Un Peuple Oublié

Chapitre 10 : Chapitre 9 _ L'Argonath

3764 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/06/2020 15:27

Les jours suivants se déroulèrent de façon similaire, et les rares fois ou les deux elfes s'étaient croisés, ils ne s'étaient pas adressés un seul mot.

Enfin le jour du départ arriva. Il s'était écoulé presque un mois depuis leur arrivée ici et Naé ne tenait plus en place.

Au moment de reprendre la route, Dame Galadriel leur fit à chacun un cadeau pour les aider dans leur quête.

Sans doute sa façon à elle de se sentir importante dans la seconde guerre contre le Mal.

L'elleth, qui ne s'attendait à rien, avait eu droit à deux magnifiques épées légères, dont les lames étaient courbes et agrémenter de gravures elfiques. D'un équilibre parfait, et d'un poids idéal, elle en tomba amoureuse au premier contact. C'était un cadeau superbe, et au-delà de toute valeur.

Elle avait été honorée de ce présent dont l'idée venait d'Haldir, qui s'était montré impressionné de son adresse à les manier.

Ils avaient également eu droit à une grande quantité de Lambas, le pain de route elfique, dont une bouchée pouvait suffire à remplir l'estomac d'un adulte, selon les mots de Legolas. En matière de hobbits, elle demandait à voir...

Ils s'étaient répartis sur les barques en fonction de leur poids, aussi, étant la plus légère, Naé voyageait avec Gimli, le plus lourd, et Pipin, au milieu des deux. Passant la journée sur l'eau, ils ne risquaient rien, mais lorsque le soleil disparut et qu'ils se retrouvèrent à terre, la tension fut palpable.

-Nous passerons la nuit ici et reprendrons la route demain matin.

La voix autoritaire d'Aragorn sonna comme une bénédiction aux oreilles de chacun.

-Par les Valars, un instant de plus dans ces barques et j'en aurais été réduite à marcher à quatre pattes ! Dit Naé en s'étirant.

-J'aurais aimé voir ça, repondit Legolas, inexpressif comme à son habitude.

-Si vous continuez avec cet air hautain, vous ne serez bientôt plus là pour voir quoi que ce soit.

-Rentrez vos griffes, ce n'est pas ma faute si vous vous sentez constamment inférieure à moi.

-Peut être devriez vous allez faire une balade ensemble, cela nous éviterait de supporter vos chamailleries. Aragorn n'avait pas prononcé ses mots de façon sévère, il était simplement lasse. Lasse de l'animosité qui régnait entre ses deux compagnons, et qui semblait être trop brûlante pour qu'ils la gardent pour eux.

Naé grogna donc dans son coin et partit faire sa ronde dans la forêt.


Après plusieurs heures à courir, marcher et se défouler, elle ressentit un brin de fatigue monter en elle.

Elle rentra donc au campement, où elle fut surprise d'y trouver Aragorn toujours éveillé, tandis que Legolas semblait dormir.

Elle s'approcha sans bruit, et fit un signe de tête au rôdeur, avant de s'asseoir à ses cotés.

Il fumait sa pipe, et ne semblait pas très enclin à discuter.

Elle dévisagea alors ses compagnons dormir.

Frodon, bien que les yeux fermés, n'avait pas l'air de réellement dormir. Simplement de somnoler, le visage crispé. De temps en temps, un léger sursaut prenait sa jambe, ou ses doigts, preuve des cauchemars dont il était la proie. Elle eut un pincement au cœur en imaginant les tourments qu'il devait ressentir, sans ne jamais s'en plaindre.

Elle regarda ensuite le visage du prince elfe. C'était bien la première fois qu'elle le voyait dormir. Et la première fois qu'elle put le détailler sans s'en gêner.

Il avait l'air tellement calme et serein, que cela lui arracha un sourire. Elle qui le voyait toujours si froid, si en colère. Elle profita de cette vision un instant, avant d’être surprise ;

-Peut être finirez vous par vous entendre, un jour, en y mettant un peu du votre... murmura Aragorn

Elle sourit, puis soupira, lasse.

-Vous êtes trop optimiste, mon ami.

-Non. Je connais simplement Legolas. Et je commence à vous connaître vous. Derrière votre fierté, il y a des points sur lesquels vous êtes semblables.

-Pourquoi est-ce que tout le monde semble penser ça... se demanda-t-elle plus pour elle même.

Comment se fait-il que vous parliez aussi bien l'elfique ? Demanda-t-elle, désireuse de changer de sujet, et de parler un peu de lui, pour une fois.

Il sourit tendrement, en regardant les braises qui s'éteignaient.

