L'étrange anneau du Roi Isildur

Chapitre 15 : La mort d'Isildur - Partie 1

1357 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 12/11/2025 18:43

La mort d'Isildur

Récit par Othar, écuyer du Roi Isildur.



Tout a commencé par une splendide journée. Nous avons quitté Osgiliath sous un soleil triomphant. Le peuple a fait ses adieux sincères et dévoués à son souverain. Les hommes ont revêtu leurs plus beaux habits et les femmes leurs belles robes blanches. Les armures en acier de la garde brillaient à vous aveugler un magicien.


Les enfants nous ont suivis jusqu'à une lieue hors des murs de la ville. Comme le veut l’usage, nous leur lancions chocolats et friandises. Nous partions le coeur léger.


Les graines de l'arbre blanc étaient plantées et l'avenir du Gondor ainsi assuré. Il incombait au Roi Isildur de se dévouer à ses autres sujets, ceux de l'Arnor et ainsi marcher dans les traces de son défunt père Elendil.

Mais avant cela il nous fallait passer par Foncombe. Sa femme et son plus jeune fils l'y attendaient. Il avait également, disait-on, des affaires personnelles à régler.


Notre suite était constituée du roi et des princes Elendur, Aratan et Ciryon. Il y avait le porte-étendard, moi-même, et la garde rapprochée. Deux cents hommes en tout. Aux mises en garde de l'intendant qui demandait une escorte renforcée, Isildur, fidèle à lui-même, avait haussé les épaules :

- Je ne crains rien ni personne, qui aurait donc l'audace de me chercher querelle ?

La route démarra par les jolies contrées qui bordent notre capitale. Une myriade de petits champs et petites measures, collées les unes aux autres, comme jouant des coudes pour se tailler une place dans le bocage verdoyant de Manwe. Le résultat est un magnifique tableau, tantôt vert, tantôt jaune ou marron au gré des cultures.

J'ai fait ce chemin bon nombre de fois au temps de notre regretté Elendil. Le vieux roi observait de près la bonne tenue des terres. Il est même arrivé qu'il s'arrête devant un paysan pour le féliciter en personne. Ou dans le cas contraire, pour lui faire remontrance.

Je racontais ces histoires aux jeunes princes pour tenter de faire perdurer la tradition, je leur expliquais comment reconnaître un champ bien défriché. Notre Roi ne semblait pas s'en soucier. Il était silencieux, froid et distant.

Une fois le Gondor derrière nous, nous traversâmes le Rohan. Cette fois, c'est nos chevaux qui furent ravis. Le paysage est d'un ennui terrible, des plaines vallonnées sur des lieues et des lieues. Pas un village, pas âme qui vive. Mais pour nos montures, c'est le parfait terrain de jeux. Et la bonne herbe bien grasse en abondance leur offre un gargantuesque festin.

Au 10e jour nous arivâmes dans l'immense territoire du Rhovanion. Tout voyageur digne de ce nom sait que c'est ici que commence réellement l'aventure.

Nous passâmes à proximité de la Lorient, on apercevait les arbres géants de la lisière aux feuilles plus vertes qu'une pomme de 3 jours. Les jeunes soldats en avaient les yeux tout écarquillés, on n’a pas de pareille forêt dans notre Gondor.


- Vous avez encore rien vu la bleusaille, attendez qu'on arrive à la forêt noire.

Le grand fleuve de l'Anduin s'étirait toujours devant nous. Depuis le début du périple nous étions bercés par ses battements et ses méandres. Il était notre boussole et notre gardien, il nous donnait poisson et eau fraîche. Nous ne l'avons jamais quitté des yeux, jusqu'au15eme jour...

Nous aperçûmes les monts brumeux sur l'autre rive, sur notre droite s'étendait l'infinité démente de la forêt noire. nous prîmes alors une route qui nous éloigna du fleuve et nous nous enfonçâmes dans l'épaisse forêt.

