Un Peuple Oublié

Chapitre 11 : Chapitre 10 _ La Traque

2916 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/06/2020 15:28

Cela faisait trois jours qu'ils courraient sans relâche, et sans faire de pause, si ce n'était que pour avaler quelques bouchées du lambas qu'il leur restait.

Ils étaient sur les traces des Uruk hai, et ils ne pouvaient se permettre de se laisser distancer.

Les points de Legolas avaient bien tenu, et la cicatrisation semblait toujours en cours, mais Naé ne souffrait plus.

Les elfes guérissaient plus rapidement de leurs blessures que le commun des mortels, en particulier les elfes Noirs d'ailleurs.

Et pour rien au monde elle ne les aurait laisser l'abandonner derrière. La première journée avait été l'enfer, et plusieurs fois elle s'était mordu la langue pour s’empêcher de se plaindre ou de demander une pause. Mais petit à petit, se concentrant sur la course, elle sentait de moins en moins la douleur. Ou s'y habituait simplement. Aragorn la surprenait de plus en plus. Le fait d'avoir été élevé parmi les elfes avait pu améliorer ses capacités physiques, mais il restait toutefois un Homme, et son endurance en tant que tel était véritablement remarquable.

Gimli, lui avait du mal à tenir le rythme, et personne ne pouvait lui en vouloir.

Bien qu'il se plaignait et bougonnait souvent, il devait être conscient de l'urgence, puisqu'il faisait tout son possible pour maintenir l'allure.

Quelques fois, Aragorn ou Legolas se penchait sur le sol, pour écouter le martèlement des Uruk et en déduire leur distance. Ils étaient si lourds et si nombreux qu'il leur était facile de suivre leurs traces.

-Ils ont forcé l'allure, ils ont du sentir notre présence. Vite !

-Aller Gimli, l'encouragea Naé

-Trois jours et trois nuits de poursuite, sans manger, ni se reposer, et aucun signe de notre gibier alors que peut bien raconter un rocher !

Ils reprirent leur course, et quelques heures plus tard, en se penchant sur le sol, Aragorn ramassa l'un des pendentifs qui leur avaient été offert en Lothlorien.

-Non sans raison tombent les feuilles de la Lorien.

-Ils sont peut être en vie, encouragea Legolas.

-Et ils ont moins d'un jour d'avance !

-Aller Gimli, nous gagnons du terrain.

-Les longues distances m'épuisent. Nous les nains nous sommes des sprinter, redoutables sur les courtes distances !

Mais ils avaient appris à ne plus faire attention aux bougonnements du nain, aussi continuèrent-ils leur route.


Le lendemain matin, à l'aube, le paysage avait changé. Ils avaient dû parcourir une bonne distance pendant la nuit sans s'en apercevoir.

-Le Rohan, pays des seigneurs des chevaux. Quelque chose d'étrange est à l'oeuvre ici. Une force maléfique donne des ailes à ses créatures et se dresse contre nous. Legolas, Naé, que voient vos yeux d'elfe ?

-Leurs traces devient au Nord-Est. Commença l'elleth.

-Ils emmènent les hobbits en Isengard. Finit-il

-Saroumane.

Bien que cela ne présageait rien de bon, ils n'avaient d'autre choix que de continuer.

Les heures défilaient, et ils ne s'arrêtaient que pour s'abreuver avant de repartirent aussitôt. Naé commençait à ressentir la faim, et se demanda alors comment Gimli tenait encore debout.


Vers la fin de la matinée, un bruit nouveau vint à ses oreilles.

-Des cavaliers, finit-elle par dire. Mettons nous à couvert.

Ils se cachèrent derrière le rocher le plus proche, et quelques instants plus tard, une cinquantaine de cavaliers armés passèrent à coté d'eux. Lorsqu'ils les eurent tous dépassés, Aragorn sortit à découvert ;

-Cavaliers du Rohan, quelles nouvelles des Hommes de la Marche ?

Les cavaliers firent demi tour, et en un rien de temps, encerclèrent le petit groupe, leurs lances pointées dans leur direction. Au milieu d'eux, l'un s'approcha, fièrement dressé sur son cheval, et prit la parole.

-Que font deux Elfes, un Homme et un Nain dans le Riddermark ? Répondez !

Sa voix était puissante et autoritaire, et il était sans conteste le chef des rohirrim.

Ce fut Gimli qui fut le premier à répondre ;

-Donnez moi votre nom dresseur de chevaux, je vous donnerais le mien.

L'homme descendit de son cheval, sortit son épée, et la fit glisser sous la barbe du nain.

-Je vous couperais volontiers la tête, Nain, si elle sortait un peu plus du sol.

Voilà un homme qui avait de la répartie, et sa remarque aurait sans doute fait rire Naé s'ils n'étaient pas encerclés.