-J'ai été élevé à Fondcombes, auprès du seigneur Elrond.

Elle le fixa, comme pour être sur d'avoir bien entendu. Les elfes Celestes élevaient des hommes maintenant? Première nouvelle. Un tas d'autres demandes lui brûlaient les lèvres, mais elle ne voulait pas se montrer impolie en le criblant de questions.

-C'est donc là bas que vous retournerez à la fin de cette guerre ?

-Je ... Je ne sais pas. Je ne suis pas vraiment sur d'où est ma place.

-Qui sait ou est la sienne ? A part les hobbits, je veux dire. Eux ont l'air plutôt pressés de rentrer chez eux...

Ils sourirent à cette remarque, jetant un regard aux petits hommes endormis.

-Et vous, où irez vous ?

Tiens donc, il avait envie de parler finalement? Mais encore une fois, pas de lui, il changeait le sujet comme elle l'avait déjà vu faire si souvent. Bien que cela contrarie la curiosité qu'elle éprouvait à son égard, elle comprenait ce besoin d'intimité et de distance.

-Je n'en sais rien. Ce n'est pas comme si j'avais un endroit, à moi, quelque part, qui attendait sagement mon retour...

-Arrêtez avec ça, tout le monde en a un. Si ce n'est délimité par quatre murs, il existe au moins un endroit où vous vous sentez bien. En sécurité, ou du moins sereine.

Elle se mordit la lèvre en réfléchissant.

-Oui, c'est vrai, il y en a un.

-A quoi il ressemble ?

Elle sourit en y repensant.

-C'est une petite colline, perdue, au milieu de nul part. Je m'y suis retrouvée la première fois par hasard. Je me suis assise au centre, et depuis là, on a vue sur la vallée. Il n'y a rien autours, et à vrai dire, c'est ce que j'ai aimé. Pas d'Homme, pas de route, pas de garde d'aucune race. En fermant les yeux, j'ai pu entendre mille bruits, sentir mille parfums, et ... Je, je ne sais pas... Je m'y suis sentie à ma place. Comme si mon éternité me semblait tout à coup dérisoire. Comme si elle n'avait plus d'importance ...

Il sourit à son tour, alors elle enchaîna;

-Et vous ? Si vous me dites Fondcombe, je ne vous croirais pas.

Il la regarda, surprit, puis tous deux sourires ;

-Non, c'est vrai. Il sembla hésiter. La cité Blanche. Constatant le manque de réaction de sa compagne, il se détendit et se confia. Elle est si... Imposante. Dressée à même la roche, comme si elle mettait le monde entier au défi. Je n'y suis allé qu'une fois, pourtant, mais ... Ces odeurs mélangées de vie, les cris des enfants qui s'amusent en courant sur la pierre, et cet arbre blanc. Si majestueux et pur... Elle m'attire indéniablement, quoi que je puisse faire pour lui échapper...

Un long silence s'en suivit, tandis que Naé essayait de comprendre cette dernière phrase. Elle n'osa le lui demander, gênée à l'idée qu'il ne lui réponde pas. Elle se représenta alors la cité mentalement. Elle tout ce qu'elle y avait vu quand elle y était allée, c'était quelque chose d'imposant, certes, mais une odeur de poisson à en avoir mal a la tête, et des gens qui vivaient dans la peur, qui baissaient les yeux sur son chemin. Elle se souvient d'avoir pu sentir la chute d'une ville, où tout semblait se laisser mourir.

Ne souhaitant pas lui voler l'image qu'il en avait, elle ne dit rien.

-Vous devriez vous reposez quelques heures Naé, les jours à venir promettent d'être épuisants.

Elle le regarda, surprise.

-Je n'y arrive pas... J'ai perdu le sommeil.

Il lui sourit tendrement, et la rabroua comme une enfant ;

-Alors cherchez le.

Elle se laissa pousser, et finit par s'allonger au sol. Mais ses pensées virevoltaient, de l'une à l'autre, comme une boucle infinie. Après un moment sans bouger qui lui parut interminable, elle finit par trouver le repos, en repensant à Minas Tirith, et à la belle image qu'en avait fait son ami.


Les jours passaient, l'elleth ramait avec Gimli, tandis que Pippin les criblait de questions, si bien que le soir venu, ses deux acolytes s'endormaient en quelques minutes.


Comme chaque soir elle commençait la garde avec Legolas, et voulant l'éviter, elle s'écartait du camp, profitant de se baigner dans un moment de solitude au clair de lune. Puis, lorsqu'elle revenait au campement, le prince partait à son tour, faire elle ne savait quoi, et d'ailleurs elle ne voulait pas savoir.

