L'étrange anneau du Roi Isildur

Chapitre 14 : Un dénouement Royal - Partie 2

3609 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 08/11/2025 14:59

Palais Royal

Grande salle


Dans la grande salle de réception, la table du conseil a été dressée. Tous les membres siègent à leurs places, on attend patiemment l'hôte de la réunion.


- Sa Majesté le roi !! Hurle un garde zélé après avoir frappé un grand sur le sol


La porte s'ouvre et le souverain paraît. Isildur fidèle à lui-même, avance d'un pas nonchalant, la mine renfrogné. Il n'a pas dormi, ne s'est pas lavé, ne porte aucune tenue cohérente. Une robe de chambre affublée d'une côte de maille.

Il ressemble plus à un garde-chasse qu'à un roi. Chose tristement banale, au conseil, personne n'est plus choqué.


Tout le monde se lève devant le souverain et s'incline très scrupuleusement de la tête.

Le roi s'assoit


- Alors intendant, quel ordre du jour nous avez-vous concocter? Par pitié que ce soit court...


- Sire.. Aujourd'hui nous devons préparer votre retour à Osgiliath, faire l'inventaire de la garde que vous laissez à Minas Anor et choisir un tuteur pour votre neveu.


Isildur paraissait très déçu


Le chambellan se permit de prendre la parole


- Il y a un autre sujet...


- Qu'est-ce donc? Fit l’intendant surpris.


- Le voleur.


- Nous devons respecter la feuille de route Chambellan.


- Je me permets d’insister, sa Majesté y porte de l’intérêt.


Embarrassé, l'intendant lança un regard interloqué vers son confrère.


- Ce n'est pas à l'ordre du jour..


Isildur intervint:

- Peu m'importe ! Je décide que ce sujet me plaît. Mon bon Chambellan, partage-nous les détails de son arrestation.


- Avec plaisir Sire ! Mes informateurs l'ont repéré dans une auberge de la ville. Le malin se terrait dans une chambre miteuse, sans vouloir en sortir. Grâce à mes informations les gardes l’ont débusqué de son trou avant l’aube. Le misérable n’a pas eu le temps comprendre de qu’il lui arrivait.


- Vos informateurs!? Demanda l'intendant surpris.


- Tout à fait !


- J'ignorais que vous étiez Capitaine des espions Monsieur le Chambellan...


L'intéressé grimaça vilainement et ne prit pas la peine de répondre. Isildur répondit à sa place.


- Quelle importance ? Cette nouvelle me réjouit ! A quelle heure précisément va-t-il être exécuté ?


- Exécuté !? L’intendant faillit s’étrangler.


- Oui, à ce propos il me faudra une entrevue avec le bourreau au plus vite. Je souhaite lui transmettre mes instructions en personne.


- Sire vous ne parlez pas sérieusement ? Cette exécution est absolument impensable !


- Quoi !? Oserais-tu me désobéir ? Et pourquoi diable serait-ce impensable ?


- Parce que, Sire, le vol n'est pas puni de mort…


Un silence glacial traversa la salle du conseil. Les yeux d'Isildur devinrent rouges, ses dents commencèrent à grincer.


C'est à ce moment qu'Elendur se leva de sa chaise :


- Père ! Moi et mes frères avons un cadeau !


- Hum ?


Isildur regarda son fils, l'air étonné. Il remarqua soudain, fait rare, que les trois princes siégaient au conseil. D'ordinaire, seul l'héritier se donnait cette peine.


- Aratan, Cyrion, vous êtes là aussi ?


- Oui Père ! Nous voulions profiter de cette occasion, devant tous tes conseillers, pour t'offrir un magnifique présent.


- Ah... Et quel est donc ce présent ?


Dans les yeux du Roi, se mêla un mélange d'incompréhension et de curiosité. Elendur sortit de sa poche une magnifique Chaîne en or.


- Ce collier vient du 1er âge, sur le contienent englouti du Beleriand. La matière dont il est fait n'existe plus. L'or change de couleur avec les saisons. Tantôt dorée, rose, blanc et rouge. Isildur fut sincèrement impressioné.


- Mais que me vaut cet honneur mes fils ?


- En tentant de prendre ton anneau, ce voleur a coupé votre collier n'est-ce pas ?


- C'est vrai..


- Eh bien, en voilà un nouveau qui embellira votre précieux bijou.


Toute la table semble acquiescer, le Roi retrouva une expression normale.