Du coin de l’œil, elle vit Legolas encocher une flèche aussi rapidement qu'il était elfement possible, et lui cracha au visage ;

-Vous seriez mort au moindre geste !

Elle n'en avait pas vraiment l'habitude, mais elle adorait le voir dans cet état de rage, se laissant dominer par ses pulsions. Aragorn, qui lui n'en était pas adepte lui jeta un regard noir et essaya d'apaiser les tensions.

-Je suis Aragorn, fils d'Arathorn, voici Gimli, fils de Gloin, Legolas, du royaume sylveste et Naé. Il y eut un silence, et tous purent sentir qu'Aragorn était gêné. Il ne voulait pas dévoiler la nature de l'elleth, bien qu'il n'était pas sur que l'histoire de son peuple soit encore connue des hommes aujourd'hui. Il réfléchit un instant, puis, comme il ne connaissait pas le nom de ses parents, alors il ajouta. -Nous sommes des amis du Rohan et de Théoden, votre Roi.

-Theoden ne reconnaît plus ses amis de ses ennemis, pas même les siens.

Il enleva son casque, et Naé découvrit alors un homme assez jeune, aux traits déjà durs, mais son visage était agréable à regarder. Il enchaina ;

-Saroumane a empoisonné l'esprit du Roi et revendiqué la suzeraineté de ses terres. Mes hommes sont loyaux au Rohan, et pour cela, nous avons été bannis. Le magicien blanc est rusé, il va et vient à ce que l'ont dit, vieillard enveloppé dans un manteau à capuchon, et ses espions se faufilent partout à travers nos filets.

Il avait dit cette dernière phrase en la regardant dans les yeux, laissant le sous entendu planer entre eux.

-Nous ne sommes pas des espions. Nous pourchassons un groupe d'uruk'hai en direction de l'ouest. Ils ont emmenés captifs deux de nos amis.

L'homme eut une expression choquée, puis désolée.

-Les uruk ont été détruits. Nous les avons massacré pendant la nuit.

-Mais il y avait deux hobbits ? Avez vous vu deux hobbits avec eux ? La voix de Gimli tremblait, sans doute a cause de la fatigue, ses émotions prenaient le dessus.

-Ils seraient petits, des enfants à vos yeux ?

-Il n'y a pas de survivant. Nous avons empilés les carcasses et les avons brûlées. Je suis désolé. Hasufel, Arod, Ametis. Trois chevaux arrivèrent au pas, se frayant un chemin entre les cavaliers.

-Puissent ces chevaux vous apporter meilleure fortune qu'à leurs premiers maîtres. Adieu. Cherchez vos amis, mais n'ayez pas trop d'espoir. C'est peine perdue sur ces terres. Vers le Nord !


Cet homme avait un charisme impressionnant. Bien sur, ses paroles avaient été plus dures encore que les traits de son visage, et le désespoir s'insinuait peu à peu dans le cœur des compagnons. Mais il avait été direct, et tous avaient apprécié cela. Sous son ordre, tous les chevaux partirent au galop, à la suite de leur chef, tandis que le petit groupe resta seul dans la vallée, face aux montures qui leur avaient été offertes. Aragorn s'approcha d'Arod, Legolas monta Hazufel, et l'elleth se hissa alors sur le dos d'Ametis. Elle n'avait jamais été très à l'aise avec ces bêtes, préférant se déplacer en courant, mais elle devait bien reconnaître qu'après ces derniers jours, leur présence était la bienvenue.

-Voulez vous montez avec moi maitre nain ? Demanda-t-elle à Gimli, qui avait l'air un peu paniqué face à ses montures qui devaient lui sembler énorme.

-Monter avec une dame ? Ce serait inconvenant, et puis je ne saurai pas où mettre mes mains ! Lui dit-il en rougissant. Aragorn, puis-je ?

Celui ci allait accepter, mais Legolas le stoppa,

-Je suis plus léger, montez avec moi.

Alors que Gimli fronçait les sourcils, l'elfe ajouta ;

-Il faut ménager nos chevaux.

Le nain lui adressa donc un sourire entendu, et l'elfe l'aida à monter à sa suite.

Ils galopèrent alors sans s'arrêter jusqu'au champ du massacre.


L'odeur était infecte, et la fumée leur piqua les yeux. Des têtes d'uruk hai avaient été placées sur des piques, en signe d'avertissement.

Descendant de sa monture, l'elleth fit le tour du monticule de chair brûlée, et une trace au sol lui parut suspecte.

Peut être était-ce l'espoir qui déréglait sa raison, mais en entendant Aragorn hurler de rage derrière elle, elle l'appela pour venir inspecter la trace devant ses yeux.