Ils évitaient tout simplement de s'adresser la parole, comprenant que leurs compagnons soient lassés de devoir supporter leurs hostilités.

Cette routine dura presque sept jours, lorsqu'enfin ils arrivèrent à hauteur de l'Argonath.

Deux immenses statuts d'anciens rois se dressaient devant eux, et Pippin en fut émerveillé.

Lorsqu'ils rejoignirent la rive, il était encore tôt, mais tous avait besoin de repos avant de se rendre plus avant.

La barque de l'elleth fut la dernière à arriver, et chacun était déjà occupé, à se reposer ou se dégourdir les jambes.

Quand ils furent tous là, Aragorn leur exposa son plan.

- Nous traverserons le lac à la tombée de la nuit. Nous cacherons les bateaux et continuerons à pieds. Nous atteindrons le Mordor par le Nord.

-Alors il nous suffira simplement de trouver notre chemin à travers Emin Muil, un labyrinthe infranchissable fait de rochers coupants comme des rasoirs. Et après, cela sera encore mieux. Une région de marécages gluants et puants à perte de vue.

-Oui, c'est notre route. Je vous suggère de prendre du repos afin de recouvrer vos forces, maitre nain.

-Recouvrer mes... Ah ! Gimli se tourna vers les hobbits et ajouta. On a pas besoin de recouvrer nos forces nous les nains, n'oubliez jamais cela jeunes hobbits !


Bien que Naé ait confiance en Aragorn, quelque chose la troublait dans son plan. Comme un mauvais pressentiment, ressentit en frisson qui ne cessait de s'intensifier ... Son instinct la trompait rarement, et il lui disait de foutre de camp. Encore une fois, Legolas fut plus rapide.

-Nous devrions partir maintenant.

Mais Aragorn ne prit pas son conseil en considération.

-Non, les orcs patrouillent sur la rive Est, il vaut mieux attendre que l'obscurité nous cache.

Elle se joignit alors a la conversation.

-Ce n'est pas la rive Est qui m'inquiète. Quelque chose approche, je le sens aussi.

Aragorn les regarda sans broncher, puis s'apprêta à prendre la parole, mais la voix de Merry le coupa.

-Où est Frodon ?

Tous les trois se retournèrent d'un coup, et ils s'en voulurent de ne pas l'avoir vu partir.

-Boromir aussi a disparu, constata-t-elle. Nous devons les trouver, j'ai un mauvais pressentiment.


Alors qu'elle s'élança dans la forêt, elle entendit Aragorn et Legolas partir dans des directions opposées.

Elle courut quelques minutes, puis elle ressentit soudain une étrange sueur froide. En s'immobilisant, elle se rendit compte que le sol tremblait, de façon presque imperceptible. Elle s'accroupit alors et plaqua son oreille contre la terre. Les tremblements semblaient s'intensifier. Son pressentiment était fondé, cela ne pouvait être qu'une troupe d'orcs qui se rapprochait.

Elle entreprit alors de faire marche arrière, pour aller prévenir les hobbits qui étaient restés au campement. En revenant sur ses pas, elle vit au loin Frodon courir vers la berge. Mais il était seul. Aucun de leurs compagnons ne semblaient à ses cotés, tandis qu'elle vit des orcs se jeter à sa poursuite.

Sans réfléchir un instant, elle décida de s'interposer, et s'élança vers les monstres. Son arc était resté au campement, elle n'avait donc pas d'autre choix que le corps à corps.

Prenant de l'élan, elle sauta sur l'un des monstres en le transperçant. Elle se releva d'un bond, et laissa le deuxième s'empaler sur sa lame, incapable de s'arrêter dans son élan. Elle décapita alors le troisième, puis le quatrième. Elle coupa les jambes d'un autre, et transperça un sixième.

Elle enchaînait les coups, et les orcs tombaient un à un sous ses lames. Elle essayait de les ralentir, mais ils étaient trop nombreux, et seule, elle ne pouvait tous les distraire. Plusieurs réussirent à passer derrière elle, et elle ne pouvait rien faire de plus pour les rattraper.


Soudain, le cor du Gondor résonna dans toute la forêt. Encore. Et encore. Et si au début elle ne s'inquiétait pas, sa répétition ne pouvait signifier qu'une chose ; Boromir était en difficulté.

Avec une pirouette, elle esquiva l'orc le plus proche, et se dirigea vers la source du bruit.