Le paysage fut d'abord réjouissant. Nous fûmes accueillis par le chant des perdrix et le sifflement d'une ribambelle de petites créatures curieuses. Les arbres montaient si haut qu'on voyait à peine le ciel. Mais à mesure que les jours passaient, la marche se faisait longue et pénible. Les chevaux tiraient la langue, la mousse aux pieds des arbres était bien maigre pitance. En journée, la chaleur humide nous écrasait sous nos maudites armures en fer. La nuit il faisait froid à vous congeler un troll des cavernes.

Lors d'un bivouac, des jeunes soldats de la garde, fatigués, eurent l'audace de se plaindre :


- Capitaine ! Pourquoi suit-on cette route ? On n'en voit jamais la fin, l'air humide nous empoisonne les poumons et les moustiques nous sucent jusqu'à la dernière goutte de sang. Pourquoi on ne se rapproche pas du fleuve ?

- Parce que c'est infesté d'orcs crétins !

Tout le campement se retourna vers les jeunes recrues et éclata de rire. Le Roi esquissa un sourire pour la première fois du voyage. Les pauvres bougres baissèrent la tête, le regard honteux.

- Ça remonte à la guerre de la dernière Alliance, Sauron les a envoyés aux monts brumeux pour contrôler le passage des cols. La plupart ont été balayés mais il reste encore des bandes qui parcourent la région, et ils aiment le bon poisson frais de l'Anduin autant que nous.

La honte fit place à la peur, le capitaine rassura ses jeunes recrues.

- Ah la bleusaille! Pas de panique, les orcs sont stupides, mais pas au point de s'aventurer ici. Nous ne sommes pas sur ce chemin par hasard, c'est la route qui passe par le royaume de Thranduil, le grand Roi elfe, aussi respecté des hommes que craint des orcs. Il n'y en a pas de plus sûre.

- Et de toute façon, les orcs ne traversent pas la rive. Rajouta Elendur

Le perible continua dans le silence. Lors d'une pause, je m'affairais sur la selle du Roi, je fis tomber un sac en toile de son cheval. Un bruit métallique lourd résonna. Je vis alors un morceau de lame, mes yeux ne le crurent pas. C'était les fragments de Narzil, l'épée brisée qui tua Sauron. Je les ai tenues dans mes propres mains. Je remis tout en place discrètement et nous reprêmes la route.

J'avais pris pour habitude de me tenir près des princes, l'atmosphère y était plus réjouissante. Les conversations tournaient toujours autour des batailles de la dernière Alliance.


- Je te le dis pour la 100e fois Aratan, j'avais une flèche au testicule gauche et un éclat de catapulte au droit. Tu as bien vu que ça ne m'a même pas arrêté.


- Tu m'étonnes que ça ne t'ait pas arrêté, il n'y a rien dedans…


- Vous êtes fatigants vous deux, je vous ai vu brailler comme des fillettes après la charge des Trolls. C'est Gil Galad qui vous a sauvé les miches.


- Et toi Elendur c'est ta vilaine tête, ils t’on pris pour un mendiant du pays de Dain.

Nous étions au trentième jour, au soleil couchant… Et c’est alors que c’est arrivé.


- Haaalte !


Le cavalier de tête stoppa la colonne.


- Sire ! La route est bloquée !


Au loin, le chemin était inondé.

- Maudit fleuve ! Sûrement une crue...

Le Roi sortit de sa stupeur habituelle et tira une mine inquiète, c'est la première fois que je vis cette expression.

- Peut-être devrions-nous contourner par la forêt ?

- Impossible, si on s'enfonce plus dans la forêt noire, le terrain sera trop dense pour nos chevaux et on s’y perdra à coup sûr.

Isildur se tut un instant puis d'une voix grave ordonna :

- Nous n'avons pas le choix, il faut revenir vers le fleuve et se rapprocher de la rive, en espérant que la route soit praticable.

Revenu sur les berges de l'Anduin un petit chemin escarpé s'offrait à nous, légèrement surélevé, il avait échappé aux inondations. Nous prîmes alors, sans le savoir, la décision qui nous mènerait à notre mort...

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