Porte à porte

Chapitre 3 : Le carillon du courage

545 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/11/2015 13:01

Gerry progresse du pas de la belette, étouffant le crissement de ses pieds nus dans la neige fraîche. Le petit Hobbit se faufile entre les petites serres maraîchères du potager, ombre furtive parmi les ombres séculaires des ormes.

Le prince des garnements du voisinage parvient silencieusement au seuil de la resserre. Les amulettes le surveillent du coin de l’œil, masques étranges, figures animales hiératiques, leurs pupilles animées par un rayon de lune.

Le petit hobbit scrute alentours les formes fantomatiques que le givre esquisse dans les arbres. Un hululement de chouette trouble le calme de la nuit hivernale. Gerry laisse son cœur se calmer, exhalant des volutes de vapeur.

Depuis la disparition de Grand-mère, Papy n’est plus le même. Il reste prostré dans son fauteuil, il ne s’occupe plus de son jardin, ni de son chien Houn[1]. Il ne conte plus aucune histoire à Gerry. Le petit hobbit va donc l’aider, avec ses petits bras et son grand cœur d’enfant – il va lui ramener ce petit portrait, où Grand-mère et lui se sourient, suspendu à côté des râteaux dans la resserre.

Gerry inspire une grande bolée d’air froid et s’avance vers la porte, sous le regard réprobateur des masques. Il pousse, mais elle ne cède pas. Des lueurs de mécontentement semblent même agiter les entrelacs d’une petite targe de bronze.

Mais Gerry tient bon ! Grimpant sur le banc, il agrippe la poignée, un travail du lointain Erebor.

A cet instant résonne un carillon Nain, qui lance de la porte de chêne ses notes aigrelettes dans l’air tranquille de la Comté. En pleine journée, la petite mélodie sonne de façon plutôt guillerette et amicale, évoquant quelque destination lointaine et exotique. Mais à présent, dans la pénombre glacée, elle tonne comme un avertissement courroucé.

Houn le molosse, interrompu dans sa veille, éclate en aboiements furieux. Gerry détale comme le lapereau surpris par le goupil !

Lorsque les souvenirs douloureux doivent encore s'assoupir, s'engourdir sous la neige, la porte de la resserre garde sagement le passage, même lorsque le visiteur est animé de bonnes intentions…

.oOo.

NOTES

[1] Huan est le nom d’un noble chien qui aida un héros du premier âge à vaincre les loups-garous du seigneur des ténèbres. C’était un nom de chien très courant dans les royaumes des Dùnedain, et les Hobbits ont perduré dans cette habitude. Aussi dans l’imaginaire collectif de la Comté, un molosse menaçant porte-t-il souvent le surnom de Houn, qui est la forme Hobbitique de Huan. Peut-être est-ce là l’origine du nom commun « Hound » en anglais ?

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