- Voilà un beau cadeau mes fils ! J'apprécie dûment votre geste.


Profitant du moment, Elendur s'approcha de son père.


- Mais avant je vous demande une faveur père !


- Une faveur ? Laquelle ?


- Accordez-la moi d'abord et je vous dirai ensuite.


- Ahah ! Isildur se fendit d'un grand rire.

Voyez ça mes conseillés, quel que soit leur âge, quand vos enfants vous offrent un cadeau, c’est toujours intéressé.


La salle ria de bon cœur avec son souverain enfin détendu.


- Va mon fils ! Je te l'accorde ! Dis-moi quelle est donc cette faveur.


Dans la bonne humeur ambiante, Elendur déclama d'une voix solennele.


- Je demande l'honneur d'attacher moi-même votre anneau à ce collier.


Il tendit alors sa main vers Isildur.


- Père, donnez-moi votre anneau…



Ville Basse

Place du Marché



Entouré de son escorte funèbre, la main encore sanguinolente, Anarin marche vers sa fin. Un bandage lui été appliqué à la hâte et pour atténuer la douleur les gardes l’ont gavé d’un vin épicé à peine douteux. Soudain un lieu familier qui apparaît.


- Je connais cette place.


Et pour cause, c'est ici que tout a commencé. Sur cette petite place du marché. Mais cette fois,. L'endroit est désert. Il n'y a pas d'estrade montée pour l'occasion. 

Manifestement on n'a pas cherché à rameuter la foule.


- Ce type ! J'ai déjà vu cette affreuse tête. 


Au loin le bourreau affinait sa l'âme d'un air irrité. 


- T'as de la chance morveux, pour toi ils n’ont rien prévu de très spécial... une simple décapitation à l'épée. 


Quelle chance... 


- C'est pour ça que le bourreau fait la tronche, il est déçu. 


Le jour s'était levé mais un mur de nuages gris donnait du sursis à l'obscurité. Anarin auscultait minutieusement le décor de son dernier instant. 


C'est glauque... mais comme n'importe quelle matinée grisâtre à Minas Tirith. Au moins je peux voir le ciel et respirer l'air frais. 


Quelques lève-tôt s'affairaient sur leur échoppe en regardant l'étrange escorte du coin de l'œil. 

Quand la petite troupe arriva au lieu de l'exécution, le bourreau grommela.


- Sergent ! Je n'aime pas être pressé de la sorte, je tiens à vous le dire. Regardez-moi ce bazar, ça n'a aucune allure. 


- Ce n'est pas moi qui donne les ordres, l'ami, si t'es pas content va te plaindre au château. 


- Mouais... Bon j'ai fait ce que j'ai pu. 


Il y avait un simple étalage en bois avec un étau pour mettre la tête du condamné et un sceau pour l'a récupérer une fois libérée de son corps 


- Maintenant, montrez-moi le spécimen. 


Le bourreau se mit à inspecter le condamné comme un bestiau au marché. 


Anarin le défia des yeux. 


- Tout est de ta faute 


- Hein? 


- Tu as bien entendu bourreau. 


-Quoi ? Elle est bonne celle-là ! 


- Tu m'as choisi, parmi des centaines, tu m'as montré du doigt. 


- Qu'est-ce que tu racontes... 


- Ferme-la vilain manant ! S'énerva le Sergent 


- Vous lui avez cogné le ciboulot un peu trop fort à votre prisonnier... vous l'avez fouillé au moins? Rien de précieux ? 


Non rien du tout.  


Décidément... Souffla le bourreau


Il parcourut tout de même les poches du gondorien. Il n'en sortit qu'un bout de papier. Il commença à déchiffrer péniblement le parchemin. 


- An..o.. do..ré? 10 000 pi..ères.. or ?? 


- C'est quoi ce truc ? Une lettre de créance? 


Anarin éclata presque de rire. 


- Si seulement ! Ce n'est rien, juste du gribouillis sans intérêt... 


Le bourreau haussa les sourcils 


- Bon, mettez-le en place et dégagez bien la nuque. 


Il empoigna sa grande épée, s'éloigna de trois pas et fit quelques gestes d'échauffement. Puis il envoya un grand coup sec sur un tronc d'arbre qui se trouvait là. 


Anarin eut soudain un haut le coeur, il vomit. 


Le bourreau souleva son épée et... refit la même manœuvre encore une fois. 