Ce n'était pas très loin, et en une dizaine de foulée, elle put voir le prince du Gondor faire face seul à une dizaine d'orcs, pendant que ceux ci continuaient d'affluer. Merry et Pippin étaient derrière lui, et il les protégeait du mieux qu'il le pouvait. Sans perdre un instant, l'elleth s'élança vers eux, et décapita les monstres qui se trouvaient sur sa route.

Son attention fut soudain retenue par un créature encore plus laide que ses frères, qui marchait lentement, au milieu de la hâte de tous les autres. Il devait être leur chef, cela ne faisait aucun doute, et c'était donc celui à abattre en priorité. Alors qu'elle se frayait un chemin jusqu'à lui à coups d'épées, elle le vit sortir son arc, et décocher une flèche en direction de Boromir. Sachant qu'il ne saurait l'esquiver, elle se jeta dans sa trajectoire, et retint un cri en sentant la pointe lui traverser la hanche.

Cela paraissait peut être complètement idiot, mais au vu de ses capacités de guérison, il valait mieux que se soit elle qui soit touchée.

Boromir l'aperçut alors, et son regard se voîla. Il resta immobile sous le choc, et ce fut son erreur. Il n'eut l'air de le comprendre que lorsqu'il fut trop tard, et qu'une flèche s'enfonça dans son abdomen. Naé poussa un cri de rage, brisa le corps de la flèche qui ressortait de son ventre, et avec une montée d'adrénaline, fit sauter la tête de tous les orcs qui l'entouraient. Cela n'eut pas grand effet, ils continuaient d'affluer, toujours plus nombreux.

Une deuxième flèche transperça Boromir.

Puis une troisième.

Une quatrième, et il tomba à genoux sur le sol.

Elle vit alors les orcs ramasser les hobbits et les mettre sur leurs dos. Elle était une spectatrice impuissante, encerclée et trop loin d'eux.

Elle essayait de se rapprocher le plus possible, mais ils furent hors de sa vue avant même qu'elle n'eut fait deux mètres. Les cadavres s'amoncelaient à ses pieds, ralentissant encore ses pas. Le chef la contourna alors, tout en s'avançant doucement de Boromir, et elle sut d'instinct qu'il allait l'achever. Elle sortit une dague de sa botte, et lui lança dans le but d'attirer son attention.

La lame lui traversa l'épaule, et il grogna de colère avant de se retourner vers elle, enragé.

Gagné.


Elle s'était attendue à ce qu'il soit ralenti, ou du moins à ce que cela l'handicap légèrement, mais il ne semblait pas ressentir la douleur. Ressortant la lame de son bras, il lui fonça dessus, et elle ne put que se défendre devant la violence de ses coups.

Chacun lui demandait une énergie folle, et la flèche dans son ventre la brûlait un peu plus à chaque geste.

Elle respira un grand coup, essayant d'oublier la douleur, et de penser à autre chose. Pour faire en sorte que sa défense soit faite de réflexes et non de concentration. Ses pensées vagabondèrent un moment, tandis que cela apaisa sa souffrance.

Comment ce truc affreux pouvait-il être un elfe à l'origine ? De son espèce qui plus est ? On lui avait menti. Ce n'était pas possible autrement.

Elle ne put retenir une grimace de dégoût face au visage ignoble qui lui faisait face.

Après tout peu être que Sauron lui avait promit de lui arranger la tronche s'Il gagnait la partie. Elle sourit intérieurement.

Et Boromir ? Pourrait-il guérir ? Elle avait beau avoir un caractère plutôt optimiste, elle en doutait. Un Homme ne pouvait survivre a quatre flèches plantés dans le poitrail. A moins qu'on lui prodigue de sacrés soins tout de suite. Aragorn penserait-il que c'est de sa faute à elle ? Non. Quoi que, peut être était-ce le cas.

Elle ne l'avait pas rejoint assez vite. Elle aurait sans doute pu épargner tout ça. Cette fois ci, elle aurait pu.

Les gestes de l'elleth étaient irréfléchis, fait de réflexes et d'instinct. Pendant qu'elle laissait ses pensées cavaler comme bon leur semblaient, elle était aveugle à ce qu'il se passait autour. Elle attendait juste de retrouver l’énergie nécessaire pour passer à l'offensive.

Soudain, elle entendit le cri d'Aragorn sur le coté, et réussit à trancher le bras de l'uruk avec une de ses lames.

Mais une fois de plus, il sembla ne rien ressentir, et profita de sa surprise pour lui asséner un violent coup de poing dans la hanche, à l'endroit où la flèche l'avait transpercée, l'enfonçant un peu plus dans sa chair et lui coupant le souffle.

Aragorn se jeta sur le monstre, prenant le relais, et permettant à l'elleth de se reprendre. En une poignée de seconde, l'uruk'hai fut décapité et son corps sans vie s'écroula sur le sol.