Les rôdeurs devaient savoir pister s'ils voulaient survivre, et Aragorn avait prouvé plusieurs fois qu'il en était parfaitement capable.

Il s'agenouilla au sol, pour l'inspecter à son tour, puis se releva et posa une main contre le cou de Naé, comme pour la remercier et plongea ses yeux dans les siens, plein d'espoir;

-Un hobbit était allongé ici, et l'autre là. Dit-il aux autres en montrant les traces du doigt.

-Ils ont rampé. Leurs mains étaient ligotées. Leurs liens ont été coupés. Ils ont couru par ici. Les traces s'éloignent du combat, et vont vers la forêt de Fangorn.

Sa mine sembla s'être décomposée devant cette derrière information.

-Fangorn. Repeta Gimli. Quelle folie les a conduit là ?

Aragorn s'enfonça entre les arbres, et les autres le suivirent de prés.

La forêt était vieille, très vieille, même en tant qu'elfe noire, Naé pouvait le sentir. Legolas les entendait-il parler ? Arrivait-il à les comprendre ?

Cette pensée l'excita comme une enfant. Il y avait alors tant de questions qu'elle aurait voulu lui poser, mais elle refusait de lui montrer qu'il attisait sa curiosité.

En s'approchant d'un buisson, Gimli remarqua du sang d'orc dessus. Puis, Aragorn s'accroupit soudain au sol, l'air sombre.

-Ces traces sont étranges.

En s'approchant pour regarder, elle s'aperçut également qu'elles lui étaient inconnues. Immenses, elle ne pouvaient appartenir à aucun animal, et encore moins à un orc.

Gimli semblait de plus en plus tendu.

-Je sens que l'air est lourd ici.

-Cette forêt est vieille. Très vieille. Pleine de souvenir ... et de colère. Les arbres se parlent entre eux.

Ainsi donc, il pouvait les comprendre ! Il semblait néanmoins tourmenter par ce qu'il entendait.

-Gimli, abaissez votre hache !

Lorsque celui ci obtempéra, les murmures autours d'eux se calmèrent d'un coup.

-Ils ont des sentiments, mon ami, et cela grâce aux Elfes. Reprit Legolas avec fierté. Ils ont réveillé les arbres et leur ont apprit à parler. Enfin les elfes sylvestres, tout du moins, murmura-t-il à l'intention de l'elleth.

-Des arbres qui parlent ! Et les arbres, de quoi est-ce que ça parlent ? A part de la consistance des crottes d'écureuil.

Elle rit à cette remarque, et l'elfe lui jeta un regard glacial.

-Et vous Naé, vous les comprenez ?

-Non. Dirent en coeur les deux elfes. Ils se fixèrent un instant, puis le prince se remit à avancer, laissant à sa compagne le loisir de murmurer à Gimli, devant sa mine attristé ;

-Je le vis on ne peut mieux, hein. Il n'y a que ces foutus Sindars qui peuvent trouver intéressant les commérages de vieilles branches... Puis elle lui fit un clin d'oeil entendu.

Celui ci explosa de rire.

-Arrêtez de faire la maline, ils vous détestaient déjà avant vos remarques désobligeantes.

-Ca vous fait un point commun dans ce cas, répondit-elle à Legolas.

-Je me demande comment vous vous en sortiriez face à un ent.

-Apparemment on ne le saura jamais puisque, les Valars m'en préserve, vous veillez sur moi. Répondit-elle en levant les yeux au ciel.

-Absolument pas. Ils sont simplement moins mesquins que ce que vous ne pensez.

-Et moins que les elfes sylvestres apparemment, puisqu'eux ne se sont pas ...

D'un coup, elle perçut une lumière au loin.

-Aragorn, nad na ennas ! (il y a quelque chose là bas.)

-Man cenich ? (que voyez vous?)

Ce fut Legolas qui répondit ;

-Le magicien blanc approche.

-Ne le laissons pas parler, il nous jetterait un mauvais sort. Il faut faire vite.

Aragorn sortit son épée, tandis que l'elfe encocha une flèche. A son tour Gimli brandit sa hache, et Naé prit l'un de ses poignards. Ils attendirent alors, en silence, que leur ennemi se montre.


Une lumière blanche les aveugla alors, et le magicien apparut. Il leur était impossible de distinguer son visage, éblouis par une clarté bien trop puissante.

L'elfe fut le premier à décocher sa flèche, que l'homme fracassa d'un geste de main, il fit dévier la trajectoire du poignard qui alla se planter dans un arbre loin derrière. L'arme d'Aragorn sembla soudain lui brûler les mains, et il la lâcha sur le sol, de même que la hache du nain.

-Vous êtes sur les traces de deux jeunes hobbits.

