Porte à porte

Chapitre 7 : L'arche aux innocents

386 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 14:50

Une brise lourde de promesses d’orages ébouriffe les ormes en chassant la moiteur estivale. Gérontius foule les allées du potager, sa houe à la main, redressant un plant, arrachant les mauvaises herbes. Du pas auguste du cultivateur, il arpente les sillons jusqu’à sa resserre.

La porte ronde d’un brun indécis est parsemée de porte-bonheurs cloués sur le vieux bois, qui lui sourient d’un air complice et mélancolique. Lorsqu’un garnement ose se suspendre à la sonnette, un carillon Nain retentit d’un air guilleret qui évoque quelque destination lointaine et exotique.

Mais pas pour lui. A son oreille, l’air désuet évoque l’aventure. Non plus l’aventure rêvée de gloire et de découvertes, mais l’aventure vécue, dispensatrice de leçons brutales et de remords mortellement irrémédiables.

Désormais lorsque résonne la petite musique, surgit dans la mémoire de Gerry un grand portail béant. La porte orientale de Barum-Nahal, la cité originelle des nains de Dùrin, jette une ombre funeste sur la façade familière.

Un arc solennel, hémisphère sculpté de sept couches aux motifs géométriques discrets et harmonieux, s’élève tel un soleil levant, soutenu par deux colosses de pierre barbus. Leurs mines sévères, ravinées par les ans, suffisent à interdire l’entrée. L’épaulement rocheux projeté par la montagne se scinde en deux puissantes branches, exactement au-dessus de la porte, ainsi surmontée d’une impressionnante façade blafarde d’une centaine de pieds.

Le souffle manque au hobbit, transporté aux racines même du monde. Du haut de ce portail, la fière et sanglante histoire du peuple Nain contemple Gerry terrassé. Son insouciance juvénile git là, ensevelie avec ses compagnons d’infortune, pour avoir suivi les rêves chimériques de deux grands rois. 

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