Le rodeur se précipita auprès de Boromir, qui agonisait à même le sol. Voyant que les yeux de ce dernier étaient entrain de se voiler, elle décida de ne pas s'approcher.

-Je vous aurai suivi, mon frère, mon capitaine. Mon Roi.

Puis, sa voix se noua.

Legolas et Gimli arrivèrent en courant, et la tristesse se lut dans leurs yeux lorsque le fils du Gondor s'éteignit dans les bras de son Roi.


Du sang s'écoulait du ventre de Naé, et ce fut l'elfe qui le remarqua le premier.

-Vous êtes blessée ?

-Rien d'inguérissable.

-Montrez moi, s'inquiéta Aragorn.

Elle retira son corset sous sa chemise, puis souleva celle ci, pour qu'ils puissent regarder la plaie. 

Le rôdeur grimaça, puis jeta un regard à l'elfe, qui sembla le comprendre et acquiesça.

-Vous pouvez marcher jusqu'à la rive ? Lui demanda celui ci, doucement.

-Bien sur.

Elle le suivit, ne laissant rien paraître de la douleur qui lui brûlait le ventre, pendant qu'Aragorn et Gimli portèrent le corps sans vie de Boromir.


Arrivés au campement, Legolas prit un ton doux et rassurant ;

-Venez

Il lui tendit la main, et l'allongea à même le sol, la tête sur ses genoux. Elle avait beau le haïr, il était évident qu'il était le plus qualifié dans l'art de la guérison. Elle frémit lorsque ses mains touchèrent sa peau. Elle s'était attendue à ce qu'elles soient aussi froides que son âme, et pourtant elle avait l'impression d'être brûlée à chaque contact. Cette chaleur la perturba.

Il la regarda, attendant son accord, qu'elle lui donna en un haussement de tête.

Triturant la plaie avec ses doigts, il parvint à attraper la tête de la flèche, lui donnant son autre main pour qu'elle puisse la serrer en fonction de la douleur. Il tira d'un coup sec, et elle dut se contenir pour ne pas lui casser les doigts. Le sang s'échappait maintenant abondement de sa plaie, et l'elfe partit chercher dans un sac de quoi la recoudre.

Il revint vers elle, et en le regardant faire ses points, Naé fut reconnaissante de l'agilité de ses doigts.

Elle avait insisté pour le faire elle même, mais le prince n'étant pas le genre de personne avec qui il était possible de négocier, elle avait abandonné.

Puis elle devait bien reconnaître qu'elle aurait sans doute mit beaucoup plus de temps, et que son contact avait quelque chose d'étrangement agréable.

Aragorn et Gimli s'étaient pendant ce temps occupés des funérailles de Boromir, le mettant dans une des barques qu'il leur restait, et l'envoyant à la mer, le laissant se faire porter par le courant.

L'elleth était triste et en colère contre elle même. C'était le deuxième de leurs compagnons qui mourrait devant ses yeux.

Une fois que l'elfe eut fini de recoudre la plaie, Naé lui murmura un « merci », et contre toute attente, il lui adressa un sourire empli de douceur.

Elle n'eut pas le temps de se remettre de cette surprise, que le prince se dirigeait déjà vers la dernière barque qu'il leur restait et la mit a l'eau.

-Dépêchez vous, Frodon et Sam vont atteindre la rive orientale.

Mais personne ne bougea, Aragorn regarda l'eau qui s'étendait devant eux, et prit un air résolu.

-Vous n'avez pas l'intention de les suivre..

-Le destin de Frodon n'est plus entre nos mains.

-Alors tout aura été fait en vain. La communauté a failli. Se désola Gimli.

-Pas si nous restons loyaux les uns envers les autres. Nous n'abandonnerons pas Merry et Pippin à une mort atroce. Pas tant qu'il nous restera des forces. Débarrassons nous de tout ce qui n'est pas nécessaire. Voyageons léger ! Allons chasser de l'orc.

Gimli sourit et exprima son enthousiasme.

-Laissez moi juste quelques instants pour laver ma plaie et me rhabiller convenablement.

-Est-ce raisonnable de nous accompagner dans votre état ? lui demanda Aragorn, soucieux.

-Est-ce raisonnable de poser la question ? Lui répondit-elle en souriant.

Ils laissèrent donc leurs sacs, se contentant de prendre leurs armes, et dans le cas de Naé un bandage propre qu'elle glissa dans son carquois, puis ils partirent en courant dans la direction que les orcs avaient empruntés quelques minutes plus tôt. 

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