Sa voix leur sembla alors étrangement familière, mais ils n'arrivaient pas à se souvenir d'où.

-Où sont-ils ? Demanda le rôdeur, méfiant.

-Ils sont passés par ici avant hier. Ils ont fait une rencontre à laquelle ils ne s'attendaient pas. Est-ce que cela vous rassure ?

-Qui êtes vous ? Montrez vous ! Cria-t-il, agacé.

Soudain, la lumière s'éteignit peu à peu, et ils purent enfin contempler l'homme qui leur faisait face.

-Gandalf ?

Son nom échappa à l'elleth dans un murmure, et elle mit un genoux au sol, laissant échapper une larme de joie. Legolas s'agenouilla à ses cotés, tandis qu'Aragorn n'arrivait pas à le croire.

-Cela ne se peut. Vous êtes tombé !

-A travers le feu et l'eau. Du plus profond cachot au plus haut sommet, je combattis le Balrog de Morgoth. Jusqu'à ce qu'enfin je puis jeter à bas mon ennemi qui alla se fracasser sur le flanc de la montagne. Les tenèbres m'entourèrent, et je m'égarais hors de la pensée et du temps. Les étoiles tournaient au dessus de moi, et chaque jour était aussi long qu'une existence sur la terre. Mais ce n'était pas la fin, je sentais la vie revenir en moi. Je fus renvoyé, jusqu'à ce que ma tache soit accomplie.

-Gandalf.

Cette fois ci, le rôdeur comprit qu'il n'y avait là aucun sortilège, et s'inclina à son tour devant son ami retrouvé.

-Gandalf ? Oui, c'est ainsi que l'on m'appelait. Gandalf le Gris, c'était mon nom.

-Gandalf, répondit Gimli en écho, qui n'arrivait pas à y croire.

-Je suis Gandalf le Blanc, et je reviens vers vous en ce moment décisif. Une étape de votre voyage est terminée, et une autre commence. Nous devons aller à Edoras à vive allure.

-Edoras ? S'étonna Gimli, c'est pas tout à coté !

-Nous savons qu'il y a la guerre au Rohan, et que le Roi va mal.

-Et il ne sera pas aisé de le guérir.

-Alors on a couru tous le long du chemin pour rien ? Allons nous laisser ces pauvres Hobbits ici, dans cette horrible, sombre et humide endroit infesté d'arbres ?

Comme en réponse à ses mots, des grincements et des murmures s'élevèrent autours d'eux, et bien que Naé avait commencé à rire, elle s'arrêta immédiatement.

-Je veux dire charmante, très charmante forêt..

Les bruits se calmèrent, jusqu'à cesser totalement.

-Ce fut plus qu'un simple hasard qui conduit Merry et Pippin à Fangorn. Un grand pouvoir est endormi ici depuis de longues années. L'arrivée de Merry et Pippin sera un peu comme la chute de petites pierres qui déclenche l'avalanche dans la montagne.

Elle sourit ;

-Il y a un point sur lequel vous n'avez pas changé mon ami, vous parlez toujours par énigme, lui dit-elle avec un clin d'oeil.

Il lui sourit, et lui répondit ;

-Une chose est sur le point de se produire qui n'est pas arrivé depuis les Jours Anciens. Les ents vont se réveiller, et découvrir à quel point ils sont forts.

Gimli s'apprêtait à rire, mais regardant les arbres, il s'en garda bien.

-Forts ? C'est bien.

-Arrêtez de geindre maître nain, lui dit Legolas, avec un demi sourire.

-Pippin et Merry sont en sécurité, enchaîna Gandalf, bien plus que vous n'allez l'être.

-Ce nouveau Gandalf est bien plus bougon que l'ancien.

Cette remarque les fit tous sourire, et ils se mirent à suivre le magicien à travers la forêt, qu'il semblait connaître à la perfection.


Lorsqu'enfin ils arrivèrent à en sortir, le soleil semblait déjà bien redescendu dans le ciel.

Gandalf siffla, et alors, sous leur yeux ébahis, un magnifique étalon blanc galopa vers eux.

-C'est un des Mearas, dit l'elfe alors que l'excitation perlait dans sa voix. A moins que mes yeux ne soient abusés par quelques sorcelleries.

-Ce ne serait pas la première fois, lui souffla l'elleth, suffisamment près de son oreille pour qu'il sente son souffle sur son cou.

-Gris Poil, C'est le seigneur de tous les chevaux et il fut mon ami lors de maints dangers.

Il était superbe, et majestueux, elle devait l'avouer, autant qu'un cheval puisse l'être à ses yeux. Mais ils ne s'étaient toujours pas reposés, et elle luttait contre sa propre fatigue. Gimli se dormait littéralement dessus, et elle se demanda comment Aragorn faisait pour encore tenir debout.


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