne vous demande pas de m’aimer ou même de m’apprécier, mais simplement de m’accepter. »


Le jeune prince la regarda quelques instants avant d’hocher la tête en guise de consentement. Il allait essayer. Il essaierait de se retenir de la tuer dans son sommeil.


Le reste de la Communauté était trop perdu dans la contemplation de la jeune elfe pour poser la moindre question sur la demande d’Eliana, que la plupart n’avait pas compris. Il est vrai que la princesse d’Organda était belle. Peut-être pas d’une beauté fatale comme on pouvait parfois en rencontrer, mais suffisamment pour faire tourner des têtes quand on la croisait. C’était en tout cas l’avis du prince elfique, qui avait rarement rencontré autant de beauté dans un seul visage. Elle avait des cheveux d’un brun très clair, avec quelques mèches blanches, caractéristiques des elfes Nimrôls. C’était d’ailleurs grâce à ses mèches qu’il avait reconnu sa peuplade. Ses cheveux ondulaient jusqu’au milieu de son dos. Elle portait sur le côté gauche une tresse, signe qu’elle avait été reconnue comme une guerrière parmi son peuple. Comme tous les elfes, elle possédait une peau pâle mais qui demeurait plus brunie par la chaleur que celle de Legolas ou des autres elfes, compte tenu de sa proximité avec les volcans du Sud. Son visage n’avait pas de défaut. Legolas n’y voyait que le reflet de la perfection. Même en ayant vu Arwen, la belle fille d’Elrond, il ne pouvait s’empêcher de trouver Eliana bien plus belle, avec ses beaux yeux gris et sa fine bouche. Tout en elle montrait la grâce elfique. Le prince de la Forêt Noire savait que le peuple Nimrôl était aussi connu pour la beauté peu commune de ses femmes et il se dit que leur princesse en était une excellente ambassadrice.


« Excusez-moi… quand vous aurez fini de contempler notre belle amie, peut-être pourrons-nous repartir ? »


L’intervention peu subtile de Gandalf permit aux hommes de la Communauté de reprendre leurs esprits. Sans ajouter un mot, ils se remirent en route, désormais accompagnés par une femme aux beaux cheveux bruns et aux mèches blanches, dont la cape avait été rangée dans ses bagages, désormais inutile puisque tous connaissaient son visage.

Laisser un commentaire ?