- C'est vraiment nécessaire ce cirque ?! J'ai un horaire à tenir moi ! Qu'on en finisse.

 

- Sergent.. voyez-vous...

Si je réussis un joli coup propre et net, la tête tombera dans le sceau et le sang avec. J'emballe la chose, on se serre la trogne et l'affaire sera close. 

Si par malheur je rate mon coup, le sang giclera sur 10 mètres et vous et vos gars pourrez frotter le sol comme des forçats jusqu'à midi... Alors cela ne vous dérange pas trop, j'aime bien m'échauffer encore 20 minutes et le tout en paix. 


Le Sergent, convaincu, tourna les talons et alla voir ailleurs. 


Plus bas, Anarin avait fini de vomir ses trippes. Il aurait bien continué, mais il n'avait plus rien à régurgiter. Il saisait soudain froid. De l'eau coulait sur ses joues. Des larmes ? Pourtant il ne pleurait pas. Enfin pas qu'il sache. Des frissons parcoururent son corps.


- J'imaginais pas ça comme ça. 


Il leva ses yeux meurtris au ciel.


À tous les Valars, les Istars, les Maias, entendez mon souhait... avant de mourir, je voudrais juste voir le soleil. Rien qu'un petit rayon, qu'une lueur. Une dernière fois... 




Palais Royal

Grande salle



Un magicien aurait-il jeté un sort? 


Le visage d'Isildur s'est figé. Ce n'est plus le regard d'un père sur son fils. Ses pupilles se sont fermées, son front est plissé et ses yeux sont devenus aussi noirs qu’un palantir.


- Tu veux que je te donne mon anneau !? 


- Oui père, juste une minute, pour l'attacher au collier. 


Ses fils le regardaient l'air exagérément bienveillant. 


Le corps du Roi tout entier se crispa, des petits spasmes incontrôlables dérangeaient son allure royale. 


- Donner mon anneau !? Diable de mort ! Plutôt mourir ! 


Il sera le pommeau de son épée de toutes ses forces et alors que sa folie s’emparait de lui au grand jour, il entendit une voix. 


- Laisse-le, donne-lui l'anneau. 


- Qu'est-ce que...? 


- Il t'a fait assez de mal comme ça, lâche-le ! 


Personne d’autre ne semblait entendre cette voix. Élendur lui tendait toujours la main avec insistance. 


- Rien qu'une petite minute père.. 


- Écoute ton fils 


Cette voix... le roi ne l'avait pas entendue depuis des lustres. Elle était familière. Isildur agrippa son crâne en gémissant, comme s'il fut prit d'une migraine. 


- Elendil ! J'entends la voix d'Elendil. Par Numenor je deviens fou... 


Ses mains se mirent à trembler et son visage perla de sueurs froides. 

L'air rageur d'Isildur devint béat. Son visage se relâcha. 


La voix reprit :

- Ce n'est qu'un anneau, reprend-toi et conduis-toi en Roi.


Tout doucement, il sortit l'anneau de sa poche. D'un air hagard, comme s'il avait reçu un coup de massue sur la tête, il tendit le précieux bijou à son fils. 


Elendur le saisit, le cacha aussitôt dans sa besace, et fit semblant de s'affairer sur son collier. 


Devant cette scène surréaliste, aucun conseiller présent ne broncha. Jusqu’à ce que Monsieur le Chambellan se décide à revenir à la charge.


Sire, à propos de l’exécution, si l’on trouvait à tout hasard une arme sur le voleur, on pourrait faire passer le vol pour une tentative de m..


Splash! 


Le prince Aratan venait de renverser son verre de vin sur la belle tunique en soi précieuse du chambellan 


- Oh zut! Suis-je maladroit, mes excuses chambellan 


Avant que l'autre ait eu le temps de pousser un juron. Cyrdan s'exclama :


- Père ! Que diriez-vous de quitter cette salle, continuons le conseil ailleurs. Allons sur la germe de l'arbre blanc, pour le symbole. 


Le secrétaire, comprenant lentement ce qui se tramait autour de lui, acquiesça immédiatement :


- Voilà une excellente idée prince. Un conseil a l'air frais ne nous fera pas de mal. 


Isildir reprenait ses esprits, la voix avait disparu. Les sueurs passées, la chaleur de sa côte de maille l'assommait à présent.


- Tu as raison mon fils, cette pièce est lugubre, sortons. 


Tout le monde se leva de bon cœur puis Elendur ajouta : 


- Chambellan, aller à l'arbre blanc avec cette tâche de vin ne serait pas correct, allez-vous changer. 


- Hein ? Mais... 


Le pauvre bougre tourna la tête vers son souverain 


- Mon fils a raison, allez vous changer, on dirait un ivrogne. 


Le petit conseil sortit et déambula jusqu'à la cour du château. Dans la cour, les gardes lancèrent des regards pour le moins interloqués. 


Les hauts dignitaires du royaume formèrent un cercle autour du Roi. Les questions du jour furent vite réglées. Et tandis qu'Isildur se remettait à trépigner du pied, Aratan demanda : 


- Père, racontez-nous encore comment vous avez tué Sauron. 


- Ah voyons ! Je l'ai raconté 1000 fois... 


- Oh père ! Encore une fois, pour l'arbre blanc... 


Passé la fausse modestie de rigueur, le souverain commença son récit sans se faire prier. 

Elendur, pendant ce temps, tripatouillait maladroitement l’anneau autour du collier. Il était attaché depuis un bon moment. Le pauvre ne savait plus quoi inventer pour faire durer la mise en scène. 


- Et là, j'ai ramassé l'épée brisée d'Elendil et j'ai donné tout ce qui me restait comme forces, Sauron ne l'a pas vu venir. Ma lame lui a tranché la main et il a éructé comme un porc qu'on égorge... 


Soudain la main du roi fut reprise de tremblement et à nouveau des gouttes de sueur perlèrent sur son front. 

Il coupa son histoire et d’un ton autoritaire, il ordonna: 


- Bien ! La séance du conseil est close... veuillez-disposer maintenant.


Les conseillers s’exécutèrent sans protester.


- Elendur, Cyrdan, Aratan… vous restez !


Une fois seuls face à leur père, les princes se toisèrent le regard anxieux. 


- Mes fils... me croyez-vous stupide ? 


Silence 


- Je sais pour votre cavalier, et je sais le message qu'il portait 


Les trois princes se décomposèrent 


- Père... 


- J'ai découvert votre plan. 


- C'était seulement pour vous aider... 


- Laisse-moi parler! 


La panique s'empara d'Elendur. 


- Je disais, j'ai découvert votre plan... et je vous en remercie. 


- Comment ??


Le roi fit un pas vers ses enfants. 


- Cet anneau... il me ronge l'esprit, je le sais, je l'ai compris. Sur le chemin de l'Arnor nous passerons par Fondcombe. Espérons que le seigneur Elrond soit de bon conseil. 


Les princes regardaient leur père l'air ému. De leur vie, il ne l'avait jamais vu si vulnérable.

 

- Maintenant, Elendur, rends-moi mon anneau. Ma chair ne peut supporter d'être séparée de lui plus longtemps 


Alors l'héritier lui tendit le collier en métal précieux de Valinor autour duquel pendant l'unique. 


- Et père, au sujet de cette exécution ?


- Ah oui j'oubliais.... le petit voleur. 


Le souverain se caressa la barbe un instant l’air pensif. Il regarda l’anneau unique. À son doigt, le sceau de numénor brillait d’une petite lueur que même la grisaille ambiante ne pouvait ternir. Les visages de son défunt père et défunt frère lui parcoururent l’esprit. Après une courte réflexion, il déclara :


- Je souhaite qu'on le libère sur le champ, qu'on le blanchisse de toute faute, et qu'on ne me parle plus jamais de lui. 



Ville Basse

Place du Marché



Le pauvre tronc d'arbre ne ressemblait plus à rien. La lame du bourreau avait découpé tout ce qui pouvait l'être. 


- Bon, il est temps de passer aux choses sérieuses. 


- Enfin ! S'exclama le Sergent exaspéré. 


Anarin s'était perdu dans la contemplation du ciel. Le gros brouillard gris était toujours là.

 

Tu veux pas bouger oui ? Saleté ! C'est trop demander avant sa mort ? Un petit bout de soleil que diable 


Une sensation de froid le sortit de sa torpeur. Le bourreau venait de poser son épée sur sa nuque. 


- Si tu veux une mort indolore, condamné, ne fais surtout aucun geste.


Le bourreau souleva son épée. 


- Quoi déjà !? Je vais mourir comme ça ? Vraiment !? Merde...


Il prit une inspiration. 


- Attends !! Hurla le sergent 


- Hum? 


Le gradé s'avança. 


- Je dois lire le procès-verbal d'abord ! 


- Beh tiens ! Je croyais que monsieur était pressé ? Vous pouviez pas le faire avant, je vous ai laissé le temps. 


- Ça m'a échappé avec vos conneries d'échauffement. 


Il sortit un papier qui n'avait rien l'air d'officiel. Puis éleva un peu la voix histoire de faire solennelle. 


- Par ordonnance royale, datée de ce jour... 


Un grand frisson traversait le corps du pauvre cordonnier. Ce n'était pas de la peur ou de la colère. C’était de l’espoir...


- Quel imbécile je suis !! 


Alors que dix secondes le séparait de la mort, Anarin venait de réaliser qu'il ne voulait pas mourir. Trop tard. 


- Vous êtes condamné à mort par décapitation. Que sentence soit faite ! 


- C'est bon je peux y aller ? Où vous avez d'autres discours dans votre besace ? 


- C'est bon, allez-y. Découpez pas le tronc d'arbre cette fois. 


Le bourreau reposa son épée sur la nuque du condamné. 


Anarin vit quelque chose au loin. Serait-ce un rayon de soleil ? Enfin... 

Il ferma les yeux. 


Le bourreau leva sa lame. 


- HAAAALTE !! 


Un bruit de sabot perça l'atmosphère et retentit sur toute la place. 


- Quoi encore? 


Un cavalier déboula à toute allure.


- Au nom du Roi Isildur, faites cesser cette exécution! 


Le bourreau jeta son épée au sol, vert de rage.


- C'est pas fini cette comédie!? Qu'on me laisse faire mon travail. 


Le cavalier ne prêta aucune attention à l'homme vexé. Il fixa le sergent d'un air impérieux et lui tendit un parchemin. 


- Le prisonnier est gracié de tous ses crimes par Sa Majesté, qu'on le relâche sur le champ. 


Anarin n'en crut pas ses oreilles, ni ses yeux. Ni aucun de ses membres par ailleurs. Ses jambes furent paralysées.


- Je... je ne vais pas mourir ? 


- Non, petit morveux. Lui fit le sergent d'un air dépassé. 


Il relut le document une nouvelle fois et retira toutes les chaînes de son prisonnier. 


- Tu es libre, Va-t'en !


Il se tourna vers ses soldats 


- On s'en va, un bon repas chaud nous attend à la caserne. Exécution. 


Le Cavalier lança une grosse bourse aux pieds d'Anarin. 


- Pour ton désagrément. Ne dépense pas tout au bordel. 


Chose faite, il s'en alla aussitôt. 


Ne restait que le bourreau qui gémissait à tue-tête, la voix vibrante de colère. 


Je me plaindrais à la corporation ! Vous allez en entendre parler ! 

Gracier un condamné à la dernière seconde... on aura tout vu...c'est une insulte envers notre profession. 


Il fallut plusieurs minutes au miraculé pour reprendre pleinement ses esprits. Il restait figé sur place, incapable de bouger. 


Puis une soudaine envie de courir lui démangea les pieds. Des mots résonnèrent dans sa tête “partir”, “loin”, “Bree”. Il ramassa la bourse, son poids indiquait qu'elle était bien garnie.


Une idée aussi folle qu’incongrue lui vint subitement.


- Ouvrir une auberge ! Avec un nom qui claque !


Tout son corps se prit à vibrer comme un cheval de course sur la grille de départ.


- Mais quoi donc ? Bah… je trouverais bien ! Ce sera quelque chose de fringuant !


Puis il décampa à toute vitesse, euphorique, en chantant :


- Adieu Minas Tirith !! Adieuuu. Le printemps n'est plus là, le petit cordonnier s'en va ! Je pars très loin' suive mon destin' 


Sur la place désormais silencieuse, les quelques curieux déçus du spectacle s'étaient remis au travail. Sauf deux hommes. 


Emmitoufflés de noir, ils ne faisaient pas très marchand dans le style. 


- Par Morgoth, qui aurait pu le croire. Le cordonnier s'en est sorti... Ça ne fout pas nos plans en l'air ? 


- Cela n'a aucune importance, le Balafré. Nous possédons la seule chose digne d'intérêt. 


- Vous avez l'air très sûr de vous patron, je reconnais bien là le caractère du Harad. Et c'est quoi cette chose? 


- L'itinéraire du Roi. 


Laisser un commentaire ?